31 mai 2006
par JDCh


Logement social: toujours plus ?















Les récents débats à l'Assemblée sur la loi SRU et l'obligation pour chaque commune que 20% au moins des logements construits soient des logements sociaux entraîne la polémique habituelle sur la non-générosité/solidarité des communes les plus aisées. Cette façon d'adresser les problèmes consistant à souhaiter que les habitants de Neuilly sur Seine soient "en moyenne moins aisés" est-elle la bonne façon de considérer l'enjeu du logement social ? N'est-ce pas une vision entièrement démagogique ? Faut-il encore et toujours "tirer vers le bas" alors que l'on pourrait sans doute "tirer vers le haut" ?

Les affaires de l'OPHLM92 de "Pasqualand", la récente amnistie Présidentielle de Guy Drut (affaire des HLM de Paris), les appartements de Juppé ou Gaymard rendent évidemment la droite éminemment suspecte sur tout ce qui concerne le logement et le fatras habituel des propositions de M. Borloo est loin d'amener la clarté d'objectifs que l'on serait en droit d'attendre par rapport à un problème de ce type.

Je ne suis pas un spécialiste du sujet mais je me suis documenté ces dernières semaines et voilà un diagnostic "libéral non-anti-social" qui, peut-être, ouvre des voies jusqu'ici non explorées.

Le premier constat, qui fait l'unanimité, est que le nombre de demandeurs de logements sociaux est très supérieur à l'offre (environ 100 fois). En constat subsidiaire, il est certain que quelques centaines de milliers de personnes ou familles extrêmement ou très démunies font partie de cette immense liste d'attente et doivent en attendant vivre dans des "squats" ou des hôtels ou immeubles insalubres. Il ne fait aucun doute pour moi que ces personnes ou familles ont droit à un logement décent et que seul le logement social constitue une réponse à leur situation dramatique.

Le second constat qui lui est bien plus polémique est que près de 14 millions de Français vivent dans des logements sociaux. Un Français sur quatre bénéficie d'un avantage extrêmement significatif correspondant à une économie de loyer de 50 à 70% !

Ces 2 constats apparemment contradictoires s'expliquent fort bien:

-on ne construit qu'environ 50.000 logements sociaux nouveaux par an (de quoi loger entre 100.000 et 150.000 personnes) contre 120.000 à 140.000 logements construits (au demeurant très laids et de mauvaise facture) au début des années 70;

-très peu de gens bénéficiaires de ce type de logements quittent leur logement (considéré parfois comme un véritable "patrimoine" familial et transmis de père en fils !).

On comprend d'ailleurs fort bien pourquoi nos bénéficiaires ne quittent pas ces logements aux loyers modérés: si leurs revenus dépassent de 40% le "plafond de ressources" (environ 1 SMIC par personne logée), la seule sanction financière est de payer un "surloyer" bénin (celui-ci ne correspond qu'à 0,5% des loyers perçus par les OPHLM) et surtout ils bénéficient d'un "droit au maintien dans les lieux" (visiblement selon une loi datant de 1948 !).

La situation est donc "inégalitaire" (au sens de "La Machine..." de Minc) à plus d'un titre:
-des gens extrêmement ou très démunis ne bénéficient pas d'un tel logement;
-des foyers aux revenus similaires au dessus du "plafond de ressources" mais bénéficiant, pour l'un, d'un loyer de HLM et, pour l'autre, d'un loyer du secteur privé engagent des dépenses mensuelles pour se loger qui varient du simple au triple;
-pour les bénéficiaires des différentes aides au logement, ces dernières ne tiennent que faiblement compte du montant du loyer payé renforçant ainsi le caractère privilégié des locataires du secteur social par rapport à leurs homologues à iso-revenus qui n'y ont pas eu accès.

Avec la même philosophie que celle de l'emploi à vie et de la défense acharnée des avantages acquis, la seule solution envisagée est de construire plus de logements sociaux, de détruire ceux qui sont vraiment "invivables" et de rénover ceux qui méritent de l'être. Tout ceci est louable mais on nous dit que cela coûte fort cher et qu'il n'y a pas assez de moyens pour tout faire. Pourtant...

Lorsque l'on étudie les chiffres fournis par la DGUHC (Direction Générale de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Construction), on constate que l'endettement des OPHLM et des SA HLM (principaux gestionnaires du parc de logements sociaux) est d'environ 90 Milliards d'euros (une belle somme) correspondant "grosso modo" à la valeur "au bilan" des 4 millions de logement gérés (soit moins de 25.000 € par logement donc très/trop peu) et que les loyers hors charges perçus sont d'environ 12 Milliards d'euros (soit environ 250 € par mois et par logement donc un ratio loyer/valeur très favorable).

Pour le "financier" que je suis (capable de faire la différence entre coût et prix), ces chiffres sont porteurs d'un réel levier totalement inexploité: vendre le patrimoine ancien et sous-valorisé, réaliser de confortables plus-values permettant de rembourser une partie de la dette et donc de se ré-endetter pour construire du neuf ou tout simplement de construire du neuf "sur fonds propres" au lieu de recourir, comme aujourd'hui, à l'augmentation des taxes locales.

Ce levier n'a pas été utilisé puisqu'il semble qu'un logement HLM ne puisse être vendu qu'à son locataire (ou à un autre organisme HLM). Quelques cessions ont lieu aux locataires mais un marché dans lequel il n'y a qu'un seul acheteur ne peut être un marché efficace !

