Etudiants gnian gnian
A chaque fois que les étudiants se mettent en grève, je déprime et je me dis que nous sommes vraiment mal barrés !
Il est difficile de savoir quelle est l'importance quantitative de la minorité d'étudiants raisonnant de travers et adeptes du tir dans le pied mais une chose est sûre: il s'agit, au sens propre comme au sens figuré, d'une minorité de blocage.
La raison ou le prétexte: l'abrogation de la loi Pécresse
Interrogé par Libération, un militant de SUD Étudiants déplore "l'introduction renforcée des entreprises dans les conseils d'administration. Ces entreprises vont influencer le contenu des cours, ce qui est en opposition avec l'idée d'un enseignement public". Cet effarant jeune homme a tout dit...
Mes lecteurs habitués à mes diatribes libérales anticipent sûrement le "pitch" qui va suivre. Donnons-lui, comme j'aime à le faire, une dimension parabolique et sportive.
Si l'Olympique Lyonnais est champion de France de football depuis le début du siècle, c'est, sans doute, pour beaucoup dû au fait que le club est géré comme une entreprise. Si le club doit beaucoup à son armada brésilienne (Juninho, Cris...), il a aussi su faire émerger de son centre de formation Benzema et BenArfa récemment appelés sous le maillot tricolore.
Dans une économie de l'innovation et de la connaissance, les universités, engagées dans une compétition de plus en plus mondialisée, sont, en dehors de France et de Cuba, les centres de formation des entreprises qui y recrutent... et le lieu de révélation des talents et des leaders qui font la richesse, l'énergie et la créativité d'un pays...
Ceci serait, selon notre SUDiste post-pubère, contraire à l'idée d'un enseignement public !
Quand, de plus, on voit le caractère modéré de ladite loi Pécresse (dont le contenu ressemble à ce que notre Démagolène nationale prônait en son temps...) et le fait que même l'UNEF (tout en appelant à une amplification du mouvement) ne revendique pas son abrogation, on comprend que tout ceci n'est que prétexte ou idéologie nostalgico-collectiviste.
Ai-je besoin de commenter plus avant ?!
La possible explication du blocage: la réforme des régimes spéciaux
D'ailleurs notre syndicaliste en culotte longue ne le nie pas forcément en ajoutant "Nous pensons effectivement que face à la volonté de Nicolas Sarkozy de remettre ne cause profondément les acquis sociaux de l'après guerre...".
Sait-il de quelle guerre il parle ?
Celle du milieu du siècle dernier dont il n'a connu que la dernière décennie ?
Pourquoi est-il si attaché au confort des retraités des GFI ?
Sait-il que lui et ses conscrits seront ceux qui devront subir économiquement pendant 40 ans ou plus les conséquences d'une non réforme de nos systèmes de retraite ?
Fait-il partie des violets avec une tête de jaune ?
On peut comprendre qu'il faut que "jeunesse se passe".
On peut également laisser nos successeurs apprécier le fait que leur période étudiante sera leur dernier moment d'utopie et de farniente.
On peut enfin comprendre que, influencés par de "vieux camarades de lutte", nos apprentis syndicalistes soient choisis et manipulés comme une arme face aux politiques qui détestent ne pas plaire aux jeunes.
On peut surtout affirmer que l'irresponsabilité collective dont une partie de nos compatriotes sont coutumiers va finir par ne plus être soutenable... Les 15 jours (ou plus) qui s'annoncent faits de blocage tous azimuts, dont nous allons être les témoins et victimes, vont nous coûter entre 0,10 et 0,20 points de croissance dans une économie déjà au bord de l'anémie...
Ce seront pourtant ces mêmes "minoritaires de blocage" qui revendiqueront, à nouveau, plus tard, pour se plaindre de la non-hausse du pouvoir d'achat et de la non-baisse du chômage...
Un peu de logique s'impose. Non ?
15 Comments:
Oui c'est assez affligeant de voir ça !
Lorsque j'ai été étudiante (entre 80 et 90 en école d'architecture) j'étais très surprise de voir des étudiants très actifs pour la distribution des tracts comme par exemple les jours d'inscription des nouveaux. Par la suite on ne voyait jamais ces étudiants, pourtant inscris à l'école, ni au cours, ni nulle part. Ils réapparaissaient comme par enchantement lors des grèves.
Bref je soupçonne que bon nombre d'entre eux se préparait tout bonnement à une carrière de syndicaliste et mystifiait les étudiants en leur faisant croire qu'ils veillaient à la défense des intérêts étudiants alors que se sont surtout leurs propres intérêts qu'ils défendaient.
Lors des grèves, on voyait les gars arriver avec une voiture bourrée de tract et je me disais qu'il fallait une sacrée organisation d'ailleurs tout ça pour assurer une telle logistique.
