01 décembre 2006
par JDCh


L'emploi crée la croissance. Le contraire n'existe pas...

Nos hommes politiques relayés par les médias assènent tous comme une vérité établie que "sans croissance, il n'y a pas de création d'emploi" et tout le monde semble considérer le phénomène comme une sorte d'effet météorologique: pas de soleil, pas bon vin !

La contraposée de cette assertion est partiellement juste: si la planète connaît une croissance économique forte (ce qui est le cas depuis de nombreuses années), la demande sur le marché mondial est forte et nos entreprises exportatrices (EADS, LVMH, LOREAL...) bénéficient de cette demande pour augmenter leur chiffre d'affaires, créer des emplois dont certains (pas forcément beaucoup) seront localisés en France.

Mais l'affirmation est majoritairement fausse puisque la France connaît une croissance faible (nulle au troisième trimestre 2006 !) dans un contexte mondial très porteur. Notre économie intérieure est donc "récessive" et détruit tous les effets positifs d'une croissance mondiale qui ne se dément pas. Il faut simplement dire que nos hommes politiques, soit par mensonge, soit par ignorance, font devant nous, depuis de nombreuses années, un raisonnement par contraposée qui est faux.

La croissance qui crée des emplois, ça n'existe pas ou peu.
Le travail qui génère de la croissance, oui cela existe !


Le Produit Intérieur Brut (PIB en Français, GDP en Anglais) correspond à la simple multiplication suivante:
nombre de travailleurs x valeur ajoutée économique moyenne/travailleur

Pour générer de la croissance, il faut donc agir sur le nombre de travailleurs ou la valeur ajoutée de chaque travailleur et préférentiellement sur les deux.

Deux exemples simples illustrent le phénomène:

  • si un boulanger embauche un salarié supplémentaire qui lui permet d'ouvrir le lundi (alors que, la boulangerie étant auparavant fermée, certains habitants du quartier avaient pris l'habitude de ne pas manger de pain le lundi) et que les ventes du lundi financent ce nouveau salarié, on a augmenté le nombre de travailleurs: même si ce dernier a une valeur ajoutée modeste, le PIB a augmenté.
  • si un fabricant d'aspirateur invente l'aspirateur sans sac (je sais que ça existe déjà mais ceci est un exemple) qui ne coûte pas plus cher à fabriquer mais qui peut se vendre plus cher car la ménagère y trouve un vrai bénéfice: on a augmenté la valeur ajoutée des employés de ce fabriquant, le PIB a augmenté.

Sans revenir sur l'aberration des 35 heures (cf 35 heures...), qui a eu comme effet mécanique de baisser la valeur ajoutée par travailleur et, par effet mécanique inverse heureux, de nous conférer l'une des plus grandes productivités "horaires" mondiales (heureusement que le PIB n'a pas baissé de 10% -!!!- et que beaucoup de gens ont compensé la baisse de leur temps de travail "officiel" par une plus grande productivité individuelle...), un pays qui ne compte que 17 millions de salariés dans le secteur privé pour 60 millions d'habitants a beaucoup de mal à générer de la croissance quand bien même ces 17 millions se "décarcasseraient" pour chacun augmenter leur valeur ajoutée individuelle...

En fait pour reconstituer le PIB, il faut ajouter à la valeur ajoutée collective de ces 17 millions de salariés du secteur privé (qui sont 24 millions en Grande Bretagne, cf pétition que je vous recommande de lire si ce n'est de signer: L'enjeu 2007), la contribution d'un sous-ensemble difficile à quantifier de nos services publics (énergie, transports... voire santé et éducation), que nous avons voulu collectifs et subventionnés, et qui, bien évidemment, participent à la génération de valeur ajoutée. La grande question les concernant est plutôt comment faire augmenter la valeur ajoutée per capita en les privatisant ou en les mettant en concurrence (sachant que l'on ne peut pas - hors phénomène des départs à la retraite - véritablement réduire les effectifs, ni geler les coûts, ni augmenter leur temps de travail sans que leurs syndicats ne bloquent le pays) ?