Si l'on adoptait la mécanique qui consiste à vendre tout immeuble "vendable" (une partie du parc HLM est sans doute "invendable" et devra plutôt être "détruite") âgé de plus de vingt ans à des sociétés foncières privées en leur demandant de gérer une période transitoire (de 5 ans par exemple) de maintien de "loyers modérés" puis à faire rentrer dans le secteur privé (locatif ou non) ces immeubles, on aurait de multiples bénéfices:

- en faisant jouer la concurrence entre ces acquéreurs privés, on maximiserait la plus-value et donc les moyens à consacrer à la construction neuve et à la destruction des "invendables" (on peut même imaginer des chiffres records pour quelques HLM situés dans le Marais, le 16ème arrondissement ou sur la Côte d'Azur);

- ces logements neufs additionnels pourraient enfin accueillir les plus démunis qui sont en liste d'attente;

- en obligeant les locataires HLM concernés à être sous le "plafond de ressources" à l'issue de la période transitoire pour avoir à nouveau droit à un logement social, on éradiquerait périodiquement les bénéficiaires indus;

- en ayant un parc rajeuni, on baisserait le coût annuel de rénovation;

- en mettant sur le marché des immeubles anciennement HLM, on favoriserait une forme de mixité sociale sans doute beaucoup plus naturelle (similaire au mouvement des population des centres-ville vers les banlieues qui entraînerait, par exemple la reconstitution d'îlots de prospérité dans des départements comme le 93) et on permettrait à plus de gens d'accéder à la propriété ou à des loyers privés mais raisonnables;

- les communes concernées auraient des recettes fiscales (taxes foncières et d'habitation) nouvelles et supérieures leur permettant d'améliorer le cadre général de vie de tous leurs habitants;

- on serait enfin capable de maintenir un pourcentage de logements sociaux (sans doute aux alentours de 20-25%) sans connaître le phénomène endémique actuel issu d'un historique de près d'un siècle.

Bref, si les quelques 600 organismes chargés du logement social (OPHLM, OPAC, SA HLM...) agissaient de façon cohérente, coordonnée et patrimoniale, un coup de "booster" et un régime permanent vertueux seraient réalisables.

Il suffirait, pour cela, de renoncer au fameux "droit au maintien dans les lieux", avantage acquis en 1948, à une autre époque, mais auxquels ses bénéficiaires, qui sont nombreux (et aussi des électeurs), semblent farouchement attachés...

En fait, il faudrait faire et réussir une réforme et ça, ça n'est pas notre fort !

Rédacteur Agoravox




Ségolène: pas si Blairiste que cela...

J'avais envie depuis longtemps de mettre une vidéo dans un "post". Ceci est chose faite et ca m'a pris 15 secondes ! On n'arrête pas le progrès et bravo à www.dailymotion.com...

Vous trouverez, dans cette vidéo de 8 minutes, une bonne musique d'accueil façon générique de Drucker, un discours d'introduction un peu gnian-gnian de la députée socialiste du Pas de Calais Odette Duriez, une sublime envolée anti-capitaliste de la jolie Ségolène et un petit rock "chti'mi" pour finir.

Dans le "speech" de notre "Blairiste à la Française", qui porte un projet "socialiste" (pas comme Jospin en 2002), tout y passe (les commentaires entre parenthèses sont les miens):

-travail moins taxé que le capital (sans doute en augmentant les taxes sur le capital ?!)

-hommes et femmes broyés par la dynamique du libéralisme sauvage (et le libéralisme non sauvage ?)

-fonds de pension qui se déplacent de pays en pays en broyant les individus (peut-être qu'ils ne viendront plus en France ?!)

-gouvernance mondiale pour maîtriser le capitalisme financier (en s'alliant avec Cuba et la Corée du Nord ?)

J'ai de gros doutes sur le fait que Gerhard Schröder, Jose-Luis Zapatero ou Romano Prodi, pourtant tous plus à gauche que Tony Blair, soient d'accord pour s'approprier ne serait-ce que 0,001% de cet appel néo-marxiste. Arlette L. et Olivier B., eux, ne renieraient rien...

Je ne suis pas sûr, non plus, que notre candidate aimerait que cet extrait soit repris et commenté par les grands médias nationaux. D'ailleurs, ils ne l'ont pas fait... Ils ont préféré les quelques piques envoyées par la Royale au Jospin. Beaucoup plus important sur le fond !

Bien évidemment, Ségolène n'est pas sincère. Elle prend les habitants de Cambrin pour des "ploucs" et leur sert la "soupe" qu'elle pense ils veulent manger. Affligeant voire irresponsable... Pourquoi ne profite-t-elle pas de sa popularité montante et de la confiance qu'elle semble inspirer pour dire les choses telles qu'elles sont (et pourraient être) au lieu d'entretenir une utopie idéologique dont elle sait parfaitement qu'elle ne permettra pas de résoudre les problèmes de notre pays (chômage, endettement/déficit, ...) ?

Personnellement, je ne suis pas certain que les gens soient aussi naïfs. En tout cas, j'aime à le croire.

A ceux qui pensent que supporter Ségolène veut dire voter pour une "social-démocratie moderne et Européenne", voilà véritablement de quoi vous détromper !



Pour les fans, j'ai aussi trouvé la version audio de 25 minutes du discours complet de notre amie "Démagolène" (si ce surnom est repris, j'en revendique la paternité !).

Ecoutez la version audio complète (25mn)



26 mai 2006
par JDCh


Actionnariat salarié: pourquoi faire simple ?

Le projet de loi sur la participation comprendrait une mesure fiscale favorisant l'attribution d'actions gratuites au salarié via une déduction de l'impôt sur les sociétés... Voyons ici comment favoriser et simplifier semblent être parfaitement contraires dans l'esprit de nos gouvernants, du législateur et de l'administration fiscale.

Mais, avant une nouvelle fois de décrier l'inégalable capacité de notre système juridique et fiscal à engendrer complexité et inefficacité, regardons d'abord la question de fond: est-il souhaitable qu'une grande proportion des salariés se voit attribuer des instruments financiers ouvrant l'accès au capital de leurs entreprises et surtout l'opportunité de réaliser des plus-values lorsque les actions sous-jacentes ont pris de la valeur (en langage investisseur, lorsqu'il y a eu "création de valeur") ?