Il faut savoir qu'il n'y a rien de plus facile que d'embobiner l'étudiant de base, jeune, qui sort directement du lycée ou on lui a truffé la tête d'idées utopistes et idéalisantes et qui n'a pas encore d'expériences professionnelles. Sans compter que les cours de philosophie sont réduits au minimum, ce qui n'arrange pas le débat.
C'est un véritable cercle vicieux car en effet "ce seront pourtant ces mêmes minoritaires de blocage qui revendiqueront, à nouveau, plus tard, pour se plaindre de la non-hausse du pouvoir d'achat et de la non-baisse du chômage..." et ainsi la boucle est bouclée...!!!
Et oui à la Fac vous êtes comme dans un aquarium dans l'océan. Et y faire rentrer l'entreprise reviendrait à supprimer peu à peu l'aquarium.
Pour avoir été en Fac d'Arts Plastiques en 1995 je pense savoir ce que signifient niveau 0 de l'orientation (j'ai un bac D), filière-parking sans issue, jeunesse idéaliste et "minorité de chianlie".
A l'époque c'était l'UNEF et ses étudiants (?) bourreurs de crânes bourrés ; effectivement, c'est à pleurer.
La notion même de "grève étudiante" ne manque pas d'éveiller en moi une soif de comprendre la signification profonde de ce sublime paradoxe...
Jusqu'à preuve du contraire, pour faire grève, encore faut-il travailler.
Aurais-je omis quelque chose dans mon raisonnement ?
Nicolas
Entendu à midi sur Europe 1 de la part d'un étudiant gréviste à Rennes:
"Conformément aux directives de la Coordination Nationale, nous ne reconnaissons pas la légitimité (sic) du vote à bulletin secret!!!".
Comme aurait pu dire feu P. Desproges: "Etonnant, non!".
Que l’extrême gauche ne respecte pas la démocratie et les droits de l’homme, cela est parfaitement logique puisque ces mouvements ont toujours été en opposition philosophique avec ces valeurs.
Bien sûr aujourd’hui afin d’abuser les plus crédules, ils essayent de le cacher, mais leurs actes les trahissent inexorablement.
Remarquons simplement que c’est toujours les plus fragiles qui en pâtissent : Du travailleur d’un pays communiste plongé dans la misère ( celui d’un au combien odieux pays libéral ayant lui un niveau de vie bien plus élevé) alors que le dirigeant bénéficie des largesses de l’état, à l’étudiant français à l’avenir incertain ( celui en classe prépa puis en école d’ingénieur n’étant évidemment pas touché) encore plus enfoncé par des mouvements qui prônent comme dogme d’en faire toujours moins et d’exiger cependant la même récompense que celui qui fait un effort, au nom d’un idéal égalitariste faussement généreux.
L’extrême gauche n’a eu de cesse d’enfoncer ceux qu’elle prétend défendre.
Pendant ce temps les moins fragiles continuent d’avancer et l’inégalité sociale ne cesse d’augmenter. En trente an le pourcentage de fils d’ouvrier dans les grandes écoles est passé de 35 % à 5% !. Il ne s’agit pas de problème financier car le pourcentage en école normale supérieur a suivi le même chemin alors que l’ « élève professeur » est rémunéré ( env. 1400 € net/mois) et que la scolarité en classe prépa ne coûte pas plus cher qu’en BTS. Cela est le résultat d’une pédagogie idéologiquement très marqué qui depuis trente en mine l’école quel que soit le gouvernement en place. Celui dont le milieu familial permet d’y échapper aura forcement plus de chance de réussir en ne suivant pas les orientations politiquement marquées ( un exemple parmi tant d’autres : combien de parents d’élève ai-je pu entendre se plaindre que leur enfant soit contraint de travailler ( comprenez « d’étudier » ) plus de 35 heures ! De quoi on-t-il peur si on s’instruit plus de 35 heures ? Peut être de devenir intelligent et de ne plus voter pour le parti !)
Donner plus de liberté aux universités mais aussi d’une manière plus générale à toutes les structures de formation ( collège lycée etc..) ne fera qu’accentuer la différence entre ceux qui suivront ces idéologies et les autres avec le risque qu’un jour on s’aperçoive des dégâts engendrés : Au-delà des manipulations conjoncturelles, il est donc primordial pour ces mouvements d’éviter la possibilité de comparaison, comme les états communistes auraient aimé éviter la comparaison avec les états libéraux.
Bon, je sais, ça n'a pas vraiment de rapport, mais je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3222,36-975997@51-968940,0.html
Bonjour
pour moi, comme pour d'autres étudiants, l'université doit, avant d'être un réservoir de main d'oeuvre pour les entreprises, être un lieu où l'on acquiert des connaissances, une formation,...
