31 janvier 2007
par JDCh


A quoi cela sert-il de compter les chômeurs en France ?

La polémique sur les chiffres du chômage est fort révélatrice de l'espèce d'impasse intellectuelle dans laquelle notre pays est enferré. De la même façon que nos politiques et nos médias invoquent le manque de croissance pour justifier une faible création d'emploi -ce qui ne fait aucun sens puisque c'est l'emploi qui crée la croissance (cf ce post)! -, nos différents ministres successifs des affaires sociales concentrent leurs efforts et leur communication sur la réduction du nombre de chômeurs sans se préoccuper apparemment du nombre de travailleurs !

Juste par souci de clarification, rappelons les faits qui font débat:
-la France compte 218.000 chômeurs de catégorie 1 (recherchant un emploi à plein temps et disponibles immédiatement) de moins à fin 2006 qu'à fin 2005;
-l'augmentation de la création d'emplois marchands en France sur cette période est de 64.000 environ;
-le nombre de contrats aidés à progressé de 50.000 environ;
- environ 100.000 personnes de plus ont été radiées de la catégorie 1 (qui sert de référence) car elles sont en arrêt maladie, en stage ou en formation;
-la démographie est "neutre" pour l'instant (stabilité de la population active).

Conclusion: le chômage régresse très légérement en France ce qui est mieux que s'il progressait encore mais il me paraît difficile pour un Dominique de Villepin ou un Jean-Louis Borloo de crier victoire !

Si l'on se mettait à compter les emplois et le taux d'activité, tous les chiffres confirmeraient que nous sommes encore très malades. Les voici:

-17 millions d'emplois privés en France contre 24 millions en Grande Bretagne avec la même population totale (cf L'enjeu 2007);
-75% de taux d'activité aux Etats-Unis ou dans les pays Scandinaves sur la population agée de 15 à 64 ans contre 55% en France;
-536.000 Italiens ont retrouvé un job au second semestre 2006 contre moins du tiers en France pour des populations équivalentes;
-687.000 emplois créés en Espagne en 2006 contre 140.000 en France avec une population en plus faible nombre...

La liste des chiffres humiliants pourrait malheureusement être fort longue !

Arrêtons de compter les chômeurs en France, comptons les emplois du secteur marchand qui sont les principaux contributeurs au PIB.
Si leur nombre augmente, nous aurons de la croissance et beaucoup de problèmes seront plus faciles à résoudre !



27 janvier 2007
par JDCh


Sarkozix tombe de son bouclier...

Notre ami Sarkoléon est en train de se prendre les pieds dans le tapis en matière de fiscalité. Incapable de céder à la pression médiatico-politoco-microcosmique qui lui susurre que, pour être élu, il faut savoir mentir aux Français, il prend des postures qui deviennent incohérentes car elles ne sont qu'esquives par rapport au vrai débat...

Au contraire de Démagolène qui ne propose encore rien et pour laquelle on peut redouter bien pire démagogie et nocivité économique dans son programme à paraître mi-février, Sarkoléon a peut-être le mérite de proposer des mesures fiscales apparemment "libérales" mais... la logique est plus que confuse. On continue à complexifier plutôt qu'à simplifier, on continue à piétiner les intérêts des classes les plus actives, éternelles dindons de la farce politique Française.

Les deux mesures phares proposées par notre ami sont, en effet, le bouclier fiscal à 50% et la déduction jusqu'à 50.000€ de l'ISF d'un investissement dans les PME.

Le bouclier fiscal à 50%...

Fixé aujourd'hui à 60% et ce non-incluse la CSG/CRDS, le bouclier fiscal vise à éviter qu'un contribuable se voit "confisquer" plus de 60% de son revenu par l'obligation de payer une somme cumulée d'IRPP, d'ISF, de taxe d'habitation et de taxe foncière sur l'habitation principale supérieure à 60% de ses revenus imposables. Sarkoléon propose d'abaisser ce seuil à 50% et d'inclure dans le calcul la CSG/CRDS (soit environ 11%). Un pas en avant qui paraît aller dans le bon sens...

Mes (peu nombreux mais) fidèles lecteurs savent que je suis partisan farouche de la suppression complète de l'ISF (cf Petite proposition extravagante) et pourraient s'étonner de mon faible enthousiasme pour à cette mesure. Voilà pourquoi...

Le bouclier fiscal tel qu'il existe aujourd'hui profite à un peu plus de 90.000 contribuables dont 16.000 environ paient l'ISF (soit 4% des contribuables assujettis à l'ISF et 0,046% des foyers fiscaux !). Le reste est constitué de gens ayant un faible revenu (typiquement la veuve d'un retraité ayant exercé tout au long de sa vie une profession libérale ou indépendante), un patrimoine en dessous du plafond de l'ISF, ne paient à priori pas ou très peu l'IRPP et pour lesquels la combinaison "taxe foncière de la résidence principale+taxe d'habitation" représente plus de 60% de leur revenu imposable (!). Sur cette population qui représente 0,22% du nombre des foyers fiscaux, le bouclier fiscal entraîne la restitution par le fisc d'en moyenne 650 € à comparer aux 6.000 € (ou plus) de taxes foncière ou d'habitation acquittées par ces "veuves de Carpentras" qui vivent sans doute très modestement "sur leur épargne".

Je n'ai absolument rien contre le fait que la situation peu enviable et un peu absurde de ces braves vieilles dames soit améliorée et qu'elles ne paient pas le prix fort imposé par des collectivités locales dispendieuses considérant le propriétaire foncier comme le pigeon de service mais avouez que l'on est loin du débat sur l'ISF !

Je n'ai pas trouvé de chiffres fiables concernant la mesure proposée par Sarkoléon mais on peut estimer que le bouclier à 50% (incluant CSG/CRDS) va concerner 300.000 ou 400.000 contribuables parmi lesquels, pour les deux-tiers ou les trois-quarts, on va retrouver des "retraités de Saint Raphaël ou d'Arcachon" qu'ils soient ou non assujettis à l'ISF !

Certes, quelques dizaines de milliers de contribuables très aisés (héritiers-rentiers pour une part) vont voir l'ISF disparaître et quelques centaines d'expatriés fiscaux vont peut-être décider de revenir dans notre cher pays mais les "forces vives de la Nation" (ceux qui ne sont pas invités aux voeux du Président !), ceux qui gagnent bien leur vie (entre 80.000 et 200.000 € bruts), qui ont un patrimoine (entre 500.000 et 1.5 million d'euros) constitué pour une grande partie de leur résidence principale, qui, quand ils y sont assujettis, paient moins d'ISF que de taxe foncière et qui "rendent" plus de 30% de leur revenu sous forme d'IRPP, ne vont rien voir.... Hors ce sont eux -aussi et surtout- les "locomotives " de la France !

Non, Monsieur Sarkozix, vous ne pouvez adresser le problème de notre fiscalité en vous assurant uniquement les votes des retraités et des rentiers. Il faut aller beaucoup plus loin:
  • supprimer totalement l'ISF qui rapporte moins de 1% du budget de l'Etat, qui faire fuir les vraies grandes fortunes et qui décourage -ou fait fuir- les plus actifs et les plus entreprenants d'entre nous;
  • profiter d'un éventuel passage à la retenue à la source pour faire évoluer l'impôt sur le revenu vers une "almost flat tax" (cf IRPP / retenue à la source: une opportunité historique) prélevant 10% minimum à 20% maximum d'impôt sur les revenus d'activité ou de remplacement.

Ces deux mesures sont possibles sans baisse significative des recettes de l'Etat. Ce sont les seules réformes fiscales qui peuvent vraiment redynamiser notre pays qui en a plus que besoin. Vous avez une occasion unique de rompre avec la déclinologie paupériste ambiante. Pourquoi ne pas le faire ?

Les fameux 50.000 euros...

Mes lecteurs pourront également s'étonner de mon opposition à cette mesure corollaire proposée par Sarkoléon consistant à pouvoir déduire de l'ISF jusqu'à 50.000 € d'investissement dans les PME. Cette mesure viendrait s'ajouter au fatras fiscal de l'ISF qui permet une non prise en compte totale ou partielle de l'instrument de travail ou des parts détenus dans des PME (Loi Dutreil) dans l'assiette de l'ISF. Pour être direct, on raisonne à la fois de façon bilantielle (dans l'assiette ou pas) et sur les flux de trésorerie (investissement fait dans l'année d'imposition à déduire de l'impôt) et on y comprend plus rien...

De plus, le contribuable assujetti à l'ISF payant en moyenne 8.000 euros d'ISF et, pour 80% d'entre eux, beaucoup moins que cette somme, la réduction d'ISF envisagée concerne des sommes bien trop faibles pour avoir le moindre impact. Seuls les contribuables ayant un patrimoine soumis à l'ISF de plus de 6 millions d'euros (environ 6.000 contribuables !) pourraient profiter de ces 50.000 € à plein. Ils ne sont pas nombreux et cette somme est "en relatif" très faible par rapport aux besoins des PMEs (50.000 € correspond à un mois de dépenses d'une entreprise de 10 salariés !).

J'ai déjà regretté la faiblesse ou la complexité des dispositifs fiscaux (cf France Investissement...), le faible nombre de "business angels" et les faibles montants investis par ceux-ci dans notre pays. On n'obtient économiquement fort peu de résultats lorsque l'on autorise uniquement le saupoudrage... La comparaison avec la Grande Bretagne est sans doute la plus pédagogique: 50.000 "business angels" (contre 3.500 en France) capables de mobiliser 7 milliards d'euros (contre 250 millions pour leurs homologues Français) et bénéficiant potentiellement d'une déduction fiscale de leur revenu imposable de 300.000 € par an (contre quelques dizaines de milliers d'euros en France).