Personnellement, je réponds sans hésitation "oui" à cette question. Ce "oui" est pourtant contre-balancé par deux inconvénients qu'il convient de rappeler

1/ Lorsque les actionnaires décident de telles attributions, ils autorisent l'émission d'instruments abaissant mécaniquement le prix des actions qu'ils détiennent (phénomène de dilution). Ils espèrent, en faisant cela, que cette moins-value latente sera très vite comblée par l'effet positif induit sur les salariés motivés à la fois par un sentiment d'appropriation ("je suis actionnaire de la boîte") et l'appât du gain ("la boite va aller [encore] mieux, je vais moi aussi en profiter financièrement"). Si de tels effets de motivation ne sont pas anticipables au sein de l'effectif concerné par ces attributions, alors mieux vaut ne rien faire !

2/ Dans les entreprises où de telles attributions assez généralisées sont décidées, des questions nouvelles circulent au sein de l'entreprise (surtout dans les PMEs): combien en a mon chef ou mon collègue ? combien le PDG a-t-il d'actions ? combien vaut l'entreprise ? voire, a-t-on la bonne stratégie de "création de valeur" ? Ces questions sont extrêmement saines mais très en décalage par rapport à nos tabous franco-catholico-trostkiste. Si l'organisation se sent incapable de lever le tabou, alors, encore une fois, mieux vaut aussi ne rien faire...

Je me souviens des stock-options que Cap Gemini m'avait attribuées fin 92 (alors que le groupe n'allait pas bien), un nombre significatif d'options avec un prix d'exercice de 70 Francs que j'ai pu exercer/revendre cinq ans plus tard plus de 70 Euros. Une très bonne expérience... Un bon souvenir car il avait été très exaltant de participer au retour à une très bonne situation du groupe et parce que, lors de mon exercice et cession des-dites options, je me suis retrouvé pour la première fois, à 34 ans, en situation de "fonds propres positifs" (i.e avec une épargne supérieure à mon endettement) ! Merci donc aux actionnaires de Cap Gemini et notamment à Serge Kampf qui pourrait faire figure de précurseur en la matière en ayant associé depuis fort longtemps, et de façon significative, les managers et middle-managers de son groupe à la "création de valeur".

Beaucoup plus récemment, j'ai soutenu l'attribution de tels instruments à l'intégralité de l'effectif d'une des sociétés, en l'occurrence www.priceminister.com, dont je suis administrateur. J'ai pu remarquer que certains de mes coadministrateurs étaient un peu sceptiques. J'ai ensuite entendu que certaines populations au sein de l'entreprise s'étaient elles-mêmes montrées dubitatives (du genre "on m'a fait le coup en 2000, les stocks c'est du pipeau" ou "vos trucs c'est pour dans 3 ans et on ne sait même pas combien ça vaut"). Je ne regrette rien et, même si nous avons donné un véritable instrument financier à des collaborateurs n'en ayant pas conscience, ceux-ci changeront vraisemblablement d'avis lors de la réalisation espérée de plus-values significatives: sans qu'ils le comprennent ou le sachent, nos intérêts d'actionnaires sont dorénavant totalement alignés...

Au delà des 2 obstacles cités plus haut - effet escompté ou non sur la motivation des salariés et capacité de l'organisation à lever les tabous - d'autres obstacles juridiques, comptables et surtout fiscaux rendent difficiles la proposition, par un Conseil d'administration à l'Assemblée des actionnaires, de mise en place de plans de stock options (ou équivalents) ou d'actions gratuites au profit d'un sous-ensemble important de l'effectif.

Passons-les en revue.

Obstacles juridiques

La loi oblige les sociétés ayant émis des instruments donnant accès au capital (ie à détenir des actions) à réunir au sein d'assemblées générales des titulaires de ces différentes "masses" d'instruments financiers, à les informer d'un certain nombre de résolutions, à leur faire désigner un représentant de ladite "masse" qui aura accès à l'assemblée des actionnaires mais ce, sans pouvoir délibératif (sans droit de vote puisqu'il représente des non-encore-actionnaires).

Je ne sais pas si ces dispositions existent en dehors de France. Ce que je peux dire, c'est qu'elles induisent une paperasserie importante, l'émission de quantité de convocations (lettre avec A/R), de gestion de pouvoirs et de quorum,... qui fait que chaque "masse" (chaque ensemble de personnes détenant des instruments de même nature) est, statutairement, une société "duale" de la société concernée et que, bien sûr, plus la population concernée est large, plus le dispositif est coûteux.

Cet obstacle n'est sûrement pas insurmontable mais on aurait pu garder le mécanisme d'antan par lequel seuls les actionnaires sont conviées à l'Assemblée Générale des Actionnaires auquel on rajouterait un simple droit/devoir d'information des/aux différentes "masses" (soit sur demande, soit via diffusion simple).

Obstacles comptables

Ce paragraphe ne concerne que les sociétés obligées d'adopter les normes IFRS (à savoir les sociétés cotées sur un marché réglementé ou souhaitant l'être à court terme). Pour une fois Bercy n'y est pour rien puisqu'il s'agit de normes internationales qui ont trouvé leurs causes de complexité dans des abus commis par des sociétés Américaines usant intensivement des stock-options durant la "bulle".

L'idée est que l'émission de stock-options (ou équivalent) engendrant pour chaque actionnaire une "dilution potentielle" (qui devient "réelle" lorsque l'option devient action) est "économiquement équivalente" à une charge pour la société.

On peut expliquer le raisonnement en prenant l'exemple d'une société qui paierait tout son personnel au SMIC (y compris ses cadres dirigeants) et qui adopterait les stock-options comme unique moyen de différenciation des rémunérations. Son compte de résultat serait vraisemblablement "alléchant" avec des charges de personnel très faibles mais également "trompeur" pour l'actionnaire puisque la transformation des très nombreuses stock-options (émises puis exercées) en actions serait fortement dilutive pour les actionnaires. Les normes IFRS demandent donc que cette potentielle émission d'actions trouve sa contrepartie dans la comptabilisation de charges dans les comptes de la société.

