35 heures: saison 4
Je pense que je me souviendrai longtemps d'un vol NYC-Paris en 1999, un samedi soir, dans un avion d'Air France quasiment vide.
Nous étions deux en classe "business" (Air France m'avait gentiment "upgradé"): un ecclésiastique en soutane avec un "look" à la Richard Chamberlain dans "Les oiseaux se cachent pour mourir" et moi, à l'époque faisant très régulièrement la navette entre la France et les US pour le compte de Cap Gemini. Le clergyman, lui, était Irlandais et était l'agent de liaison entre le Vatican et l'église catholique Américaine.
Je me suis toujours méfié des "curés" mais je dois avouer que la conversation avec celui-ci fut passionnante: nous parlâmes de l'internet, de Bill Clinton (Irlandais d'origine), de Jean-Paul II... pour en arriver aux 35 heures qui étaient au stade des négociations dans les grands sociétés Françaises (dont Cap Gemini). La conclusion de l'homme en noir fut limpide: "You (the French) are crazy !".
A l'époque, en tant que gestionnaire de P&L, je voyais très bien l'impact des 10 ou 11 jours de RTT que nous étions sur le point d'accorder aux salariés du groupe en France. Le modèle des SSII est des plus simples: les jours non facturables sont inclus dans le coût journalier. 10 jours de RTT constituaient une hausse de plus de 4% de celui-ci et il ne serait, sans doute, pas facile de le répercuter dans nos prix de vente dans la mesure où nous allions déjà demander à nos clients une réduction (théorique) de 24 minutes (passage de 39 à 37h) de la journée de travail de nos ingénieurs et consultants. La profitabilité nette allait naturellement se dégrader de 30% environ... Ceci dit, nous n'étions pas trop inquiets, le marché informatique connaissait une croissance extrêmement soutenue et nous embauchions massivement des jeunes ingénieurs qui allaient nous permettre de compenser sur le "volume".
Même si nous passions beaucoup de temps avec nos collaborateurs et nos clients pour "gérer" les changements induits par cette réforme au lieu de développer le "business" et notre carnet de commandes, je n'avais pas conscience à l'époque des dégâts "anti-croissance" que cette réforme des 35 heures poussée par la terrifiante Martine A (pas la joueuse de tennis, l'autre !)... Fin de la saison 1.
Puis sont venus le "bubble burst" (éclatement de la bulle) et le 11 septembre, le ralentissement violent par paliers successifs entre mi-2000 et fin 2003 du secteur informatique. J'avais quitté entre-temps le monde des SSII tout en restant proche de mes anciens collègues et j'ai vu successivement se dérouler le gel des embauches, le gel des salaires, les négociations dévastatrices avec les directions "achats" des grands clients, les licenciements par petites vagues puis via de plus vastes plans sociaux.
L'industrie informatique est coutumière de ces cycles à forte amplitude, elle n'y est pas forcément bien préparée car c'est une industrie jeune dans laquelle les "managers" sont avant tout des développeurs de "business" à l'aise dans les périodes porteuses et, surtout, elle est d'une "sensitivité" extrêmement élevée pouvant passer très rapidement d'un situation prospère à une situation déficitaire (quelques points de taux d'activité ou sur le prix journalier font la différence).
Les 4% de coûts supplémentaires induits par les 35 heures n'ont fait qu'amplifier cette "sensitivité", mettant les sociétés en situation de déficit plus vite, d'autant que les entreprises clientes confrontées à la même augmentation des coûts salariés étaient forcés de chercher chez leurs sous-traitants (SSII et autres) des économies compensatrices en baissant leurs prix d'achat de prestations sous-traitées. L'effet de ciseau classique s'est donc transformé en "double effet 35 heures", augmentant mécaniquement d'un facteur 2, 3 voire 4 l'ampleur des licenciements nécessaires pour permettre aux entreprises de tout simplement survivre... Fin de la saison 2.
Depuis mi-2004, l'industrie IT se porte mieux et a retrouvé un taux de croissance de 5 à 7% dans laquelle elle se remet à embaucher et où la loi de l'offre et la demande lui permet d'un petit peu mieux résister à la pression sur les prix imposés par les clients (sachant que la tendance à l'"offshore" préempte une partie encore faible mais inévitablement importante à moyen terme de cette croissance). Les 35 heures sont toujours là et n'ont toujours aucun effet sur la croissance, bien au contraire. Un petit exemple didactique l'illustre fort bien.
