Le travail, c'est la santé économique...
Parallèlement, j'ai entendu lundi soir notre Sarkoléon national interrogé par des citoyens Français sur TF1 décrire une nouvelle "usine à gaz" qu'il a inscrite dans son programme par laquelle les salariés effectuant des heures supplémentaires au delà de la durée légale de 35 heures échapperaient à l'impôt (sachant qu'il s'agit probablement de l'IRPP que plus de 50% des Français ne paient pas et que ce pourcentage approche sans doute les 65% pour les salariés concernés par la notion d'heure supplémentaire !) tandis que leurs employeurs n'auraient pas à acquitter de charges sociales sur lesdites heures supplémentaires (sachant que le bilan des allégements de charges sociales consenties aux entreprises, d'une complexité déjà indigeste pour les horaires de base, est plus que controversé notamment lorsqu'il s'agit des grandes entreprises). Je ne parlerais pas plus ici des complexités comptables et administratives induites par un tel mécanisme mais les responsables de la paie au sein des entreprises concernées, les agents du fisc et les contrôleurs de l'URSSAF confirmeront sans aucun doute qu'il entraînerait la perte de leurs dernières cheveux.
Nous sommes donc ici dans un face à face entre une volonté mollement affichée des Français de travailler plus et un candidat à la Présidence de la République qui propose une solution que seules les grandes entreprises sauront administrativement appliquer. Nous filons certainement un mauvais coton ! Je vais finir par soutenir Démagolène qui est restée jusqu'alors dans le "crypto-elliptique" avec son "remettre à plat les 35 heures sans toutefois remettre en cause la durée légale du travail". Au moins avec elle, il ne se passera rien et rien ne sera plus compliqué qu'avant ! Ouf !
J'ai déjà écrit tout le mal que je pensais des 35 heures en matière de frein à la croissance (cf 35 heures: saison 4) et j'ai déjà essayé de démontrer que c'est l'emploi et le travail qui créent de la croissance pas le contraire (cf L'emploi crée la croissance, pas le contraire): je ne comprends pas pourquoi les seules pistes envisagées amènent complexité et consécutivement faible (voire nulle) efficacité. Il y aurait pourtant une réforme simple à mettre en oeuvre...
Si la loi indiquait simplement que la durée du travail est fixée par contrat (le contrat de travail) ou à défaut par la convention collective applicable, que sont considérés comme emplois à plein temps tous les emplois entre 35h et 39h hebdomadaires ou entre 1600 et 1789 heures annuelles (ndr: le 1789 est un clin d'oeil), qu'au delà de la durée contractuelle, les heures de travail effectuées à la demande de l'employeur doivent être rémunérées en tant qu'heures supplémentaires, que le minimum horaire est le SMIC horaire et que la durée du travail ne peut être modifiée sans signature d'un avenant audit contrat, nous aurions un cadre législatif simple, souple et efficace qui pourrait avoir de nombreux bénéfices. Et ce, sans rentrer dans les méandres fastidieux et probablement sans impact de l'allégement des charges et du coup de pouce fiscal...
Que se passerait-il si une telle loi, dont la pérennité serait assurée et la compréhension par tous évidente, était adoptée ?
Dans un premier temps, un débat au sein des équipes de management et avec les représentants du personnel s'ouvrirait dans les entreprises ou les organisations professionnelles: a-t-on besoin que les gens travaillent plus ? une heure ou une journée supplémentaire apporte-t-elle une valeur ajoutée justifiant le surcoût salarial ? les syndicats sont-ils prêts à avoir un raisonnement économique ? le passage aux 35 heures s'est fait sans baisse de salaire, le retour aux 39 heures peut-il se faire sans hausse ? les salariés préférent-ils des revenus supplémentaires ou maintenir leur temps libre ? les salariés préfèrent-ils des heures supplémentaires irrégulières majorées de 10% ou un revenu supplémentaire fixe non majoré voir minoré en terme de taux horaire ? les accords en terme de modulation ou annualisation du temps de travail issus de la mise des 35 heures doivent-ils être prolongés vers plus de flexibilité ?...
