30 novembre 2007
par JDCh


Travailler c'est trop dur et voler c'est pas beau !


Sarko : 50 minutes l'intégrale 1
envoyé par Ptite_Mule

J'ai regardé et écouté notre Président hier soir lors de l'interview télévisée donnée hier soir sur TF1 et France2. Vous trouverez ci-dessus la première partie sachant que les parties suivantes dont disponibles sur Dailymotion (cf partie 2 et partie 3).

Si la pédagogie est un sur-ensemble de l'art de la répétition, alors notre ami Sarko a plutôt fait dans la pédagogie. On a ainsi pu entendre de façon récurrente les 4 phrases-clés de son discours:
  • "J'ai été élu pour cela"

  • "Je suis dans l'action pas dans le commentaire"

  • "Il y a des difficultés, c'était prévisible mais je suis très motivé"

  • "Il faut travailler plus pour gagner plus"

J'avais, fin juillet, regretté l'usine à gaz pondue nos hauts fonctionnaires de Bercy concernant le volet "heures supplémentaires" de la loi TEPA. Bonne sur le principe, cette loi ne comporte aucun élément suffisamment incitatif pour pousser les entreprises à un recours important aux heures supplémentaires (et encore moins aux heures complémentaires pour les salariés à temps partiel)... Sarko a bien entendu nié le côté "usine à gaz" mais a élargi le champ du possible concernant le "travailler plus" ce qui correspond à un aveu sur le côté "usine à gaz" pour lequel on ne peut pas lui en vouloir puisque le raisonnement macro-économique est correct.

C'est, en effet, le travail qui crée la croissance (pas le contraire), c'est la part de salaire net qui constitue le pouvoir d'achat (déduction faite de tous les prélèvements obligatoires) et ce sont l'augmentation du pouvoir d'achat et surtout la création de valeur au sens large qui entretiennent la croissance.

Sarkoléon n'a pas rasé gratis, n'a pas appuyé sur la case dépenses publiques (exemple: pas d'augmentation de la Prime pour l'emploi) ou sur la case dépenses supplémentaires obligatoires pour les entreprises (exemple: augmentation du SMIC). Il a, en fait, évoqué de façon extrêmement touffue plein de pistes à explorer avec les partenaires sociaux (patronat et syndicats salariés).

La manoeuvre est d'abord "saine" puisque, comme tout Français bien constitué le sait, les finances publiques (État et systèmes sociaux) sont exsangues et beaucoup d'entreprises en proie à des enjeux de compétitivité lourds n'ont surtout pas besoin qu'on alourdisse leurs charges.

Elle est ensuite "habile" puisqu'il renvoie la responsabilité d'une amélioration du pouvoir d'achat au couple patronat-syndicat dont nous savons tous qu'il ne fonctionne pas bien dans notre pays. Une lecture cynique donne donc: Sarko sait qu'ils ne se mettront pas d'accord mais alors cela ne sera pas de sa faute. Une lecture plus optimiste serait: puisqu'il y a plein de choses à négocier, peut-être va-t-on a assister à de vraies séances de "give and take" entre chefs d'entreprise et syndicalistes et à des accords "win win" comme le champ des négociations envisagées le permet. Il suffit de voir la réaction de Jean-Claude Mailly (FO) ce matin pour rester dans le camp "cynique" mais peut-être qu'un Chérèque (CFDT) y verra une bonne carte à jouer.

Dans tous les cas, les salariés auront intérêt à suivre de près quels sont les syndicats capables de négocier et de signer des accords faisant avancer le "schmillblick" et à voter pour eux avec dicernement si la négociation syndicale remplace la "bercydiktatur" dans le futur de notre cher pays !

Le grand chantier de négociation désigné par le Président concerne un véritable détricotage des calamiteuses 35 heures soit par accord "majoritaire" qui pourrait revenir sur cette durée du travail, soit par la "monétisation" des RTT qui pourrait être rachetées par les entreprises aux salariés y renonçant.

