28 avril 2006
par JDCh


Service non compris

Différentes statistiques sont parues récemment annonçant que plusieurs centaines de milliers d'emplois seraient non pourvus dans les secteurs du service (Hôtellerie-restauration-tourisme notamment mais aussi, à une moindre échelle, service informatique) et du bâtiment travaux publics.

On ne parlera ici que des emplois de service à destination des particuliers qui (je l'ai entendu sur BFM cette semaine) représenteraient un potentiel de plus de 3 millions d'emplois en France si le particulier Français consommait autant de services que le particulier Américain. En gros, chômage réduit à zéro...

On peut, en fait, résumer la situation dans laquelle nous nous trouvons par deux assertions simples:

- les Français ne consomment pas autant de services que leurs homologues Américains parce qu'ils n'en ont pas les moyens;

- les Français ne veulent pas occuper des emplois de service car "service" a la même étymologie que "servus" (esclave en latin): avoir un tel emploi n'est ni valorisé, ni rétribué correctement dans notre culture.

Derrière ces 2 constatations à la fois économiques et sociologiques, on peut multiplier les anecdotes, les exemples et démonstrations que notre "système fiscalo-social" a su créer les conditions parfaites pour que le moins possible d'emplois de service aux particuliers soit créé ou maintenu.

Voici quelques exemples pas si anecdotiques que cela...

Les gardiens d'immeuble: une espèce en voie de disparition

Pour illustrer le fait que les Français n'ont plus les moyens, je prendrais simplement, et en premier, l'exemple des gardiens d'immeubles qui ont disparu au fil des années et qui ne subsistent que dans les grandes copropriétés (plus 50 appartements environ) ou dans quelques quartiers très huppés (et encore). Pas de gardien comparé à une acariâtre concierge curieuse et médisante, c'est certes mieux... mais quelqu'un qui surveille les allées et venues, qui récupère les lettres recommandées et autres colis postaux, reçoit un plombier quand on est pas là et s'assure que les parties communes sont propres, c'est beaucoup mieux.

Je n'ai pas étudié le cas économique du gardien d'immeuble mais il me semble qu'il est économiquement abordable pour une copropriété de 10 appartements dans la mesure où une partie de la rémunération est un logement à titre gratuit (qui fait partie de la co-propriété) et qu'on n'applique à cet avantage ni charges sociales, ni taxes... (ce qui n'est pas le cas puisque ledit "avantage en nature" est soumis à charges sociales moyennant un calcul complexe se référant à la Convention Collective des gardiens et employés d'immeuble).

Notre sur-réglementation est, en plus, passée par là: en effet, les avantages en nature du gardien (la loge en fait partie ainsi que sa facture d'électricité ou de téléphone) doivent rester à 100% à la charge du propriétaire (pour une raison qui m'échappe totalement puisqu'il semble s'agir de frais de fonctionnement) et les frais de personnels pour 25% à la charge des mêmes propriétaires s'il s'agit d'un gardien (0% s'il s'agit de personnel extérieur ! pour une autre raison qui m'échappe encore plus totalement). Ainsi, dès qu'un immeuble comprend quelques locataires, le poste de gardien est supprimé... N'importe quel grand gestionnaire de foncier locatif (type société d'assurances) lisant le décret correspondant (daté de 1987), supprime immédiatement tous les "jobs" de gardiens d'immeuble !

Notre État "réglementeur" se mêle vraiment de "trucs" qui ne le regarde pas ! Sous prétexte probable de protection du locataire, on empêche ce dernier d'avoir un gardien et surtout on rend "fragiles" des dizaines de milliers d'emplois !

Les rangeurs de cuisine: une espèce inconnue

Pour changer totalement de géographie, j'ai croisé en Californie, il y 7 ou 8 ans, un gars qui avait comme profession "expert en rangement de cuisine". Cet "expert" intervenait auprès de ménagères californiennes pendant quelques heures (je crois me rappeler qu'il facturait $100 de l'heure !) pour vider tous les placards et tiroirs de la cuisine et remettre tout en place en optimisant l'utilisation ultérieure des différents ustensiles et denrées alimentaires que l'on trouve dans une cuisine. Son expertise consistait à identifier que la machine à pétrir la pâte à pizza, étant utilisée rarement, devait se trouver en haut d'un placard loin de l'évier et qu'au contraire les "mugs" et les "corn flakes" pour le petit déjeuner devaient se trouver à portée de main !

Le gars vivait très bien, avait un beau 4x4, était extrêmement souriant et aimable et avait 2 ou 3 clientes par semaine (recrutée uniquement par bouche à oreille du type "he's wonderful. He changed my life!"): si je calcule bien, il devait se faire plus de $3,000 par mois soit plus de 2500€ ! Je suis prêt à parier qu'un tel positionnement serait difficile à tenir en France: combien de ménagères pourraient se permettre de dépenser quelques centaines d'euros pour avoir un tel service ? Si un nombre significatif en avait les moyens, combien de personnes seraient motivées pour effectuer un tel travail ? Beaucoup pour gagner les 2500€, beaucoup moins seraient "fiers" d'un tel "job" et beaucoup oublieraient que sourire doit être compris dans le service !

Le rangement de cuisines étant une "niche", n'y voyez aucune solution visant à régler le problème du chômage en France mais, avouez-le, le "gap" culturel est saisissant.

Le pourboire généreux qui permet de mieux vivre: interdit en France

Si je continue avec une comparaison franco-californienne, toute personne qui s'est installée, pour la première fois, à la table d'un restaurant (même modeste) aux États-Unis a été étonnée par le "hi guys ! my name is Kelly, may I help you ?" prononcée par une charmante jeune femme au sourire "ultra brite". Ce même client découvrant les États-Unis s'est gratté la tête en fin de repas pour savoir ce que "gratuity non included" pouvait bien vouloir dire et combien il fallait laisser de pourboire.

Le "gratuity non included" correspond à notre antique "service non compris" et le principe des "tips" (pourboires) est simple: 15% ou plus si vous êtes très satisfaits, 10 à 15% si vous êtes simplement satisfaits et moins de 10% (jusqu'à zéro) si vous ne l'êtes pas (ou pas du tout). Dans ce dernier cas, Kelly peut très bien vous faire la tête (c'est assez rare) mais surtout vous poser la question sur ce qui s'est mal passé: une "vraie" raison est alors à énoncer (genre "la viande était froide", "on a attendu trop longtemps"...) et Kelly compréhensive fera tout pour que cela ne lui arrive plus.

Il faut ajouter que Kelly qui vît à Los Angeles a aussi une petite carrière dans le cinéma, que ses revenus sont majoritairement composés des "tips" attribués par les clients satisfaits de ses services au restaurant, que certains vendredis ou samedis soirs elle gagne $300 dans la soirée et qu'elle ne paiera pas d'impôts sur cette somme: la version Californienne de l'"intermittente du spectacle", beaucoup beaucoup moins coûteuse pour la collectivité, beaucoup plus responsabilisante (c'est sûr) et "valorisante" (je le pense) pour la jolie Kelly...