Un vrai débat dans lequel se retrouvent confrontés l'intérêt économique des entreprises et les aspirations des salariés. Un débat auquel on ne peut apporter de réponse unique et technocratique tant les situations des entreprises et des salariés peuvent être variées. Un débat rafraîchissant dans un pays où la liberté de manoeuvre est minimale en la matière depuis des décennies et où chacun s'attend à ce que l'Etat légifère sur les détails.
A l'issue de cette période de palabres gaulois extrêmement profitable, les différentes branches professionnelles élaborent des recommandations plus ou moins précises incluses dans les Conventions Collectives correspondant aux différents secteurs d'activité et les chefs d'entreprise se déterminent sur l'application qu'ils doivent en faire et la nécessité de formaliser un accord d'entreprise avec les représentants du personnel.
Une grosse partie des entreprises décident du status quo: "on est aux 35 heures, on y reste", "on pourrait changer mais on ne préfère ne rien changer" sont les messages des directions des entreprises confrontées à un ou plusieurs des symptômes suivants:
- l'entreprise sans croissance ou en décroissance est en sur-effectif ou en passe de l'être: pas besoin de bosser plus, préservons si possible les emplois existants...
- le dialogue social avec les représentants du personnel ne mène à rien: on est dans un dialogue de sourds...
- les fonctions de "production" ont déjà été délocalisées ou vont l'être: pas de vague supplémentaire pour le reste du personnel...
- le lien économique entre temps passé et valeur ajoutée est trop indirect pour se coltiner un chantier compliqué: on n'a pas ce genre de problèmes...
En parallèle, les entreprises des secteurs de croissance fortement demandeurs de main d'oeuvre (tourisme-hôtellerie-loisirs, informatique, BTP, une partie de la distribution, services divers dont santé...) mettraient en place des plans originaux reposant sur un retour aux 39 heures (ou aux 1789 heures par an) pour certaines catégories de personnels ou l'intégralité de l'effectif et ce, sur la base du volontariat (signature d'un avenant au contrat de travail). Pour ces personnels volontaires, le dispositif combine:
- une modulation et/ou annualisation des temps de travail afin de coller au mieux au marché;
- une augmentation de 5 à 11% des salaires fixes: les plus bas étant les mieux augmentés en pourcentage;
- introduction d'éléments de salaires variables (primes, bonus) calculés sur des indicateurs individuels ou collectifs;
- introduction de plans supplémentaires d'intéressement des salariés indexés sur la performance économique de l'entreprise.
Les conséquences de tels mécanismes vertueux entraînent quelques mois plus tard non seulement une augmentation du chiffre d'affaires des entreprises concernées mais également une amélioration concommittante de la satisfaction des salariés et des clients et un renforcement de la confiance des dirigeants dans leur capacité à être ambitieux et donc à embaucher plus... Bref, pour ces entreprises libérées, ça repart...
On entend dans certains cafés le matin des "ma boîte va super bien, on est quasiment tous repassé aux 39 heures" auquel est répondu un "m'en parle pas, nous on est toujours aux 35 heures, ça sent pas bon..." Le croissant est toujours franchouillard mais la France a changé plus qu'il n'y paraît !
Ce serait simple la politique si nos hommes et femmes "au pouvoir" se contentaient de créer des conditions favorables à l'emploi et l'économie au lieu de vouloir "micro-manager" ce qui ne l'est pas.
Repris par
2 Comments:
Bonjour,
Comme vous êtes passé par mon blog, je fait mon petit tour chez vous afin de voir de quoi cela retourne et en fin de compte, ce qui me plait avant tout, c'est votre Bio,eh oui! A mon avis, vous avez très certainement raison quand vous dite que l'on va droit dans le mûr, ce qui d'ailleurs me fait peur.
De plus, je partage tout-à fait votre point de vu pour ce qui est des politiques et autres et caetera...
Cordialement.
JM
Les gens ne veulent pas bosser plus, car le peu qu'ils gagneront en plus, ils le devront aux impôts. Par conséquent un smicar célibataire qui ferait des heures supp' ne serait au final, pas récompensé de son boulot.
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