Quand on sait que les 35 heures ont été mises oeuvres dans les entreprises sans baisse de salaire (parfois, il faut le préciser, avec des gels de salaires implicites ou explicites) alors que le temps de travail était subitement diminué de 10%, on voit que les enjeux de négociation sont intéressants:

  • l'arbitrage entre allongement de la durée du travail et recours aux heures supplémentaires est un "trade-off" entre flexibilité et surcoût. Un retour aux 39 heures dans une entreprise mérite bien une augmentation collective mais de combien ? 2% ? 4% ? plus ?

  • une journée de RTT acquise gracieusement via la loi Aubry à une valeur si on y renonce mais combien vaut-elle puisque l'entreprise n'est pas aujourd'hui obligée de la racheter ? 1% du salaire mensuel ? 2% ? plus ?

  • une heure supplémentaire est, au titre de la loi TEPA citée plus haut, non fiscalisée pour le salarié et sans charges sociales salariales. Que devient une heure normale effectuée entre la 35éme et la 39éme heure si l'entreprise est revenue aux 39 heures ?

  • de même pour une journée de RTT ?

  • que se passe-t-il pour les salariés très nombreux qui sont à temps partiel ?

La conversation triangulaire Patronat - Syndicats - Etat va être intéressante... Le diable sera sans doute aussi dans les détails et si les détails conduisent à une ou de multiples "usines à gaz", seuls les grands groupes sauront s'en accomoder...

Quid alors des PMEs principales recruteuses du marché actuel qui ne pourront que s'appuyer sur des accords de branche ? Sont-elles bien représentées au niveau de ces branches ? Saura-t-on faire simple et applicable pour une fois ?

Dame Aubry peut au moins être fière d'une chose, sa calamiteuse loi sur les 35 heures ne sera pas facile à détricoter !

A suivre...



23 novembre 2007
par JDCh


Des quinquas ou la caisse

Un sénateur centriste nommé Nicolas About s'est encore fait remarqué par sa mauvaise compréhension de la vie des entreprises et un amendement absurde visant à régler un vrai problème (cf cet article de France Soir). Cet amendement a été voté contre l'avis du gouvernement et n'a même pas recueilli le soutien du Président de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations) Louis Schweitzer. On ne sait pas si cet amendement sera maintenu dans la loi de financement de la Sécu...

Le problème à résoudre est simple et douloureux: les 55-64 ans en France ne sont que 37% à avoir un emploi quand ils sont 50% en moyenne en Europe. Ces 63% de seniors sans emploi sont donc, pour leur immense majorité, soit au chômage, soit en pré-retraite ou retraite. Ils coûtent, par construction, extrêmement cher à la collectivité et, ayant de longues années devant eux, doivent, pour un grand certain d'entre eux, se sentir inutiles, désoeuvrés, frustrés voire plus... Il est, de plus, assez difficile d'expliquer que les durées de cotisations aux régimes de retraite des uns et des autres doivent être portés à 40 ou 41 ans tout en constatant qu'après 30 ou 35 ans lesdits cotisants ne peuvent plus cotiser au travers d'un salaire en bonne et due forme...

Les raisons de cet état de fait sont nombreuses et il est difficile d'établir leurs poids respectifs:
  • les salariés du secteur public ont bénéficié depuis la seconde guerre mondiale de durée de cotisations écourtées et de conditions de départ à la retraite vers 55 ans (voire 50). La réforme Fillon de 2003 et celle, en cours, des régimes spéciaux corrigeront sans doute marginalement cette statistique;

  • les grandes entreprises victimes des différentes crises ou périodes difficiles ont abusé depuis le milieu des années 70 des départs en pré-retraite. Elles y étaient encouragées car on y voyait un moyen de ne pas gonfler les chiffres du chômage puisqu'un pré-retraité n'est pas un chômeur;

  • la loi Delalande de 1987 avait institué une sur-cotisation astronomique (jusqu'à plusieurs années de salaire) sur tout licenciement de salarié de plus de 50 ans. Cet espèce de couperet a poussé depuis 20 ans les directions des ressources humaines à favoriser les licenciements individuels des personnels posant un problème d'employabilité dès 45 ans et surtout à quasiment interdire toute embauche au delà de 50 ans afin d'éviter la fameuse contribution Delalande (qui, depuis, a été allégée ou supprimée dans de nombreux cas mais qui reste un épouvantail bien ancré dans la tête des employeurs et des conseillers prud'hommaux);

