10 février 2006
par JDCh


Une éternelle nostalgie "trotskiste"

Je crois que je me souviendrai longtemps d'une émission un dimanche soir pendant laquelle Arlette L. égérie increvable du trotskisme français s'était exclamé à propos de la faillite d'AOM-Air Liberté et du baron E.A.S. "Toujours plus de profits pour le grand capital ! ". Ceci avait étonné ma logique mathématique. La holding d'investissement de la famille du baron ne venait-elle pas de perdre plus de 300 millions de francs du fait, notamment, des problèmes lourds rencontrés par son coactionnaire industriel SwissAir ? Ce qui m'avait en fait le plus étonné était l'absolue non-réaction des journalistes de renom animant cette émission à qui il n'était même venu à l'idée de corriger des propos aussi paradoxaux. Profits ou pertes tant que cela affecte les riches, les entreprises, l'état, c'est finalement un peu la même chose !

"Prenons aux riches et tout le monde sera moins pauvre" est une phrase pour laquelle la France entière (ou presque) a une certaine "sympathie" (moi y compris). Ce "slogan" est cependant faux à 3 titres. D'abord et bien sûr, faux pour les riches à qui on prend. Faux ensuite parce l'enthousiasme et l'énergie mis par les uns et les autres dans la création de richesse baissent immédiatement (il y a donc moins à partager). Faux enfin parce que le coût de gestion de la redistribution devient vite prohibitif et finit d'appauvrir l'ensemble (le fameux coût de gestion de l'état "providence").

Si je me risquais une nouvelle fois à une comparaison sportive et en poussant le raisonnement à l'extrême; Tout se passe comme s'il était décidé que les ramasseurs de balle devaient gagner autant que Federer ou Mauresmo. Ces derniers n'auraient plus envie de s'entraîner tous les jours ( ils préféreraient sans doute devenir eux-mêmes ramasseurs de balle !). Les ramasseurs n'auraient plus le rêve d'égaler les champions et l'économie du tennis s'effondrerait assez rapidement entraînée dans sa chute par le coût de la FFT devenue absurde.

La France, malgré l'évidence de la faillite des économies communistes, garde cette nostalgie "toxique" que le trotskisme était une bonne idée qu'il suffirait de ré-inventer. L'héritage est bien transmis et, par exemple, une bonne partie des systèmes sociaux étudiants est gérée de génération en génération par une frange activiste, très à l'aise dans la dialectique du débat avec autrui et capable de mobiliser la "sympathie" de ses conscrits.

Ils étaient d'ailleurs dans la rue cette semaine manifestant contre le CPE (il me semble d'ailleurs avoir aperçu une bannière réclamant emploi à vie et treizième mois pour les ramasseurs de Roland Garros !). Quelques centaines de milliers d'étudiant défilant par sympathie pour une utopie que l'histoire a pourtant démasquée.

Ce CPE me parait, à moi, une bonne mesure pour deux raisons.

La première, c'est une mesure simple de portée générale: ceci est tellement rare en France (nous ne sommes cependant pas l'abri que les conseillers technocrates de nos ministres sous la pression de la rue n'y ajoutent les 3 ou 4 critères la rendant inapplicable ou "illisible" comme dit Anne P). Combien de mesures en faveur des petites et moyennes entreprises n'ont eu aucun effet parce qu'il fallait d'abord créer un service juridique et fiscal interne à l'entreprise avant de pouvoir en comprendre l'applicabilité ?

La seconde raison est que certains parlent d'"effet d'aubaine" comme si cela était un drame. Qu'un décideur économique considère comme une "aubaine" d'embaucher un jeune me parait plus qu'encourageant et même si certains effets indésirables devaient apparaître, ma confiance dans l'économie de marché me me laisse aucun doute sur le fait que la résultante serait positive. Ceux qui diabolisent le CPE sont les mêmes qui refuseraient de soigner une maladie grave voire mortelle parce que les médicaments prescrits risqueraient d'entraîner des problèmes de chute de cheveux ou de fertilité !

En réalité, le plus grave dans cette affaire du CPE, c'est la politisation extrême que va prendre ce débat sur une mesure économique. La gauche qui ne peut être majoritaire sans intégrer une armée d'anciens trotskistes mal soignés dans ses rangs pousse des cris d'orfraie. Elle envoie devant les micros et les caméras ses amazones les plus incultes économiquement (suivez mon regard...) tandis que les éléphants qui "ne peuvent pas ne pas savoir" se cachent pour ne pas avoir à dire de trop grosses contre-vérités devant ces mêmes médias...

Conclusion de tout cela: le petit patron qui commençait à envisager la création d'un emploi via ce CPE est en train de se raviser car tout ceci sera vraisemblablement remis en cause mi-2007. "La transformation du CPE en contrat à vie étant une mesure "sympathique", pourquoi ne pas la mettre à notre programme ?", se disent nos nostalgiques utopistes.

Au secours ...!