Si l'on revient dans notre cher pays, le "service compris" a été, si je ne me trompe pas, imposé du temps de l'"ex" (VGE que je préfère pourtant de beaucoup à notre pathétique "futur ex"...) pour des raisons (peut-être louables) de défense du consommateur. Les 15% inclus dans le prix ont fait disparaître ou rendus totalement marginal le pourboire et notre état "rapace" a pu y appliquer toutes les taxes et cotisations qui caractérisent notre vénéré "système social" (la TVA sur ces 15% a été exclue pendant un certain temps puis remise en place plus récemment).

La rémunération d'un serveur Français, Gérard par exemple, quand on la compare à celle Kelly est quasi-totalement indépendante de la qualité de service perçue par ses clients (ce qui peut expliquer que Gérard est moins aimable que Kelly) et surtout, quand Kelly récupère $10 de pourboire c'est net de tout (pas de cotisations sociales, pas de TVA, pas d'impôts), alors que quand Gérard collecte 10€ de "service compris", au mieux seulement 3 ou 4€ iront dans sa poche (ce qui peut expliquer que Gérard est moins motivé que Kelly) et 6€ partiront en charges sociales et TVA ! "Big difference, huh ?"

Le "truc" simple qui marcherait: remplacé par un "machin" pas si simple

Je finirai sur le CESU (Chèque Emploi-Service Universel) dont nous venons de recevoir un carnet à la maison (après la naissance d'Emma-Sarah, on s'organise pour compléter la crèche avec un dispositif de garde qui n'est pas évident à finaliser). Ce CESU ressemble à notre Ministre Valenciennois prénommé Jean-Louis. Quand on lit la notice (comme quand on écoute JLB), on comprend à peu près rien ! Quand on la relit, on finit par comprendre que tout ceci est un peu plus compliqué qu'un simple chèque à remplir.

Il y a certes un chèque à remplir mais aussi un "volet social" à envoyer à l'URSSAF (qui effectuera des prélèvements sur mon compte bancaire, ce que je trouve assez angoissant quand on connaît la maison URSSAF) et il ne faudra pas que j'oublie de déclarer 50% des dépenses ainsi effectuées dans ma déclaration d'impôt sur le revenu 2006 en 2007. Il faut également que je calcule le "SMIC net en vigueur majoré de 10%" (pour les congés payés), que je ne dépasse pas 8 heures par semaines (sinon il faut que j'établisse un contrat de travail) et que j'attende d'avoir 70 ans pour être exonéré de charges sociales !

L'idée (lancée par Alain Madelin lors d'une des ses fugaces apparitions en tant que Ministre) était excellente mais nos fonctionnaires n'ont pas su aller au plus simple (si c'était simple, certains d'entre eux seraient moins utiles ?): un simple chèque comme je le pensais.

- Le taux horaire aurait pu être ajusté par le marché en fonction de l'offre et la demande;
- Le chèque pourrait valoir contrat de travail pour n'importe quelle durée par semaine;
- La réduction fiscale de 50% des dépenses engagées (avec un plafond de 15.000€ par an) aurait pu être une simple exonération de charges sociales pour ce type de services.

Je crois calculer qu'économiquement, le système de réduction d'impôt m'est plus favorable (avec cependant un décalage de trésorerie défavorable d'un an) mais une simple exonération de charges sociales aurait totalement atteint l'objectif de simplicité annoncé. Je suis sûr qu'un certain nombre de gens vont finalement renoncer à utiliser ce dispositif et, soit ne pas utiliser de service à domicile, soit continuer à "s'arranger au noir". "Mr Borloo, why don't you keep it simple and stupid ?".

Conclusion

Les exemples ci-dessus sont, j'en ai l'impression, assez illustratifs du fait que:

- la pression fiscale et le poids des cotisations sociales étant déjà bien trop importants dans notre pays pour les gens qui auraient les moyens de "consommer" du service au particulier, il faut introduire la "fluidité économique" qui va bien en aval dans la chaîne économique: pas de cotisations sur la loge de gardien ou l'assistante maternelle, ni TVA ni cotisations sur le "service" qu'il soit compris ou non...

- le culte du formulaire, des conditions limitatives, des plafonds, de l'abattement, du taux minimum... doit être éradiqué surtout quand la cible est le "particulier" et que celui-ci s'aventure à devenir un micro-employeur "légal"...

- le fait de rendre un service et d'être rétribué pour cela est à la base même de l'économie. Être gardien d'immeuble, serveur dans un restaurant, rangeur de cuisines, nounou... constituent des vrais "jobs" qui sont potentiellement rémunérateurs (surtout quand le service est bon).

- le rangeur de cuisine ou la serveuse californienne n'imaginent pas un seul instant qu'ils feront ces boulots "à vie". Il s'agit pour eux d'une opportunité à l'instant t qui sera suivie par d'autres plus tard. Le rangeur de cuisine ouvrira peut-être un magasin de fleurs et Kelly deviendra peut-être scripte dans un studio hollywoodien.

Chez nous,

- des allocations diverses sont touchées par des gens qui, par ailleurs, "bricolent au noir" (ou carrément vivent de trafic et de délits divers)
ou
- nous subventionnons massivement des emplois dit "aidés" dans des associations qui apportent un soit-disant "service à la collectivité": sauf exception, très peu utile au particulier !

C'est le système le plus absurde économiquement et c'est le notre.

Ceux, bien trop peu nombreux, qui travaillent "légalement" au service des particuliers, eux, il leur reste à... "tirer la gueule" !

Ces diverses constatations peuvent également s'appliquer aux "services au touriste". Nous sommes la première destination touristique du monde avec 75 millions de visiteurs par an mais chaque visiteur dépense lors de son passage en France 2 à 3 moins que lors de son passage dans d'autres pays... Je pense qu'on peut y voir les mêmes causes "fiscalo-sociales"...

Ce "post" s'appelle "service non compris", il aurait dû s'appeler "service incompris" !



24 avril 2006
par JDCh


Un député qui n'aime pas les sushis

Le groupe Japonais voulait ouvrir un second site à 65 km du canton d'Accous dont ce pathétique député UDF Lassalle est député...

Une affaire d'extension du "business" dans les Pyrénées-Atlantiques transformée en soit disant résistance à une délocalisation...

Les médias qui ont, comme toujours, fait dans le spectaculaire voire la désinformation plutôt que dans l'objectivité...

Le groupe japonais TOYAL qui déclare avoir perdu "toute confiance" en la France...

L'AFII (Agence Française pour les Investissements Internationaux) qui se déclare "trés inquiète" des conséquences de cette affaire notamment vis à vis des investisseurs Japonais en France...

Le contribuable Français (via l'Etat et les collectivités locales) qui paiera les surcoûts liés au fait d'établir les extensions à Accous et non à Lacq...

Notre pathétique président qui «se réjouit de l'accord conclu entre les pouvoirs publics et la société Toyal afin que cette société développe ses activités à Accous»,

...et Bayrou, aussi pathétique que le Président et que son député, qui confirme qu'il a bien compris ce que "liberté d'entreprendre" veut dire...

ON MARCHE SUR LA TETE !

François Bayrou salue "l'héroïsme" de Jean Lassalle

Le président de l'UDF François Bayrou salue "l'héroïsme et le sacrifice" du député centriste Jean Lassalle qui a observé une grève de la faim pour s'opposer à la délocalisation de l'usine Toyal située dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques.