Prenons le département marketing constitué de 3 collaborateurs d'une entreprise informatique (ou d'un autre secteur). L'une de ses attributions est d'organiser des événements clients, disons un par mois sauf en juillet et août soit 10 par an. Avant le passage aux 35 heures, 10 événements étaient effectivement organisés. Depuis, l'équipe est toujours constituée de 3 collaborateurs (embaucher un collaborateur supplémentaire voudrait dire augmenter le coût de ce département de 25% au moins) et il n'y a plus que 9 événements par an. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'en Mai, la quasi totalité de l'équipe ainsi que la majorité des clients ne pensent plus qu'à "écluser" leurs jours de RTT ! Moins d'événements clients, c'est tout simplement moins de prospection commerciale et, par conséquence, moins de commandes... donc moins de croissance. Quod Erat Demonstratum.
Quand on sait que 75% des emplois du secteur "marchand" en France se situent dans le secteur tertiaire et que le sous-secteur des technologies est l'un des plus générateurs de croissance, on comprend la catastrophe qu'a constitué la mise en place de cette réforme soutenue par l'ensemble des syndicats de salariés adeptes multi-récidivistes du "tirage de balle dans le pied" !
Quand je vois ré-apparaître sur nos écrans de télévision les Martine A ou Elisabeth G ou autres égéries du social-irréalisme (liste à laquelle je me dois de rajouter, pour ne pas paraître misogyne, notre ex-"premier ministre de la France", Laurent F qui semble avoir fait son complet "coming-out" démago-trotskiste, convaincu qu'il est que seule cette posture lui permettra d'accèder à nouveau à de hautes responsabilité !) annonçant avec un aplomb sidérant que les 35 heures ont créé des emplois, je m'étouffe.
Pour ce qui concerne les bas salaires, cette réforme a induit une hausse artificielle et instantanée du coût horaire de 10%, rendant certains postes encore plus fragiles (beaucoup de ces "jobs" ont d'ailleurs été "outsourcés" et/ou mutualisés de façon à limiter l'impact économique de la hausse des coût et ce, sans aucune création d'emploi nette voire le contraire) et la création de nouveaux postes encore plus illusoire.
Un bon exemple de ceci concerne les caissières d'hyperpermarchés que des équipements de caisse nouveaux ont permis de rendre plus efficaces et qui, grâce à des logiciels d'optimisation sophistiqués (tenant compte de la fréquentation de ces grandes surfaces), ne travaillent que 35 heures (pour celles qui sont à temps plein) sans pour autant être plus nombreuses... Des investissements faits par les entreprises de la grande distribution sans aucun bénéfice net pour lesdites entreprises (juste un maintien au mieux des marges opérationnelles), ni encore mois pour nos caissières, qui ont certes quelques heures de temps libre en plus, mais, pour les plus malchanceuses, un salaire gelé sur quelques années !
Dans la fonction publique, il ne s'est agit, très souvent, que d'une simple régularisation pour des employés qui travaillaient déjà 32 heures et, dans d'autres cas, de véritables casse-têtes pour des chefs de service ayant l'impression de voir leur effectif "fondre au soleil" (l'exemple des hôpitaux est à ce titre édifiant) tant une application rigoriste de la mesure en superposition des fameux "avantages acquis" rend la période effective de travail courte et irrégulière.
Pendant la saison 3, le passage aux 35 heures a (et c'est heureux) été stoppé pour les petites entreprises, quelques éléments de flexibilité ont été donnés aux entreprises (capacité à mobiliser plus d'heures supplémentaires) et les exemples de Hewlett-Packard ou de Bosch France ont montré que la re-négociation était envisageable mais le mal est fait...
Nous étions deux en classe "business" (Air France m'avait gentiment "upgradé"): un ecclésiastique en soutane avec un "look" à la Richard Chamberlain dans "Les oiseaux se cachent pour mourir" et moi, à l'époque faisant très régulièrement la navette entre la France et les US pour le compte de Cap Gemini. Le clergyman, lui, était Irlandais et était l'agent de liaison entre le Vatican et l'église catholique Américaine.
Je me suis toujours méfié des "curés" mais je dois avouer que la conversation avec celui-ci fut passionnante: nous parlâmes de l'internet, de Bill Clinton (Irlandais d'origine), de Jean-Paul II... pour en arriver aux 35 heures qui étaient au stade des négociations dans les grands sociétés Françaises (dont Cap Gemini). La conclusion de l'homme en noir fut limpide: "You (the French) are crazy !".
