12 février 2006
par JDCh


Une vieille aristocrate désargentée

La France s'enorgueillit de sa Révolution fondatrice de la République (puis de l'Empire) et ayant violemment permis de tourner la page de la Monarchie. Nos aristocrates en ont bien sûr fait les frais et ceux dont la tête ne fut pas coupée et les biens non confisqués ont connus un 19eme douloureux durant lequel, ne souhaitant pas travailler (ils ne l'avaient jamais fait), ils ont subsisté en vendant année après année leur patrimoine foncier et immobilier et en réduisant leur train de vie...

Cette histoire me rappelle la France d'aujourd'hui. Elle se refuse à travailler autant que les autres et elle vend... Nos paysans vendent des fermettes à des Anglais, nos start-ups technologiques sont rachetées par les Américains, nos PMEs familiales font l'objet de "buy-out" par des fonds d'investissement "backés" par les fonds de pension anglo-saxons, nos sociétés cotées sont détenues pour une bonne part par ces mêmes investisseurs internationaux et notre État vend chaque année quelques sociétés du secteur public (énergie, autoroute...).

Le fait de réaliser des cessions est en soit une excellent chose si cela se fait dans une situation d'arbitrage entre ce que l'on cède et ce que l'on décide d'acquérir, si l'on transforme une propriété à faible rendement en un investissement plus prometteur, en bref si l'on gère son patrimoine afin de le faire prospérer. Ce n'est malheureusement pas notre cas...

Si l'on se penche sur la France, son État et le patrimoine de ses habitants et entreprises, on s'aperçoit de 2 choses: un, ce patrimoine reste encore important et attractif pour des investisseurs domestiques ou internationaux ; deux, ce patrimoine fond "au soleil" car nous le cédons simplement pour subvenir à nos "besoins de fonctionnement". A part quelques multinationales d'origine française (Saint Gobain, LVMH, Renault, Total, Lafarge...), entend-on parler d'investissement français dans les 10 nouveaux pays d'Europe, dans les super-puissantes émergentes que sont l'Inde et la Chine ou dans de nouvelles classes d'actifs à fort rendement ? La réponse est désespérément "non" (ou de façon bien trop modeste).

Notre système de retraite par répartition nous interdit d'avoir cette puissance de frappe (les fameux fonds de pension) dont les anglo-saxons se sont dotés. Nos PMEs trop petites ne maîtrisent pas leur "dé-localisation" comme le font celles du "Mittelstand" allemand en Pologne, Tchequie ou Hongrie. Nous n'avons que fort peu d'histoires à raconter comparables à celle des Suédois H&M ou Tele2, du Britannique Easyjet, de l'Espagnol Zara et bien sûr des Américains Cisco, Google and co. Par ailleurs, les rares particuliers français qui investissent à l'étranger le font souvent pour des raisons d'évasion fiscale...

Nous vendons pour "fonctionner", pour faire durer un modèle suite à la Révolution que constitue la Mondialisation. Un petit calcul simple montre que nous pouvons tous arrêter de travailler, tout vendre et tenir encore quelques années (le patrimoine des français résidents en France est d'un peu plus de 100.000 € par tête de pipe), mais après nada... !

J'entendais récemment sur BFM (une radio que j'aime bien) un intervenant dire "ces raisonnements par tête ne veulent rien dire, un état c'est différent ça ne peut pas faire faillite". Chiche !

En effet, tirés vers le bas par nos dépenses publiques (54% du PIB !) et la dette abyssale creusée depuis 30 ans (il faudrait vendre immédiatement plus d'un quart de notre patrimoine à tous pour la rembourser !), la réaction que nous devrions avoir pour inverser la tendance devrait être absolument drastique....

L'Histoire est ainsi faite qu'elle se reproduit cycliquement en prenant une forme différente. Les règles du jeu économique mondial ont changé, notre résistance collective à ce changement est totalement vaine, notre attachement à des modèles ou valeurs du siècle dernier peut servir de tremplin mais pas de refuge et il est grand temps que la Vérité devienne la base de nos critères de décision.

Le seul programme économique fondé sur la Vérité est simple à énoncer:

- les prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations sociales) sont évidemment beaucoup trop importants. Considérer la moindre hausse ou création de prélèvement nouveau est une aberration (quand je repense aux voeux pathétiques de notre [pathétique] Président et sa fameuse taxe sur la valeur ajoutée...). La tendance durable, garantie et maîtrisée doit être à la baisse. Il faut donner aux décideurs économiques la "lisibilité dans la durée": ils l'attendent depuis maintenant 30 ans.