Dans une lettre à "Jean de là-bas, Jean de la vallée d'Aspe", publiée par le "Journal du dimanche", François Bayrou parle de cette chose "folle et immense" qu'a été le jeûne de 39 jours dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.

"Ce n'était pas ce qu'on appelle aujourd'hui 'de la politique', pas des manoeuvres et du faire semblant. C'était quelque chose de très ancien, presque disparu, pas généralisable, et qui s'appelle l'héroïsme et le sacrifice", écrit le président de l'UDF.

Par cette "violence non violente", Jean Lassalle a "fait plier l'acier des volontés économiques et des indifférences politiques", poursuit François Bayrou.

"Pendant ces quarante jours, Jean de là-bas, tu as rallumé une petite flamme très ancienne, qui tremble, qui brille et qui dit qu'il n'y a pas de combats perdus", conclut-il.

Quelques heures après son hospitalisation, le député UDF a annoncé vendredi qu'il cessait sa grève de la faim après la signature d'un protocole dans lequel le groupe japonais Toyo Aluminium s'engage à maintenir ses activités dans son usine Toyal d'Accous (Pyrénées-Atlantiques).



21 avril 2006
par JDCh


35 heures: saison 4

Je pense que je me souviendrai longtemps d'un vol NYC-Paris en 1999, un samedi soir, dans un avion d'Air France quasiment vide.

Nous étions deux en classe "business" (Air France m'avait gentiment "upgradé"): un ecclésiastique en soutane avec un "look" à la Richard Chamberlain dans "Les oiseaux se cachent pour mourir" et moi, à l'époque faisant très régulièrement la navette entre la France et les US pour le compte de Cap Gemini. Le clergyman, lui, était Irlandais et était l'agent de liaison entre le Vatican et l'église catholique Américaine.

Je me suis toujours méfié des "curés" mais je dois avouer que la conversation avec celui-ci fut passionnante: nous parlâmes de l'internet, de Bill Clinton (Irlandais d'origine), de Jean-Paul II... pour en arriver aux 35 heures qui étaient au stade des négociations dans les grands sociétés Françaises (dont Cap Gemini). La conclusion de l'homme en noir fut limpide: "You (the French) are crazy !".

A l'époque, en tant que gestionnaire de P&L, je voyais très bien l'impact des 10 ou 11 jours de RTT que nous étions sur le point d'accorder aux salariés du groupe en France. Le modèle des SSII est des plus simples: les jours non facturables sont inclus dans le coût journalier. 10 jours de RTT constituaient une hausse de plus de 4% de celui-ci et il ne serait, sans doute, pas facile de le répercuter dans nos prix de vente dans la mesure où nous allions déjà demander à nos clients une réduction (théorique) de 24 minutes (passage de 39 à 37h) de la journée de travail de nos ingénieurs et consultants. La profitabilité nette allait naturellement se dégrader de 30% environ... Ceci dit, nous n'étions pas trop inquiets, le marché informatique connaissait une croissance extrêmement soutenue et nous embauchions massivement des jeunes ingénieurs qui allaient nous permettre de compenser sur le "volume".

Même si nous passions beaucoup de temps avec nos collaborateurs et nos clients pour "gérer" les changements induits par cette réforme au lieu de développer le "business" et notre carnet de commandes, je n'avais pas conscience à l'époque des dégâts "anti-croissance" que cette réforme des 35 heures poussée par la terrifiante Martine A (pas la joueuse de tennis, l'autre !)... Fin de la saison 1.

Puis sont venus le "bubble burst" (éclatement de la bulle) et le 11 septembre, le ralentissement violent par paliers successifs entre mi-2000 et fin 2003 du secteur informatique. J'avais quitté entre-temps le monde des SSII tout en restant proche de mes anciens collègues et j'ai vu successivement se dérouler le gel des embauches, le gel des salaires, les négociations dévastatrices avec les directions "achats" des grands clients, les licenciements par petites vagues puis via de plus vastes plans sociaux.

L'industrie informatique est coutumière de ces cycles à forte amplitude, elle n'y est pas forcément bien préparée car c'est une industrie jeune dans laquelle les "managers" sont avant tout des développeurs de "business" à l'aise dans les périodes porteuses et, surtout, elle est d'une "sensitivité" extrêmement élevée pouvant passer très rapidement d'un situation prospère à une situation déficitaire (quelques points de taux d'activité ou sur le prix journalier font la différence).

Les 4% de coûts supplémentaires induits par les 35 heures n'ont fait qu'amplifier cette "sensitivité", mettant les sociétés en situation de déficit plus vite, d'autant que les entreprises clientes confrontées à la même augmentation des coûts salariés étaient forcés de chercher chez leurs sous-traitants (SSII et autres) des économies compensatrices en baissant leurs prix d'achat de prestations sous-traitées. L'effet de ciseau classique s'est donc transformé en "double effet 35 heures", augmentant mécaniquement d'un facteur 2, 3 voire 4 l'ampleur des licenciements nécessaires pour permettre aux entreprises de tout simplement survivre... Fin de la saison 2.

Depuis mi-2004, l'industrie IT se porte mieux et a retrouvé un taux de croissance de 5 à 7% dans laquelle elle se remet à embaucher et où la loi de l'offre et la demande lui permet d'un petit peu mieux résister à la pression sur les prix imposés par les clients (sachant que la tendance à l'"offshore" préempte une partie encore faible mais inévitablement importante à moyen terme de cette croissance). Les 35 heures sont toujours là et n'ont toujours aucun effet sur la croissance, bien au contraire. Un petit exemple didactique l'illustre fort bien.

Prenons le département marketing constitué de 3 collaborateurs d'une entreprise informatique (ou d'un autre secteur). L'une de ses attributions est d'organiser des événements clients, disons un par mois sauf en juillet et août soit 10 par an. Avant le passage aux 35 heures, 10 événements étaient effectivement organisés. Depuis, l'équipe est toujours constituée de 3 collaborateurs (embaucher un collaborateur supplémentaire voudrait dire augmenter le coût de ce département de 25% au moins) et il n'y a plus que 9 événements par an. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'en Mai, la quasi totalité de l'équipe ainsi que la majorité des clients ne pensent plus qu'à "écluser" leurs jours de RTT ! Moins d'événements clients, c'est tout simplement moins de prospection commerciale et, par conséquence, moins de commandes... donc moins de croissance. Quod Erat Demonstratum.

Quand on sait que 75% des emplois du secteur "marchand" en France se situent dans le secteur tertiaire et que le sous-secteur des technologies est l'un des plus générateurs de croissance, on comprend la catastrophe qu'a constitué la mise en place de cette réforme soutenue par l'ensemble des syndicats de salariés adeptes multi-récidivistes du "tirage de balle dans le pied" !

Quand je vois ré-apparaître sur nos écrans de télévision les Martine A ou Elisabeth G ou autres égéries du social-irréalisme (liste à laquelle je me dois de rajouter, pour ne pas paraître misogyne, notre ex-"premier ministre de la France", Laurent F qui semble avoir fait son complet "coming-out" démago-trotskiste, convaincu qu'il est que seule cette posture lui permettra d'accèder à nouveau à de hautes responsabilité !) annonçant avec un aplomb sidérant que les 35 heures ont créé des emplois, je m'étouffe.