A l'époque, en tant que gestionnaire de P&L, je voyais très bien l'impact des 10 ou 11 jours de RTT que nous étions sur le point d'accorder aux salariés du groupe en France. Le modèle des SSII est des plus simples: les jours non facturables sont inclus dans le coût journalier. 10 jours de RTT constituaient une hausse de plus de 4% de celui-ci et il ne serait, sans doute, pas facile de le répercuter dans nos prix de vente dans la mesure où nous allions déjà demander à nos clients une réduction (théorique) de 24 minutes (passage de 39 à 37h) de la journée de travail de nos ingénieurs et consultants. La profitabilité nette allait naturellement se dégrader de 30% environ... Ceci dit, nous n'étions pas trop inquiets, le marché informatique connaissait une croissance extrêmement soutenue et nous embauchions massivement des jeunes ingénieurs qui allaient nous permettre de compenser sur le "volume".
Même si nous passions beaucoup de temps avec nos collaborateurs et nos clients pour "gérer" les changements induits par cette réforme au lieu de développer le "business" et notre carnet de commandes, je n'avais pas conscience à l'époque des dégâts "anti-croissance" que cette réforme des 35 heures poussée par la terrifiante Martine A (pas la joueuse de tennis, l'autre !)... Fin de la saison 1.
Puis sont venus le "bubble burst" (éclatement de la bulle) et le 11 septembre, le ralentissement violent par paliers successifs entre mi-2000 et fin 2003 du secteur informatique. J'avais quitté entre-temps le monde des SSII tout en restant proche de mes anciens collègues et j'ai vu successivement se dérouler le gel des embauches, le gel des salaires, les négociations dévastatrices avec les directions "achats" des grands clients, les licenciements par petites vagues puis via de plus vastes plans sociaux.
L'industrie informatique est coutumière de ces cycles à forte amplitude, elle n'y est pas forcément bien préparée car c'est une industrie jeune dans laquelle les "managers" sont avant tout des développeurs de "business" à l'aise dans les périodes porteuses et, surtout, elle est d'une "sensitivité" extrêmement élevée pouvant passer très rapidement d'un situation prospère à une situation déficitaire (quelques points de taux d'activité ou sur le prix journalier font la différence).
Les 4% de coûts supplémentaires induits par les 35 heures n'ont fait qu'amplifier cette "sensitivité", mettant les sociétés en situation de déficit plus vite, d'autant que les entreprises clientes confrontées à la même augmentation des coûts salariés étaient forcés de chercher chez leurs sous-traitants (SSII et autres) des économies compensatrices en baissant leurs prix d'achat de prestations sous-traitées. L'effet de ciseau classique s'est donc transformé en "double effet 35 heures", augmentant mécaniquement d'un facteur 2, 3 voire 4 l'ampleur des licenciements nécessaires pour permettre aux entreprises de tout simplement survivre... Fin de la saison 2.
Depuis mi-2004, l'industrie IT se porte mieux et a retrouvé un taux de croissance de 5 à 7% dans laquelle elle se remet à embaucher et où la loi de l'offre et la demande lui permet d'un petit peu mieux résister à la pression sur les prix imposés par les clients (sachant que la tendance à l'"offshore" préempte une partie encore faible mais inévitablement importante à moyen terme de cette croissance). Les 35 heures sont toujours là et n'ont toujours aucun effet sur la croissance, bien au contraire. Un petit exemple didactique l'illustre fort bien.
Prenons le département marketing constitué de 3 collaborateurs d'une entreprise informatique (ou d'un autre secteur). L'une de ses attributions est d'organiser des événements clients, disons un par mois sauf en juillet et août soit 10 par an. Avant le passage aux 35 heures, 10 événements étaient effectivement organisés. Depuis, l'équipe est toujours constituée de 3 collaborateurs (embaucher un collaborateur supplémentaire voudrait dire augmenter le coût de ce département de 25% au moins) et il n'y a plus que 9 événements par an. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'en Mai, la quasi totalité de l'équipe ainsi que la majorité des clients ne pensent plus qu'à "écluser" leurs jours de RTT ! Moins d'événements clients, c'est tout simplement moins de prospection commerciale et, par conséquence, moins de commandes... donc moins de croissance. Quod Erat Demonstratum.
Quand on sait que 75% des emplois du secteur "marchand" en France se situent dans le secteur tertiaire et que le sous-secteur des technologies est l'un des plus générateurs de croissance, on comprend la catastrophe qu'a constitué la mise en place de cette réforme soutenue par l'ensemble des syndicats de salariés adeptes multi-récidivistes du "tirage de balle dans le pied" !
Quand je vois ré-apparaître sur nos écrans de télévision les Martine A ou Elisabeth G ou autres égéries du social-irréalisme (liste à laquelle je me dois de rajouter, pour ne pas paraître misogyne, notre ex-"premier ministre de la France", Laurent F qui semble avoir fait son complet "coming-out" démago-trotskiste, convaincu qu'il est que seule cette posture lui permettra d'accèder à nouveau à de hautes responsabilité !) annonçant avec un aplomb sidérant que les 35 heures ont créé des emplois, je m'étouffe.