Certains étudiants font des études d'histoire de l'art, ce sont des études qui n'ouvrent qu'un nombre rrestreint de débouchés par rapport au nombre de diplomés. Pour autant, je suis persuadé que ce sont des études passionnantes et très enrichissantes. N'est-ce pas également le role de l'éducation que d'éduquer les citoyens, les aider à se cultiver,...
Si la majorité des financements des facs relève demain du privé, ces fillières manqueront certainement de fonds.
Vous-même, polytechnicien, je suis persuadé que vous avez acquis durant vos études nombre de connaissances qui ne vous ont jamais servit durant votre vie professionnelle, mais que vous jugez tout de même interressantes.
Notre vie n'est pas uniquement centrée sur le travail.
Si on veut se cultiver, on peut aussi le faire aux travers des livres, cd roms, cds, expositions etc, etc, etc : pas besoin d'aller à l'université si c'est le seul but en soi.
Ca n'est non plus le rôle de l'université que d'éduquer les citoyens.
@ Kerri :
Je suis toujours surpris que l’on puisse faire grève sur une simple théorisation d’un futur supposé (« Si la majorité des financements des facs relève demain du privé, ces filières manqueront certainement de fonds »). A ce rythme là, on ne change jamais rien. A ce propos, avez-vous déjà entendu parler d’un pays qui s’appelle la France ?
Cela étant dit, je rappelle à toutes fins utiles que le rôle de l’Université n’est pas d’éduquer les citoyens. L’Université contribue à l’éducation, mais n’est pas l’éducation. Je vous ferais d’ailleurs remarquer qu’un système dans lequel le mode d’éducation est unique (et étatique), on appelle ça une dictature. Vous seriez probablement (et à juste titre), parmi ceux qui s’y opposerait.
Enfin, si effectivement vous êtes libre de parfaire votre culture sur un sujet donné par le biais de l’Université, il n’en reste pas moins que ça n’est pas son rôle premier. Comme vous le faite implicitement remarquer la culture s’acquiert aussi par d’autres voie, et c’est tant mieux.
Bref, ne considérez par l’Université comme ce que vous aimeriez qu’elle soit, et prenez là pour ce qu’elle est. Ni plus, ni moins.
Nicolas
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
très bien, je prends l'université pour ce qu'elle est.
Quelles sont les missions de l'université? elles sont définies par l'article L123-2 du code de l'éducation:
Le service public de l'enseignement supérieur contribue
[...]
3º A la réduction des inégalités sociales ou culturelles et à la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes en assurant à toutes celles et à tous ceux qui en ont la volonté et la capacité l'accès aux formes les plus élevées de la culture et de la recherche ;[...] et L123-3 poursuit
"Les missions du service public de l'enseignement supérieur sont : [...]
4º La diffusion de la culture et l'information scientifique et technique ;
. [...]"
la diffusion de la culture fait donc bien légalement partie des missions de l'université et n'est en rien une "utopie" que j'appelle de mes voeux.
Kerri, je vois que vous êtes d'accord avec moi : vous n'avez pas manqué d'inclure dans votre copié/collé le mot clef "contribue".
Mon propos initial se résumait dans la phrase "L’Université contribue à l’éducation, mais n’est pas l’éducation".
J’ajouterais par ailleurs que la notion de « diffusion de la culture » (que je n’ai pas, vous l’aurez remarqué, nié) ne préjuge en rien que l’Université soit le dépositaire universel et unique de cette culture. J’ai la faiblesse de croire que pas plus que moi, vous ne pensez que ce soit le cas. Bref, l’Université contribue à la Culture (notamment par sa diffusion), mais n’est pas la culture.
Je suis content de voir que le Code de l’Education lui aussi est d’accord avec moi.
Nicolas
l'université n'est certainement pas le dépositaire unique de tous les savoirs, je ne l'ai jamais prétendu. On peut s'instruire par d'autres moyens, c'est vrai, et il y a certainement des autodidactes bien plus instruits et cultivés que des docteurs en lettres.
Pour autant, il est faux de dire, comme vous, que "le rôle de l’Université n’est pas d’éduquer les citoyens."
Par les missions qui lui sont confié par l'état, il est clairement manifeste que la formation et l'éducation des citoyens fait bien partie des priorités de l'université. Évidemment, elle n'est pas la seule institution à le faire, nous sommes heureusement déja éduqués lorsque nous entrons dans une université (par la famille, l'école,...)