La difficulté est que cette charge est simplement potentielle et non quantifiable par avance (quelles sera le nombre d'options exercé et quand ?). Cela fait bien sûr les choux gras des experts-comptables et autres commissaires aux comptes (donc des charges supplémentaires pour l'entreprise) mais peut, surtout, dans de nombreux cas, décourager les dirigeants d'"abîmer" leurs comptes de résultats par la mise en place de plans à grande échelle.

Obstacles fiscaux

Avant de plonger dans le détail des conditions associées aux stock-options, bons de souscriptions de parts de créateurs d'entreprise (BSPCE) et actions gratuites, une question "philosophique" mérite d'être posée: les éventuelles plus-values issues de tels instruments financiers doivent être imposées comme du travail ou comme du capital ?

Cette question est valide puisque c'est avec son travail que l'on accède au capital et que nous sommes donc ici dans un cas intermédiaire.

La réponse apportée par notre État "rapace" à cette question est avant tout dictée par la facilité: en effet, il est beaucoup plus difficile de "taxer" plus sévèrement le capital par définition mobile et international et qui fuirait notre pays (qui en a bien besoin) que de "taxer" le salarié qui réside en France, déclare ses revenus et dont le salaire subit déjà un niveau de prélèvement quasi-inégalé dans le monde. Je ne suis pas en train de dire que la France devrait augmenter la fiscalité sur les revenus du capital (vous vous en doutez) mais simplement que le dindon de la farce est encore une fois le salarié (et assez souvent l'entreprise employeuse).

Les stock-options

Des dispositifs complexes et changés plusieurs fois ont donc été inventés pour les stock-options avec 3 types d'imposition que j'ai essayé de résumer et de simplifier ci-dessous:

- le "rabais" (différence entre la valeur d'exercice et la valeur de l'action au moment de l'attribution de l'option) est considéré comme salaire, imposé comme tel et objet des habituelles charges sociales. Un rabais de 20% était admis sans de telles taxes ou cotisations il y 15 ans, la tolérance est aujourd'hui de 5% max.

- la "plus-value d'acquisition" (différence entre le prix d'exercice et la valeur de l'action au moment de l'exercice) taxée à 41% (CSG/CRDS incluses) si la cession a lieu au moins 4 ans (période d'indisponibilité) et 27% (taux habituel des plus-values sur valeur mobilière) si la cession a lieu 6 ans après l'attribution. A cela se rajoute le cas de la cession avant la fin de la période d'indisponibilité (4 ans) décidé par le salarié (souvent en cas de départ volontaire) et qui implique une "requalification en salaire" et un paiement par l'entreprise des charges sociales correspondantes.

- la "plus value de cession" (différente entre le prix au moment de l'exercice et le prix de cession) taxée au taux habituel de 27% (CSG/CRDS incluses).

Comme l'entreprise ne peut pas maîtriser les dates d'exercice et de cessions des options et actions, elle est incapable de provisionner les éventuels coûts de "requalification en salaire" et ne peut donc que très difficilement attribuer des stock options à une population large qui, par ailleurs, serait essentiellement taxée sur la plus-value d'acquisition puisque cession et exercice sont en général simultanés donc au taux le plus fort... Bref, les stock-options sont aujourd'hui quasiment réservées aux cadres dirigeants ou supérieurs (ou aux salariés résidents hors de France !) et ne peuvent pas, en l'état, répondre à la logique d'actionnariat salarié large.

On notera que la notion de "plus-value d'acquisition" est parfaitement dans la logique "facilité rapace" décrite plus haut: en effet, autant il est normal de considérer le "rabais" ou éventuellement le "prix de l'option" (qui peut se calculer au moment de l'attribution comme une fraction assez infirme du prix d'exercice) comme une forme de salaire, autant taxer la plus-value entre le prix d'exercice et le prix de l'action au moment de l'exercice plus qu'une plus-value traditionnelle n'est absolument pas justifié. Le salarié obtient, en effet, via son travail et sa fidélité à l'entreprise une option mais, comme tout petit actionnaire, achète l'action au moment de l'exercice.

Les Bons de Créateurs d'Entreprises

D'ailleurs, cette notion de "plus-value d'acquisition" n'existe pas dans le cas des BSPCE (appelé aussi Bons de Créateurs d'Entreprises) réservés aux salariés et dirigeants des Jeunes Entreprises (moins de 15 ans, détenus pour un certain pourcentage par des personnes physiques, non cotée ou alors sur un marché de croissance...). Ce dispositif meilleur ne taxe que la "plus-value de cession" et ceci à 27% si le salarié a plus de 3 ans d'ancienneté dans l'entreprise et bizarrement 41% s'il en a moins.

Ce dernier point est en effet redondant avec le fait que les entreprises lors de l'attribution de tels BSPCE prévoient, en général, un "vesting" sur 3 ans des-dits bons et que seul le cas des départs de recrues récentes avec la fin de la période relèvent de ce taux à 41% (alors que les salariés en question n'ont pu exercer qu'une partie des bons): on les taxe donc plus mais sur un montant plus faible... Pas très logique.

A noter un autre défaut de ces BSPCE, le fait qu'ils doivent être exercés avant 5 ans ce qui dans le cas de sociétés non cotées obligent les salariés à décider d'exercer (ou de ne pas le faire) alors que la liquidité et la valeur associée peuvent être quasiment inconnue. Certains salariés fidèles et prudents préfèrent renoncer pour ne prendre aucun risque de moins-value (ce qui correspond à une bonne gestion) et pourraient le regretter amèrement quelques mois ou années après !