Hormis donc les salariés du privé et les quelques millions d'employés du secteur public participant à la génération de valeur ajoutée (les Actifs à Valeur Ajoutée ou AVA), c'est sur le PIB que viennent se déduire sous forme de prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations) les dépenses liées à:

  • notre fonctionnement républicano-démocratico-administratif qui est "out of control" depuis 30 ans (un policier, un militaire, un inspecteur des impôts, un magistrat, un maire, un député, un conseiller de ministre... constituent des postes de coûts souvent nécessaires mais non créateurs de valeur ajoutée économique alors qu'un coiffeur (*) participe au PIB !) ;
  • nos retraités qui sont de plus en plus nombreux et qui, pour l'instant, bénéficient d'un système plutôt généreux;
  • nos chômeurs et nos exclus qui vivent d'allocations diverses et qui, sans doute pour une très grande part, aimeraient travailler et délivrer de la valeur ajoutée;
  • indirectement, nos enfants qui bénéficient de notre système éducatif (le terme "bénéficier" est peut-être ici de plus en plus impropre !), de notre système de santé... bien que nourris et logés par leurs parents.

Le nombre de chômeurs, quand on regarde ces différentes populations, est finalement presque anecdotique: si nous avions 1 million de fonctionnaires et 1 million de retraités en moins, l'immédiat gain de valeur ajoutée par AVA approcherait 10% d'économie sur les coûts et permettrait à de nombreuses entreprises d'embaucher (alors qu'elles sont simplement à l'équilibre économique voire juste en dessous) et/ou à de nombreux particuliers de consommer des services à la personne -fortement consommateurs de main d'oeuvre- pour lesquels ils n'ont pas les moyens financier aujourd'hui. Un niveau "frictionnel" de chômage (2-3% environ de personnes entre deux jobs et 1-2% de chômeurs de longue durée) serait théoriquement très vite atteint. Malheureusement, il sera long de se départir d'1 million de fonctionnaires et on va voir le nombre de retraités augmenter par tranche d'un demi-million (ou plus) par an dans les 15-20 prochaines années...

















De même, si un fonctionnaire part à la retraite, un salarié est mis en pré-retraite ou un chômeur est transformé en exclu, l'équation reste la même, on n'augmente ni le nombre d'AVA, ni la valeur ajoutée ! Pas de croissance voire une récession, des prélèvements qui augmentent, des déficits publics, une baisse du niveau de vie.... bref le cercle infernal dans lequel nous sommes entraînés en spirale.

Enfin, la politique de "traitement social" du chômage, si elle peut présenter, dans certains cas, l'avantage de ré-adapter (ou d'adapter) à la vie professionnelle des chômeurs de longue durée (ou des jeunes non qualifiés) présente l'immense inconvénient de faire baisser le "PIB net de prélèvements obligatoires" puisque les aides et subventions de ces emplois correspondent soit à des impôts et cotisations, soit à du déficit public (qu'il faudra rembourser avec la valeur ajoutée future). Il ne peut ici s'agir que de plans provisoires et temporaires mais chez nous, ça dure depuis 25 ans !

Voici donc dame France "cornerisée" et qui se demande ce qu'elle pourrait bien faire...

Si la réponse était évidente, elle aurait sans doute déjà été apportée, voici modestement quelques éléments de solution:

  1. Ne pas s'acharner à résister aux dé-localisations qui s'imposent économiquement. Si le travail est à faible valeur ajoutée et s'il est réalisable "offshore", résister c'est simplement perdre l'opportunité de rebondir, de se relancer et de construire l'entreprise de demain (cf le bon exemple -je le souhaite pour eux- de SEB qui ne maintient en France que la fabrication d'objets innovants et qui se retrouve, de fait, mobilisée sur l'innovation ce qui ne pourra pas lui faire de mal à court et moyen terme). Tous les pays occidentaux font face aux mêmes enjeux, certains tirent très bien leur épingle du jeu, pourquoi pas nous ?