Pour ce qui concerne les bas salaires, cette réforme a induit une hausse artificielle et instantanée du coût horaire de 10%, rendant certains postes encore plus fragiles (beaucoup de ces "jobs" ont d'ailleurs été "outsourcés" et/ou mutualisés de façon à limiter l'impact économique de la hausse des coût et ce, sans aucune création d'emploi nette voire le contraire) et la création de nouveaux postes encore plus illusoire.
Un bon exemple de ceci concerne les caissières d'hyperpermarchés que des équipements de caisse nouveaux ont permis de rendre plus efficaces et qui, grâce à des logiciels d'optimisation sophistiqués (tenant compte de la fréquentation de ces grandes surfaces), ne travaillent que 35 heures (pour celles qui sont à temps plein) sans pour autant être plus nombreuses... Des investissements faits par les entreprises de la grande distribution sans aucun bénéfice net pour lesdites entreprises (juste un maintien au mieux des marges opérationnelles), ni encore mois pour nos caissières, qui ont certes quelques heures de temps libre en plus, mais, pour les plus malchanceuses, un salaire gelé sur quelques années !
Dans la fonction publique, il ne s'est agit, très souvent, que d'une simple régularisation pour des employés qui travaillaient déjà 32 heures et, dans d'autres cas, de véritables casse-têtes pour des chefs de service ayant l'impression de voir leur effectif "fondre au soleil" (l'exemple des hôpitaux est à ce titre édifiant) tant une application rigoriste de la mesure en superposition des fameux "avantages acquis" rend la période effective de travail courte et irrégulière.
Pendant la saison 3, le passage aux 35 heures a (et c'est heureux) été stoppé pour les petites entreprises, quelques éléments de flexibilité ont été donnés aux entreprises (capacité à mobiliser plus d'heures supplémentaires) et les exemples de Hewlett-Packard ou de Bosch France ont montré que la re-négociation était envisageable mais le mal est fait...
Nous voyons et entendons notre classe politique (de tous bords) psalmodier quelques prières pour déclencher une croissance qui reste très insuffisante. L'explication est ultra-simple: la croissance est le résultat d'un accroissement de la productivité permettant à la fois d'être compétitif (produire au bon coût) et/ou de créer plus de richesse "per capita" (vendre quelque chose qui a plus de valeur). En ayant augmenté le coût horaire et/ou diminué le nombre d'heures travaillées, on a forcément handicapé la croissance. Qui plus est, en ayant limité la création de richesses, on n'en a moins à répartir que ce soit via l'économie réelle ou le système de redistribution étatique.
Quand on reconnaît que cette réforme a été mise en oeuvre en pleine période d'accélération de l'ouverture des marchés mondiaux ("diaboliquement" appelée globalisation ou mondialisation), on est choqué par son caractère "utopique", "naïf" voire "suicidaire". Un peu comme si nous avions proclamé: "les coureurs français vont continuer de participer au Tour de France mais auront dorénavant des plus petites roues que les autres" !
C'est le "triple effet kiss 35 heures": moins de richesses à partager au sein d'un pays moins productif dans une économie mondiale plus compétitive.
Et pourtant c'était "cool" d'avoir 10 jours de RTT...
Je ne sais pas quel sera le scénario de la saison 4, mais je suis sûr d'une chose: on a intérêt à se remettre boulot !
Quand on reconnaît que cette réforme a été mise en oeuvre en pleine période d'accélération de l'ouverture des marchés mondiaux ("diaboliquement" appelée globalisation ou mondialisation), on est choqué par son caractère "utopique", "naïf" voire "suicidaire". Un peu comme si nous avions proclamé: "les coureurs français vont continuer de participer au Tour de France mais auront dorénavant des plus petites roues que les autres" !
C'est le "triple effet kiss 35 heures": moins de richesses à partager au sein d'un pays moins productif dans une économie mondiale plus compétitive.
Et pourtant c'était "cool" d'avoir 10 jours de RTT...
Je ne sais pas quel sera le scénario de la saison 4, mais je suis sûr d'une chose: on a intérêt à se remettre boulot !
15 Comments:
Les cinq fois sept et la règle de trois. Une sorte de pierre philosophale inversée...