  • la tertiarisation de l'économie a favorisé l'émergence de modèle de gestion des ressources humaines de type "up or out". Ce modèle est dû au fait que, dans une entreprise de services, la masse salariale représente souvent près de 75% du chiffres d'affaires et, qu'à moins que le salarié accède à des fonctions d'encadrement ou d'expertise, il est plus rentable de le remplacer par un salarié plus jeune et moins payé dans les mêmes fonctions... La masse salariale étant sous haute surveillance, ce "turn-over" est la seule façon de maintenir un salaire moyen compatible des exigences de prix ou de rentabilité de l'entreprise de services;

  • la digitalisation de l'économie a totalement fait évoluer certains postes et de jeunes salariés ayant grandi dans un univers informatisé se sont retrouvés, d'un coup, bien plus opérationnels et adaptables que des salariés plus âgés regrettant de voir leurs compétences devenues totalement obsolètes et ayant des difficultés à acquérir des compétences nouvelles correspondant souvent à 2 sauts technologiques (exemple: de l'électromécanique au numérique sans passer par la case électronique);

  • la globalisation (ou mondialisation) a créé un effet d'accélérateur sur le besoin d'innovation par les pays occidentaux et ces innovations ont, en général, été portées par des entreprises (ou des entités au sein d'entreprises plus grandes) composées de salariés jeunes, créatifs et peu attachés à des grades, des statuts et autres fonctionnement traditionnels de l'entreprise. Les quinquas (et plus âgés) se sont retrouvés brutalement "ringardisés" à la fois par l'obsolescence de leurs compétences mais également par leur conception du travail et leurs comportements conservateurs au sein de l'entreprise... En outre, une autre conséquence de la mondialisation a été l'adoption comme langue de travail de l'anglais dans de nombreuses entreprises multi-nationales (grandes et petites) sachant qu'il n'est pas facile d'apprendre l'anglais à 50 ans et plus...

  • l'ensemble des raisons précédentes a été amplifié par le phénomène démographique qui fait que les baby-boomers (dont je fais partie) ont aujourd'hui entre 40 ans et 65 ans et qu'ils prennent 1 an tous les ans...

La différence entre la France et ses voisins Européens touchés, comme elle, par les phénomènes de tertiarisation, digitalisation et mondialisation de l'économie est significative et ne peut s'expliquer que par des éléments structurels ou culturels que l'on peut lister comme suit:

  • L'importance relative des effectifs du secteur public par rapport à l'ensemble des travailleurs-salariés;

  • La fameuse contribution Delalande (et ses équivalents) très représentative de notre Etat-castrateur que je dénonce à longueur de "posts"...

  • L'inclusion dans les coûts salariaux des couvertures santé, retraite, chômage, prévoyance, famille... qui représentent environ 47% de la masse salariale, qui sont globalement proportionnels aux salaires nets et qui ont rendu les managers Français hyper-sensibles aux coûts salariaux;

  • L'absence de culture économico-réaliste qui consisterait à reconnaître que le salarié doit avoir une courbe de rémunération en cloche avec un pic autour de la quarantaine et un atterrissage en douceur durant la cinquantaine: au regard du droit du travail Français, ceci ne peut se gérer qu'au travers de l'utilisation massive de rémunérations variables à fort écart-type aujourd'hui réservées à quelques petites populations de salariés bien rémunérés.

  • Une faible mobilité, un goût du risque plus que modéré, une culture désastreuse de l'échec, une confiance encore aveugle dans l'Etat-providence expliquent l'important reliquat: mieux vaut être chômeur ou pré-retraité à 53 ans que de se lancer dans quelque chose de risqué (monter son business) ou de moins rémunéré avouant ainsi un échec que l'on préfère ignorer en n'essayant pas rebondir...