Pour ce qui concerne les bas salaires, cette réforme a induit une hausse artificielle et instantanée du coût horaire de 10%, rendant certains postes encore plus fragiles (beaucoup de ces "jobs" ont d'ailleurs été "outsourcés" et/ou mutualisés de façon à limiter l'impact économique de la hausse des coût et ce, sans aucune création d'emploi nette voire le contraire) et la création de nouveaux postes encore plus illusoire.

Un bon exemple de ceci concerne les caissières d'hyperpermarchés que des équipements de caisse nouveaux ont permis de rendre plus efficaces et qui, grâce à des logiciels d'optimisation sophistiqués (tenant compte de la fréquentation de ces grandes surfaces), ne travaillent que 35 heures (pour celles qui sont à temps plein) sans pour autant être plus nombreuses... Des investissements faits par les entreprises de la grande distribution sans aucun bénéfice net pour lesdites entreprises (juste un maintien au mieux des marges opérationnelles), ni encore mois pour nos caissières, qui ont certes quelques heures de temps libre en plus, mais, pour les plus malchanceuses, un salaire gelé sur quelques années !

Dans la fonction publique, il ne s'est agit, très souvent, que d'une simple régularisation pour des employés qui travaillaient déjà 32 heures et, dans d'autres cas, de véritables casse-têtes pour des chefs de service ayant l'impression de voir leur effectif "fondre au soleil" (l'exemple des hôpitaux est à ce titre édifiant) tant une application rigoriste de la mesure en superposition des fameux "avantages acquis" rend la période effective de travail courte et irrégulière.

Pendant la saison 3, le passage aux 35 heures a (et c'est heureux) été stoppé pour les petites entreprises, quelques éléments de flexibilité ont été donnés aux entreprises (capacité à mobiliser plus d'heures supplémentaires) et les exemples de Hewlett-Packard ou de Bosch France ont montré que la re-négociation était envisageable mais le mal est fait...

Nous voyons et entendons notre classe politique (de tous bords) psalmodier quelques prières pour déclencher une croissance qui reste très insuffisante. L'explication est ultra-simple: la croissance est le résultat d'un accroissement de la productivité permettant à la fois d'être compétitif (produire au bon coût) et/ou de créer plus de richesse "per capita" (vendre quelque chose qui a plus de valeur). En ayant augmenté le coût horaire et/ou diminué le nombre d'heures travaillées, on a forcément handicapé la croissance. Qui plus est, en ayant limité la création de richesses, on n'en a moins à répartir que ce soit via l'économie réelle ou le système de redistribution étatique.

Quand on reconnaît que cette réforme a été mise en oeuvre en pleine période d'accélération de l'ouverture des marchés mondiaux ("diaboliquement" appelée globalisation ou mondialisation), on est choqué par son caractère "utopique", "naïf" voire "suicidaire". Un peu comme si nous avions proclamé: "les coureurs français vont continuer de participer au Tour de France mais auront dorénavant des plus petites roues que les autres" !

C'est le "triple effet kiss 35 heures": moins de richesses à partager au sein d'un pays moins productif dans une économie mondiale plus compétitive.

Et pourtant c'était "cool" d'avoir 10 jours de RTT...

Je ne sais pas quel sera le scénario de la saison 4, mais je suis sûr d'une chose: on a intérêt à se remettre boulot !



19 avril 2006
par JDCh


Etre de droite, un tabou français

J'ai vu l'auteur de ce bouquin à la télévision ce week-end. Il débattait avec Joffrin du NouvelObs qui ne pouvait que reconnaître qu'un vrai débat démocratique ne peut avoir lieu si être de droite est "tabou".

Petit chiffre cité par Éric Brunet: seuls 6% des journalistes Français se déclarent de droite... ce qui explique la qualité de l'information (au sens objectivité et complétude) qui nous est délivrée quotidiennement...

Personnellement, je suis d'accord avec la fameuse phrase de Tony Blair devant notre Assemblée Nationale médusée « L'économie n'est ni de droite, ni de gauche » : je vais tout de même pas passer pour un facho réac !








Présentation de l'éditeur

Qui, en France, ose dire aujourd'hui : " Je suis de droite " ? Quel artiste ? Quel journaliste ? Quel enseignant ? Quel fonctionnaire ? S'affirmer de droite dans un pays, pourtant majoritairement... de droite, expose au risque d'être taxé de " réac ", voire de " facho " dans le monde de la culture, dans les salles de rédaction, à l'Education nationale, dans la fonction publique et la plupart des entreprises où il est de bon ton et plus payant de revendiquer son appartenance à la gauche. " Etre de droite " demeure dans de nombreux cas une maladie honteuse. Eric Brunet, journaliste à France 3 et auteur de plusieurs ouvrages dont La Bêtise administrative et 60 millions de cobayes, a voulu briser l'omertà et décrypter les codes, les hypocrisies et les mythes d'un tabou très français. Il a poussé la porte des " lieux interdits à la droite ". Il a rencontré des " clandestins idéologiques " qui ont été mis à l'écart pour leurs opinions politiques, jusqu'à voir leur vie sociale et parfois privée brisée parce qu'ils n'étaient pas de gauche. Un voyage paradoxal et stupéfiant dans une France bloquée et sectaire.

La biographie de l'auteur

Après un bref passage à « Thalassa », Eric Brunet commence sa carrière de journaliste comme reporter pour le JT de "La Cinq" présenté par Guillaume Durand. A partir de 1993, on le retrouve chaque jour sur France 3 pour l’émission d’humour "Drôles de crocos" qu’il anime avec Pascal Bruner et Jacques Maillot. Auteur de plusieurs ouvrages à succès sur la consommation dont "La Bêtise administrative" (Albin Michel) et "60 millions de cobayes" (Albin Michel), Eric Brunet est à l’origine d’un nouveau concept d’émission de défense du consommateur, « Sans concession », qu’il a présenté sur France 3 Paris Ile-de-France Centre en 1997. Il a apporté sa bonne humeur à "La vie d’ici, l’évènement" pendant 6 ans (France 3 Paris Ile-de-France Centre).



14 avril 2006
par JDCh


Le percolateur plutôt que la bouilloire

La récente crise (inachevée) déclenchée par le CPE montre qu'une mesure, qui aurait sans doute été bénéfique pour l'emploi des jeunes sans qualification professionnelle (ce qui ne veut pas dire "non diplômé" ce qui explique la mobilisation étudiante...), ne permet pas de réformer ce pays en commençant par la "France d'en bas".

Les 2 éléments majeurs proposés par le CPE en rupture avec le code du travail (période de consolidation de 2 ans, licenciement possible sans motivation) sont certes importants mais ne sont pourtant pas très "osés" en terme de réforme visant à réduire le chômage. En effet, on n'y retrouve aucun élément consistant à baisser le coût du travail (problème central de notre économie) si ce n'est le coût de la rupture du contrat qui est allégé (problème réel quand on sait qu'en moyenne une entreprise dépense un an de salaire pour se séparer d'un collaborateur mais économiquement moindre que le coût même de cet emploi). Une mesure, que l'on pourrait qualifier d'assez marginale, a donc mis la France en ébullition !