Excellent article. Il présente parfaitement l'impact économique. Je soutiens que le plus dévastateur fut dans les têtes. Je reprends ce que j'ai dit en commentaire dans l'article Précédent relatif à la politique: « L'économie et la pensée du caillou »
L'homme est entre passé et futur, il est souvent pris entre culpabilité vis à vis de l'acte passé et peur de l'acte présent pour ses conséquences futures, également peur de l'avenir dont les mécanismes lui semblent obscurs. Cette conjonction se vit différemment suivant qu'il se réfère à un abord « processus » (création de nouveautés changeant les règles et évolutions de solutions changeant les opportunités) ou bien à un abord « caillou » (un immuable avec des choses le dépassant, ballotté par les événements sans prise sur eux, chose et fatalité).
Dans le premier cas l'homme n'est pas inhibé, il réalise des anticipations positives qui sont et les causes et les conséquences de ces processus. On doit comprendre cela comme vice et versa et non plus causalité, il y a co-évolution progressive, l'anticipation met l'individu en état d'agir et le guide, l'acte donne corps à l'anticipation.
Dans le second cas il est assailli, il est objet de, il se limite, il s'auto-censure, il devient ce qu'il pense être, chose bousculée par les événements du monde, là également co-évolution mais régressive.
Le phénomène de croyance en, d'anticipation positive est a la base de l'économie, comme également le fait que rien n'est coince dans le passe, ni immuable passé ni impossible avenir. Si l'on se pense objet on le devient, les choses ne peuvent évoluer, rien ne peut émerger. Ainsi du travail « chose » il faut donc rendre la chose sécable entre les parties, c'est la pensée qui fonde les trente cinq heures. Ayant mis cela en place, on rend le travail non plus processus de création ou d'évolution mais chose, on n'a plus besoin de projection dans l'avenir et ce présent est ce qu'il est parce que le passe l'a défini chose. Nous voici pris dans la destruction de ce qui fait avancer l'homme.
Le travail est donc chargé de valeur négative, comme l'entreprise ou on l'exerce, comme l'économie comprise comme l'écosystème dont il faut a tout prix sortir, et l'on y arrive parfaitement bien!
Ce propos dépasse les trente cinq heures. A bien y regarder on peut voir l'impact de la croyance sur les sociétés, la foi déplace bien des montagnes, et inversement. La pensée de Weber relative aux fondements du capitalisme, et inversement. C'est l'anticipation d'un intérêt qui motive le placement dans un projet, faut-il le dire, et inversement. C'est également l'anticipation d'un résultat qui mobilise le chercheur ou l'innovateur et le mène là où même il ne pensait pas aller, car ce qu'on cherche est ce que l'on trouve. Tout ceci est en totale opposition à ce déterminisme a priori, à ce relativisme qui voit le zéro sous-jacent à tout, à cette auto-inhibition, matérialiste et in fine nihiliste.
A bien y regarder, la pensée des trente cinq heures est bien nihiliste. Il y a là un pan entier de la pensée française qui est bien à qualifier de noir. Cette destruction de valeur, s'accompagne du renforcement clanique de l'aristocratie d'Etat qui a poussé son coin dans l'économie, dans l'entreprise. Etat qui parait d'autant plus nécessaire aux gens mal informés et maintenus dans cette chosification, que cet Etat apparaît sauveur de la veuve, de l'orphelin, rempart contre le travail l'entreprise et l'économie (maintenant chargés de valeurs négatives). Gens de l'Etat qui en cercles successifs se croient chargés d'une mission légitime et juste, alors qu'elle n'est que cynique et manipulatrice, jouant ces derniers comme pions pour en contrôler d'autres et maintenir l'aristocratie d'Etat impavide, en place et en son périmètre immuable, en son contrôle sur la société dans tous ses rouages, le rêve enfin achevé des mécaniciens sociaux à la fois horlogers et géomètres, chosifiant et manipulant les hommes.
Les trente cinq heures sont donc une déclinaison de ce que je disais être la chosification. Ayant crée cet environnement et notre homme n'ayant pas changé de nature, se percevant pris entre mémoire du passe et anticipation de l'avenir, au bout d'un temps, sa mémoire n'est plus chargée que de cette référence négative (chosiste), il n'a plus que l'expérience des trente cinq heures. De l'autre côté, la société ayant inhibé l'acte créatif, le futur lui a échappé, l'économie s'est racornie, et il n'en a plus que cette perception négative. Le mécanisme se déploie ainsi et s'auto-justifie. Tout semble bien se consolider, il faut donc continuer ainsi, sauver l'homme (chosifié) de cet enfer (la réalité) en maintenant la chosification, justifiant la place prépondérante des chosificateurs qui feront tout pour que soit partagée la perception négative de l'économie et soit acceptée la pénurie inéluctable. Plus l'homme avance dans le temps et en cet écosystème et plus il devient inhibant, plus la société devient pauvre et plus le cercle devient vicieux, les acteurs demandant la continuation de cette inhibition pour s'en sortir : contradiction interne. (Scénario similaire à celui de l'URSS)
Ce nihilisme détruit la propension des hommes a agir, a créer, à se dépasser. Tout se vaut. Puis on baisse les bras de partout et tout dérive comme dans les hopitaux par exemple où le quota atteint on tourne le dos ce qui est fondamentalement incompatible avec une activité totalement aléatoire et imprédictible, bref réelle.