Les mauvaises solutions sont nombreuses:

  • Le gouvernement Villepin avait lancé le "CDD senior" qui a fait un "flop" monumental: l'idée était qu'en rajoutant un "286ème" type de contrat de travail, les entreprises rassurées sur la "séparabilité" allait embaucher des seniors pour des périodes à durée déterminée... On recense, à l'échelle nationale, quelques dizaines de contrats signés de ce type !

  • Le sénateur About, lui, a préféré une sanction nouvelle de 5000 euros annuels par senior manquant dans les entreprises de plus de 250 salariés en fixant arbitrairement à 8% le "taux de vieux" dans ces mêmes entreprises !

Les bonnes solutions correspondent, elles, à des réformes structurelles lourdes:

  • Un contrat de travail unique rendant le licenciement individuel très faiblement coûteux pour l'entreprise et ce, quelque soit l'âge du dit salarié (âge ne voulant pas dire ancienneté ici) et autorisant une vraie flexibilité sur la rémunération (possibilité de baisser le salaire fixe et de le remplacer par un salaire variable);

  • Un niveau de charges sociales à la baisse et ce, de façon durable, rendant les employeurs confiants sur leur maîtrise des coûts salariaux. Pourquoi pas des mesures incitatives accélérant cette baisse des charges sociales dans le cas où l'entreprise crée des emplois (en net) ?

  • Un cumul autorisé et fortement incitatif des allocations chômage ou de retraite/pré-retraite avec un emploi à salaire plus faible ou à temps partiel...

  • etc...

Monsieur le Sénateur About des Yvelines, j'espère que vos camarades députés annuleront votre amendement consistant à "taxer" une fois encore les entreprises de ce pays qui ont pour objectif principal de survivre et de se développer... et non d'échapper à vos nombreuses "sanctions taxatrices".

Vous raisonnez à l'envers, vous n'êtes malheureusement pas le seul, nous devons à des gens comme vous et comme le député Delalande de longues années de déclin et d'errance politico-économique...




Please stop your show About nothing !





PS: Imaginez le patron d'une société Américaine (ou autre) qui envisage d'établir une filiale en France et qui apprend que, prochainement, dans ce pays unique au monde, il lui faudra payer des charges à chaque attribution de stock options et, grâce à vous, une taxe de 5000 € par senior manquant. Nul doute que le charme de Montmartre ou de Notre-Dame aurait peu d'effet sur sa motivation !




Les blogueurs parlent aux blogueurs

LOmiG m'a récemment et gentiment interviewé sur son blog Expression Libre.

L'interview comporte 6 questions un peu tous azimuts.

Je me suis un peu beaucoup gratté la barbichette pour répondre à la dernière qui n'est pas dans mes sujets habituels.



16 novembre 2007
par JDCh


Greviculture et déconfiture

Monsieur Gallois, lorsqu'il a pris la direction de la SNCF en 1996, avait été fort surpris par la réaction des syndicats avec qui il était censé maintenir la "paix social" au sein de notre plus gros Gouffre Financier Institutionnel. Porteur de propositions qui lui semblaient répondre aux revendications qui lui avaient été rapportées et constatant une satisfaction certaine dans le regard et les paroles de ses interlocuteurs "représentatifs de la minorité de blocage", il s'était, en effet, vu répondre par le prédécesseur de Didier Le Reste que la grève aurait tout de même lieu: "si on ne ferait pas grève, on ne sacherait pas si on eût pas pu obtenir plus" (les fautes de Français étant ici reprises pour ajouter de la véracité au propos "Cégétocheminotier" !). Épisode "greviculturel" auquel nous voici à nouveau confrontés...

11 ans après cet épisode et 12 ans après la fameuse période "bloco-juppéenne", voilà nos camarades Cégétistes, adeptes de l'immobilisme traditionaliste et capables de jouer la montre pendant plus d'une décennie, qui jouent à nouveau aux pompiers pyromanes. D'un côté, le "big boss", Bernard Thibault, appelle de ses voeux une négociation tripartite (entreprise, état et syndicats) au sein de chaque GFI. De l'autre, le "senior vice président" en charge des cheminots, le fameux Le Reste, indique que la démarche proposée par le gouvernement n'est pas assez précise et qu'il pourrait ne pas "tenir sa base"...