A nouveau, Monsieur Sarkozix, je ne peux souscrire à cette nouvelle mesurette bénéficiant à quelques milliers de privilégiés, les deux seules mesures fiscales capables de redynamiser notre économie sont:

  • supprimer totalement l'ISF pour les raisons énoncées plus haut et parce que le charcutage proposé ne change rien;
  • profiter d'un éventuel passage à la retenue à la source pour faire évoluer l'impôt sur le revenu vers une "almost flat tax" cappée à 20% et/ou autoriser une déduction du revenu imposable significative (jusqu'à 300.000 euros comme les Anglais ?) pour les investissements réalisés dans les PMEs innovantes ou de croissance dont nous manquons tant.

Toutes ces mesures sont possibles sans réduction significative des recettes de l'Etat et en tout cas facilement compensables par l'arrêt des gâchis bien connus appelés pompeusement "aides à la création d'entreprise" (cf L'emplâtre sur la jambe de bois). Figurez-vous, Monsieur Sarkozix, qu'un entrepreneur ou un cadre de haut niveau sont bien plus à même de choisir et d'aider une jeune entreprise à réussir que les ronds de cuir de nos administrations centrales ou territoriales !

Epilogue

La France a besoin d'un "new deal", d'un nouveau contexte dans laquelle elle se prendrait en main sans compter sur un État Providence qui saupoudre des aides homéopathiques et inefficaces et accumule les mesurettes et coups de pouce fiscaux sans effet.

Que l'Etat Providence s'occupe des plus défavorisés est nécessaire (et il n'est pas question ici de remettre cela en question), qu'il prétende avoir un impact sur l'économie, la croissance et l'emploi est un "leurre" auxquel de moins en moins de Français ne croient.

Monsieur Sarkosix, vous croyez être élu parce que vous êtes un "renard". Nous, nous voudrions voter pour un "lion" ! Et si dire la vérité augmentait finalement vos chances de gagner ?

Repris par Rédacteur Agoravox



25 janvier 2007
par JDCh


Démagolène est un homme !

Photo montage assez marrante reçue dans mes courriels du jour. Effrayant, non ?



24 janvier 2007
par JDCh


L'emplâtre sur la jambe de bois

Article dans le Figaro de ce jour (voir ci-dessous) qui est édifiant à plusieurs titres et qui me fait réagir immédiatement...

Le titre fort journalistique induit tout d'abord le lecteur en erreur. Une immense part des 65 milliards recensés ici sont des coups de pouce fiscaux ou des allègements de charges. Il ne s'agit en aucun cas d'un cadeau fait aux entreprises mais de la forme résurgente d'un aveu jamais adressé de façon globale: nos entreprises sont trop taxées et les prélèvements obligatoires sur le travail sont bien trop lourds pour que nos entreprises soient compétitives et notre territoire attractif. On redonne donc d'une main ce que l'on a pris de l'autre en appelant cela une aide ! On enchaîne les mesurettes -qui cumulées finissent par représenter des sommes très significatives- sans pour autant changer la perception des acteurs économiques qu'ils soient nationaux ou internationaux. On évite toute remise à plat de la fiscalité ou de nos systèmes sociaux en multipliant les dispositifs favorisant tel ou tel type d'entreprises ou telle ou telle catégorie d'emplois créant parfois, voire souvent, une sorte de dépendance de drogué de l'entrepreneur vis à vis de notre Etat "dealer" !

Le nombre de dispositifs est "hallucinant", l'efficacité composite de cet imbroglio est non mesurable, des dizaines voire centaines de milliers de fonctionnaires, agents des organismes sociaux et consultants-parasites vivent de ces quelques 6000 dispositifs qui en moyenne "ré-injectent" 10 millions d'euros dans l'économie: on fait dans la médecine poly-homéopathique pour soigner un cancer généralisé !

On parle de 4 milliards d'économie alors qu'il faudrait viser à minima 60 milliards d'économie du côté du fonctionnement de l'Etat et des systèmes sociaux... Des économies comme celles proposées par les "experts", je sais faire: j'augmente les impôts et je crée une éxonération que je supprime ensuite ! Facile mais sans aucun effet positif sur l'économie, la croissance et l'emploi. Pire même, en réalité uniquement des effets négatifs tant la confiance des acteurs économiques dans notre cher Etat est faible et affaiblie par ces va-et-vients browniens et inefficaces. La solution des "experts" est dans la création d'un observatoire et/ou d'une commission paritaire de l'utilisation et de l'efficacité des aides publiques ! C'est sûr, ca va marcher...

Enfin, l'article sous-entend à raison que les grandes entreprises se taillent la part du lion dans ces soit-disant aides. Il est évident que si vous pouvez gratter quelques dizaines d'euros de charges mensuelles sur une population de quelques milliers de salariés, vous pouvez mettre une petite équipe administrative en place pour bénéficier des quelques millions d'euros qui en résulteraient. Mais ne nous trompons pas, les grandes entreprises ne créent pas d'emploi en France (en net, -0,2% pour les entreprises du CAC40 en 2005), elles ont pour beaucoup l'opportunité d'embaucher à l'extérieur de France et les quelques "gâteaux apéritifs" servis par nos différents ministres ne font que ralentir un phénomène inexorable si nous ne restaurons pas l'attractivité globale de notre pays comme l'ont fait l'Irlande, la Grande Bretagne, l'Espagne et les Pays Scandinaves.

Quant aux petites entreprises et notamment celles qui ont été créées récemment, le maquis administratif et réglementaire qu'elles doivent traverser pour bénéficier de ces fameuses aides est une jungle d'autant plus hostile que les dispositifs, interlocuteurs et conditions de validité sont multiples et illisibles. Même le statut de JEI (réduction de charges sociales sur la R&D pour les Jeunes Entreprises Innovantes) est laissé de côté par bon nombre de dirigeants - qui assument souvent la responsabilité administrative et financière de leur entreprise (après le dîner ou durant le week end)- et qui y renoncent. Se retrouver dans une interaction formulairo-epistolaire et triangulaire avec le fisc et l'URSSAF leur fait tellement peur et surtout ne tient tellement pas dans leur emploi du temps qu'ils préfèrent ne pas profiter d'une mesure qui a pourtant une relative simplicité d'application et correspond à une volonté stratégique claire.

"Passe moi ton porte-monnaie, remplis ce formulaire en 3 exemplaires, et peut-être que nous te prêterons de l'argent diminué évidemment de nos coûts de gestion exorbitants" semble être la "value proposition" de notre Etat. Les journalistes du Figaro paraissent ne pas s'en étonner. Moi ça me fout en rogne !

C'était le coup de gueule du mardi soir...
Aides publiques : le jackpot des entreprises
ANNE ROVAN.
Publié le 24 janvier 2007

Un rapport évalue à 4 % du PIB le montant des aides publiques aux entreprises. Il préconise une évaluation des quelque 6 000 dispositifs existants. À la clé : 4 milliards d'économies d'ici à un an.

L'AUDIT de modernisation consacré aux aides publiques versées aux entreprises pourrait bien donner quelques arguments à la Commission européenne, qui estime que les États membres - y compris la France - sont encore beaucoup trop généreux. Ce rapport risque aussi de refroidir un peu les dirigeants du Medef qui réunissent demain une assemblée extraordinaire.

Selon cette étude réalisée par trois inspections - Finances, Administration et Affaires sociales -, à la demande du premier ministre, suite aux interrogations du Conseil d'orientation pour l'emploi (COE), les aides publiques que la France verse aux entreprises sont très supérieures aux 10 milliards répertoriés par la Commission. Elles ont représenté 65 milliards en 2005, soit 4 % du PIB, assure ce rapport que Le Figaro s'est procuré. C'est, expliquent les inspecteurs, « un peu plus que le total du budget de l'Éducation nationale, près de deux fois le budget de la Défense, le même ordre de grandeur que le total des dépenses hospitalières ».

Le rapport indique que c'est l'État qui est le plus mis à contribution. Il finance 90 % des aides publiques aux entreprises. Entre les dépenses budgétaires, les coups de pouce fiscaux et les allégements de charges, le budget a englouti 57 milliards en 2005 - y compris 6 milliards d'aides aux entreprises publiques -, « soit 8 % des prélèvements obligatoires des administrations publiques » ou encore « 949 euros par habitant ».

Ces données proviennent d'une étude interne au ministère de l'Économie que les auteurs considèrent comme « la tentative la plus aboutie d'évaluer quantitativement les aides de l'État ». Très loin derrière, il y a les aides versées par les collectivités locales (qui financent 6 milliards au titre de la seule action économique) et plus loin encore celles provenant des fonds européens (335 millions).

Redondances

Le nombre d'aides répertoriées laisse tout aussi pantois.
Le rapport évalue à « au moins 6 000 le nombre cumulé des dispositifs, dont 22 aides européennes, 730 aides nationales et, par exemple, 650 aides pour l'ensemble des collectivités locales de la seule Région Ile-de-France ».
Comme le COE début 2006, la Cour des comptes et certains parlementaires, les inspecteurs s'inquiètent des « redondances » et des « franches contradictions » entre ces mécanismes. Il en résulte l'impossibilité de piloter et d'évaluer ces dispositifs au regard des objectifs de politique économique qu'ils sont censés remplir. « Il existe 120 dispositifs différents d'aide à la création d'entreprise et pourtant seulement 10 % des entreprises qui se créent en bénéficient en pratique », indiquent les inspecteurs qui ne s'étonnent pas que « le doute s'installe périodiquement sur l'impact réel de ces mécanismes ».