Rappelons que la pensée « processus » réalise exactement l'inverse, l'adaptation permanente et la création de gâteaux toujours plus gros et de nouvelles recettes. La chosification génère des gâteaux toujours plus petits, toujours les mêmes recettes et l'on assiste de façon répétée au combat des affamés pour les miettes.
Nous n'avons donc pas en ce pays un bipartisme de gouvernement en Démocratie mais nous avons un affrontement entre doctrines du passé pour le contrôle des hommes.
Le matérialisme poussé ainsi tend vers le nihilisme, la gauche est en refus de ce temps et du monde réel. Elle veut changer l'homme, la société et la réalité doit se couler dans le moule chosiste. Notre Démocratie n'est donc pas achevée car les chosistes largement minoritaires dans la société, mais nombreux dans les rouages d'Etat et dans cet Etat-bis qu'est l'ensemble des "machins" et des activités préservées, ils fournissent la majorité de la représentation politique, elle même démultipliant le discours chosiste, et sur longue période car en ce système on fait carrière à vie.
Ce qui est grave c'est de voir les non-informés reprendre en coeur le credo des manipulateurs chosistes. Tout ce que l'on voit de manifestations n'est que la demande par des gens crevant de peur, victime de stress négatif, de cinq minutes encore de cette illusion qu'est devenu le systéme français, empilement de mensonges, de bureaux, de textes
De façon encore plus synthétique (mais englobant les 35 heures):
Les régimes qui ont brisé la liberté, encadrant l’homme dans ses moindres gestes, ses actes et ses pensées, ont à la fois détruit l’économie de leur pays tout en étouffant le ressort fondamental de l’innovation, sans laquelle aucune croissance économique ne saurait être durable.
Les Etats totalitaires détruisent la liberté individuelle en la supprimant purement et simplement, l’Etat se proposant d’administrer toute l’économie du pays.
Les Etats providences agissent plus sournoisement, offrant au peuple une "sécurité sociale" en échange de sa liberté, substituant la responsabilité collective à la responsabilité individuelle.
Dans le premier cas, les individus ne peuvent plus agir ; dans le second cas, les individus ne savent plus agir. Pire ils ne savent plus évaluer leurs actes. Ne sachant plus étalonner les différentes "choses" tout dérive ainsi dans le relativisme et la médiocrité.
Dans les deux cas, l’innovation n’a plus de raison d’être si ce n’est dans le cadre de prestigieux programmes technologiques destinés à flatter le pouvoir en lui donnant les outils plus sophistiqués du contrôle social. Le problème vient de ce que cela se déroule sans bornes économiques, sans même parfois d'étude économique de marché. On doit ensuite payer des systèmes pour écrire la réalité officielle. L'Etat enfin fournit les moyens supplémentaires pour cela à mille "machins".
La seule voie qui ait un sens, c’est l’économie de marché, solution fragile entre l'Etat totalitaire et l'Etat tutélaire. Car l'économie de marché ne peut s’épanouir que dans le cadre des institutions de l’Etat de droit fondées sur le principe de séparation des pouvoirs et dont l'architecture institutionnelle doit être proclamée vigoureusement par une Constitution claire; Etat devant pour pouvoir être arbitre ne pas être partie.
Or ce n'est pas le cas; les décisions sont biaisées et donc la confiance est trahie. Le contrat n'est pas clair. L'économie échappe.
On doit redécouvrir que l'homme a besoin de Croyance et de Liberté pour réaliser de grandes choses, il a besoin de mémoire mais qu'elle ne le bloque pas, car nous vivons aspirés par l'idée que nous nous faisons du futur. Il en a besoin pour vivre et ce n'est certainement pas un Prêtre, un Religieux de façon plus large qui dirait le contraire.
Oui les français sont mal partis, guidés à l'envers par la faute des « chosistes ».
On peut ainsi décliner les 35 heures, la retraite à 60 ans et plus généralement le réductionnisme pensé d'en haut, imposée, plaqué sur le monde réel, depuis un clan au dessus du phénomène en question, au dessus des hommes.
Nos génies en question, cités dans l'article, mais également ceux qui dans l'économie ont fait pacte contre préservation réglementaire en économie de connivence sont bien à l'origine de ce qui faut appeler le désastre économique et moral français.