Le fait que les BSPCE ne génèrent pas de taxe sur la plus-value d'acquisition est dû au fait que la plupart des entreprises émettrices de tels bons sont non cotées et que la valeur de l'action ou moment de l'exercice du bon n'est très souvent pas connue. Ce point a, à nouveau, été oublié dans le cas nouveau des actions gratuites.

Les actions gratuites

Le principe de ce nouveau dispositif est apparemment attractif: un salarié se voit attribuer un certain nombre d'actions gratuitement, 2 ans après il en devient effectivement propriétaire et encore 2 ans plus tard, il a le droit de les vendre. Malheureusement, nos fiscalistes de génie ont encore frappé:

-la plus-value d'acquisition est égale à la valeur de l'action au bout des 2 ans et taxée à 41% (ou suivant l'impôt sur le revenu) ce qui présente 2 défauts: dans le cas de société non cotée, cette valeur est parfois non connue et surtout la plus-value entre prix au moment de l'attribution et la fin des 2 ans devrait être taxée comme une plus-value traditionnelle à 27%.

-la plus-value de cession (plus-value entre l'acquisition et la cession durant la seconde période de 2 ans) est taxée à 27% ce qui est bien mais, si il y a moins-value, ne peut être déduite de l'impôt que sur des revenus de même nature. Un salarié peut donc se voir attribuer des actions gratuites et finalement y être de sa poche (cas d'une forte baisse durant la seconde période de 2 ans) ! Il paraît que Bercy va corriger cette "anomalie"...

En conséquence de tout ce maquis (sachant que j'ai sans doute simplifié dans les paragraphes ci-dessus), avocats, experts-comptables, consultant en ressources humaines et fiscalistes se régalent... et tout le monde hésite à généraliser de tels dispositifs.

Autre remarque avant de proposer un schéma simple: aux États-Unis la notion de "long term capital gain" est au bout de 1 an et la fidélité des salariés est gérée via les entreprises au travers des période de "vesting" (attribution progressive) et des conditions de départ. Nous sommes avec un référentiel de temps qui va de 3 à 6 ans soit au moins un cycle économique. Il me semble que tout ceci est un peu "chélonien" (désigne les tortues comme batracien désigne les crapauds) ...

Ma recommandation

Je recommanderais, bien sûr, de simplifier tout cela:
-tout aligner sur 3 ans,
-taxer sur le revenu les éventuels "rabais" sur stock-options (ou bons de créateurs d'entreprises) ainsi que la valeur de l'action attribuée gratuitement (sur la base de sa valeur au moment de l'attribution),
-taxer sur les plus-values mobilières tout le reste et rendre les éventuelles moins-values déductibles du revenu,
-supprimer toute notion de "requalification en salaire", de période d'exercice, d'ancienneté des salariés et autre subtilité créant des incertitudes inutiles.

On en est malheureusement assez loin.

Conclusion de tout cela ?

Beaucoup d'entrepreneurs et d'investisseurs pensent et promeuvent (exemple: l'association www.CroissancePlus.com auquel je rends ici hommage pour son information et ses actions en la matière) l'idée qu'un large actionnariat salarié est un moyen efficace et motivant de "partager les fruits de la création de valeur" mais...

La Gauche, qui a peur que les gens comprennent que le capitalisme (au sens rémunération de l'actionnaire), est un système économiquement efficace fait/fera tout pour que cela ne soit ni généralisé ni compris.

La Droite aime à faire des incantations pour un large actionnariat salarié mais elle est immédiatement suspecte de clientélisme et incapable de prendre de vraies mesures simples et incitatives.

Quant aux technocrato-fiscalo-fonctionnaires de Bercy adeptes du "on taxe tout ce qui bouge", ils ne changent pas et continuent à dénaturer ce qui pourrait fonctionner. Il faut dire que fonctionnaire voulant dire salarié de l'état, un fonctionnaire-actionnaire d'un État aux fonds propres négatifs (pour longtemps vu le niveau de dette et de déficits abyssaux de l'état Français) n'a pas grand chose à espérer du capitalisme !...

Rédacteur Agoravox



21 mai 2006
par JDCh


Les Britanniques, ils nous adorent...

Intéressant sondage effectué auprès de 6000 Britanniques par le site web WAYN (www.wayn.com) ironiquement fondé par un Français et destiné aux Britanniques qui voyagent...

Classement de 1 à 10:

Les plus inhospitaliers : France, Allemagne, Espagne, Etats-Unis, Italie, Russie, Turquie, Portugal, Chine, Grèce.

Les moins généreux: France, Allemagne, Etats-Unis, Espagne, Turquie/Italie, Russie, Autriche, Grèce, Chine.

Les plus ennuyeux: France, Allemagne, Autriche, Etats-Unis, Pays-Bas, Pologne, Suède, Inde, Chine, Espagne.

Les plus cultivés: Italie, France, Japon, Espagne, Chine, Grèce, Inde/Pays-Bas/Suède/Autriche.

Une corrélation étonnante entre culture, inhospitalité, manque de générosité et ennui !

Moi qui travaille pour une firme Britannique, je me dois d'infirmer partiellement les résultats de ce sondage dans la mesure où le Britannique "éduqué" est, en fait, bien plus francophile que ce sondage ne le laisse paraître.

Ceci dit, si nous avions fini derrière les Allemands ou les Néerlandais, je n'aurais pas eu à écrire ce "post" qui, j'en suis sûr, fait plaisir à nos compatriotes les plus "sophistiqués" !

Je ne tire aucune leçon particulière de ce sondage, juste une question une peu provocatrice: les Français s'exprimeraient-ils de la même façon sur l'hospitalité, la générosité et la culture de nos compatriotes Corses ? ou encore: sommes-nous les Corses de la Grande Bretagne ? (Intéressante cette inversion iliens/continentaux ! non ?).

Les résultats de ce sondage ont été repris un peu partout dans le monde, voici la traduction de la dépêche qui fait le tour du monde et du web (Afrique du Sud, Inde, Thailande...).