  2. Donner aux chômeurs l'envie de travailler: suggérée par Croissance Plus, une association de patrons d'entreprises de croissance, la transformation de l'assurance-chômage en assurance-salaire qui consisterait, d'une part, à raccourcir le délai d'indemnisation (par exemple, à 1 an) et, d'autre part, à compenser pendant une durée (par exemple, 2 ans) l'éventuelle différence de salaire entre le salaire avant chômage et le salaire correspondant au nouveau travail dans les secteurs fortement demandeurs (que sont le BTP, l'hôtellerie-restauration-tourisme, les services aux entreprises ou aux personnes...). Ceci n'a jamais été essayé. Il me semble que cela vaudrait vraiment le coup surtout pour la population de chômeurs pour laquelle un virage professionnel est absolument nécessaire et toujours possible (par exemple, les moins de 45 ans ? 50 ans ?).

  3. Enlever aux employeurs la trouille d'embaucher: sujet que je connais assez bien et qui repose dorénavant en France sur une sorte de "blocage psychologique" qui fait que les employeurs se restreignent d'embaucher car ils savent que la situation économique de leur entreprise peut se dégrader et qu'ils ne peuvent absolument pas anticiper le coût des licenciements qu'ils auraient alors à décider. L'inconnue est de taille car les transactions (accord entre les parties en général beaucoup plus favorable pour le licencié que les indemnités légales) ou recours aux Prudhommes (aggravé de façon endémique par le problème des 35 heures et du non-respect scrupuleux de la législation sur le temps de travail) sont devenus des sports nationaux. Les récentes décisions prudhommales sur des CNEs terminés "abusivement" sont, à ce titre, et ce, que la décision de justice soit justifiée ou non, une véritable catastrophe en la matière... La solution serait assez simple: s'en tenir aux indemnités légales qui ont été négociées par convention collective dont le montant est raisonnable et prévisible et débouter aux Prudhommes (ou plutôt à l'instance qui les remplacerait car cet attelage patronat-syndicat semble avoir fait son temps) tout salarié qui n'aurait pas une "vraie bonne" raison (ex: discrimination raciale, sexuelle...) de considérer son licenciement comme abusif. Nos grands et surtout petits patrons seraient ainsi assurés que le coût éventuel d'un licenciement est prévisible, encadré et raisonnable: leur fameuse "trouille d'embaucher" devrait disparaître petit à petit...

  4. Allonger la durée de la vie professionnelle: le phénomène démographique est inéluctable et doit être partagé par tous... La retraite à 60 ans ne pourra être maintenue...

Il me semble que ces 4 points sont démontrables, praticables voire inévitables. Je ne les ai pas entendu dans la bouche de nos "favoris des sondages". Ni "ordre juste", ni "rupture paisible" ? Dommage.

Vous l'avez compris, moi je vote PIB. Vive le PIB !

(*) Je n'ai rien contre les coiffeurs mais il est amusant de dire qu'ils génèrent de la valeur ajoutée en coupant des cheveux...

Rédacteur Agoravox



13 Comments:

At 11:27 AM, décembre 02, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Certains attendent la croissance comme d'autres attendent la pluie...
D'autres croient que des mesurettes vont parvenir a inverser une tendance de fond... Ok sur l'ensemble, sauf un detail.

Un million de fonctionnaires en moins... C'est un peu court. Parlez plutot des salaries sous statuts (bref immunises de tout), et dites que cela represente un paquet de 8 millions de personnes, ce qui complemente les 17 millions d'emplois du prive et met le nombre de "postes" a 25 millions chiffre stangnant depuis trente ans! Dites egalement qu'il manque 7 millions de postes dansd le prive pour etre a structure egale avec la Grande Bretagne...

Mais compte tenu de la demographie et de l'accroissement de productivite c'est un fait fondamental que de dire qu'en dessous de 2% de croissance il n'y a pas d'augmentation de postes dans ce perimetre...