Comme le dicton populaire "café bouillu, café foutu" le laisse penser, on ne peut faire du bon café dans une bouilloire. Et si l'on essayait le "percolateur" ?

Si l'on envisageait des réformes qui touchent dans un premier temps les "privilégiés" qui ont un contrat de travail protecteur (cadres moyens ou supérieurs avec CDI), qui gagnent bien leur vie (disons plus de 60.000 € par an) et qui regardent aujourd'hui étudiants et syndicats se débattre sans se sentir concernés.

Si l'on analyse le bulletin de salaire de cette population, on s'aperçoit que, pour 100€ nets (mais imposables par la suite à l'IRPP !) touchés par notre salarié "privilégié", 90 à 100€ sont acquittés "en sus" par son employeur (suivant que l'entreprise est taxable sur les salaires - cas des secteurs de la banque, finance, assurance, santé et enseignement privé par exemple - ou non). Cette somme "exorbitante" part en cotisations salariales et patronales à des organismes divers tels que la Sécurité Sociale, les complémentaires Santé et Prévoyance, les différents régimes de retraites par répartition, l'assurance Chômage, l'Etat au travers de la CSG/CRDS et de la taxe sur les salaires et plus marginalement les Allocations Familiales. C'est ce ratio entre le net perçu par le salarié et le coût total pour l'employeur qui entrave de façon lourde (et malheureusement croissante depuis plus de 25 ans) notre économie.

Imaginons donc que la loi (le code du travail) autorise employeurs et salariés percevant un salaire supérieur à 5000€ bruts par mois (appelé, par la suite, "seuil Perco") à signer un "avenant Perco" au CDI qui les lie. Avenant par lequel les modifications suivantes s'appliqueraient:

- les 90-100€ cités plus haut sont ramenés à 60-70€;

- les 30€ d'économie sont répartis comme suit: 10€ pour l'employeur, 10€ en salaire net et 10€ en complément de retraite par capitalisation (bien évidemment non imposable);

- acceptation par le salarié de conditions de licenciement simplifiées et moins onéreuses (préavis plus court, indemnités conventionnelles et/ou transactionnelles réduites) assortie d'une prise en charge plus rapide par les Assedic des personnes éventuellement concernées mais avec des indemnités moins généreuses et avec une dégressivité plus rapide;

- contribution à la charge du patient portée de 1 à 10€ (non remboursés par la Sécurité Sociale ni par les mutuelles) par acte médical;

- points de retraite par répartition acquis au pro-rata des cotisations réellement payées (soit sans doute environ 25% de moins);

- abandon total ou quasi-total des éventuels jours de RTT obtenus suite aux fameuses 35 heures;

- renoncement éventuel à toute allocation familiale (ce renoncement est un peu factice dans la mesure où la plupart de ces allocations ne sont, en fait, pas allouées aux salariés au delà du seuil Perco).

Les bénéfices économiques d'une telle migration d'une partie de la population ayant un CDI vers celle ayant signé un avenant Perco sont évidentes:

- pour les entreprises, économie de plus de 5% sur la masse salariale et flexibilité supérieure pour se départir d'un cadre ne donnant pas satisfaction ou en cas de difficultés économiques;

- pour les salariés, amélioration significative du pouvoir d'achat et individualisation d'un complément de retraite;

- pour nos systèmes de protection collective, abaissement du coût lié notamment à une responsabilisation forte des bénéficiaires.

Les bénéfices pédagogiques seraient évidemment également très significatifs surtout si le taux de signature des avenants Perco devient significatif. Ce devrait être le cas dans la mesure où, en plus d'une adhésion naturelle et vraisemblablement "encouragée" par les employeurs, les nouveaux embauchés au dessus du fameux seuil Perco se verraient proposer non plus un CDI mais un contrat Perco.

Je ne pense pas que les syndicats de cadres oseront prétendre que quelqu'un qui, par définition, est un manager ou un expert n'est pas capable de prendre cette décision (celle de signer ou non l'avenant Perco), ni que le contenu proposé est un total "scandale" (pour reprendre les mots de Georges Marchais).

Après un tel déploiement sur 2 ans, un bilan serait effectué et une négociation convention collective par convention collective s'engagerait pour décider de l'abaissement du seuil Perco afin de "toucher" une population beaucoup plus large. On imagine volontiers certains pans de l'économie fixant, par accord conventionnel, ce seuil à 2000€ tandis que d'autres plus "verrouillés" le maintiendraient au delà de 3500€.

On peut même envisager que des négociations "win win" s'engagent spontanément pour les salariés en dessous du seuil Perco: une sorte de première dans les relations entre syndicats de salariés et les organisations patronales où chaque chose a un prix et un coût, où le "give and take" devient la règle et où l'efficacité du système collectif ne repose plus sur le "toujours plus de coûts".

Bien sûr, les oiseaux de mauvais augure rétorqueront que les premiers signataires étant des privilégiés qui ne coûtent quasiment rien à la collectivité (car ils sont en bonne santé et au travail), un "slump" dans nos déficits sociaux sera observé dans un premier temps: c'est juste mais, si cela dure, cela restera marginal et si, au contraire, le taux de pénétration augmente, cela deviendra faux...

Tout le monde comprend que, concernant le football, lorsque l'on est mené au score, il vaut mieux remplacer un défenseur par un attaquant que le contraire. En économie, c'est tout simplement pareil...

En étant encore un peu plus optimiste, on peut même imaginer que cet avenant Perco puisse s'appliquer aux hauts fonctionnaires (puis aux cadres de la fonction publique) en remplaçant le "deal" sur les conditions de licenciement et d'assurance chômage par une "prime de renonciation à l'emploi à vie" incitative (1 an de traitement au moins versé en cas de démission) permettant d'abord de "dégraisser" (je fais exprès d'utiliser un terme provoquant) nos effectifs publics jusqu'à être obligés de recruter des gens issus de l'économie de marché en remplacement des démissionnaires: enfin de nouvelles aventures pour les fonctionnaires de formation et du sang neuf dans les couloirs de nos administrations !

Quant aux défenseurs ardents et bornés de l'égalitarisme qui iront probablement jusqu'à dire que cette mesure est encore faite pour "privilégier les privilégiés", il faudra leur dire qu'il leur appartient de descendre dans la rue pour réclamer sa généralisation !

Je terminerai sur un démenti. L'"avenant Perco" ne s'appelle pas "avenant Sarko". Je ne suis pas un fan de Nicolas S qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable de son passage à Bercy. Ce monsieur est le seul à parler de scénario de "rupture" ce qui me paraît sympathique. Saurait-il envoyer aux oubliettes nos traditions colbertistes, jacobines et finalement démagogues (l'état omnipotent s'occupe de tout, dépense toujours plus et infantilise le citoyen) ? Je n'en sais fichtre rien. En tout cas, c'est le challenge que je désigne à l'ensemble de nos gouvernants (actuels et futurs).

Vive la "concrêticité" ! (cf Post précédent)



12 avril 2006
par JDCh


Paris est magique !

Ci-dessous l'article de RFI sur la cession du PSG par Canal+ à des fonds d'investissement.