Les Français sont inhospitaliers et ennuyeux, indique un sondage Britannique


Londres, le 21 Mai 2006

Les Français ont été élus nation la plus inhospitalière au monde par une écrasante majorité dans un sondage Britannique publié hier. Ils ont également été désignés comme les plus ennuyeux et les moins généreux.
Une décisive proportion de 46% des 6000 personnes interrogées par le site web à destination des voyageurs "Where Are You Now" indiqua que les Français constituaient la nation la plus inhospitalière de la planête.
Les Allemands n'ont pas de raison de célébrer ce verdict accablant. Ils arrivent seconds dans les trois catégories.
Le Français fondateur du site web, Jérome Touze, indiqua aux journaux qu'il avait été fort étonné par cette lourde condamnation. "Je n'imaginais pas que les Français emergeraient comme un pays aussi inhospitalier", déclara-t-il. "Je pense que notre romantique morosité est incomprise et je ferai passer le message à ma famille et mes amis en France d'être plus accueillants avec les touristes dorénavant".
L'Italie a été désignée comme la nation la plus cultivée avec la meilleure cuisine alors que les Etats-Unis nominée comme la moins raffinée avec la pire nourriture.
Les Britanniques ne figurent dans aucun top 10 des différentes catégories. "Les Britanniques n'entrent pas dans ces classements - ni en bien ni en mal. Il apparaît que nous sommes si complètement moyens que les votants ne nous ont pas inclus", commenta le tabloid le Daily Express. "Et pour notre honte, 4% des répondants - tous Britanniques bien sûr - indiquèrent qu'ils ne parleraient qu'à d'autres "Britons" lors de leur séjour à l'étranger".
Alors que la plupart des sondés choisit l'Espagne comme le pays dans lequel ils désireraient le plus vivre, ils estiment que les Espagnols sont presque aussi inhospitaliers et peu généreux que les Français.
Et pour comble, le journal Britannique "The Daily Telegraph" estima dans son éditorial que les Français sentaient mauvais. "Les Français aiment penser que leur odeur est celle de Chanel No5 mais nous savons tous que c'est plutôt l'ail et les vieilles Gitanes".
See original article here

PS: Cet article a été repris quasi-entièrement par un portail Indien. J'adore le choix de photo qu'a fait ce portail pour illustrer le sujet ! Pour voir la photo choisie, cliquez ici



20 mai 2006
par JDCh


Belgium ten points

En ce soir d'Eurovision, les compteurs Neo (dans la barre à droite de ce blog) affichent un classement changé pour ce qui concerne les origines géographiques des visiteurs.

Pour la première fois, la Belgique, longtemps quatrième, est en deuxième position devant les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Merci donc à nos amis Belges de leurs visites et confirmation qu'il y a un paquet de Français résidents à Bruxelles pour les raisons que vous savez !

Petit challenge adressé à nos amis Français (ou francophones) résidents aux US ou en UK: vous faire doubler par les Belges, tout de même ! Vous devriez réagir en recommandant ce blog autour de vous !



17 mai 2006
par JDCh


Petite parabole automobile

Le matin, je quitte en général mon domicile entre 7h30 et 7h45, ce qui me permet de franchir la Place de l'Etoile aux alentours de 8h et d'être au bureau 10 minutes plus tard. Mardi dernier, parce que j'étais rentré fatigué de Londres avec le dernier Eurostar, je n'ai quitté la maison qu'à 8h30 et je suis arrivé avenue Foch vers 9h mais ...

...je n'ai finalement atteint le parking du bureau qu'à 9h45 après avoir patienté une très grosse demi-heure dans l'avenue Foch en haut de laquelle une jeune femme comme celle sur la photo ci-dessus était postée et filtrait consciencieusement le trafic. En arrivant sur la place de l'Etoile, j'ai pu détecter qu'elle avait quelques collègues "actives" en haut des avenues de la Grande Armée et des Champs Elysées notamment...

Ayant eu le temps d'y penser (!), j'ai cherché à comprendre quel était le rôle de ces agents de la circulation, capable de bloquer en très peu de temps 3 grandes avenues parisiennes, agissant en complète désynchronisation des mécanismes régulateurs habituels (feux rouges) et suscitant une symphonie à base d'avertiseurs polyphoniques.

Aucune réponse claire ne m'est apparue et seules deux hypothèses m'ont paru valides:

1/ La Ville de Paris (à moins que ce ne soit la Préfecture) a des fonctionnaires inoccupés et/ou des objectifs de dépenses à atteindre et a donc dépêché cette "squad" de casquettes à damier jaune et noir pour occuper ces fonctionnaires et/ou dépasser ses objectifs de dépenses de nos impôts;

2/ La Ville de Paris cherche définitivement à dégouter les proches banlieusards comme moi de pénétrer dans Paris en voiture et met les moyens adéquats pour qu'une partie de la population automobile adopte les transports en commun.

Si j'habitais plus près de la gare et si j'avais des horaires plus réguliers le soir, j'adhérerais assez volontiers au second objectif mais j'ai du mal à ne pas retenir la première hypothèse comme étant majoritairement valide et explicative de cette anecdote.

Vous vous demandez sans doute où je veux en venir. Rassurez-vous je ne suis pas simplement en train de pointer à la façon de "Combien ça coûte ?" des dépenses inutiles engagées par nos élus. La parabole est ailleurs...

La criante inefficacité du dispositif des "fliquettes à damier" a non seulement un coût mais surtout des impacts négatifs nombreux: des voitures qui consomment et polluent dans les embouteillages, des gens qui vont arriver en retard et énervés à leur premier rendez-vous professionnel du matin, des comportements irrités voire haineux qui se révèlent vis à vis de ces fonctionnaires ou des autres automobilistes...