Le double langage est périlleux mais c'est bien le langage choisi par nos compères: l'opinion publique ne soutient pas les grévistes et ils le savent mais la base est empêtrée dans sa sempiternelle greviculture. Les sieurs Thibault et Le Reste savent parfaitement que la pression de la base leur permettra une meilleure négociation au sein des GFIs, ils redoutent cependant que les SUDistes puissent récupérer les troupes et appeler la fin de la "dictature de la démocratie" (slogan trotskiste qui m'a toujours terrifié) c'est à dire prêcher le chaos pour conserver l'ensemble des fameux "avantages acquis"...

Il faut, sans doute, rappeler que la réforme des régimes spéciaux telle qu'elle est prévue n'adresse pas la principale inéquité entre salariés du privé, d'un côté, et fonctionnaires et salariés des GFI, de l'autre: le salaire de référence pour le calcul de la retraite qui est la moyenne des 25 meilleures années pour les uns et grosso-modo le dernier (et également le plus élevé) salaire pour les autres.

La réforme envisagée (passage à 40 ans de cotisations et indexation des pensions sur les prix et non sur les salaires) n'est, en fait, qu'un simple "amortisseur" du problème démographique mécanique que nous connaissons. L'amortissement reposera sur le fait que les quelques centaines de milliers de personnes qui partiront 2,5 ans plus tard à la retraite cotiseront pendant cet "extra time" et vivront 2,5 ans de moins en tant que retraités. Le système restera profondément inéquitable et très vraisemblablement largement déficitaire jusqu'à que ceux d'entre nous qui ont 40-45 ans aujourd'hui soient près de leur dernier souffle ! Si on ne le fait pas, cela sera pire mais, si on voulait résoudre le problème, il faudrait aller beaucoup plus loin.

Or cet amortisseur sur les 20 années à venir est en train d'être contre-balancé négativement par des hausses de salaires (envisagées très sérieusement dès aujourd'hui à EDF et GDF et qui viendront très certainement sur la table des négociations à la SNCF et la RATP). Le surcoût engendré par ces hausses de salaires est inconnu aujourd'hui mais il n'est pas improbable que la résultante de l'effet d'amortisseur recherché et de ces hausses de salaire soit finalement économiquement plus défavorable que ne rien faire du tout !

Il y a d'ailleurs derrière ces augmentations de salaires un double effet "kiss pas cool": non seulement les comptes de résultats de nos GFI vont se détériorer mais on notera également que les retraites de nos compatriotes salariés de ces GFI vont augmenter (puisque basées sur le dernier salaire) !

D'aucuns diront qu'il n'est pas grave d'abimer les comptes de résultats des GFI, ceci est faux:
  • EDF et GDF sont profitables mais, en réduisant les dividendes versés à leurs actionnaires et notamment à l'Etat Français, cela contribuera à l'augmentation du déficit budgétaire et de l'endettement national;
  • la SNCF et la RATP sont largement subventionnées et les impôts participant à ce subventionnement ne pourront qu'augmenter alors que l'on nous promet une baisse de la pression fiscale qui est absolument vitale.

En résumé, si vous êtes salariés du privé et contribuables (et accessoirement actionnaires individuels de EDF ou GDF), cela va vous coûter cher...

Si vous êtes d'accord avec ce "post", il vous faut donc absolument vous rendre à la:

GRANDE MANIFESTATION CONTRE TOUS LES BLOCAGES

ECOLE, JUSTICE, UNIVERSITES,TRANSPORTS, SERVICES PUBLICS...
le dimanche 18 novembre15h00 à PARIS

RASSEMBLEMENT : PLACE DE LA REPUBLIQUE

DEFILE JUSQU'A NATION



09 novembre 2007
par JDCh


Etudiants gnian gnian

A chaque fois que les étudiants se mettent en grève, je déprime et je me dis que nous sommes vraiment mal barrés !