Tout ceci amene aux memes conclusions mais pas au meme equilibre final, car meme avec ce que vous dites et je suis en accord, structurellement le pays continuera a plonger, moins certes mais... Helas il faut dire que l'on a trop attendu et la on se doit de dire que le dernier president y est pour beaucoup! Ce fut deux mandats de perdus! Apres deux mandats en dephasage! Le scenario du "depot de bilan" n'est donc pas impossible. On voudrait bien que les choses soient plus ideales mais regardons la realite en face. Renverser la tendance de fond demandera bien plus que ces mesures, du temps et des circonstances ad hoc. Madame Royal peut permettre au francais de demander "encore cinq annees" de ce reve, en 2012 il faudra alors "decider"...

 
At 11:59 AM, décembre 02, 2006, Blogger JDCh a dit...

@anonyme

Il y a une nuance forte entre votre commentaire et mon "post".

Combien parmi les 8 millions de "postes" dont vous parlez participent à la création de valeur et combien vivent en captation des richesses créés par les autres ?

Si je prends un ratio 2/3-1/3, cela fait 2.5 millions de "postes" qui "détruisent" du PIB au lieu d'en produire. Ce qui fait qu'atteindre 2% de croissance veut, en fait, demander aux AVA de générer des gains de productivité énormes pour compenser...

Le taux de croissance est une conséquence pas une cause...

PS: je mentionne les 24 millions d'emplois privés en UK.

 
At 12:34 PM, décembre 02, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

2/3 createurs de valeurs? Wow ce serait reve! Helas c'est l'inverse proportion! Les comptes des dites structures sont a reprendre... Non il n'y a pas que 2,5 millions de fonctionnaires, ces dix dernieres annees l'etat a cree 450000 postes et les territoriaux 550000... Sans oublier le deguisement du chomage dans les machins, les associations subventionnees... Ce qui veut dire que le taux de chomage reel de ce pays est bien plus que 8-9%.

Structurellement ce pays stagne a 25 millions de postes depuis trente ans et la population est passee de 50 a plus de 60 millions; bref le taux d'activite est insuffisant! De plus on vit plus longtemps et on part plus tot en retraite, on a pas suffisament d'enfants pour renouveller la population, l'economie furture etouffera sous le poids des erreurs du passe.

Par ailleurs si je suis en accord avec vous que c'est le travail qui cree la valeur, il ne faut pas oublier les fondamentaux (qui se lisent par la moyenne de l'ensemble croissance population 1% augmentation productivite 2,5% soit croissance optimale 3,5% - france compte tenu de recul population le chiffre in fine ressort a 2%). Ainsi quoique vous fassiez, il faut pour augmenter le solde en postes faire que la valeur generee croisse de plus de 2%, ce qui en dit plus sur le type de jobs a creer... Comprendre ceci en perspective: creer un poste dans une activite qui consomme de l'argent public pour elargir un trottoir et reduire les voies de ciculation est compte comme valeur! Etrange facon de compter, illusion! Il y a ainsi des milliers d'exemples ou le "taxeur-subventionneur" fait de la chaleur sans energie mecanique (par analogie).

Bref vous ne ferrez pas monter l'ocean par maree descendante en faissant simplement une grosse vague, a pb de tendance reponse de tendance (la demographie est contre, entre autres facteurs - brevets cles, recherche, et culture risquophobe -)...

Trop tard, trop peu de marges de manoeuvre, pas les leviers efficaces... helas!

 
At 12:37 PM, décembre 02, 2006, Blogger JDCh a dit...

@anonyme

je me rends !

 
At 12:22 PM, décembre 05, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

En France (2004), pour un emploi total de 24 720 000, l'emploi privé est de 19 933 000 (80,64 %) et l'emploi public de 4 787 000 (19,36 %). L'emploi privé comprend 17 265 000 salariés et 2 668 000 patrons ou indépendants.

http://travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_emploi_public.htm

Au Danemark l'emploi public compte pour 36,9 % dans l'emploi total, tandis que l'emploi public français se limite à 19,36 % de l'emploi total. La proportion d'emploi public est donc supérieure de 91 % au Danemark comparé à la France (36,90 / 19,36).