De l'exacte même façon, lorsque l'état se mêle trop d'économie, y ajoute sa part d'imprévus, de sur-règlementation, de négation des mécanismes régulateurs "naturels" et d'interaction négative avec les acteurs économiques, il entrave l'économie (on trouvera, à ce propos, beaucoup d'exemples dans mes "posts" précédents notamment Service non compris ou 35 heures: saison 4).

La place de l'Etoile est comme une place de marché avec ses règles et sa fluidité naturelle. La semaine en l'absence de nos amazones casquettées, tout se passe parfaitement: le rythme des feux et les pratiques usuelles trouvent leur équilibre optimal... Tout se coince dès qu'un agent extérieur (surtout investi d'une autorité "souveraine") y apporte contraintes et imprévisibilité. Tracasseries administratives, règlements complexes, taxes sur "tout ce qui bouge"... portent tous une casquette à damier !

Le libéralisme n'est pas, comme chacun ne le sait pas forcément, une théorie économique, il s'agit plutôt d'une pensée politique qui reconnaît que des systèmes sont nécessaires pour organiser la vie collective et la démocratie mais qui garde farouchement une ultra-vigilance quant au respect de la liberté individuelle: une des libertés fondamentales étant celle d'entreprendre (et de s'enrichir ce faisant), on comprend pourquoi les entrepreneurs sont majoritairement libéraux.

La liberté de pratiquer telle ou telle religion ou de s'exprimer sont également fondamentales: la prochaine mise en place de péages à l'entrée des églises, temples, synagogues et mosquées et les prochaines taxes touchant artistes, journalistes (et blogueurs) vont être rendues nécessaires par la situation catastrophique de nos finances publiques (je ne fantasme pas tant que cela quand on voit les dernières déclarations de Alain Lamassoure, autre pyrénéen pathétique, sur les SMS et les emails, cf ce post). En fait, je souhaite assez vivement l'introduction rapide de ces nouvelles "gabelles" car elles permettront au camp des libéraux de grossir très rapidement !

En effet, le respect de la liberté individuelle a du être oublié quelque part dans nos raisonnements dits "républicains"... Les êtres censés reconnaissent que la liberté individuelle s'arrête là où commence celle d'autrui, considèrent comme absolument nécessaire qu'il y ait un code de la route (il est à noter, d'ailleurs, que, dans les pays dits "libéraux", celui-ci est respecté bien plus scrupuleusement et docilement que chez nous) mais les libéraux font partie de ceux qui recherchent le PGCD (Plus Grand Commun Diviseur) et ne veulent pas que les systèmes collectifs, par une trop forte expansion, s'arrogent prérogatives et pouvoirs contraignant l'individu. En France, malgré nos talents en arithmétique, nous semblons confondre PPCM (Plus Petit Commun Multiple) et PGCD quand il s'agit de politique ou d'économie !

Je lisais récemment que "69% des Français déclarent n'avoir confiance "ni dans la droite, ni dans la gauche" pour gouverner le pays, selon les résultats de la première étude du Baromètre politique français (2006-2007) Cevipof-ministère de l'Intérieur". De la même façon, je prends cela pour une forme de bonne nouvelle. Il y a vraisemblablement au sein de ces 69% une importante frange d'extrêmistes de tout poil mais il y a surtout, j'en suis à peu près sûr, une majorité de gens qui comprend que notre système est comme la Place de l'Etoile à l'heure de pointe et que nos politiciens traditionnels ne font que s'agiter avec leurs casquettes à damier.

Il y aurait contre toute attente en France une majorité libérale (consciente ou inconsciente) en train d'émerger !

Rédacteur Agoravox




La planète comme un petit ballon rond

Je me suis commis à la traduction d'un article intéressant (bien qu'un peu trop long) "posté" le 20 janvier 2005 sur le site du TIME par un journaliste fan de l'équipe de football de Liverpool.

- Cet article fait écho à un mon premier "post" de Février dernier (cf Pas d'équipe de France du business);

- La parabole footballistique est assez didactique pour expliquer comment les règles du jeu ont changé et comment les Nations ou les États ne peuvent plus être ni les seuls architectes de notre société, ni les "digues protectrices" d'une menace appelée "globalisation" ou "mondialisation";

- A noter que les Américains généralement diabolisés comme grands prêtres de la "mondialisation" n'y sont, cette fois-ci, vraiment pour rien...

- Pour ou contre cette "mondialisation", chacun doit reconnaître que tout cela se passe et ce soir, je supporterai Arsenal !

- Le sujet est enfin bien sûr "de saison" en cette période pré-Coupe du Monde...


Le football peut-il survivre au futur ?

Le football a été traditionnellement une question de frontières et de clans mais les forces de la globalisation remettent en cause les vieilles pratiques.

Les visiteurs à Ibrox Park, domicile des Glasgow Rangers, ont dû être plus qu'étonnés l'année dernière de voir les supporters locaux agiter le drapeau Israélien pour supporter leur équipe. L'étoile de David est certainement un symbole improbable pour les supporters de l'une des plus grandes équipes de football Écossaise dont le protestantisme sectaire et féroce est légendaire - pendant des dizaines d'années, le club n'aurait pas engagé le moindre joueur catholique quelque soit l'ampleur de son talent. Mais pour comprendre pourquoi les fidèles des Rangers brandissaient le drapeau Israélien, on n'avait qu'à regarder de l'autre côté du terrain où les supporters de l'équipe visiteuse, le Celtic de Glasgow - la fierté des catholiques Écossais et de la diaspora Irlandaise - brandissaient le drapeau Palestinien. Ceci doit être presque considéré comme un exemple de l'humour sarcastique d'un sectarisme binaire vieux de plusieurs décennies qui lie les travées du stade de Glasgow avec les rues ensanglantées d'Irlande du Nord.