Il est difficile de savoir quelle est l'importance quantitative de la minorité d'étudiants raisonnant de travers et adeptes du tir dans le pied mais une chose est sûre: il s'agit, au sens propre comme au sens figuré, d'une minorité de blocage.

La raison ou le prétexte: l'abrogation de la loi Pécresse

Interrogé par Libération, un militant de SUD Étudiants déplore "l'introduction renforcée des entreprises dans les conseils d'administration. Ces entreprises vont influencer le contenu des cours, ce qui est en opposition avec l'idée d'un enseignement public". Cet effarant jeune homme a tout dit...

Mes lecteurs habitués à mes diatribes libérales anticipent sûrement le "pitch" qui va suivre. Donnons-lui, comme j'aime à le faire, une dimension parabolique et sportive.

Si l'Olympique Lyonnais est champion de France de football depuis le début du siècle, c'est, sans doute, pour beaucoup dû au fait que le club est géré comme une entreprise. Si le club doit beaucoup à son armada brésilienne (Juninho, Cris...), il a aussi su faire émerger de son centre de formation Benzema et BenArfa récemment appelés sous le maillot tricolore.

Dans une économie de l'innovation et de la connaissance, les universités, engagées dans une compétition de plus en plus mondialisée, sont, en dehors de France et de Cuba, les centres de formation des entreprises qui y recrutent... et le lieu de révélation des talents et des leaders qui font la richesse, l'énergie et la créativité d'un pays...

Ceci serait, selon notre SUDiste post-pubère, contraire à l'idée d'un enseignement public !

Quand, de plus, on voit le caractère modéré de ladite loi Pécresse (dont le contenu ressemble à ce que notre Démagolène nationale prônait en son temps...) et le fait que même l'UNEF (tout en appelant à une amplification du mouvement) ne revendique pas son abrogation, on comprend que tout ceci n'est que prétexte ou idéologie nostalgico-collectiviste.

Ai-je besoin de commenter plus avant ?!

La possible explication du blocage: la réforme des régimes spéciaux

D'ailleurs notre syndicaliste en culotte longue ne le nie pas forcément en ajoutant "Nous pensons effectivement que face à la volonté de Nicolas Sarkozy de remettre ne cause profondément les acquis sociaux de l'après guerre...".

Sait-il de quelle guerre il parle ?
Celle du milieu du siècle dernier dont il n'a connu que la dernière décennie ?
Pourquoi est-il si attaché au confort des retraités des GFI ?
Sait-il que lui et ses conscrits seront ceux qui devront subir économiquement pendant 40 ans ou plus les conséquences d'une non réforme de nos systèmes de retraite ?
Fait-il partie des violets avec une tête de jaune ?

On peut comprendre qu'il faut que "jeunesse se passe".

On peut également laisser nos successeurs apprécier le fait que leur période étudiante sera leur dernier moment d'utopie et de farniente.

On peut enfin comprendre que, influencés par de "vieux camarades de lutte", nos apprentis syndicalistes soient choisis et manipulés comme une arme face aux politiques qui détestent ne pas plaire aux jeunes.

On peut surtout affirmer que l'irresponsabilité collective dont une partie de nos compatriotes sont coutumiers va finir par ne plus être soutenable... Les 15 jours (ou plus) qui s'annoncent faits de blocage tous azimuts, dont nous allons être les témoins et victimes, vont nous coûter entre 0,10 et 0,20 points de croissance dans une économie déjà au bord de l'anémie...

Ce seront pourtant ces mêmes "minoritaires de blocage" qui revendiqueront, à nouveau, plus tard, pour se plaindre de la non-hausse du pouvoir d'achat et de la non-baisse du chômage...

Un peu de logique s'impose. Non ?



