Obama est-il socialiste ?
- la politique monétaire est conduite par la BCE;
- augmenter les impôts serait suicidaire et les baisser est impossible;
- augmenter les dépenses conduirait à la faillite...
La seule chose que nos ministres en charge de l'économie et des finances peuvent faire est de constater que les recettes fiscales vont baisser et qu'à dépenses de fonctionnement constantes, le déficit va filer. Cette augmentation du déficit purement passive n'a et n'aura aucun effet bénéfique sur l'économie nationale...
Par comparaison, le New President dispose de marges de manoeuvre considérables qui peuvent être résumées dans les chiffres comparés suivants:
- le déficit budgétaire Américain est équivalent en 2008 à celui de la France à savoir environ 3% du PIB mais celui comprend les dépenses somptuaires liés à la guerre en Iraq que tout bon comptable considérerait comme une "charge exceptionnelle" !
- la dette fédérale Américain est équivalent à celle de l'Etat Français environ 65% du PIB mais elle comprend le financement à venir des retraites des fonctionnaires Américains que nous autres considérons comme "hors bilan". Si nous adoptions la même comptabilisation de cette dette colossale (environ 800 milliards d'euros), la dette de l'Etat Français serait à 110% du PIB !
- le poids des dépenses publiques aux Etats-Unis pèse un bon tiers du PIB quand ce même poids représente plus de la moitié du PIB en France !
Ainsi lorsque le Président Obama dit qu'il va baisser les impôts des plus défavorisés et des classes moyennes, il peut le faire de façon grandiose sans même approcher le piteux état de déficit structurel ou de déficit accumulé de la France socialiste. De même, s'il décide d'augmenter la dépense publique de 10% (ce qui est énorme), l'écart du ratio dépenses publiques sur PIB resterait en deçà des 40% aux Etats-Unis quand il flirte avec les 55% chez nous.
Obama n'est pas socialiste ! Obama est Américain et démocrate et pense, à juste titre, que le "Reaganisme" est allé un peu loin dans le "laisser faire" et que l'état des finances publiques Américaines (bien meilleur que l'état des finances des consommateurs ou entreprises Américaines) permet de déplacer le curseur vers la gauche pour "amortir" les conséquences de la crise financière en cours.
Il y a ainsi deux lectures de la politique fiscale qu'il veut mettre en oeuvre. Certains (les gallo-socialistes) diront "Obama veut taxer les hauts revenus" (qui le sont beaucoup moins qu'en France). D'autres plus justement qu'"Obama veut alléger l'impôt sur le revenu des plus modestes" (qui ne paient déjà pas ou presque pas d'IRPP en France). Une forme de "redistribution fiscale" amortissant les conséquences de la crise financière est disponible à Obama (quand notre ami Sarkexpresso a hérité d'une situation aberrante et ne peut évidemment pas la rectifier en période de crise puisque cela aurait pour conséquence d'aggraver ladite crise).
Les Etats-Unis sont comme un cycliste en bas d'une côte qui a fait une lourde chute, est KO mais qui a toujours des jambes et un vélo. La France est en bas de la même côte, n'a pas chuté mais circule dans une petite chaise roulante... La remontée sera longue et pénible pour les deux mais inutile de vous dire qui arrivera en haut de la côte le premier !
A ceux qui se réjouissent d'une remontée en force du politique et des Etats, ils devraient s'interroger sur l'influence de la garantie implicite (puis explicite) de l'Etat Américain sur les obligations émises par Fanny Mae et Freddy Mac (c'est ce qui a conduit les agences de notation à noter "AAA" des titres dérivés de prêts hypothécaires douteux) ou sur celle des règles comptables "mark to market" imposées par le(s) régulateur(s) qui ont provoqué l'effet domino auquel nous venons d'assister...
Loin de moi l'idée de dire qu'il n'aurait pas fallu protéger le consommateur Américain des prêteurs qui lui ont fait croire que les arbres touchent le ciel. Loin de moi l'idée que l'Amérique de Reagan était parfaite mais ce n'est sûrement pas dans l'anti-capitalisme que notre ami Obama ira puiser ses idées de changement !
6 Comments:
Super billet, et comparaison très bien trouvée !
Si on ajoute à tout ça que la France est peut-être touchée par la crise un peu plus violemment que par contagion (notamment via la position des banques françaises sur le marché des dérivés de crédit)...
oui, merci pour ce billet qui remet bien les choses à leur place. Nous voyons tellement les US avec les yeux des journalistes européens, que les faits les plus élémentaires sont laissés de côté, alors que ce sont ceux qui permettent d'interpréter correctement la situation.
Il me parait clair, également, qu'Obama n'est pas socialiste. Ou alors les socialistes US correspondraient à des libéraux de l'UMP...
à bientôt !
Tres juste. Les Francais (deservis par leurs journalistes) ont tendance a voir la politique et l'economie Americaine a travers un prisme deformant, ce post remet les choses bien a leur place.
@LOmiG : "Il me parait clair, également, qu'Obama n'est pas socialiste. Ou alors les socialistes US correspondraient à des libéraux de l'UMP..."
Obama est plutôt socialiste dans sa démarche (sécurité sociale universelle d'Etat, politique de relance par la consommation, utilisation de la fiscalité à fin de redistribution, plutot protectionniste, foi dans le rôle de l'Etat dans l'économie et la société ...). Votre comparaison avec l'UMP est pertinente sur bien des aspects mais ne le dédouane pas pour autant de l'étiquette socialiste. Cela prouve simplement que l'UMP est socialiste (de droite certes, mais socialiste quand même).
Les libéraux ne se reconnaissent pas dans l'UMP. L'UMP ne se réclame pas du libéralisme. Et il n'y a qu'à voir la ferveur de Nicolas Sarkozy à pourfendre le capitalisme et le marché, réclamer la régulation et le retour de l'Etat (j'ai raté l'épisode ou il etait parti : je n'ai jamais vu décroitre la part des dépenses publiques dans le PIB depuis un siècle, et notamment ces trentes dernières années), parler de relance par la consommation, de nationalisation des banques, de traitement social du chomage, d'abandon des objectifs de réduction des déficits ... Je cherche une seule mesure qui ne soit pas socialiste par essence.
Vous dites:
"Les Etats-Unis sont comme un cycliste en bas d'une côte qui a fait une lourde chute, est KO mais qui a toujours des jambes et un vélo. La France est en bas de la même côte, n'a pas chuté mais circule dans une petite chaise roulante... La remontée sera longue et pénible pour les deux mais inutile de vous dire qui arrivera en haut de la côte le premier !"
J'aime assez l'image...
Mais je crois plutôt que les USA comme la plupart des économies anglo-saxonnes sont tombés au fond d'un bon gros ravin bien profond ... Et dans ce cas là, çà ne sert pas à grand chose d'avoir un vélo et des jambes...
je préfère être dans une chaise roulante en bas de la côte mais toujours sur la route...
@+
Excellent billet (pardon de la redite...). Si JDCH me le permet, j'aimerais partager avec vous la lecture d'un autre excellent blog qui partage ce point de vue : lire donc "Plans de relance et états schizophrènes" sur http://tropicalbear.over-blog.com/.
YC
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