7 Comments:

At 4:22 PM, février 24, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

mmhhh... invoquer l'écroulement du communisme pour condamner le trotskisme, c'est un peu comme invoquer l'inquisition pour condamner l'islam.
On peut avoir tes idées, sans chercher pour autant à tout justifier: ça s'appelel des convictions et c'est très honorable d'en avoir.

 
At 2:25 PM, février 25, 2006, Blogger JDCh a dit...

Comme tu as pu le remarquer, mon objectif est avant tout pédagogique. Il peut y avoir exagération dans mes comparaisons. Je le reconnais bien volontiers.

 
At 6:13 PM, mars 23, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

L'accès des patrons à la vie politique me semble d'ores et déjà existant. Les think tank de tous les partis en comptent, j'en suis convaincu (peut être pas la LCR je vous l'accorde, et encore, peut être suis-je médisant). Certains de ces patrons se sont d'ailleurs investi en politique ou ont accédé à des fonctions gouvernementales : Blanc, Calvet, Maire, Breton,... Le trajet inverse existe également (Galland). La question qui se pose d’après moi serait : quand les politiques auront-ils le courage de tenir compte des membres de la société civile et quand ceux-ci, arrivés au pouvoir auront-ils la force de ne pas se transformer en politiques ?
Le modèle des pays nordique serait-il applicable en France et si oui comment ? Pourra-t’on un jour en France avoir une classe politique non déconnectée de la réalité de l’entreprise ? Le va et vient entre la société civile et la politique sera-t-il un jour courant ?

 
At 9:01 AM, mai 25, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

"Prenons aux riches et tout le monde sera moins pauvre" est une phrase pour laquelle la France entière (ou presque) a une certaine "sympathie" (moi y compris). Ce "slogan" est cependant faux à 3 titres.

Il y a très longtemps, on a compris que le vol était corrosif pour la vie en société, d'où le 8ème commandement 'tu ne voleras point'. Plus tard, on a inventé un amendement : 'sauf dans un processus démocratique'. HL Mencken a qualifié la mécanique politique associée de :'advanced auction of stolen goods'. Les intellectuels ont trouvé des jsutifications élégantes. Cela n'empêche pas les effets de se produire. Ils mettent plus longtemps. Ils sont divers, insidieux, détournés. Le résultat final reste le même.

 
At 5:30 PM, septembre 09, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Bonne initiative que ce blog !
Si le libéralisme n'est pas la panacée , je constate en effet un décalage fort entre la majorité des français et la réalité économique , et plus grave , la complaisance des journalistes qui laissent passer des aneries sans réagir :

les systèmes gauchistes ou communistes ont tous pruvé leur incompétence à développer de l'économique , et surtout de l'inhumanité ; les murs étaient faits pour empecher les gens de sortir et non d'entrer : c'est une absolue vérité .

l'économie c'est comme un gateau . Soit on fait grossir le gateau pour les invites supplémentaires ou pour que chacun en ait un peu plus , soit on le partage ; Idem pour le temps de travail . Partager le temps au lieu de chercher à le faire se developper est une inepsie : c'est une réalité !

Développer c'est tirer vers le haut : un pays qui progresse est un pays ou il y a de plus en plus de riches , et pas de moins en moins . Un directeur très bien pays peut s'acheter une belle maison , ce qui fait vivre les artisans , et embaucher du personnel de maison , ce qui cree de l'emploi . A l'inverse , niveller par le bas crée du chomage : une autre vérité !

Pour que l'emploi se développe , il faut que des créateurs mettent leur énergie leur courage , leurs moyens . Les suspecter de vouloir s'enrichir , leur mettre des batons dans les roues ( si vous créez , vous n'êtes plus couvert en cas cde maladie , même avant votre premier client etc ) c'est freiner la croissance : Ce sont les initiatives qui créent de la croissance et pas l'état : une autre vérité .
Je pourrais en citer 1000 autres , et j'en veux aux journalistes de nous présenter chaque soir un show incompréhensible , je leur en veux lorsque la prime de rentrée arrive ne trouver que des gens qui se plaignent parce que ce n'est pas assez et de ne pas montrer ceux qui trouvent que 250 euros pour un collégien c'est 3 fois plus que pour la liste normale , que nous sommes le seul pays à le faire etc ..
Si ces témoignages peuvent un peu faire avancer les idées , mais j'ai bien peur que les lecteurs de ce type de site soient d'entrée de cet avis .

 
At 5:39 AM, juin 02, 2007, Anonymous Anonyme a dit...

Et le ramasseur de balle, il ne travaille que 3 semaines,
et avec ça, il devras vivre toute l'année ...

Tiens, mon brave, voici une pièce, mais ne va pas la boire ...

 
At 2:28 PM, août 04, 2008, Anonymous Anonyme a dit...

On vit helas en France dans cette illusion qui veut que l'argent donne par le gouvernement ne vienne de nulle part (puisqu'il vient "des riches").
Deja, si tout le monde payait des impots, aussi petits soient-ils, les attitudes changeraient. C'est facile d'etre pour l'augmentation des impots quand on en paye pas.

 

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