01 novembre 2007
par JDCh


Pouvoir d'achat: le "catch 22"

Je suis toujours effaré de voir comment les différents débats autour du pouvoir d'achat sont totalement théoriques dans notre cher pays. Les idées autour du "travailler plus pour gagner plus" ou d'une réforme de la loi Galland favorisant la concurrence sont, certes, fondées sur une volonté logique d'augmenter le nombre d'euros disponibles dans le porte-monnaie de notre compatriote ou de lui permettre, avec le même nombre d'euros, d'acheter moins cher certains produits mais... le "catch 22" qui sous tend toutes ces initiatives n'est jamais mis sur la table... Quel est-il ?

Partons concrètement d'un foyer Français gagnant net 3600 euros par mois (2 salaires modestes). Le coût pour leurs employeurs est de 6000 euros par mois en incluant les charges dites salariales et patronales. Ces 6000 euros sont "dépensés" comme suit:
  • 2000 euros de charges patronales
  • 400 euros de charges salariales
  • 1200 euros pour se loger (loyer, EDF,...) dont 100 euros de taxes diverses (taxe sur les loyers, TVA...)
  • 300 euros d'impôts directs (IRPP, taxe d'habitation...)
  • 400 euros pour la voiture (achat amorti, assurances, essence..) dont sans doute 100 euros de taxes diverses (taxe sur les assurances, TIPP...)
  • 1700 euros de dépenses courantes (alimentaire, loisirs, téléphone/internet/TV, vêtements...) dont environ 300 euros de taxes (TVA principalement).

Si l'on fait un bilan de l'utilisation de ces 6000 euros: 2400 partent en charges sociales (40%) et 800 en impôts et taxes divers (13%) ce qui permet de retrouver notre fameux taux de prélèvements obligatoires supérieur à 50%.

Si maintenant on exclue les dépenses liées au logement qui pèsent un tiers du net disponible, il reste seulement 1400 euros nets de taxes et impôts consacrés aux dépenses courantes. Or ces 1400 euros servent pour plus de 50% à financer des salaires eux-mêmes soumis à plus de 50% de prélèvements obligatoires. Et sur les 350 euros disponibles au sein de ces 1400 euros pour payer des salaires nets, près de 120 seront consacrés au logement des salariés participant à la fabrication et la distribution des produits et services consommés par notre foyer-type....

Sur les 6000 euros initialement engagés, 230 euros environ permettent aux "salariés-fournisseurs" de consommer ! Vertigineux, non ?

Le "catch 22 " est là: nous serions ravis d'augmenter le pouvoir d'achat de notre foyer-type mais celui-ci ne serait effectivement amélioré que si l'on n'augmentait pas les salaires des "pauvres salariés fournisseurs" qui doivent se partager les 230 euros nets effectivement disponibles pour eux-mêmes consommer !

D'aucuns ne manqueront pas d'arguer à juste titre que les 3200 euros "partis" sous forme de charges sociales, taxes et impôts représentent, pour partie, un "pouvoir d'achat" ce qui est vrai pour ce qui concerne l'éducation et la santé notamment (en l'occurence, on parlerait ici de façon plus approprié de "pouvoir de dépenses") mais personne n'osera, je l'espère, affirmer qu'une économie telle que je la décris sans caricature est "viable" !

Le problème du pouvoir d'achat des "salariés consommateurs" n'est pas de faire baisser les prix ce qui met sous pression le pouvoir d'achat des "salariés fournisseurs" mais d'augmenter la part effectivement disponible dans le porte-monnaie du salarié qu'il soit consommateur ou fournisseur. Ceci veut dire baisse du niveau des prélèvements obligatoires et rien d'autre !

L'idée de la TVA sociale est marginalement bonne dans l'équation qu'il nous faut résoudre mais il s'agit, pour une très bonne part, d'une supercherie: on taxerait un peu plus les 1400 euros de dépenses courantes hors taxes et notamment la petite partie de cette somme correspondant à des produits importés (en étant généreux 350 euros). Un point de TVA sociale c'est donc moins de 3,5 euros "déplaçables" sur un total de 6000 euros engagés (soit 0,06%). Une misère... qui va pourtant occuper nos politiciens et journalistes dans les mois qui viennent ! Que cela est vain !

Quand commencera-t-on à dire aux Français les choses telles qu'elle sont ?