Aubry, une (des nombreuses) plaies de la france...y a pas de mots...
@anonymous2 Sainte Martine est arrivée au pouvoir. Le problème se pose ainsi : comment peut-on générer une représentation aussi nulle, aussi idélogique, aussi destructrice? Deuxio comment contrebalancer?
Un début d'explication serait ce clanisme étatique et étatiste, une dérive clanique et sectaire. En fait ce petit monde "microcosmique" présente bien les caractères d'une secte telle qu'on les définit en ce pays ;-) On crée ainsi une sorte de société à irresponsabilité illimitée, qui est l'équilibre réellement atteint lorsque les Etats providences agissent sournoisement, offrant au peuple une "sécurité sociale" en échange de sa liberté, substituant la responsabilité collective à la responsabilité individuelle. On voit donc n'importe quoi se faire depuis une pensée "idéalisante" (telle celle marxiste), une ultra simplification par biais "mirror imaging", c'est à dire en référence seulement à ses préférences, dans la confusion entre faits et idées. Ajoutons la stricte tactique "élective" (sur fond d'ambition démesurée de gens assez nuls en fait, et hélas tous formés "clones" au travers des mêmes structures et d'un enseignement formaté, fermé, réificateur), tactique visant à caresser dans le sens du poil, de la facilité et flattant des aspirations partagées des électeurs, un oeil sur le "sondage" de popularité; la justesse importe peu seul compte le chiffre issu du sondage après la proclamation idéologique (je déclare que la solution est les 35 heures, les RTT, la retraite à 60 ans et 55 parfois, les taggeurs sont des génies méconnus, tout se vaut donc notons entre 10 et 16 pas entre 0 et 20); déclarer les trente cinq heures et plus cool et donc plus rentable à cette aune que dire l'allongement nécessaire de la période travaillée dans une vie, le recul necessaire de l'âge de la retraite. Le problème comme dis plus haut est le dégat dans les esprits d'abord, se déclinant en différentes "saisons", en différents actes, le dernier étant le coût à long terme, (ce qui se voit crée un bénéfice de court terme et également pour le politique démagogue, ce qui ne se voit pas dépasse l'horizon du mandat visé et la masse est assez oublieuse vite... En référence à F. Bastiat). Seulement dans un monde où tout se vaut où l'on a tout brouillé, tout rendu illisible et labyrinthique peuvent vivre et se survivre les idéologies en question, monde de combines et petites cuisines dont sortent quelques miettes, médiocratie triomphante!
Tout ceci vient d'une inculture économique, avec ses biais keynesiens et interventionnistes. En d'autres pays personne ne serait écouté, ici il y a une audience et pire que cela une propension à se laisser "enfumer" qui révéle bien que l'éducation fut également une désinformation, et que les media peuvent demultiplier le terrain étant réceptif!
C'est à mon avis l'origine de toutes les plaies!
L'enseignement de l'économie est une nécessité, mais dans la pensée de l'organisation chargée de la mission éducatrice, cela serait biaisé. Mieux vaut alors réaliser cela de façon transverse, indirecte par les moyens actuels multimédia associés à la notion de loisir et pouvant atteindre tous sans avoir à se déplacer (Internet, TV, ce Blog, le contenu que nous y mettons). Anonymous1
très bon article, très pédagogique.
L'autre jour, j'étais entrain d'écrabouiller la gueule d'une vermine hitléro-libérale capitaliste de droite, quand je me suis posé cette question : pourquoi ces ordures nous font-elles chier même mortes en giclant partout ?
Fier fonctionnaire communiste
Chacun pense ce qu'il pense et l'exprime à sa façon. Je vous ferais simplement remarquer que personne n'a jamais imaginé que je sois "hitlero" et que si les libéraux-capitalistes avait été "hitlero" l'histoire aurait été fort différente...
Pour une fois je ne partage pas totalement l'opinion de JDCH sur les 35 heures. A mon sens, les dégâts ne sont pas au niveau du coût du travail mais plutôt au niveau de la perception du travail comme une contrainte dont il faut réduire les effets pour permettre aux salariés de « vivre ». Le sous-jacent étant qu’on ne peut s’épanouir que dans les loisirs et hors du travail.
L’entreprise et les heures de boulot sont devenus des moments qu’il faut limiter au strict minimum puisque ce n’est qu’un moyen de subsister. Et gare à celui qui fera du zèle …
Aujourd’hui, la politique des RTT et leur mode de gestion est une question très fréquemment posée aux recruteurs aux entretiens d’embauche, même par les jeunes dont c’est le premier emploi ! Avant on discutait salaire et à la limite on demandait le type de mutuelle mais seulement quand on est myope et gourmand comme moi car on pensait au remboursement des lunettes et des dents… Sans pousser le bouchon trop loin, avant les 35 heures, on ne savait même pas avec précision combien d’heures on travaillait (Probablement moins vrai dans l’industrie lourde).