- le coût de fonctionnement de l'Etat, du Secteur Public et des Collectivités Territoriales est également évidemment beaucoup trop important. Il faut arrêter d'avoir un Ministère (même délégué) aux Anciens Combattants, de construire des rond-points, de subventionner abusivement le spectacle vivant et ses intermittents, de rembourser les cures pyrénéennes, d'avoir des systèmes de retraites spéciaux dont les raisons sont révolues depuis belle lurette, d'avoir 5 niveaux administratifs (commune, communauté urbaine, département, région et national), de considérer la politique agricole comme "intouchable", de laisser prospérer une armée de contrôleurs et d'inspecteurs dont la mission n'a jamais fait l'objet de la moindre analyse de la valeur (combien ça coûte ? combien ça rapporte ?)... Je pourrais en lister des giga-octets !

Tout ceci paraît évident à beaucoup et très certainement à une majorité (silencieuse) de nos compatriotes. Pourquoi cette stratégie de la Vérité n'est-elle pas celle de nos politiques ? Pourquoi ne voterions-nous pas pour ceux qui se l'approprieraient ? (Ceux qui croient que ceci est un appel au vote pour Nicolas S. se trompent... mon niveau de confiance dans ce dynamique acteur médiatique est plutôt bas). Pourquoi ne pas retenir comme unique thème de campagne présidentielle la "réussite économique" et ce, sans tabou: création de richesses comme objectif numéro 1 assortie d'une baisse continue de nos dépenses collectives comme condition numéro 1 ?

Pour finir comme d'habitude par une comparaison sportive et pour que tous ceux qui me classeraient dans le clan des "déclinologues" ne le fassent pas: dans les années 70, quand j'étais petit, nous perdions quasiment toujours, nos espoirs étaient toujours déçus, nos champions (sauf quelques très rares exceptions) passaient toujours à côté le jour J. Ceci n'est plus vrai...

Nos champions ont gagné la Coupe du Monde de football, la Coupe Davis, le Championnat du Monde de Handball ou du 4x100 m plat masculin et féminin, des médailles d'or olympiques en ski et en judo... L'élite du sport français s'est mobilisée, a pris confiance, n'a plus eu peur d'afficher ses ambitions, a accepté les règles, pratiques et recettes venant du monde entier, a bossé dur en rêvant de victoire, a raisonné dans une logique exigeante d'excellence et... a fini par gagner.

Tout ceci n'a bien évidemment pas nui au "sport pour tous". Bien au contraire.

C'est faisable. Y'a plus qu'à...



7 Comments:

At 12:41 PM, février 24, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Salut ami Venture Capitalist.
C’est drôle, il y a quelques années (mon blog date de 2003), j’ai fait une note sur les ronds-points et une autre sur les anglais qui achetaient nos maisons de campagne car pas cheres (et dans mon exemple, c’etait un taximan Londonien qui m’expliquait qu’il venait d’acheter une maison secondaire en France car "not expensive"...).

 
At 12:42 PM, février 24, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

PS : ajoute des permalinks à tes notes.

 
At 11:12 PM, février 24, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Hello JD,
Welcome on board !

 
At 2:26 PM, février 25, 2006, Blogger JDCh a dit...

Merci à Julien et Pascal.

 
At 1:26 AM, février 26, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Une société de libre-échange maintiendra toujours l'avantage compétitif des US car ils disposent d'un quasi-monopole sur le plan financier. Quel que soit l'endroit dans le monde où se crée la valeur ajoutée, l'Amérique peut l'acheter et l'intégrer à son développement (exemple récent : Skype acheté par eBay).

En ce sens, les américains qui prônent la mondialisation vont dans le sens de leur intérêt national, mais pas les français. Le libéralisme, c'est du patriotisme économique US qui ne dit pas son nom.

Voir http://www.wouarf.com/blogtk/index.php?2005/10/13/142-la-societe-de-lintelligence

 
At 12:18 PM, février 26, 2006, Blogger JDCh a dit...

Thèse bien connue et un peu usée à mon sens. Quand bien même ce serait vrai, que fait-on ? On refuse de participer aux JO car les Américains sont trop forts ?
Je rappelle que l'Argentine a été championne Olympique a Athènes et qu'à Sidney malgré une équipe "top NBA" les Etats-unis avaient beaucoup soufferts...

 
At 6:21 PM, mars 23, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Je me permettrais d'ajouter que les US se sont fait battre par la Corée et Cuba aux "championnats du monde" de baseball (je le mets entre guillemets car la World Baseball Cup est le nom du championnat américain, il ne s'agit donc pas du même) et que les japonais l'ont gagné. Assez symbolique me semble t'il.

 

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