Ils estiment qu'il est temps d'agir, en procédant « dès que possible à l'évaluation des dispositifs les plus coûteux ». Rappelant que le Canada est parvenu à réduire de 60 % ces aides aux entreprises, les auteurs affirment qu'« il semble raisonnable d'atteindre à l'horizon de un an un gain forfaitairement fixé à 4 milliards d'euros, à efficacité maintenue ou renforcée ». Comment ? En regroupant les aides ayant les mêmes finalités (développer l'emploi, faciliter le financement, encourager l'innovation, etc.) au sein de programmes budgétaires à créer, en engageant des revues de programme ou encore en créant au sein du Conseil d'orientation des finances publiques un comité permanent pour la régulation et l'évaluation des aides publiques aux entreprises (Copra). Cela tombe plutôt bien puisque la prochaine Conférence nationale des finances publiques est prévue le 12 février.



21 janvier 2007
par JDCh


Frangleterre = Frengland ?


J'ai passé quelques jours la semaine dernière à Londres et tous les chauffeurs de taxi ainsi que quelques collègues m'ont interpelé sur cette affaire qui remonte à la crise de Suez...

Comme d'habitude, petite traduction pour nos lecteurs qui n'aiment pas lire dans la langue de Shakespeare... A lire avec une tasse de thé à la main... tout en rappelant que l'Angleterre, la France et Israël étaient associés dans cette campagne de Suez et que les Etats-Unis et la Russie, en pleine période de Guerre Froide, imposèrent l'arrêt de ce conflit aux trois alliés de l'époque.

cf Article original de The Independent

Un mariage improbable: comment la France a proposé le mariage au Royaume Uni
par John Lichfield à Paris
Publié le 16 janvier 2007


Il y a cinquante ans (environ) les parlements Français et Britanniques prirent la décision historique de fusionner les deux fières nations en une seule. Deux pays déclinants, secoués par les guerres mondiales, le communisme, le rock et la perte de leurs empires, décidèrent de créer une super puissance Européenne faisant de la jeune reine d'Angleterre Elisabeth II la reine de France et chef d'état Elisabeth I.

Les Britanniques ont depuis lors récupéré du choc issu de l'obligation de conduire à droite, décision symbolique prise en 1963 pour cimenter l'union entre les 2 nations et réduire l'hécatombe sur les routes. Les Français se sont moins bien fait au cricket, à la bière chaude, au "fish & chips" et au pain en tranche. Le Royaume Uni d'Angleterre, France, Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord ou, en Français, "le royaume de Frangleterre" se développe tout de même très bien. Avec une population de 120 millions, la "plus grande Grande Bretagne" est la seconde plus forte économie du monde occidental. Le non-emploi est à 3%. La monnaie nationale, la livre, est euphorique. Les grèves sont fort rares.

L'industrie Franco-britannique du cinéma, grâce à des subventions étatiques, fait jeu égal avec Hollywood en tant qu'acteur global et influent. Le quarantième épisode du film "Continuez" ("Carry on") avec Gerry Depardieu, Cathy Deneuve, Hugues Grant et Stephane Fry vient juste de sortir. De même que "Les Bronzés à Skegness".

Les taxes sont plus fortes qu'aux Etats-unis mais le système de santé national et les écoles publiques bilingues font rêver le monde entier. L'équipe de football de Frangleterre vient juste de gagner la Coupe du monde pour la troisième fois de suite sous la houlette de son capitaine Terry Henry. Malgré le fait que l'Ecosse continue à vouloir maintenir sa propre équipe séparée.

Un documentaire diffusée la nuit dernière par BBC Radio 4 "Un mariage cordial" a exhumée cette idée de la corbeille à papier de l'histoire. En Septembre 1956, le Premier Ministre Français, Guy Mollet, un socialiste anglophile, proposa au Premier Ministre Britannique Anthony Eden, un conversateur francophile, la fusion des deux pays. La proposition ne fut jamais débattue publiquement. Les documents décrivant la réaction des fonctionnaires Britanniques furent classés confidentiels, disponibles au public depuis 20 ans mais jamais découverts depuis. Sir Anthony Eden semble avoir pris l'idée plutôt sérieusement; ses fonctionnaires beaucoup moins. Monsieur Mollet vint ensuite avec une autre idée: que la France rejoigne le Commonwealth en acceptant la tutelle de la Reine. Sir Anthony suggèra que cette idée reçoive une "consideration immédiate". Rien ne semble en être sorti. Les deux hommes furent écartés du pouvoir et la discussion fut oubliée.

Guy Mollet est bien connu en France comme le Premier Ministre qui emmena la France dans la guerre d'Algérie et l'expédition de Suez. Ses motifs pour proposer cette sorte d'union à la Grande Bretagne auraient été de sécuriser le soutien des Britanniques à sa politique étrangère et coloniale. Les historiens Français ont sursauté lorsqu'ils ont entendu parler de cette proposition et suggèrent que Mollet, mort en 1975, pourrait aussi avoir voulu manoeuvrer contre les Allemands avant les négociations qui conduisirent à la création du Marché Commun l'année suivante.

Le fait que ces idées n'aient jamais été évoquées publiquement démontre qu'elles n'ont jamais été prises très au sérieux ni à Londres, ni à Paris. Mais que ce serait-il passé si elles l'avaient été ? Un tel mariage entre deux soeurs mutuellement jalouses aux querelles vivaces aurait-il pu fonctionner ? Pendant cinquante ans, nous aurions pu mélanger le meilleur de la France et de la Grande Bretagne. D'un autre côté, nous aurions pu ausi partager nos erreurs. France aurait pu avoir notre système de transport public et notre système de santé. Nous aurions pu hériter du branlant système universitaire Français. Nous aurions pu avoir le taux de chômage de la France. Ils auraient pu avoir le "tube" de Londres au lieu de leur Métro.

Tous les deux aurions pu finir avec la télévision Française, les hôpitaux Britanniques, la police Française, les agents immobiliers Britanniques, les syndicats Français, les dîners d'école Britanniques, les plombiers Français et la joie de vivre Ecossaise.



19 janvier 2007
par JDCh


Sarkoléon n'est pas libéral...

Résultats du petit sondage effectué auprès d'un échantillon "représentatif" des lecteurs de ce blog:

Sarkozy est-il un candidat "libéral" ?

Pas du tout 35%
Pas vraiment 31.1%
Peut-être 14.6%
Absolument 13.6%
Je m'en fous 4.9%
Je n'en sais rien 1%


Personnellement, je pense que Sarkoléon est plus jacobino-gaulliste que libéral et son passage à Bercy ne m'a pas laissé un souvenir impérissable... Je peux me tromper...

S'il est en fait libéral, c'est bien joué de sa part d'avancer masqué car les Français n'éliraient jamais un libéral à la fonction suprême et je pense qu'il a envie d'être élu !

S'il ne l'est pas, c'est dommage pour le pays qui a besoin de respirer à nouveau le souffle de la liberté et de l'initiative individuelle mais on ne le saura que si il est élu !

Une sorte de pari de Pascal !



18 janvier 2007
par JDCh


Ces "méchants" fonds d'investissement, la suite

Un de mes premiers "post" en mars 2006 était intitulé "Ces méchants fonds d'investissement". Il visait à démystifier ce monde du capital investissement auquel j'appartiens, qui est souvent méconnu ou confondu avec d'autres acteurs financiers (notamment ceux qui interviennent sur les marchés boursiers) et qui, j'en suis convaincu, a une grande utilité économique dans cette période de forte mutation de l'économie mondiale.

Depuis, notre chère Démagolène a expliqué en Mai dernier aux socialistes du Pas de Calais que les "fonds de pension se déplacent de pays en pays en broyant les individus" (cf Démagolène, pas si blairiste...), le collectif LBO (en fait anti-LBO), soutenu par la CGT et la LCR, a mené un certain nombre d'actions en fin d'année (cf Le site de la LCR) et je suis tombé cette semaine sur un article de National Hebdo intitulé "L'économie mondiale menacée par les fonds d'investissement...". Le discours au sein de cet article (que je n'arrive pas à trouver sur le web, les gens du Front n'ont visiblement pas encore la "web touch" !) est certes moins "trotkystes" que ceux de nos amis socialo-communistes mais on y parle aussi de "dégraissages massifs du personnel, revente rapide, cession des meilleurs actifs, délocalisation à haut rythme...".

Ainsi, la France serait un pays majoritairement "anti-capital investissement" puisque si l'on additionne les voix de la gauche socialiste, des communistes, de l'extrême gauche et du Front National, on doit se situer entre 50 et 60% de la population Française supposée adhérer aux idées portées par les partis politiques ou candidats pour lesquels ils votent...