Quelques remarques:

-Butler Capital est à ma connaissance un fonds Français et Colony investit via un véhicule commun avec Eurazeo qui est Français aussi;

-Je trouve la thèse d'investissement osée mais se dire que le PSG sera géré dans une optique plus rigoureuse et moins "danseuse" me paraît une bonne chose;

-Le fait d'associer le savoir-faire immobilier (Concession sur le Parc des Princes, Camp des Loges) de Colony, celui de "retournement" de Butler ainsi que "l'historique" Alain Cayzac paraît crédible;

Pourquoi nos journalistes fonctionnaires jouent-ils toujours les "party poopers" ?


"Paris Saint-Germain vendu aux Américains"

"L'avenir du club du Parc des Princes passe en priorité par le redressement sportif.
(Source : Mairie de Paris)Le grand club de la capitale change de mains. Paris Saint-Germain vient, au terme de plusieurs semaines de négociations avec rebondissements, d'être vendu à un trio d'investisseurs américains: deux fonds d'investissements, Colony Capital et Buttler Capital Partners, et la banque Morgan Stanley. La présidence du club sera confiée à l'actuel président de l'association PSG, Alain Cayzac, dirigeant historique du club. Gage probablement d'une certaine continuité dans le changement.

Alors qu'elle était devenue le symbole de la régénérescence et de la réussite du paysage audiovisuel français, la chaîne de télévision à péage Canal+ qui, depuis sa création sept années plus tôt, avait énormément investi dans le football pour attirer les abonnés, décidait, en 1991, d'acheter le Paris Saint-Germain afin de contrer l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie et de donner un grand coup de fouet à ce sport, de le développer à l'italienne ou à l'anglaise, références du moment. Bref d'en faire une vitrine tout à la fois sportive et commerciale. Et la rivalité OM - PSG ne pouvait que renforcer l'attraction du football dans le pays et multiplier, par conséquent, le nombre d'abonnés à la chaîne.

Curieusement, l'incontournable société de communication Canal+ n'a jamais gagné son pari, investissant des sommes considérables (plus de deux cent cinquante millions d'euros de pertes) pour un piètre résultat : une Coupe d'Europe des vainqueurs de Coupes, un titre de champion de France, quatre Coupes de France, et deux Coupes de la Ligue. Pis encore une image écornée par le comportement de hooligans dans les tribunes, d'injures racistes, de bagarres à répétitions. Le temps était venu de se débarrasser du club devenu pour la chaîne une sorte de boulet.

A qui vendre ?

Vendre était devenu une nécessité économique, probablement une obsession, quand bien même les dirigeants du groupe Vivendi, propriétaire de la chaîne, annonçaient mordicus qu'ils ne braderaient jamais les intérêts du club, de la capitale et de son image, et qu'ils rempliraient jusqu'au bout leurs devoirs de propriétaires, qu'ils ne laisseraient jamais se dégrader la situation. Restait à trouver l'acquéreur idéal.

De nombreux individus ou groupes s'étaient portés candidats au cours des derniers mois. Une première transaction avait capoté il y a un an, le repreneur, Francis Graille, alors président en exercice du club, ne satisfaisant pas aux conditions imposées par Canal+. Et puis, ces dernières semaines, les négociations se sont accélérées. Des pactes d'intérêts ont été conclus entre candidats au rachat, mais finalement c'est un montage « made in USA » qui s'est imposé. On y trouve une grande banque d'affaires cotée à Wall Street, un fonds d'investissement spécialisé dans les opérations immobilières et un autre qui investit plus largement, généralement dans des entreprises à la casse qu'il redresse avant de les revendre en enregistrant des plus-values. Pas grand chose à voir avec le football.

En fait, on sait encore peu de choses de cette opération et des intentions véritables des repreneurs, sinon qu'à terme chacun des trois partenaires sera à la même hauteur ( 20% ) dans le capital du club, et que d'autres investisseurs viendront participer au tour de table. On sait également que c'est un des dirigeants historiques du club, Alain Cayzac, qui en assurera la présidence effective. Une garantie de stabilité, au moins au cours des premiers mois car l'émiettement du capital risque de créer, à terme, des dissensions.

L'avenir

La Ville de Paris qui subventionne chaque année le PSG à hauteur de trois millions d'euros s'est félicitée de ce dénouement: « aujourd'hui, c'est une nouvelle page dans l'histoire du Paris Saint-Germain qui s'ouvre », a réagi le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Opinion beaucoup plus méfiante de Claude Goasguen, une des figures de proue de l'opposition municipale : « le travail d'un fonds d'investissement, c'est de rentabiliser son activité; si l'opération n'est pas rentable, il revend son bien et part voir ailleurs ».

Il faut désormais redresser la barre sportive pour que le PSG puisse enfin jouer les premiers rôles en France et sur la scène européenne. Cela se fera-t-il sans chamboulement dans l'effectif, dans l'encadrement et dans l'équipe dirigeante ? Sûrement pas. Dans quelques mois le club va devoir s'expliquer devant la justice sur toute une série de transferts douteux et la mise au jour d'un système d'entente entre son équipementier et le PSG destiné à rémunérer des joueurs en économisant sur les charges sociales et l'impôt sur le revenu. Encore un moment difficile à passer pour un club fragile. En vérité son avenir passe en priorité par le redressement sportif. Le Paris Saint-Germain ne sera assuré de sa pérennité que si il relève le défi des résultats.

Coïncidence: au moment où Canal+ vient de régler l'encombrant dossier du Paris Saint Germain, la chaîne M6, seule autre chaîne propriétaire d'un club en France, chercherait à céder, elle aussi, son équipe, Bordeaux."



07 avril 2006
par JDCh


Qu'est ce que les "machins" vont nous pondre ?

J'ai lu en début de semaine que le CAE (Conseil d'analyse économique), le COE (Conseil d'orientation pour l'emploi) ainsi que que CAS (Centre d'analyse stratégique) planchaient sur la "valeur ajoutée" suite à l'annonce "simpliste" de notre tragique Président lors de ses voeux le 1er janvier dernier. Il s'agirait d'inscrire dans le PLFSS (projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) une nouvelle forme de cotisation fondée sur cette fameuse "valeur ajoutée".

CAE, COE et CAS sont les "machins", que dénoncent à très juste titre l'IFRAP (voir Les "machins") qui, comme il faut bien que leurs membres justifient de leur existence, vont sans doute nous "pondre" des "trucs" inefficaces et vraisemblablement pire: nocifs économiquement (destruction de croissance, baisse de l'attractivité de notre pays, augmentation de la dépense publique...).

Quelle mouche a donc piqué notre pathétique Président ?

Il s'agirait selon lui de compléter le financement de nos systèmes de protection sociale par une cotisation nouvelle qui serait assise non pas sur les salaires mais sur la "valeur ajoutée". Quand j'ai entendu cette annonce, j'ai bien évidemment frémis en pensant aux conséquences de l'introduction d'un nouveau prélèvement obligatoire.

- Comme je l'ai déjà écrit, les chefs d'entreprise sont prêts à payer des impôts, des taxes et des cotisations mais souhaiteraient vraiment que ce paysage fait de prélèvements divers soit prévisible (et si possible, bien sûr, avec une tendance durable à la baisse). En créant de l'incertitude, on crée une raison de plus de ne pas s'établir ou étendre des activités en France et on accélère le processus de "dé-localisation" (quand il est possible ou envisagé).