L’attitude d’une minorité fanatique et/ou politisée d’étudiants est vraiment révoltante, elle nécessite plusieurs précisions :
- étudier fait partie des droits fondamentaux des individus. Bloquer ceux qui désirent continuer d’étudier est donc une violation de ce droit qui ne dépend même pas d’une question de majorité : même plus nombreux les nazis n’avaient aucun droit de priver les juifs de leurs libertés (je ne parle pas ici uniquement du génocide, mais aussi des privations de liberté qui ont précédé)
- Le non-respect des règles démocratiques (car ils sont en plus extrêmement minoritaires) est une caractéristique intrinsèque de ces mouvements d’extrême gauche ( comme le disait Trotski : A bas la dictature de la démocratie !) Il révèle l’extrême dangerosité de ces mouvements qui considèrent qu’une minorité de personne pensant détenir la vérité doit imposer son dictat sur la collectivité.
- les AG sont essentiellement constituées d’extrémistes (pas toujours étudiants) suivis par quelques étudiants qui n’ont pas suffisamment travaillé pour avoir le niveau nécessaire pour les partiels et espérant ainsi profiter de la générosité habituelle des enseignants lors de ces mouvements (la loi a été votée cet été et comme par hasard ces mouvements interviennent pendant ceux liés aux régimes spéciaux et à l’approche des partiels…)
quelques précisions concernant la loi :
-La démagogie avait conduit à un déséquilibre dans les conseils d’administration où les étudiants avaient obtenu une représentation sans rapport avec les nécessités d’une bonne gestion indispensable pour apporter une bonne formation (donc une formation qui réduit les inégalités sociales) Contrairement à ce que l’on veut faire croire, il ne s’agissait pas de règles démocratiques : On comprend facilement qu’aucunes considérations démocratiques ne justifieraient que, par exemple, les étudiants ne choisissent à la majorité leurs notes : aucunes règles démocratiques ne justifie un tel pouvoir dans les CA, au contraire si les CA devait représenter le peuple ils seraient à l’image notre société avec beaucoup plus de professionnels !
- la crainte de « formatage » des idées si on resserre les liens entre entreprise et université : On peut constater exactement le contraire dans les formations : repliées sur elle-même, les formations qui se sont coupé du monde de l’entreprise « s’auto jugent »Elle permette certes d’obtenir des taux de réussite exemplaires mais n’ayant aucun contrôle externe la réalité montre qu’elles choisissent souvent de « formater » la pensée de l’étudiant afin qu’il répète bêtement sans ouverture d’esprit ce que ce système fermé attend de lui. Dans les formations beaucoup plus ouverte au monde de l’entreprise (par exemple les écoles d’ingénieur) on observe au contraire une grande ouverture d’esprit qui apporte d’ailleurs à ceux qui l’ont suivi une plus grande liberté personnelle quant à leurs choix professionnels.
C’est pour cela que les syndicats d’extrême gauche sont opposés à cette ouverture : il suffit de se souvenir que lors du mouvement contre le cne-cpe les personnes qui côtoyaient les entreprises (alternance, formation professionnelle, école d’ingénieur) n’avaient pas suivi le mouvement alors que ceux totalement déconnecter du monde professionnel (université, lycée) manipulés et aveuglés par des propos fascisant avaient déjà volontiers goûté au blocage (bien qu’opposé au cne-cpe j’avais été choqué par le discours des syndicats concernant les patrons qui aurait pu être repris pas les nazis simplement en remplacent le mot patron par juif : ils étaient -avec les actionnaires- la cause de tous les maux de notre société- la lecture de l’historien zeev sterhnell sur l’origine du fascisme est à méditer) En luttant contre cette loi il s’agit ici en réalité d’éviter l’ouverture afin de s’assurer la main mise sur la pensée des jeunes les plus fragiles !
vous divaguez totalement.
Vos comparaisons sont d'un fort mauvais gout et injustifiées. Comparer le blocage d'une université et la privation de liberté des juifs relève du n'importe nawak.
Ensuite déclarer que les bloqueurs sont "extrèmement minoritaire" ne suffit pas à en faire une vérité. Je suis personnellement opposé au blocage, mais les étudiant pour le blocage ne sont pas "extrèmement minoritaires":
-premièrement vous devez prendre en compte le fait que le principal syndicat étudiant (l'unef), appelle à "amplifier le mouvement" (et M.Julliard est loin d'être un troskyste).
-deuxièmement vous devez prendre en considération que dans plusieurs universités, des référendums internes, auxquels des milliers d'étudiants ont participés, ont été organisés pour décider ou non du blocage: ainsi à Rennes II, il y a eut 60% de voix contre et 40% pour la poursuite du blocage. 40% c'est minoritaire, certes, mais loin d'être extrèmement minoritaire.
Dans d'autres universités comme Anger, des votes à bulletin secret ont décidé la reconduite du blocage.
Que le mouvement soit minoritaire sur l'ensemble des étudiants de France je n'en suis pas sur, mais je suis sur qu'il n'est pas extrèmement minoritaire.
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