On trouve aussi d'autres analyses intéressantes sur internet.

http://travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_merite.htm

En 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d'un taux officiel de 6,38 %.

 
At 12:26 PM, décembre 05, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

En 1994, pour une croissance forte de 2,75 %, l'emploi a diminué de 8 900 (-95 600 emplois réels) car la productivité a augmenté davantage (2,79 %) pour une durée annuelle identique du travail. En 1995, avec une croissance plus faible (2,10 %) de la production, l'emploi a augmenté de 268 000 (+201 600 en réel, forte augmentation du temps partiel) car la productivité a très peu augmenté (0,88 %) pour la même durée du travail.


Au début des années 70, la croissance était sensiblement supérieure à celle d'aujourd'hui. De 1970 à 1974, en quatre ans, la valeur ajoutée a progressé de 18,83 % et la productivité de 19,15 %, valeur légèrement supérieure. Si l'emploi a cependant progressé de 742 000, soit 3,60 %, c'est que la durée annuelle du travail a diminué de 3,73 % (de 1821 à 1753 heures). Le chômage a malgré tout augmenté car la population active progressait plus vite que la création d'emplois.

http://travail-chomage.site.voila.fr/ancien/mythes.htm

Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits). Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée. Autrement dit, l'emploi (population occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.

 
At 1:01 PM, décembre 05, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Population active employée (sans compter la population active au chômage).
1992 : 22.330.000
1997 : 22.430.000
2002 : 23.942.000
2003 : 24.485.000
2005 : 24.921.000
(Enquêtes Emploi de l'INSEE


En 15 ans, de 1990 à 2005, la France a créé 2 520 000 emplois (+11,25%) contre 1 520 000 au Royaume Uni (+5,82%). Dans le même temps, la population en âge de travailler (de 15 à 59 ou à 64 ans) a augmenté d'une valeur équivalente dans les deux pays.

Les deux pays ont une population totale équivalente (60 millions d'habitants) et une population en âge de travailler voisine (37 millions). La population active (ayant un emploi ou au chômage) est un peu plus importante en Angleterre qu'en France (29 contre 27,6 millions).

http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/emploi_15ans.htm


Pour résumer, devant une augmentation semblable de la population en âge de travailler dans les deux pays, la population active a beaucoup diminué en Grande Bretagne (1 210 000) du fait d'un retrait massif d'activité (préretraites et surtout invalidité), permettant une diminution du chômage de 580 000 personnes. En France, la population active a davantage augmenté que la population en âge de travailler (690 000) du fait d'une importante demande d'emploi, entraînant une augmentation du chômage de 520 000 personnes. ...

Le nombre d'heures travaillées chaque semaine (environ 910 milliards) est identique en France et en Grande Bretagne, malgré un nombre d'emplois différent. Cela s'explique encore mieux en comparant la durée réelle du travail (ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel) : 31,72 h en Angleterre et 36,28 h en France (par semaine).

Un emploi à temps partiel dont la durée moyenne est de 23,2 heures en France et de 15,7 heures en Angleterre n'a pas la même valeur qu'un emploi à temps plein dont la durée moyenne est de 39,0 heures en France et de 37,2 heures en Angleterre.

L'emploi à temps partiel est beaucoup plus développé en Angleterre, avec des salaires réduits en conséquence. En 2005, 25,5 % des emplois anglais sont à temps partiel comparé à 17,2 % des emplois français.

 
At 1:57 PM, décembre 05, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Tout va tres bien madame la marquise...

... on deplore un tout petit rien...

etc!

 
At 3:14 PM, décembre 05, 2006, Anonymous Anonyme a dit...