- Comme je connais l'appétit immense de nos gouvernants et de notre administration pour la dépense publique, j'ai beaucoup de mal à croire qu'une telle cotisation puisse venir en substitution (voire en allègement) des cotisations existantes. Nouvelle cotisation voudra quasi-forcément dire accroissement des dépenses collectives: nous n'avons vraiment pas besoin de cela.

Faisons cependant, un instant, l'hypothèse "naïve" que cette nouvelle cotisation viendrait en remplacement de charges sociales prélevées aujourd'hui sur les salaires sans accroissement du niveau global de prélèvements obligatoires.

A quelles conclusions vont arriver nos "machins" ?

Si l'on regarde le compte de résultat de l'essentiel des entreprises, il se présente comme suit:

(1) Chiffre d'affaires
(2) Achats (pour revente)
(3) Salaires et charges
(4) Autres coûts de fonctionnement hors loyers
(5) Loyers
(6) Amortissements
(7) Frais financiers
(8) Impôts et taxes


Si, par "valeur ajoutée", on entend (1)-(2) (ce qui serait vrai pour une société de négoce), on adresse extrêmement mal le cas des sociétés de service qui ont l'essentiel de leurs coûts sous forme de salaires et charges, il faut donc enlever également (3).

Si on enlève (2) et (3), la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) étant applicable et récupérable pour l'essentiel des autres coûts de fonctionnements, on obtient une seconde définition divergente de la notion de Valeur Ajoutée. Il faut donc également soustraire (4).

Pourquoi ne pas enlever les loyers qui sont eux-mêmes l'objet de taxes locales et souvent proportionnels au nombre de collaborateurs pour ce qui concerne les bureaux ? Soit on veut taxer moins les entreprises qui entassent leurs collaborateurs, soit on enlève (5) aussi.

Si l'on fait cette hypothèse que "valeur ajoutée=(1)-(2)-(3)-(4)-(5)" et que l'on considère que "Valeur Ajoutée" est équivalent au "Résultat brut d'exploitation", on s'aperçoit que la grande différence avec l'IS (Impôt sur les Sociétés) devient le niveau d'amortissement ou de frais financiers encourus.

Souhaite-t-on plus "taxer" une société qui a un fort niveau d'amortissements (ce qui veut dire qu'elle a fortement investi les années précédentes), j'en doute fort sauf à vouloir définitivement tuer l'investissement dans notre pays qui souffre déjà sur ce plan. Il faut donc aussi soustraire (6).

Souhaite-t-on plus "taxer" une société qui paie de fort frais financiers (donc qui est fortement endettée et, de ce fait, plus fragile qu'une autre moins endettée), j'en doute encore fort sauf à vouloir "achever" quelques sociétés dont l'endettement est difficilement supporté. Il faut aussi et enfin enlever (7).

Dans cette dernière hypothèse, la base de cotisation sur la valeur ajoutée devient la même que l'IS. Veut-on augmenter celui-ci (sachant qu'il faudrait le cas échéant être extrêmement convaincant sur la baisse des cotisations salariales qui contre-balancerait cette hausse). J'encourage à une extrême prudence sur ce sujet...

Y'a-t-il besoin que tous les machins réunissent leurs experts pour arriver à cette conclusion. Sûrement pas.

Que va-t-il se passer ?

En fait, les trois "machins" vont accoucher d'une souris qu'il vont soumettre au HCBM (Haut Conseil pour le Branlage de Mammouth) qui s'était penché sur la "Taxe Professionnelle" sans avoir réussi à la réformer (pour les curieux, la TP est basée sur la "valeur locative des immobilisations" avec un plafond et un plancher basés sur la Valeur Ajoutée (au sens (1) - (2)), ce qui, bien sûr, est extrêmement "lisible" et pertinent économiquement !).

On rappellera d'ailleurs (comme l'a fait le Medef récemment) qu'au delà de l'IS et de la TP, les entreprises Françaises sont sujettes à "plus de 60 taxes différentes portant sur les facteurs de production, taxes dont les assiettes et rythmes de collectes diffèrent généralement" ...

Bref, avec un "chantier de la décennie" lancé par un chef d'état pathétique et instruit par des "machins" inutiles et incultes économiquement, on est encore une fois bien barrés.

Soyons plus sérieux.

Les cotisations liées à la Santé (idem pour le Chômage) sont assises sur les salaires car les salariés en sont les bénéficiaires. La CSG/CRDS a complété le dispositif pour les revenus non salariés des personnes privées qui bénéficient, pour la plupart, du système de Santé, soit.

Il n'y a pas d'autres solutions si l'on veut préserver l'emploi voire le relancer en France que de baisser le coût de celui-ci et de baisser les dépenses collectives associées. Ça fera mal, pendant un temps, au déficit de nos systèmes sociaux et/ou aux assurés bénéficiaires de prestations moins généreuses mais je ne vois pas comment y couper. Ensuite, le niveau de chômage ayant baissé et, de ce fait, l'assiette des cotisations étant élargie à nouveau, le système désencrassé pourra enfin carburer à nouveau sans trop de ratés.

Comme on dit à l'armée "ça ne fait pas de mal et puis, ça fait du bien" et chez les Shadoks "Si ça fait mal c'est que ça fait du bien" !



03 avril 2006
par JDCh


La France à la une de "The Economist"

"The Economist" est, pour ceux qui ne le sauraient pas, un journal libéral britannique qui a une très forte influence du fait de la qualité de ses contributeurs et de sa couverture "géo-économique" très pertinente.

J'aime bien lire ce journal dans l'avion ou l'Eurostar. Cette semaine la "une" présente un coq au yeux bandés avec comme titre "La France fait face au futur".

Comme certains me reprochent de trop écrire en "franglais", je me suis livré dans l'Eurostar à la traduction presque littérale et donc assez fidèle de l'éditorial qui parle de nous autres les Gaulois. La voici sachant que le journaliste a écrit son papier avant que notre pathétique Président promulgue la loi tout en interdisant de l'appliquer... Ça l'aurait sans doute fait bien rire.


La France est "la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l'Europe et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d'admiration, de pitié, de terreur, mais jamais d'indifférence". Ainsi décrivait le jeune Alexis de Tocqueville sa mère-patrie au début du 19e siècle. Ces mots semblent sonner juste de façon récurrente. Durant les dernières années, alors que les démocraties de l'Ouest se sont tranquillement alignées, la France a été tour à tour confuse, exaspérée et perplexe. La manifestation massive d'une journée entière la semaine dernière, amenant entre 1 et 3 millions de personnes dans la rue, n'a pas été une exception. Ce face à face entre le gouvernement de centre-droit de Dominique de Villepin et ceux qui protestent contre ses efforts pour introduire une goutte de libéralisme dans le rigide marché du travail en France pourrait se désamorcer. Le Conseil Constitutionnel devrait statuer sur la constitutionnalité de la nouvelle loi le 30 mars. Mais la difficulté sous-jacente va demeurer: l'apparente incapacité des Français à s'adapter à un monde qui change.