La surprise n'est pas grande de découvrir que, une fois de plus, des hommes et femmes politiques exploitent une forme d'ignorance de leurs électeurs et diabolisent les "grands méchants capitalistes" qui souvent sont d'"origine anglo-saxonne" (donc forcément cyniques et malveillants !). Mais, n'écrivant jamais sur les thèmes préférés du Front National - non pas que je sois d'accord avec ses thèses mais plutôt parce que n'ai aucune expertise en matière d'immigration ou de sécurité - je tenais à profiter de cette incursion du Front sur "mon" terrain préféré pour lui donner la réplique et faire savoir à mes lecteurs ce que pèse réellement le capital investissement dans l'économie Française.

Avant de parler de menace sur l'économie mondiale (agitant ainsi indirectement le spectre de la mondialisation et des forces occultes et cosmopolites qui manigancent tout cela...), voyons quel est le poids économique du capital-investissement dans l'économie Française. Ernst & Young a publié en fin d'année 2006 un rapport intéressant (cf le communiqué de presse du 28.11.2006 ici) dont on peut tirer les enseignements suivants:
  • les entreprises ayant un fond d'investissement à leur capital sont au nombre de 4850 (au 31.12.05) et ont un effectif agrégé de plus de 1,5 million de salariés (soit plus que toutes les sociétés du CAC40 réunies) donc plus de 9% des effectifs du secteur privé en France. Presqu'un salarié sur dix est concerné et ce seuil a sûrement été passé en 2006 ;

  • ces entreprises ont vu leur effectif augmenter en France de 4,1% soit 60.000 créations d'emplois nets sur l'année 2004 (alors que les sociétés du CAC40 ont vu leur effectif baisser de 0,2%). Les éventuels dégraissages et délocalisations massifs sont largement compensés par les embauches !

  • le chiffre d'affaires cumulé de ces entreprises a cru en France de 6,9% en 2004 (à comparer avec une croissance du PIB de 3%) et le chiffre d'affaires à l'export de ces sociétés à quant à lui progressé de 8,5%. Mauvais ni pour notre croissance ni pour notre déficit commercial !

  • 55% des entreprises concernées comptent moins de 100 salariés et 92% moins de 1000. Confirmation que ce sont les PMEs qui générent de la croissance et des emplois (sachant que l'emploi privé n'a progressé en France que de 0,6% en 2004) et que celles qui sont bien capitalisées sont les plus contributives.
Si vous faites donc partie des presque 10% de salariés Français qui travaillent pour une entreprise privée ayant à son capital un de ces "méchants" fonds d'investissement, vous pouvez en fait considérer cela comme une bonne nouvelle. En effet...
  • si vous travaillez pour une jeune société innovante, cela signifie qu'un acteur institutionnel du capital-risque a considéré que votre société avait l'opportunité de poursuivre une stratégie ambitieuse et qu'elle méritait d'être dotée des moyens financiers pour passer à l'étape suivante et, peut-être, devenir leader dans sa niche ou sur son marché géographique. Même si le succès est loin d'être garanti, avoir les moyens de ses ambitions, c'est mieux;

  • si vous travaillez pour un acteur à forte croissance, cela signifie qu'un capital-développeur a estimé que le projet de croissance organique et/ou externe proposé par votre management était crédible, créateur de valeur et sans nul doute pérénisant pour votre entreprise devenue un acteur qui compte dans son secteur. Bosser dans une entreprise qui gagne offre plus d'opportunités aux salariés que de survivre dans une boîte qui perd du terrain;

  • si vous travaillez dans une entreprise plus mature qui a fait l'objet d'un LBO, la solidité du modèle et la prédictibilité des prévisions de votre entreprise ont été vérifiées plusieurs fois et très scrupuleusement par les fonds ayant pris le contrôle du capital de la société. Peu de chance que les événements tournent mal à court/moyen terme... Travailler pour une société solide fait à priori partie des attentes des salariés...

  • si un fonds de retournement a financé un plan de sauvetage de tout ou partie de votre société, c'est qu'il pense que tout ou partie de cette société peut-être sauvé et pérénisé. Sans doute pas un contexte facile mais une situation bien plus favorable qu'un réglement judiciaire suivi d'une liquidation faute de fonds propres et de moyens de financer l'activité courante (On peut d'ailleurs ici regretter le faible nombre d'acteurs du "turn around" dans la galaxie des investisseurs en capital en France. Il y a pourtant potentiellement et malheureusement beaucoup d'opportunités. Peut-être que nos lois sociales et la culture anti-économique de nos syndicalistes y sont pour quelque chose...).
Les esprits-chagrins regretteront bien évidemment que ces fonds ne soient là que pour 3 à 7 ans et qu'à l'issue de cette période de détention, pour révéler une plus-value si possible significative, ils revendront la société ou leur participation à un acteur industriel ou un autre fonds ou favoriseront une introduction en bourse de la société. C'est la règle du jeu et si vous pensez que 3 à 7 ans c'est court, peut-être faut-il vous acheter une montre qui tourne au même rythme que l'économie mondiale !

Ces mêmes râleurs vous décriront avec horreur l'exigence de résultats attendus par ces fonds d'investissements. Et oui ! comme un entraineur de champions sportifs, les capitaux-investisseurs attendent de bonnes performances de leurs poulains. D'ailleurs quel est le destin d'une entreprise qui sous-performe ? Le déclin suivi à plus ou moins court terme de la faillite. Vous noterez en sus que cette exigence est souvent accompagnée de pratiques de gouvernance qui sont bien supérieures à celles des sociétés familiales ou des filiales non stratégiques des grands groupes et parfois -voire souvent- meilleures que celles des sociétés côtées en Bourse.

Enfin ces dénigreurs invoqueront les risques "énormes" liés à l'endettement significatif assumés par les entreprises sous LBO. Celui-ci est possible aujourd'hui car les taux d'intérêts sont bas et le cycle économique plutôt positif. Si le contexte venait à évoluer, les valorisations et/ou le nombre de transactions viendraient sans doute à baisser et quelques cas trop aventureux (trop "leveragés") ne tourneraient probablement pas très bien. Sur le premier impact, on verrait alors des articles disant "les fonds d'investissement sont trop frileux et se refusent à "booster" l'économie" ! Sur le second impact inéluctable car il y a rarement création de valeur sans prise de risque, je rappellerais simplement que les cas de surendettement financier des entreprises trouvent, en général, une solution opérationnelle (c'est plutôt les actionnaires voire les prêteurs qui en pâtissent) et que France Telecom ou Vivendi n'avaient pas de fonds d'investissement en LBO à leur capital en 2002/2003 (et je ne parle pas d'Eurotunnel) !

En résumé, le poids économique du capital-investissement est dorénavant très significatif dans notre pays et cela ne va pas baisser à court terme, il est plus générateur de croissance et d'emplois que les fleurons de notre CAC40 et la solidité des entreprises qui sont ainsi "backées" est très supérieure à celles de nos PMEs en général. Si "National Hebdo" appelle cela une "menace pour l'économie mondiale", nous ne devons pas avoir la même définition du mot "menace"....

Rédacteur Agoravox



17 janvier 2007
par JDCh


Airbus: un "clash" annonçant le "crash" ? (épisode 5)

EADS annonce ce jour (voir article de La Tribune ci-dessous) qu'Airbus est dans le rouge. Tout ceci est cohérent avec mes prévisions pessimistes d'octobre dernier (cf Airbus, ...le crash).

La grande question est dorénavant la suivante: le management d'Airbus est-il en train de provisionner à la bonne hauteur et plus tôt que prévu les conséquences des vicissitudes du programe A380 ce qui serait une bonne nouvelle fruit d'une bonne gestion ou n'est ce qu'un début avec amplification des impacts négatifs et des mauvaises nouvelles en 2007 ? L'histoire le dira...

Les rumeurs émanant de compagnies aériennes comme Emirates qui menacent de ne pas retenir l'A350 et de lui préférer le Boeing 787 si elles ne sont pas dédommagées correctement des retards de livraison de l'A380 font malheureusement pencher pour le scénario le plus négatif.

Le cours de Bourse résiste toujours bien au dessus de 25€. Surprenant...

cf Épisode 1
cf
Épisode 2
cf
Épisode 3
cf Épisode 4

EADS émet un avertissement sur ses résultats à cause d'Airbus
La Tribune.fr -17/01/07 à 10:17

Le groupe d'aéronautique et de défense indique que son résultat opérationnel sera impacté par les pertes que devrait réaliser Airbus, sa filiale de fabrication d'avions, au titre de 2006. Et reconnaît que des coûts supplémentaires non planifiés sur l'A380 sont à prévoir. Les résultats commerciaux d'Airbus sont présentés ce matin à la presse lors des voeux de Louis Gallois, co-président exécutif d'EADS et président d'Airbus.

A quelques heures de la présentation des voeux à la presse de Louis Gallois, co-président exécutif d'EADS et président d'Airbus, le groupe a dans un communiqué fait savoir que "l'Ebit (résultat opérationnel) 2006 d'EADS sera impacté par une perte probable de sa filiale Airbus".
"Des charges non-récurrentes liées à des compensations accordées à certains clients, des dépréciations d'actifs, ou des impacts financiers de Power8, préalablement attendus en 2007 et au-delà, pourraient être anticipés dès 2006. De plus, des coûts supplémentaires non planifiés sur l'A380 pourraient également être reconnus".
Néanmoins, au niveau du groupe, le communiqué précise que la "contribution positive d'Ebit estimée des autres divisions, dont les résultats sont conformes aux attentes, devrait à peu près contrebalancer l'impact négatif de l'Ebit estimé d'Airbus en 2006".
Le comité d'audit et le conseil d'administration d'EADS se réunissent le 8 mars pour valider les comptes consolidés. Le géant de l'aéronautique et de la défense avait engrangé en 2005 un bénéfice opérationnel de 2,85 milliards d'euros, supérieur à ses prévisions, grâce à une année record pour Airbus, et visait en 2006 un EBIT de 3,2 milliards d'euros. EADS a inscrit dès novembre dernier une charge d'un milliard d'euros, en raison de l'annonce des retards de l'A380, ce qui avait fait plonger ses comptes du troisième trimestre dans le rouge pour la première fois depuis trois ans.
Selon le Financial Times Deutschland, Airbus a enregistré l'an dernier 800 commandes contre 1.044 pour son grand rival Boeing.
A la Bourse de Paris, le titre EADS cédait plus de 2,3% lors des premiers échanges à 25,14 euros.