Une lecture qui complemente bien votre article, lecture pleine de surprises:

D'abord le diagnostic : la France est malade, nos deux auteurs en conviennent. "Mon pays est le pays handicapé de l'Europe", "la France est dans un état positivement dramatique", "au fond, le modèle social français, c'est le modèle germano-scandinave en raté", se lamente Michel Rocard. "Votre situation politique, approuve Frits Bolkestein, ces derniers mois, ne cesse de connaître des insurrections de plus en plus alarmantes : banlieues, crise interminable du CPE, timide tentative pour assouplir un peu l'excès de rigidité qui pèse sur votre droit du travail et, donc, sur votre taux de chômage. C'est une terrible image de décadence !", une décadence qui, à des degrés moindres, touche d'ailleurs toute l'Europe, selon l'ancien commissaire européen.

Le dialogue inattendu d'un libéral flamboyant et d'un libéral réticent

par Frits Bolkestein et Michel Rocard

La suite ici:

http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&task=view&id=1252&Itemid=1

 
At 4:21 PM, janvier 22, 2007, Anonymous Anonyme a dit...

Notre croissance économique est basée sur la consommation. Une croissance de 3%/an entraine une multiplication par 20 de la consommation sur un siècle. Jusqu'ici tout va bien. Sauf que la planète est limité en terme de ressources (énergie, matières premières) et en capacité d'accueil de rejets (pollution généralisée entrainant la 6eme extinction massive d'espèces vivantes dans l'histoire de la Terre).
Vous êtes complètement à côté de la plaque, votre modèle est intenable.

 
At 4:34 PM, janvier 22, 2007, Blogger JDCh a dit...

N'oubliez pas les services !

 
At 4:26 PM, mars 15, 2007, Anonymous Anonyme a dit...

Les statistiques sont plus tenaces que certains discours.

Depuis que notre nabot national est allez à Londres, il a soit-disant re-découvert le messie libéral. Il ont 4,5% de chômeur et nous 8,5... (en fait pus de 9%, les statistiques officielles ayant été ajournées après l'élection présidentielle..), comment cela se fait-il..?

Derrière cela, Naboleon veut nous vendre : le modèle libéral, l'assurance chômage flicage qui obligerait les chômeur à accepter n'importe quel emploi sous-payé. Il omet aussi de préciser le nombre de travailleurs pauvres en Angleterre, un modèle social à la dérive et un système de santé en Panne.

Le nombre d'emplois sous-qualifiés et sous-payés dans des villes où la vie est horriblement chère est considérable dans ce pays. Quand au système de santé, il n'y a qu'à observer le nombre de cars de britanniques qui arrivent en Picardie pour se faire admettre dans nos clinique privées où ils peuvent être soignés bien mieux, beaucoup moins chèr et bien plus rapidement que dans leurs pays.. Alors notre nabot démago devrait vraiment arrêter de prendre les français pour des moutons..

Après cette petite mise au point je vous laisse lire tranquillement l'excellente analyse suivante qui nous est proposée par ce site http://travail-chomage.site.voila.fr s'appuyant notamment sur les statistiques officielles anglaises et de l'INSEE.

En quinze ans, de 1990 à 2005, la France a créé plus d'emplois que l'Angleterre (ou plutôt la Grande Bretagne). Le modèle libéral britannique n'est donc pas supérieur au modèle social français.

Les deux pays ont une population totale équivalente (60 millions d'habitants) et une population en âge de travailler voisine (37 millions). La population active (ayant un emploi ou au chômage) est plus importante en Angleterre qu'en France (29 contre 27,6 millions) pour des raisons historiques tenant à la fois à la structure de la population et à la place différente prise par l'agriculture dans l'économie depuis cinquante ans.

De 1990 à 2005, la France a créé 2 520 000 emplois (+11,25%) contre 1 520 000 au Royaume Uni (+5,82%). Dans le même temps, la population en âge de travailler (de 15 à 59 ou à 64 ans) a augmenté d'une valeur équivalente dans les deux pays.

Cependant, la population active (emploi + chômage) a beaucoup plus augmenté en France (2 970 000) qu'en Grande Bretagne (960 000).