En apparence, la France semble traverser une de ces convulsions que cette nation née dans la révolution réclame périodiquement afin de tourner la page et d'avancer. Les étudiants qui ont lancé la dernière manifestation pensent certainement qu'ils revivent les événements de Mai 1968 que leurs parents ont vécus sous Charles de Gaulle. Ils ont emprunté ses slogans (”sous les pavés, la plage !”) et pris en otage ses symboles (la Sorbonne). En un sens, la révolte apparaît comme étant une séquelle naturelle des émeutes de l'automne dernier dans les banlieues qui imposèrent au gouvernement de déclarer l'état d'urgence. A l'époque, c'était la population sans travail issue de l'immigration qui se rebellait contre un système qui l'excluait.
Ceci dit la nature de l'actuel mouvement de protestation et de grève tient plus du conservatisme que de la rébellion. Contrairement aux jeunes émeutiers dans les banlieues, l'objectif des étudiants et des syndicats du secteur public est d'empêcher tout changement et de garder la France telle qu'elle est. En effet, suivant un sondage hallucinant, trois quarts des jeunes Francais voudraient aujourd'hui devenir fonctionnaires et ce, principalement parce cela signifierait avoir un emploi à vie. Enfouis dans cet effrayant manque d'ambition, on trouve une illusion et un mythe invalidant.

L'illusion que préserver la France telle qu'elle est, dans une sorte de solution au formol, signifie préserver les emplois à vie. Les étudiants ainsi que les jeunes banlieusards non qualifiés n'ont pas le choix entre le nouveau contrat de travail moins protecteur et un perchoir bureaucratique pour la vie. Ils ont, pour leur grande majorité, le choix entre du travail précaire court terme et pas de travail du tout. La raison de cela qui est aussi la raison du chômage intraitable de 10% en France est simple: ces emplois à vie sont si protégés et donc si difficile à déboulonner que la plupart des employeurs n'en créent plus.

Cette illusion s'accompagne d'un mythe aussi pernicieux: la France a plus à craindre de la globalisation, tenue largement pour responsable d'imposer cette sorte d'insécurité consacrée dans le nouveau contrat de travail, qu'elle n'a à gagner. Il est vrai que les forces du capitalisme global ne sont pas toujours bénignes mais personne n'a jamais trouvé de meilleure façon de créer et de disséminer de la prospérité. Dans un autre surprenant sondage, quand 71% des Américains, 66% des Britanniques et 65% des Allemands sont d'accord pour dire que le libéralisme est le meilleur système disponible, le pourcentage n'est que de 36% en France. Les Français semblent étonnamment hostiles au système capitaliste qui a fait de leur pays le 5e le plus riche du monde et qui a généré tant d'entreprises Françaises de premier rang mondial. Cette hostilité apparaît comme étant plus profonde qu'une résistance aux pénibles réformes qui existe également en Italie ou en Allemagne ou qu'un simple désir pour un état fortement protecteur que les pays Scandinaves partagent ou même qu'un penchant pour le protectionnisme que l'Amérique révéle périodiquement.

Un point commun unit les banlieusards défavorisés et les étudiants rebelles ainsi que l'accession de l'extrémiste de droite Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles de 2002: l'incapacité de la classe politique pendant les 20 dernières années de dire les choses: d'expliquer à l'électorat ce qui est en jeu, pourquoi la France doit s'adapter et pourquoi le changement n'amène pas que de l'inconfort. Cet échec a amené une culture politique de la réforme furtive par laquelle le changement est apporté d'une main tout en blâmant des forces extérieures - habituellement la globalisation, l'Union Européenne ou l'Amérique- et en rassurant de l'autre avec des phrases sur la protection des Français. Au bout d'un certain temps, crédibilité et un tel système sont écartelés. Les Français ont voté pour Le Pen notamment parce qu'ils en avaient marre de la classe politique principale. Les banlieues ont explosé parce que les minorités sans emploi en avaient marre d'entendre qu'ils ne s'intègrent pas. Les étudiants et syndicats sont en révolte parce qu'ils ne font pas confiance au gouvernement pour les protéger.

Une partie de cette responsabilité revient directement au Président Chirac. Il préside depuis presque 11 ans et depuis, le chômage de masse n'a jamais été au dessous de 8%, le patrimoine par personne a été dépassé par les Britanniques et les Irlandais et la dette publique a explosé de 55% a 66% du PIB. Les instincts libéraux qu'il avait révélé comme réformateur et Premier Ministre au milieu des années 1980 se sont évaporés. Son support au nouveau contrat de travail du Premier Ministre a été au mieux tiède. Sa principale préoccupation semble être d'éviter de bousculer le consensus conservateur des Français et même cet objectif n'est pas atteint. On mesure combien sa présidence a été un gâchis pour que l'un de ses ministres, Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle de 2007, fasse des discours qui déplorent “2 décennies d'immobilité” et appellent à une "rupture avec le status quo".

Mais le Président n'est pas le seul à blâmer. Personne à gauche n'ose désavouer la sagesse “paléo-socialiste” et Ségolène Royal, la plus populaire des candidats à la présidentielle, a été fortement tournée en ridicule pour avoir confessé une faible admiration pour Tony Blair. A droite, de Villepin a eu au moins le courage de contrer la logique des emplois protégés mais partout ailleurs a démontré un enthousiasme rare pour l'ouverture des marchés. Peut-être que Sarkozy est le plus proche de ce leader d'une nouvelle génération prêt à réconcilier l'opinion publique Francaise avec la globalisation. Cette semaine il a déclaré que la France ne pouvait plus maintenir cette illusion d'un modèle qui démontre chaque jour qu'il ne marche plus et ne protège plus rien ni personne. Mais même Sarkozy a prouvé aussi un protectionnisme national dur quand il s'agit d'argumentation spéciale pour l'industrie francaise. Tout du long, sa rivalité obsessive avec de Villepin pour la succession continue de saper la capacité de la France à adopter la bonne politique.

L'histoire jugera la France sévèrement si sa classe politique échoue à trouver le courage d'aider le pays à s'équiper pour le 21e siecle. Plus que cela, les remous Français ont des implications au delà de ses frontières. Une France incertaine est un partenaire incertain pour ses alliés, aussi bien en Europe qu'au delà. A l'intérieur de l'Union Européenne, ayant rejeté le projet de constitution l'année dernière, les Francais semblent ne plus savoir ce qu'ils veulent. Ils cherchent toujours à projeter leur influence en Europe mais vont avoir des difficultés à le faire pendant qu'ils sont mobilises par des discordes internes et qu'ils continuent à ne pas comprendre les règles du marché intérieur Européen. Peuvent des pays comme l'Ukraine ou la Bielorussie être blâmés pour se demander ce que l'Europe a à leur offrir quand un des membres fondateurs en est aussi peu certain lui-même ? L'inquiétude est que, plus la France n'arrive pas à se définir un rôle dans le monde, plus elle va être tentée de s'accrocher à son modèle social comme à sa raison d'être et à s'agripper à son credo discrédité.

Le choix appartient à la France. Un effort courageux de renouveau peut-il libérer le meilleur chez les Français ? Ou une défense têtue de l'ordre existant va-t-il maintenir la France en tant que puissance moyenne déclinante économiquement ? La dernière option n'inspirera ni admiration, ni terreur, ni haine, ni indifférence, juste de la pitié.


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