13 janvier 2007
par JDCh


Démagolène et Cécilio font leur cirque

Parfait numéro de duettiste pour notre couple Elyséen. En Auguste censé séduire les plus défavorisés, Cécilio en appelle à une hausse des impôts pour tous ceux qui gagnent plus de 4000€ par mois. De toute façon, les financiers et les ingénieurs de haut niveau, qui quitteront la France, l'auraient fait un jour ou l'autre et, avant de partir, ils auraient sans doute voté pour Sarkoléon.
En clown blanc rassurant, Démagolène n'envisage ni hausse des prélévements, ni nouvelle fiscalité qui découragerait le travail et l'effort. On ne sait jamais, il y a peut-être quelques bobos gagnant plus de 4000 € qui pourraient prendre peur. En subliminal, les profits des entreprises ou du patrimoine étant, comme chacun sait, réalisés sans effort ni travail, les actionnaires et propriétaires, petits et grands, n'auront qu'à bien se tenir !

Sacré duo !




Maurice Lévy s'épanche...

Je suis tombé cette semaine sur l'interview de Maurice Lévy PDG de Publicis dans le magazine Time. Cet inamovible et fort honorable PDG du premier groupe publicitaire Français n'y mâche pas ses mots. Ce patron d'un groupe, juste sorti du CAC40, est interrogé sur une acquisition importante (1,3 milliard de dollars) réalisée aux États-Unis dans le domaine de la publicité sur internet mais 8 des 10 questions posées par le journaliste concernent notre "pôvre" France. Monsieur Levy ne fait preuve d'aucune mansuétude à l'égard de nos gouvernants et ne cherche absolument pas à dédramatiser la situation que nous connaissons.

Cette posture d'un grand patron Français est nouvelle... La tradition est plutôt d'avoir la dent dure en "interne" et de sauver la face en "externe". Ce changement d'attitude est révélateur: il est vain d'en appeler au principe de réalité en France puisque nos hommes et femmes politiques sont sur une autre planète et jouent des coudes démagogiques pour obtenir les suffrages de nos concitoyens. Il n'est plus raisonnable de cacher à l'extérieur notre misérable situation car il n'est plus possible, ce faisant, d'être crédible !

Maurice Lévy est sûrement un patriote, au service du pays quand on le lui demande (voir mission confiée par notre Minefi sur l'économie de l'immatériel) mais il ne peut plus cacher sa frustration à la presse anglo-saxonne...

Traduction de l'article original du Time...


Maurice Lévy, PDG de Publicis, géant de la publicité basé à Paris, a plutôt joué les provocateurs en 2006. Avec l'acquisition, pour 1,3 milliard de dollars de la société américaine de publicité sur internet Digitas, il emmène son groupe dans le marché de plus en plus important de la publicité en ligne. Il est également le co-auteur d'un rapport controversé, critique acérée des pratiques économiques de la France post-industrielle. Il s'est exprimé récemment auprès du journaliste du Time Peter Gumbel.

Vous venez de remettre un rapport sur la France...

La France est bonne pour créer 3 choses: du chômage, des coûts de sécurité sociale et des rapports officiels.

Vous êtes très critique vis à vis de la France. La situation est-elle si grave ?

Il y a la France des grande entreprises qui se débrouillent très bien. Il y a la France au travail qui ne va pas bien et il y a le monde politique Français qui est une sur une autre planète. Nous avons un parti Communiste qui continue à créer des problèmes même s'il n'est pas très représentatif ! Nous avons un parti Socialiste qui rêve toujours d'une économie socialiste. Nous avons des syndicats qui représentent 8% des travailleurs mais qui terrifient tous les gouvernements. Et nous avons une droite qui n'ose pas assumer son rôle. C'est surréaliste.

Cela pourrait-il changer alors qu'une nouvelle génération de politiciens émerge ?

Les deux principaux candidats à la présidentielle - Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy - ont juste 50 ans mais sont en politique depuis 30 ans. Leur problème va être d'empêcher leurs partis, qui vivent toujours dans le passé, de faire la loi.

L'un des candidats est-il en mesure de briser le moule ?

J'ai peur que non. Chaque fois que Madame Royal s'exprime, quelqu'un derrière elle "corrige" ce qu'elle pense. Chaque fois que Sarkozy parle, il y des voix qui disent "oui, mais vous devez être prudents". Nous sommes dans une situation où le moment d'une révolution, si il existe, n'existe que leurs têtes.

Vous recommandez de faire meilleur usage des actifs immatériels de la France comme ses brevets et ses marques. N'est-ce pas difficile à expliquer ?

Oui, particulièrement dans un pays comme la France où la richesse vient traditionnellement de la terre. Tout ce qui touche aux services, à l'argent ou au commerce est suspect. Mais les choses commencent à évoluer. Les gens savent qu'il y a une différence entre un faux et un véritable Vuitton. Et les politiciens peuvent voir que l'immatériel peut avoir des effets positifs sur l'emploi et la richesse.

Quelles devraient être les priorités ?

Nous devrions arrêter de penser Français et penser Européen. Nous vivons dans un vaste monde très compétitif et la France n'est pas assez grande pour concourir. Mais nous devons également changer le modèle. Prenez notre système éducatif. Il ne marche pas. Changeons-le. Ceci est vrai pour nos systèmes sociaux et législatifs.

Quel est le rôle de l'etat dans tout cela ?

Le problème en France est que dès que vous faîtes une erreur cela devient un tabou. L'impôt sur la fortune était une erreur, mais vous ne pouvez le toucher au cas où cela provoquerait des réactions négatives. La semaine des 35 heures était également une erreur, mais n'y touchez pas. La droite n'ose pas revenir sur les décisions faites par la gauche.

Donc la gauche est mieux placée pour introduire des réformes ?

Il a toujours été plus facile pour la gauche de réformer mais c'est parce que la droite n'a jamais mené à terme ses idées. Le meilleur exemple fût 1995 [quand le gouvernement abandonna ses réformes après des semaines de grève des transports]. Si vous donnez un signe comme celui-ci, vous dîtes clairement aux Français: si je propose une réforme que vous n'aimez pas, sortez dans la rue et je vous promets de l'abandonner.

Pourquoi Publicis a-il acquis Digitas ?

Il y a un déplacement massif des média traditionnels vers les média en ligne. Nous prévoyons que l'interactif va représenter 10% de la dépense mondiale publicitaire en 2010. En intégrant Digitas, nous devenons l'un des principaux acheteurs sur Google, Yahoo et MSN.

N'est-ce pas un peu cher ?

Oui, mais nous avons payé un prix en bas de fourchette pour ce type d'actifs. D'ici 4 ou 5 ans, à peu près 25% de nos ventes le seront dans les média numériques, et cette opération paraîtra très bon marché.



10 janvier 2007
par JDCh


Retraites: situation pire qu'attendue. Quelle surprise !

Le Conseil d'orientation des retraites remet en ce moment un rapport au Premier Ministre qui fait le diagnostic évidemment prévisible que la situation des régimes de retraite sera vite bien pire que prévue et que la réforme FILLON est insuffisante... Voir article de La Tribune ci-dessous.

Il émet l'hypothèse d'une évolution des régimes spéciaux en admettant qu'on ne peut demander des efforts supplémentaires au privé sans revoir le statut des employés des GFI (cf Retraites du secteur public...).

Rappelons que les principales et flagrantes inéquités entre secteur public et secteur privé sont:

  • salaire des 6 derniers mois -contre moyenne des 25 dernières années- comme référence des pensions des fonctionnaires et des salariés des GFI;
  • évolution suivant l'indice des salaires des GFI et non sur le coût de la vie pour les salariés des GFI;
  • durée de cotisation de 37,5 ans sans aucune décote par année manquante -contre 40 ans et 10% de décote pour les salariés du privé et les fonctionnaires- pour les salariés des GFI.
Un rapport qui arrive 100 jours avant l'élection présidentielle et qui évoque une réforme qui avait bloqué le pays en 1995, ça devrait trouver une place dans un tiroir très rapidement...

Chut, faut pas parler des sujets qui fâchent...


Le Conseil d'orientation des retraites propose des évolutions pour les régimes spéciaux

L'organisme consultatif évalue le besoin de financement du système de retraites en 2050 entre 30 et 80 milliards d'euros. Dans un rapport sur "les questions et orientations pour 2008", qui sera remis jeudi au Premier ministre, le COR propose par ailleurs "l'allongement des durées d'activité et des durées d'assurance requises" pour la plupart des régimes spéciaux de retraites.
Pour le Conseil d'orientation des retraites (COR), le rendez-vous de 2008 prévu par la loi Fillion sur les retraites doit être placé sous le double signe de l'amélioration de l'emploi des seniors et de la réforme des régimes spéciaux. Malgré la réforme de 2003, qui a notamment rapproché les régimes des fonctionnaires du régime général des salariés du privé, la situation financière de la branche retraite de la Sécurité sociale est "plus dégradée que prévue", avec un déficit qui pourrait atteindre 3,5 milliards d'euros en 2007, contre 2,4 milliards d'euros en 2006, estime le COR dans un rapport qui sera remis jeudi à Dominique de Villepin.