En France, la population active a plus augmenté que l'emploi et que la population en âge de travailler, entraînant une augmentation du chômage.

En Angleterre, la population active a moins augmenté que l'emploi (-560 000) et que la population en âge de travailler (-1 210 000), entraînant une diminution du chômage sans aucun mérite.

Pour résumer, devant une augmentation semblable de la population en âge de travailler dans les deux pays, la population active a beaucoup diminué en Grande Bretagne (1 210 000) du fait d'un retrait massif d'activité (préretraites et surtout invalidité), permettant une diminution du chômage de 580 000 personnes. En France, la population active a davantage augmenté que la population en âge de travailler (690 000) du fait d'une importante demande d'emploi, entraînant une augmentation du chômage de 520 000 personnes.

Ainsi, si la différence dans le nombre de chômeurs a augmenté en quinze ans entre la France et l'Angleterre, cela n'est pas du aux prétendus mérites du modèle libéral britannique mais à la mise à l'écart d'une partie importante de la population active. Les chômeurs ont surtout été transformés en invalides.

Certains objecteront que la situation est différente si l'on considère la période allant de 1995 à 2005, ce qui est exact en apparence.

En effet, les années 1990 et 2005 sont situées dans des périodes à peu près stables de l'activité économique européenne et mondiale. Ce qui n'est pas le cas de 1995, situé à la sortie d'une crise économique majeure dont les conséquences ont été désastreuses pour l'emploi britannique, plus fragile et précaire (la flexibilité) que l'emploi français.

La période de 1990 à 2005 correspond mieux à une tendance longue de l'économie qu'une période prenant 1995 comme point de départ, début de la remontée de l'emploi après une destruction massive de celui-ci. Considérer la période allant de 1990 à 2005 est donc plus conforme à la réalité et plus honnête : méfiez-vous des dates choisies dans les comparaisons statistiques.

La forte dépression économique des années 1993-1994 s'est traduite en France par une perte de 60 000 emplois entre 1990 et 1995, tandis que 1 160 000 emplois ont été perdus au Royaume Uni (autre nom de la Grande Bretagne). Les entreprises ne s'en sont pas tiré mieux pour autant.

Le modèle social français amorti et limite les dégâts d'une récession économique sur l'emploi alors que le modèle libéral, britannique ou américain, amplifie ceux-ci.

 
At 11:10 AM, avril 17, 2007, Blogger Libéralisateur a dit...

Bien sur que je suis d'accord avec votre analyse !

Au delà de permettre au seul chef d'entreprise la légitimité des causes de licenciements, de la suppression du smic et des horaires légaux du travail pour relancer l'emploi, il y a un autre moyen pour redonner un vrai sens au fonctionnement du "marché" du travail.

Réformer ces points de droits, implique des discussions sans fin et des conflits du même accabit. Comme vous le dites fort justement c'est d'abord l'activité économique qui crée de la croissance et rien d'autre et alors que l''inverse n'existe pas.

Une mesure gratuite que vous n'avez pas évoquée serait de mettre en place un moratoire de 5 ans par exemple en ce qui concerne la répression du travail au noir et laisser tout le reste en l'état. Il y aurait ceux qui auraient un travail déclaré et tous les autres. J'ai développé dans un post à fin 2005 un certain nombre d'avantages, allant même jusqu'à la paix sociale - si l'on sait museler les syndicats qui en sont les plus farouches ennemis puisque cela les prive de ce qui fait le ressort de leurs actions.

http://liberalisateur.blogspot.com/2005/12/moratoire-pour-la-rpression-du-travail_22.html

Si dans le même temps on supprime à ceux qui vivent sur notre territoire et sans droits, la capacité de toucher l'aide de l'Etat puisqu'ils peuvent gagner de quoi manger, on améliore les finances publiques.

Le faire aura l'avantage corrélatif immanquable de faire changer par la force des choses tout le pseudo "droit du travail" qui nous sclérose.

 

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