Martine était dans son rôle de faire cette proposition mais le patronat et à leur tête « Le Baron » ont été en dessous de tout. Ils ont plongé dans le piège du fossé entre employeur négrier et pauvre travailleur exploité. Leurs arguments étaient bien sûr objectifs et économiquement imparables, ils ont bien exploité la peur de la compétitivité et du mondialisme mais le débat n’était pas là. On ne peut opposer du rationnel à des sentiments, c’est une des premières règles du management. Dommage que les défenseurs du 39 heures l’aient oublié.
Je me console aujourd’hui en me disant que la productivité n’est pas une question de nombre d'heures mais une alchimie entre la motivation et la bonne adéquation entre la tâche et celui qui l'accomplit.
J’attends avec impatience le moment où je vais devoir démontrer à mes enfants que le travail est aussi agréable que le loisir. Je crois que je leur raconterai l’histoire suivante :
Un gars arrive dans un chantier et voit trois ouvriers en train de casser des pierres. Il leur demande à tour de rôle de décrire ce qu’ils font :
. Le premier lui dit qu’il casse des pierres. Le second qu’il exécute
1. « Je casse des pierres » dit le premier
2. « J’exécute un ordre » dit le second
3. « Je construis une cathédrale » répondit le dernier
Bref ce n’est pas la productivité seule qui a été touchée mais bien tout le rapport au travail dans notre société qui a été noirci. Merci Martine toi qui ne travaille sûrement pas 35 heures par semaine pour assouvir tes ambitions et t’épanouir.
Goldo,
je partage to avis à la fois sur:
-les dommages collatéraux dans la perception du travail dans notre société;
-le fait que la motivation individuelle a plus d'impact sur la productivité que le nombre d'heures travaillées dans de nombreux jobs ayant une forte composante intellectuelle ou relationnelle.
L'objet de mon post était surtout de démontrer que "la création d'emploi via les 35 heures" était une vaste supercherie assortie d'un effet "pas forcément intuitif" de destruction de croissance et d'emplois.
Hé le fier fonctionnaire communiste n'écrabouille pas trop d'hitlero liberaux ce sont eux qui payent ton salaire. sinon tu vas devoir travailler plus et payer des impôts.
Destruction de motivation = destruction des hommes réels, leur réduction en objets indifférentiés; mais également destruction du "moteur" : leur propension à générer "l'anticipation positive du résultat". Nous sommes d'accord.
35 heures : saison 5
Economie bloquee, (voir également commentaire sur l'article concernant les Sushis : Les "idiots utiles), propension installé à l'assistance, à l'homme assis, destruction de valeurs (dans les deux sens du terme), productivité et propension à (se) dépasser en berne, et ceci dans une économie mondiale en pleine expansion. Double régression, à dynamique interne et externe. Rupture imposée de l'extérieur.
35 heures : Saison 6
Rupture imposée de l'extérieur.
40 heures, Retraite à 67 ans... : Saison 1
La saison 6 démarre bientôt ?
Je suis dans cette perspective deja! Le travail n'est pas une chose negative pour moi. Pour ce pays, tout depend, si en 2007 le candidat arrivant au pouvoir arrive en conjonction avec une demande exterieure de remise d'ordre en interne (europe ou fmi). Si oui c'est 2007. Sinon c'est le lent racornissement et la fascination du declin. Jusqu'a 2012 ou, alors, le mal serait devenu gravissime ou bien l'illusion totale (choses identiques en fait). Donc Saison 6 ou bien saison 6 suivi de saison 7. En ce sens c'est mieux ecrit que plus haut, deux options.
Vu ici
http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_travail.htm
En faisant la moyenne de tous les emplois à temps plein ou partiel,
les Français travaillent plus (36,3 h),
que les Américains (33,8 h),
les Allemands (33,6 h),
les Espagnols (33,2 h),
les Anglais (31,7 h),
les Hollandais (29,2 h)
et d'autres,
en faisant la moyenne de tous les emplois à temps plein ou partiel.
La durée moyenne du travail, pour l'ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel, est de 32 heures par semaine en Grande Bretagne et de 36,28 heures en France.
http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/32h.htm
En valeur ajustée des variations saisonnières, la durée hebdomadaire est en moyenne de 32,1 heures pour l'ensemble des travailleurs britanniques, soit :
37,2 heures pour l'emploi à temps complet,
15,7 heures pour l'emploi à temps partiel.
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