Les besoins de financement du système de retraites en 2050 serait compris "entre un peu moins de 2 points de PIB et près de 5 points de PIB, soit entre 30 et 80 milliards d'euros", a calculé le COR. Afin d'assurer la pérennité du système de retraites, le Conseil juge "stratégique" l'amélioration de l'emploi des salariés âgés, dont le taux reste "un des plus faibles parmi les pays européen", avec 37,8% des 55-64 ans en emploi en France contre 42,5% en moyenne dans l'Union européenne.

Malgré le plan d'action pour l'emploi des seniors initié en mars 2006 par le gouvernement et les partenaires sociaux, les employeurs restent "réticents à recruter des salariés âgés, déplore le COR. Or, une "évolution de la masse salariale moins favorable qu'il n'était anticipé" explique en partie la dégradation financière de la branche retraite de la Sécu. Les autres causes du déficit accru de cette branche sont le vieillissement de la population et le succès des départs à la retraite anticipés pour les salariés ayant commencé à travailler jeune, comme le permet la réforme des retraites de 2003.

Le COR estime par ailleurs "difficile d'imaginer que la nouvelle étape de hausse de la durée d'assurance prévue en 2008 ne s'accompagne pas de questiosn sur l'évolution des régimes spéciaux". Ces régimes n'ont pas été concernés par la réforme de 2003, le gouvernement ayant le souvenir des grandes grèves de 1995 pour le maintien du régime de retraites des cheminots. Le COR propose plusieurs pistes de réformes en vue d'assurer l'équilibre financier des régimes spéciaux "à l'horizon 2020", comme "l'allongement des durées d'activité et des durées d'assurance requises, afin de tenir compte des gains d'espérance de vie", leur adossement au régime général de la Sécurité sociale ou encore l'harmonisation des pensions.

latribune.fr



06 janvier 2007
par JDCh


IRPP / Retenue à la source: une opportunité historique...

Notre Minefi, Thierry Breton, a annoncé avant Noël le passage "prochain" (ie en 2009) du mode de prélèvement de l'IRPP (Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques) du mode différé actuel vers une retenue à la source. Il a, de plus, désigné cette semaine un trio (Raymond Viricelle, ancien avocat général à la Cour de cassation, Claude Bébéar, président du conseil de surveillance d'AXA, et François Auvigne, ancien directeur général des Douanes) pour étudier plus avant les conséquences et les modalités d'une tel changement.

Avant de revenir sur la fameuse retenue à la source, il est sans doute utile de rappeler que:

  • l'IRPP est le principal impôt direct sur les personnes mais il représente moins de 18% des recettes brutes fiscales (cf graphique) soit environ 55 milliards d'euros (à comparer avec le déficit budgétaire 2006 prévu cette année juste en dessous de 40 milliards et surtout aux presque 75 milliards d'euros rapportés par le fameux triptyque CSG/CRDS/Prélèvement Social !);

  • l'IRPP repose sur une taxation progressive des revenus dont le calcul s'appuie sur une fonction exponentielle des revenus. Ainsi, 1% des contribuables paient 33% du montant total et 10% en payent 68% ce qui fait que 90% des foyers fiscaux ne paient rien ou fort peu. La combinaison de l'ISF et de l'IRPP fait de la France le "grand pays" (bientôt ex-grand pays) le moins clément en terme de fiscalité sur les particuliers aisés ou riches. A l'inverse, 90% des Français ne peuvent que se féliciter de payer moins d'impôt sur le revenu que la plupart des autres Occidentaux sachant que parmi eux 60% (de ces 90%) ne paient absolument rien !

  • Il est à la fois faux et juste de dire que 90% des Français paient peu ou rien en terme d'impôt sur le revenu. En fait, ceux qui travaillent, perçoivent une retraite ou une indemnisation chômage, paient tous la CSG/CRDS qui est un impôt direct non progressif (légèrement différencié suivant les types de revenu) dont le montant collecté est colossal (pour rappel, 75 milliards d'euros dont plus des trois quarts issus des revenus d'activité ou de remplacement, le quart restant provenant des revenus du patrimoine et plus marginalement des jeux de hasard) et est reversé globalement à la Sécu et ses différentes branche (Maladie, Famille et Retraite).

  • Il est sans doute enfin nécessaire de constater que notre administration fiscale compte plus de 100.000 fonctionnaires quand un pays comme la Suède n'en a que 3.000 avec seulement 7 fois moins d'habitants: il y a per capita 5 fois plus de fonctionnaires du fisc en France que dans un pays réformé et modernisé ! (NB: tous ne sont pas affectés à l'IRPP mais il est probable que le ratio soit encore plus défavorable en l'occurrence vu la complexité du dit IRPP).

Quand Thierry Breton annonce le passage à la retenue à la source, il a donc en tête un nouveau mode de paiement de l'IRPP mais comme 70% des foyers qui paient cet impôt sont mensualisés, cette vision est fort limitative. Une réforme consistant à conserver tel quel le mode de calcul et à en faire assurer le prélèvement par les employeurs (et organismes versant des revenus de remplacement: retraite et chômage) serait finalement une nano-réforme sans impact autre qu'un peu moins de travail pour nos chers fonctionnaires des impôts (qui, de doute façon, ne peuvent être virés, seront payés jusqu'à leur mort, pourraient peut-être marginalement être ré-affectés à d'autres tâches ou administrations et n'auraient simplement pas à être remplacés à leur départ en retraite...). Pas très excitant... Non, ce changement de mode de paiement devrait s'accompagner d'une grande réforme au fond de cet impôt qui ne rapporte pas tant que cela et qui n'est douloureux que pour une minorité.

Il existe d'ailleurs une solution simple: vous créez aux côtés de la CSG, une Contribution sur les Revenus d'Activité ou de Remplacement (la CRAR dont le nom est très "sexy" !). Vous fixez le taux un peu en dessous de 10% et vous récupérez plus de 55 milliards d'euros (voir chiffre plus haut de collecte de la CSG qui montre que l'estimation est correcte) en ayant un système d'une simplicité extrême et qui présente quatre énormes avantages (mêmes s'ils sont un peu polémiques...):

  • L'essentiel des revenus sont taxés et l'impôt associé collecté par un simple ajout d'une ligne de contribution sur les feuilles de paie (ou équivalent). Il reste à nos chers fonctionnaires des impôts à s'occuper des revenus du patrimoine (revenus fonciers, plus-values,...) qui doivent concerner un faible nombre de contribuables.
  • La France devient du jour au lendemain un pays où il fait bon gagner sa vie. Les professions à forte valeur ajoutée s'y développent de façon prospère. Les expatriés intellectuels, sportifs, businessmen, financiers ou encore entrepreneurs reviennent... Les sociétés internationales reconsidèrent Paris comme leur possible siège Européen... Ces locomotives entraînent le reste de l'économie et tout repart (croissance, emploi...). Un peu simpliste mais pas utopique du tout...
  • La moitié de Français qui ne paient aucun IRPP ou une somme modique par mois voient leur salaire net baisser le 1er janvier 2009, comprennent ce que veux dire pression fiscale et se mettent à ne plus écouter les démagogues en tous genres qui promettent de coûteuses mesures sociales non financées. Ils savent dorénavant que tout a un prix, deviennent vigilants et accompagnent les réformes nécessaires de notre cher État de leurs voeux et de leurs votes...
  • La multitude de niches fiscales empilées par les années et soutenues par les lobbies corporatistes disparaîtraient ou serait reconsidérées purement et simplement au motif parfaitement justifié qu'elles profitent principalement aujourd'hui aux plus aisés et qu'elles ont plus à voir avec les revenus du patrimoine (hors du champ de la retenue à la source) qu'avec les revenus d'activités (ou de remplacement).

Le scénario est provocateur et simpliste mais il nous faut tendre vers cela.

On pourra bien sûr décider d'une certaine progressivité de la CRAR mais avec un taux marginal qui devra rester en deçà de 20% et qui ne pourra pas être en dessous de 5%.

On pourra aussi accompagner le "choc fiscal" créé pour les foyers les plus touchés par un prêt d'honneur (vous avez bien lu, un prêt pas une allocation) de 2.000 euros remboursés au bout de quelques années (3 à 5 ans) le temps que le "catch up" soit réalisé (le temps que le salaire net amputé de 5 à 10% de CRAR ait re-dépassé le salaire net d'avant le "choc" ce qui ne devrait pas prendre plus de 2 ans). Finalement que ce soit l'Etat ou les contribuables qui soient endettés n'est pas très différent... et ... il n'est pas plus "immoral" que quelqu'un qui gagne 1500 euros nets par mois paie environ 100 euros mensuels d'impôt sur le revenu que le fait de ne rien lui faire payer parce que sa femme ne travaille pas !

