10 juillet 2008
par JDCh


Sarkespresso: what else ?

En ces temps où notre Président joue les dosettes de Nespresso, le matin Etatisco pour un réveil rapide, le soir Reformistretto pour une nuit paisible, j'ai vraiment du mal à me motiver pour bloguer. L'article de Bernard Zimmern, que j'ai eu dans ma messagerie ce matin, m'a cependant donné envie de réagir.

Je suis, en général, assez d'accord avec l'IFRAP dont il m'arrive souvent de relayer les articles ou pétitions contre les usines à gaz élaborées par nos technocrates, les dérives étatistes de nos politiciens et les fausses bonnes idées de l'économie mixte et de ses pique-assiettes...

Il me semble cependant que dans cet article, Mr Zimmern (appelé BZ dans la suite de ce "post") s'est laissé aller à un simplisme qui, s'il se veut pédagogue, mérite d'être complété voire corrigé pour ne pas induire le lecteur en erreur.

Si BZ veut souligner que, dans notre cher pays, on confond innovation et acte créatif technologique et que 3 ingénieurs, qui inventent une solution sans savoir quel problème elle résout, ne font pas de l'innovation, alors je suis d'accord avec BZ.

Si BZ veut alerter sur le fait que, convaincus à tort que l'innovation est un truc d'ingénieurs aéronautiques ou nucléaires (secteurs dans lesquels les cycles de vie des produits sont extrêmement longs et les innovations assez rares), les Français, leurs universités et leur administration ont une conception fausse de l'innovation, toujours d'accord avec BZ.

Si BZ veut dire que le marketing de l'innovation (qui est l'atout numéro 1 des sociétés Américaines) à savoir à la fois la capacité à identifier une demande du marché et à "pousser de façon inductive" sur le marché un produit ou un service répondant à cette demande est un point faible de nos entreprises dites "innovantes", encore d'accord avec BZ.

Si BZ veut expliquer que le lien entre recherche et innovation est ténu (cf Rencontre avec un prix Nobel) et implique de profonds changements de mentalités pour se révéler utile économiquement, toujours d'accord avec BZ.

Si BZ veut contester la politique de saupoudrage d'OSEO (qui raisonne souvent en nombre d'entreprises soutenues avec quelques centaines de kilo-euros chacune) et les contraintes d'investissement des FCPI (qui les obligent dans une moindre mesure à saupoudrer eux-aussi) et constater que nous avons plein de petites boîtes "techno innovantes" au destin local et incertain, d'accord aussi avec BZ.

Si BZ veut expliquer que toutes les entreprises et tous les "business models" ne sont pas candidats à des levées de fonds type "capital-risque" et que les "business angels" ont un rôle-clé à jouer à la fois dans l'amorçage de projets ambitieux (avant prise de relais par les capitaux-risqueurs) et dans le financement de bout en bout de société aux besoins capitalistiques légers, encore d'accord avec BZ.

Si BZ veut insister sur le fait que la création d'emploi potentielle en France réside de façon extrêmement importante dans des secteurs traditionnels et notamment dans le secteur des services où l'innovation n'est pas technologique (mais peut-être simplement reposant sur l'utilisation d'une technologie éprouvée pour faire profiter au client des gains de productivité ou des bénéfices d'usage de cette technologie), toujours d'accord avec BZ.

Si BZ veut enfin dire qu'il y a plus à gagner en matière de création d'emplois via une réforme de la fiscalité de l'entrepreneur ou du "business angel"..., qu'en demandant (pour le même coût pour le contribuable) à OSEO et la CDC de financer en partie les "entreprises innovantes", enfin et toujours d'accord avec BZ.

Mais, il y un mais...

Si BZ renonce implicitement à l'émergence de champions "technologiques" Français ou Européens, déclarant la guerre perdue avec les Etats-Unis et appelant de ses voeux une économie entièrement tertiarisée qui paie des "royalties" à la côte ouest des USA pour l'usage des technologies permettant de délivrer un service ou un produit incrémentalement meilleur que ses prédécesseurs, il se trompe sur la viabilité du modèle. Pour qu'il y ait croissance et donc, par rebond, création d'emplois, il faut qu'il y ait création de valeur et que celle-ci ne soit pas "taxée ou confisquée" systématiquement par un tiers au système économique considéré (qu'il s'agisse du possesseur du brevet ou de l'acteur en situation de monopole de fait ou... bien sûr de l'Etat).

Si la technologie ne contribue que pour 6% à la création directe de "jobs", plus de 50% de la croissance Américaine repose soit sur des gains de productivité autorisés par la technologie, soit sur la création de marchés nouveaux rendus viable par l'innovation technologique.

Nokia, leader mondial des téléphones mobiles est Finlandais, SAP, numéro 1 mondial des logiciels d'entreprise est Allemand, Dassault Systèmes, champion des logiciels PLM est Français, CSR, leader des composants bluetooth est Britannique... Si nous étions en face uniquement d'oligopoles Américains, nous serions mal... très mal... Monsieur Zimmern.