Bons anniversaires
- 1 an de Sarkozy à l'Elysée,
- 10 ans des premières calamiteuses lois Aubry sur les 35 heures,
- 40 ans de Mai 1968.
J'ai beaucoup écrit sur notre ami Sarko et sur les 35 heures et j'ai plusieurs fois évoqué le décalage générationnel grandissant dans notre pays entre les Jaunes et les Violets (cf I had a dream... et Nous ne paierons pas...). Les 40 ans de Mai 68 m'ont amené à regarder comment le "quatre-quart Français" a évolué depuis ma naissance... Je parle de "quatre-quarts" car c'est à peu près comme cela que se découpe la génération qui avait entre 20 et 40 ans en Mai 1968 et qui a entre 60 et 80 ans aujourd'hui.
Un quart "réac", un quart "moderne", un quart "idéo" et un quart "révolo"... qui ne correspond plus du tout à la recette de la France qui a entre 20 et 40 ans aujourd'hui... Il faut dire que la génération qui a entre 20 et 40 ans aujourd'hui n'a pas connu les 30 glorieuses, elle a plutôt connu les 30 déclinantes... elle a connu le divorce des parents et le chômage de papa ou maman... elle a connu 14 ans de Miterrandisme et 10 ans de Chiraquisme soit 24 ans dans un monde qui change dans une France qui se crispe en voyant fondre son industrie manufacturière, en voyant monter les violences urbaines et en perdant petit à petit foi dans tout ce qui pourrait fédérer une forme d'unité républicaine qu'elle soit conservatrice ou progressiste...
Les "réacs" qui étaient contre tout, à savoir contre le sexe avant le mariage, l'Europe, la décolonisation, l'homosexualité, les cheveux longs... ont mal vieilli. Leurs enfants ne sont que minoritairement "réacs". Le fils d'un notaire de sous-préfecture, qui est monté à la capitale pour faire ses études et qui a passé quelque temps à l'étranger pour un stage professionnel ou une mission humanitaire n'est plus "réac". Même si l'on trouve quelques îlots réactionnaires au sein de la grande bourgeoisie ou aristocratie de Province, le score du sieur de Villiers aux élections présidentielles montre combien ce "quart" s'est dilué dans une France où le traditionalisme ne saurait constituer la moindre force rassembleuse au delà de groupuscules vieillissants qui "catholiques intégristes", qui "chasseurs de palombes", qui "nostalgiques de l'Algérie Française et du Maréchal Pétain réunis"...
Ce qui sépare les "idéos" des "révolos" a longtemps été tu sous couvert d'"union sacrée de la Gauche". Il y a ceux qui pensent que Mai 68 a été une révolution avortée puisque le capitalisme est toujours bel et bien en place. Ceux sont les "révolos". Ils restent porteurs de l'espoir d'un "grand soir" et qui ont trouvé dans Besancenot un représentant Canada Dry: un trotskiste révolutionnaire qui peut passer 4 heures chez Drucker... La révolution, la vraie, aura toujours ses partisans et même si les enfants de "révolos" se sont "bobo-isés", les plus désespérés et souvent les plus naïvement innocents de la nouvelle génération trouveront toujours qu'Arlette, Olivier (ou leur successeur) sont les seuls qui comprennent leurs problèmes....
Les "idéos" considèrent eux que la révolution de Mai 1968 en termes de révolution des moeurs, de la sexualité, du rapport entre les citoyens, à la nature ou au tiers-monde a eu lieu. Ils ont constitué, promu et porté la "pensée unique" des 40 dernières années. D'un humaniste universel, ils ont dérivé vers et adhéré à un "égalitarisme forcené", d'une vision initialement libertaire ("il est interdit d'interdire") ils ont implémenté une société ultra-réglementée, ultra-administrée, aussi peureuse que coûteuse, aussi inefficace que figée... Il leur a fallu 40 ans pour appeler de leur voeux une «économie sociale et écologique de marché » qu'ils ont pudiquement évité d'appeler "économie de marché sociale et écologique". Ils sont encore fort nombreux dans la nouvelle génération, ils ne savent pas s'ils sont pro-Européens ou anti-Européens, la logique économique et financière reste un "tabou diabolisé" pour la plupart d'entre eux mais ils comprennent petit à petit que le système collectif dans lequel leurs aînés se sont engouffrés est en train de se fissurer dangereusement...
Les "modernes" de l'époque qui s'enthousiasmaient pour JF Kennedy ou JJSS et qui étaient tolérants aux changements sociétaux se sont reproduits sans perte quantitative. On aurait maintenant tendance à nommer leurs successeurs les "pragmas". Sans illusion collectiviste, ayant appréhendé les règles du jeux d'un monde globalisé, parlant Anglais et préconisant à leurs enfants d'apprendre le Chinois, ils sont massivement sceptiques quant à la pérennité du "modèle Français". Ils ont voté, il y a un an, pour Sarko mais sont déjà déçus et sans grand espoir quant à une éventuelle réelle réforme de notre pays dans le quinquennat entamé à 20%... Ils se savent pro-Européens, comprennent que la loi du marché est souvent la moins mauvaise, ont un rapport au temps et au changement qui accepte que toute situation, y compris une situation de réussite, soit précaire et, s'ils ne se réfugient pas dans l'individualisme, et se désespèrent de tous les blablas "solidaro-égalitaro-immobilo-franchouillard".
En résumé,
- les "réacs" sont une espèce en voie de disparition. Bonne nouvelle !
- les "révolos" restent une minorité vivace. Bizarre !
- les "idéos" sont en train de virer leur cuti mais cela leur prend beaucoup trop de temps. Qu'ils se grouillent !
- les "modernes" devenus "pragmas" sont sans doute majoritaires mais désabusés. Soyez patients !
Une évolution lente mais positive sur laquelle il nous reste à refaire le point dans 20 ans. Les survivants de 1968 seront alors presque comme les poilus de 14/18: il n'y en aura plus beaucoup ou alors ils auront entre 80 et 100 ans...
Moi, j'aurais du temps pour "bloguer" puisque je serai à la retraite !
2 Comments:
Pas si sûr que çà que l'on sera à la retraite dans 20 ans...
Vu les retraites ridicules que nous aurons...
Nous serons peut être encore obligés de travailler pour subvenir à nos besoins...
Signé:
Un des papyboomers "idéos" de 64
qui a viré sa cuti pour enfin devenir un "pragma" qui a la jaunisse...
PS: continue à nous faire des billets de ce genre çà fait du bien
Merci
DTX
Coucou Jean-David,
Un petit break dans ma petite vie mouvementée pour vous lire.
Malheureusemnt, pour beaucoup, Mai 68 n'est que la révolution capricieuse de petits libertins anti-morale. Le petit Sarko en a d'ailleurs bien profiter pour en ternir l'image.
D'après votre post, je me classe toujours parmi les naifs de cette nouvelle génnération idéaliste qui pense qu'un partage plus équitable des richesses permettrait de résoudre bon nombre de problèmes sociaux.
Je pense que dans une dizaine d'année, une autre révolution viendra ...
PS : Bon anniversaire, avec quelques jours de retard ;-)
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