Le libéral (qui gagne bien sa vie) que je suis est évidemment dans son rôle de provocateur quand il écrit tout cela. Ceci dit, même si cette réforme introduit un mauvais moment à passer et la difficulté transitoire serait parfaitement soutenable. Le dynamisme économique du pays, la qualité de son débat démocratique et sa détermination collective à ne plus être la France - déclinante, ringardisée par la mondialisation et convaincue de son incapacité à réussir - d'aujourd'hui seraient formidablement enthousiasmants...

Je ne pense malheureusement pas que les inspecteurs des finances qui entourent notre Minefi aient pu penser à un scénario si simple et si vivifiant. Il est, d'ailleurs, évident que la période électorale dans laquelle nous rentrons découragerait n'importe quel "renard" de mettre un tel débat politique sur la table: il faudrait être un "lion" et je n'en vois point à l'horizon.

On va donc voir MM Bébéar et ses acolytes se pencher sur des questions fondamentales comme:

  • comment introduire le quotient familial dans la feuille de paie d'un homosexuel "pacsé" qui n'a pas fait son "coming out" dans son univers professionnel ? Compliqué, n'est-ce pas... Je suis sûr que certains de mes amis seraient dans l'embarras.
  • est-ce une atteinte à la vie privée que de demander aux salariés divorcés de donner le montant de la pension alimentaire qu'ils versent à leur ex-épouse pour tenir compte d'un poste de dépense qui peut atteindre un pourcentage très important du revenu net du contribuable ? Vraiment pas évident ni du point de vue du respect de la vie privée, ni du point de vue calcul de la retenue à la source...
  • comment éviter que le nombre d'emplois à domicile ne baisse fortement pendant la période de transition sachant que la déduction fiscale associée (mais différée) entraînerait forcément un décalage de trésorerie trop lourd pour les classes moyennes qui, par exemple, font garder leurs enfants à domicile ? Pas simple...

On pourrait multiplier les exemples qui feront de cette éventuelle réforme une usine à gaz: une de celles qui complexifiera la vie des entreprises, mettra certains contribuables dans une situation personnelle ou financière très inconfortable, n'aura aucune vertu pédagogique sur la façon dont les Français devraient voir gérer les finances publiques et, comme toujours, démontrera notre incapacité à accoucher de la moindre réforme de fond.

En résumé, je suis "pour" une vraie réforme fiscale de l'IRPP incluant la retenue à la source mais "contre" un simple changement de mode de collecte/paiement de cet impôt.

Pour revenir dans le médiocre débat suscité par cette potentielle réforme, notre Minefi a annoncé une année blanche en 2008. Quelle farce ! Autant d'un point de vue bilantiel, il est exact vrai qu'il y a cadeau. Mais celui-ci ne correspond finalement en terme de flux financier qu'aux impôts sur le revenu prélevés l'année suivant votre mort (donc en moyenne dans 30/40 ans) et de nouveaux contribuables vous auront heureusement remplacés entre temps... De plus et surtout, vous pouvez parier que tous les revenus du patrimoine (notamment plus-value,...) qui sont les seuls à véritablement varier d'une année à l'autre ne seront pas concernés par cette retenue à la source et donc garderont un décalage d'un an.

Pour terminer sur une touche d'humour, la seule petite astuce possible à recommander: demander à son employeur de différer le paiement en 2008 de votre bonus 2006 habituellement versé mi-2007 ! Prions le ciel pour que nos amis de Bercy n'y pensent pas dans l'élaboration de leur prochaine usine à gaz !

Repris par Rédacteur Agoravox



05 janvier 2007
par JDCh


Plus de ChiChi, SVP


Notre pathétique Président, après 12 ans d'immobilisme, de réformettes et de reculades, exprimait hier ses voeux devant les "forces vives de la Nation" (ce terme suranné mériterait peut-être une revisite...) . En vieux renard politique, qui fait la marmotte pendant 4 ans et demi et qui stoppe son hibernation dans le semestre précédent les élections, il a souhaité un certain nombre de réformes qu'il a sans doute simplement "oublié" de mettre en oeuvre dans les 12 dernières années !

J'oublie ici totalement les aspects tactiques liés à un remplissement de l'espace par notre ChiChi national à 5 mois de l'élection présidentielle à laquelle il n'a pas [encore] renoncé à être candidat. Regardons les deux propositions "phares" annoncées sur le front économique et sociale...

La baisse de l'Impôt sur les Société de 33% à 20%. Je ne suis pas contre mais est-ce ce qu'il faut faire en premier ? Sûrement pas. Les entreprises Françaises connaissent un vrai problème de compétitivité (en tout cas pour ce qui concerne leurs activités situées en France) et avant d'optimiser les bénéfices après impôt, il faudrait pouvoir optimiser leurs marges brutes et leur excédent brut d'exploitation. La suppression/diminution forte de la Taxe Professionnelle aurait un bien meilleur effet, un allègement des charges sociales aurait bien évidemment un impact bien plus vertueux... Bref, une ignorance totale du monde des PMEs, une vision statico-CAC40 de l'économie et, en plus, une perche tendue à tous les anti-capitalistes de France (ils sont nombreux) pour leur faire dire que l'on cherche toujours à favoriser les actionnaires et le "grand capital"... Plutôt inutile et nocif.

La fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC. Elle aurait pu être faite depuis longtemps.... Elle aurait sans doute l'avantage de retirer aux syndicats la gestion de ce GFI (Gouffre Financier Institutionnel) qu'est l'UNEDIC... Elle aurait l'inconvénient immédiat de créer une plus "gros" GFI ! On ferait bien mieux d'envisager la mise en concurrence de l'UNEDIC en "flexibilisant" la durée, le montant des indemnités "chômage" et celui des cotisations. On ferait aussi mieux de mettre en concurrence l'ANPE (en lui laissant un simple rôle de coordinateur), de rémunérer "au succès" des entreprises de "placement" (les groupes de travail temporaire pourraient, par exemple, faire un excellent "job" en la matière) proches du marché/des secteurs/des entreprises et d'éviter que la recherche infructueuse d'emploi soit un" service public" ! Encore une fois, peu concret voire inutile.

On appelle sans doute cela un "baroud sans honneur"...

On a plutôt envie qu'il se ré-endorme...

Bonne nuit ChiChi !



03 janvier 2007
par JDCh


Alter-libéral ou alter-anti-libéral ?

Dans notre cher pays où le mot "libéral" est "dirty", on aime cependant à le conjuguer. Il y a les ultra-libéraux, les néo-libéraux et bien sûr les anti-libéraux...

Alternative Libérale, parti politique nouveau dont le leader Edouard Fillas, 27 ans, est candidat aux élections présidentielles, vient de publier Le manifeste des alter-libéraux...

Bien que trouvant les thèmes abordés et les thèses soutenues par Alternative Libérale plutôt pertinents, sympathiques et en tout cas très rafraîchissants, je dois avouer être un peu paumé dans la terminologie !

Un alter-mondialiste est contre la mondialisation telle qu'elle se présente.
Un anti-mondialiste est contre toute forme de mondialisation.
La nuance entre les deux est tenue puisqu'il faudrait que l'alter-mondialiste ait une vraie thèse alternative et mondialiste pour ne pas être confondu avec son camarade anti-mondialiste...

Un alter-libéral "porteur d'une thèse alternative et libérale" est sans doute la façon dont Edouard Fillas et ses collègues se définissent.

Personnellement, je me suis déjà décrit comme un "alter-anti-libéral" car je soutiens des thèses alternatives à l'anti-libéralisme [primaire] dont notre pays est malade.

Au delà de la crédibilité et de l'efficacité politique d'Alternative Libérale et de son candidat qui reste à prouver, je peux parcourir leur site web sans avoir de boutons... au contraire... le diagnostic est juste et les aspirations sont salutaires...

Conclusion: un alter-anti-libéral et un alter-libéral, c'est pas la même chose mais ça part des mêmes contats, ça aspire aux mêmes changements et ça partage beaucoup de points de vue...

Pas simple d'être libéral en France !



01 janvier 2007
par JDCh


L'économie Allemande n'est plus "kaputt" ! Bonne nouvelle...

En ce premier jour de 2007, après que la Roumanie et la Bulgarie aient fait cette nuit leur entrée dans l'Union Européenne, que la Slovénie ait adopté cette nuit également la monnaie unique (treizième pays de l'UE à basculer vers l'Euro) et que l'Allemagne ait, cette nuit toujours, pris la Présidence "tournante", pour 6 mois, de l'Union Européenne, je me suis souvenu avoir découvert récemment que l'indice de confiance des entrepreneurs Allemands (cf graphique de l'index Ifo ci-dessous) était au plus haut depuis 1994 après avoir touché son point le plus bas en 2001.

Ce sentiment de confiance, dont on connaît l'importance en matière économique, n'a pas vraiment fait la une des journaux mais correspond, en fait, à ce que je considère comme une excellente nouvelle. En effet, autant il est difficile d'expliquer aux Français qu'en imitant nos camarades Britanniques, on peut recouvrir une économie saine avec tous les symptômes positifs qui y sont attachés (croissance, taux de chômage, prélèvement obligatoire/PIB, déficit et dette publique/PIB...), de même qu'il est peu aisé de désigner nos amis scandinaves Danois ou Suédois comme un modèle à suivre dans lequel modèle social et efficacité économique ne sont pas contradictoires, il est, par contre, assez pédagogique de montrer du doigt les succès de nos voisins Germaniques et de convaincre les Français que les mesures ou directions prises par l'Etat Fédéral Allemand ou par les entreprises Allemandes, si elles sont couronnées de succès, pourraient bien constituer un référence pour notre cher pays.

J'ai, comme la plupart des Français de plus de 40 ans été bercé durant mon enfance et adolescence par le modèle Rhénan, la "Deutsche Qualität", la co-gestion responsable des syndicats Allemands, les banques Allemandes créancières aventureuses de pans entiers de l'économie... Tout ceci constitue une image d'Epinal (on devrait ici dire une image de Frankfurt !) d'une Allemagne qui a "gobé" il y a maintenant plus de 16 ans l'ex-RDA et qui, en même temps qu'elle devait financer à marche forcée l'intégration des "ossies" et la mise à niveau des territoires de l'ex-RDA, a dû faire face aux mêmes enjeux issus de la mondialisation que ceux auquel la France a été et est confrontée.

Hors depuis 15 ans, l'Allemagne est la "grande malade" de l'Europe, son taux de chômage est très élevé, sa croissance atone et son modèle conquérant dans les années 1970/80 semble cassé. Sa situation politique, fondée sur une démocratie qui nécessite un fort consensus pour esquisser la moindre réforme, paraît, elle aussi, désespérée et l'on se moque, même à Paris (l'hôpital qui se moque de la charité...), de la lenteur de nos cousins d'outre-Rhin et leur incapacité apparente à réagir à un monde qui change...

L'Allemagne, comme la France en 1998, a organisée la Coupe du Monde de football en 2006, elle n'a pas gagné ce trophé mais elle a eu le sentiment de réussir à nouveau quelque chose visible du monde entier. Cet engouement pour la Coupe du Monde et l'enthousiasme mêlé de fierté d'être le pays organisateur d'un événement réussi était véritablement palpable en Allemagne l'été dernier mais n'est pas du tout la seule raison du très haut niveau de confiance des entrepreneurs Allemands publié il y a quelques semaines.

Ces patrons Allemands ont le moral alors que les chiffres macroéconomiques de l'Allemagne ne sont pas, pour la plupart, beaucoup plus enthousiasmants que les chiffres Français. Passons-les en revue...

  • le PIB par habitant est similaire mais n'oublions pas l'intégration de l'Allemagne de l'Est qui partait de fort loin;
  • le taux de chômage est similaire, encore un peu supérieur en Allemagne (~10% contre 9% en France), mais avec une tendance à la baisse plus sensible en Allemagne ces derniers trimestres (et ceci toujours sans oublier l'intégration de l'ex-RDA);
  • la dette publique est similaire (~67% du PIB) mais, encore une fois, n'oublions pas les effets de la réunification;
  • la croissance 2006 sera supérieure en Allemagne aux alentours de 2,5% alors que nous serons sans doute juste au nord de 2% et c'est derrière ce chiffre que se cache le vrai potentiel de succès de l'Allemagne. Comme le cholestérol, il existe une bonne et une mauvaise croissance: les Allemands ont une "bonne" croissance celle qui donne le moral à ses entrepreneurs, nous en avons une "mauvaise" (ou en tout cas une "moins bonne") et, si l'on interrogeait nos patrons et entrepreneurs, je ne suis pas sûr qu'ils seraient aussi enthousiastes que leurs homologues Allemands. Explications...

Si l'on simplifie la comparaison des croissances Française et Allemande, on s'aperçoit que la croissance Française est tirée par la consommation ce qui signifie que les Français puisent dans leur épargne ou tirent sur leur endettement pour consommer des produits et des services et que la plupart des produits qu'ils achètent sont des produits importés manufacturés en Asie... Ceci ne crée pas beaucoup d'emplois (cf L'emploi crée la croissance, le contraire n'existe pas...) et atteint ses limites assez vite... La croissance Allemande est, elle, tirée par son commerce extérieur et les chiffres sont ici aussi différents qu'éloquents pour expliquer le "gap" entre les 2 pays: 180 milliards d'euros d'excédent commercial pour l'Allemagne, 25 milliards d'euros de déficit pour la France... Pour exporter, il faut produire, pour produire, il faut travailler et quand on travaille, on crée de la bonne croissance et on réduit bien évidemment le chômage. CQFD...

Cette performance exceptionnelle de l'économie Allemande ne s'explique pas par un capitalisme ou un ultra-libéralisme forcené de nos voisins: on pourrait même dire que l'Allemagne est, dans les mentalités, moins capitaliste (la gouvernance des entreprises Allemandes ayant tendance à diluer le pouvoir des actionnaires) et moins libérale (l'Etat Providence est au moins aussi ancré dans les esprits et l'intérêt collectif souvent privilégié à la liberté individuelle) que la France.

Par contre, l'Allemagne est devenu un pays "anti-communiste" dans son immense majorité au contraire de la France qui continue à cultiver cette éternelle nostalgie trotskiste que j'ai déjà souvent dénoncée. Ayant dû payer le prix fort pour effacer 40 ans de communisme en RDA, les Allemands ont compris que l'Etat et le Marché étaient deux mondes dissociés et que l'intervention de l'Etat dans la vie des entreprises devait être bannie (quand Angela Merkel a récemment envisagé de faire rentrer l'Etat Allemand au capital d'EADS en remplacement de Daimler-Chrysler, elle a reçu une volée de bois vert, a vite abandonné l'idée et n'a pu que favoriser la constitution d'un consortium de banques principalement privées incluant les deux Américaines Goldman Sachs et Morgan Stanley...).

L'Etat Allemand, sous la pression des critères de Maastricht, des milieux d'affaires mais aussi et surtout de sa population dans son immense majorité, se consacre donc à retrouver l'équilibre budgétaire qu'il atteindra sans doute avant nous et donc sa capacité à réduire sa dette publique léguée aux générations futures (qui, rappelons-le, n'est pas plus élevée que chez nous malgré l'absorption douloureuse de l'Allemagne de l'Est). La seule grande réforme du gouvernement Schroeder a été la réduction en 2005 de 32 mois à 12 mois des indemnités chômage (au delà de cette période, l'indemnité tombe à 345 euros par mois !). Cette réforme fondamentale, pour laquelle il a été assez long de créer le consensus nécessaire, est passée comme une "lettre à la poste" car elle venait stopper une situation, considérée comme intolérable par une majorité d'Allemands, où bon nombre de chômeurs Allemands avaient plus intérêt à rester au chômage qu'à reprendre une activité...

Les entreprises, elles, n'ont pas chômé. Qu'il s'agisse des grandes entreprises ("konzern") ou des PME (le fameux "mittelstand") beaucoup plus nombreuses, puissantes et indépendantes qu'en France (les PMI Allemandes ne sont pas que les sous-traitants serviles des "konzerns" mais ont une activité à l'export très significative et vendent directement leurs produits dans le monde entier et notamment aux puissances émergentes que sont la Chine, l'Inde ou le Brésil), elles ont réussi l'incroyable performance d'améliorer leurs taux de marge de 16% entre 2000 et 2006 quand les nôtres ont vu les leurs baisser de plus de 3% ! Cette amélioration extrêmement significative a été obtenue par deux grands moyens:

  • la flexibilité du temps de travail, qui historiquement n'est pas plus élevé qu'en France, mais qui, lorsque nous mettions en place les catastrophiques 35 heures, a vu bon nombre d'entreprises industrielles Allemandes relever le nombre d'heures hebdomadaires et surtout aligner de façon hyper-flexible les durées journalières, mensuelles et annuelles sur les besoins réels de la production.
  • des délocalisations quasi-systématiques de toutes les activités à faible valeur ajoutée vers ses voisins Slovaques, Tchèques ou Polonais afin de garder un prix de revient compétitif aux produits destinés à l'export tout en maintenant la fameuse valeur ajoutée Allemande dans les mains et les cerveaux des salariés Allemands.

Inutile de rappeler que ces deux grands leviers ont fait l'objet de négociations "responsables" avec des syndicats connus pour leur puissante représentativité mais qui pourraient donner des leçons d'économie réaliste aux nôtres...

Les esprits chagrins expliqueront que le passage de la TVA en 2007 en Allemagne de 16 à 19% (rappelons qu'en France nous sommes déjà à 19,6% depuis plus de 10 ans...) va induire un inévitable ralentissement économique en Allemagne. Ceci est sans doute partiellement vrai mais le renouveau économique Allemand n'est pas fondé sur une consommation des ménages mais sur un dynamisme et une compétitivité retrouvés des entreprises grandes, moyennes et petites lancées dans le grand bain de la mondialisation...

Par ailleurs et pour finir, le choix fait par le gouvernement de coalition dirigé par Frau Merkel d'augmenter le taux de TVA, impôt jugé en France comme "injuste", est emblématique: tout le monde va payer le nécessaire rétablissement des finances publiques. C'est un mauvais moment à passer mais ça ne durera qu'un moment... Rien à voir avec nos mesurettes égalitaro-inefficaces...

Conclusion: un modèle politico-économique que les Français sont peut-être prêts à regarder et à suivre et un partenaire commercial - le premier pour la France - qui va beaucoup mieux. En voilà deux bonnes nouvelles pour démarrer l'année...

Et, comme il est de rigueur un 1er janvier d'adresser ses voeux, recevez les miens et souhaitons à la France de ressembler assez rapidement un peu plus à l'Allemagne version 2007 plutôt qu'à l'ex-RDA à qui nous ressemblerons bien vite si nous ne nous bougeons pas les f...

Mit meinen besten Wünschen

Repris par Rédacteur Agoravox