Le football a, aussi longtemps que quelqu'un puisse s'en souvenir, toujours servi de forme de combat rituel dans lequel les quartiers, les tribus et même les nations pouvaient projeter leur inimitiés les plus passionnées. Quand la Real Sociedad, fierté du Pays Basque, rencontre le Real Madrid, symbole de la couronne royal Espagnole, c'est plus qu'un simple spectacle sportif impliquant 22 hommes et un ballon. Et quand un buteur de l'Eire bat le gardien de but de l'Angleterre dans une rencontre internationale, le rugissement entendu au sein de la diaspora Irlandaise exprime une passion qui est bien antérieure au jeu de football lui-même. Mais de la même façon que les forces de la globalisation remettent en question les notions d'identité en érodant les frontières traditionnelles entre nations et entre clans, la globalisation du football professionnel remet en cause les bases traditionnelles d'identification avec le jeu.

Pendant que les "fans" des Rangers et du Celtic vont continuer, dans un futur proche, de voir dans le derby de Glasgow un rappel des oppositions sectaires de la Bataille de Boyne au quartier de Falls Road à Belfast, ces significations sont de plus en plus lointaines pour les hommes revêtus du maillot bleu des Rangers et des rayures vertes et blanches du Celtic. Quelle signification pour le buteur Géorgien Shota Arveladze des Rangers quand ceux qui soutiennent son équipe contre le Celtic entonnent "Debout jusqu'aux genoux dans le sang des Fenians [républicains irlandais, terme péjoratif utilisé par les loyalistes pour désigner l'ensemble des Irlandais]"? Quelle passion s'éveille dans le coeur de la star du Celtic, l'attaquant Sénégalais Henri Camara, en entendant un hymne de la République d'Irlande ? Auparavant, les Rangers n'engageaient que des joueurs protestants ; Maintenant, comme le Celtic, ils ont suivi et font leur marché dans le football mondial afin d'être compétitifs dans les joutes Européennes qui sont les plus lucratives pour les clubs du continent. Ainsi, pendant que les supporters considère le jeu comme fondé sur les règles d'anciennes batailles tribales, ceux qui jouent sont Hollandais, Danois, Brésiliens, Portugais, Suédois, Français, Sénégalais, Guinéens, Ivoiriens, Bulgares ou autres et sont de simples professionnels vendant leurs talents au plus offrant dans un football international de plus en plus globalisé.

Comment le football explique le monde

C'est dans cette complexe, souvent sombrement drôle, connexion du rôle traditionnel du football comme métaphore de la guerre entre nations ou ethnies et les forces de la globalisation qui change la face du sport, que le journaliste Franklin Foer de la "New Republic" s'est lancé dans l'écriture de son nouveau livre "How Soccer Explains the World". C'est un projet convaincant et ambitieux qui cherche à cartographier l'impact des vagues de la globalisation sur les digues clanistes traditionnelles qui ont pendant longtemps défini la culture football.

Étant Américain, Foer doit être félicité pour s'être aventuré sur un terrain implicitement étranger à sa culture maternelle. Aux États Unis, le football est principalement joué dans les banlieues des classes moyennes par des garçons et des filles et l'idée que la loyauté vis à vis d'une équipe puisse être une expression d'identité si profonde qu'elle pourrait justifier de se battre - voire de tuer - paraîtrait parfaitement grotesque sur les gazons de Long Island où Foer joua, enfant, pour la première fois. Les clubs de football professionnels Américains - "franchises" comme elles sont nommées là-bas - ont été créés à partir de rien dans les années 90 et ne véhiculent aucune des histoires fondatrices de leurs homologues Européens ou Sud Américains. Le support de l'équipe nationale Américaine révèle à peine un patriotisme chauvin. Dans mon expérience, les publics Américains sont plus souvent conscients de la signification de l'enjeu via les supporters du camp opposé: par exemple, quand l'équipe Américaine a joué contre l'Iran, la Serbie ou le Mexique lors de rencontres récentes. Foer n'arrive pas à y trouver de réelle signification de l'impact de la globalisation sur le sport et ses fans.

Là où Foer réussit un brillant rapport est quand il emmène ces lecteurs dans les travées de Glasgow pour une explication de premier ordre sur la rivalité ancestrale, thème qu'il répète dans ses discussions avec un groupe organisé de hooligans de l'Etoile Rouge de Belgrade dont la base des supporters ont été les troupes de choc de la campagne de nettoyage ethnique de Slobodan Milosevic et furent plus tard organisés en milices.

Encore plus éclairant est son explication sur les expériences des jeunes joueurs Africains à la marge du football Européen. Il raconte l'histoire de Edward Anyamkyegh, une jeune star Nigériane jouant à Karpaty Lviv, une équipe Ukrainienne avec une féroce tradition nationaliste. Durant l'ère soviétique, l'Ukraine était reconnue comme le socle du talent footballistique de l'URSS, fournissant régulièrement la majorité de l'équipe nationale. Mais malgré cette tradition de représentation de la fierté Ukrainienne (particulièrement vis à vis des Russes durant l'ère soviétique), il est maintenant accepté dans une Ukraine indépendante que le succès en football nécessite d'acheter les meilleurs talents disponibles - et étant donné que les clubs de l'Ouest bien plus fortunés vont se saisir de la crème des talents mondiaux, les clubs d'Ukraine ou de Russie - ainsi que les clubs de France ou de Belgique - qui ne peuvent se payer les meilleurs Brésiliens, Français, Scandinaves ou même les stars établies du football Africain ont regardé de plus en plus directement le réservoir Africain comme source principale de talents à importer pour améliorer leurs équipes. KSK Beveren, l'équipe d'Anvers qui a atteint la saison dernière la finale de la coupe de Belgique est connue pour être composée entièrement de joueurs de la Côte d'ivoire.

Ça ne doit pas être très drôle d'émigrer du soleil de l'Afrique vers les déchets glacés des cités déclinantes et industrielles de l'ancienne Union Soviétique peuplées de skinheads racistes en colère. Mais il y a plus que de l'argent pour compenser: les Russes et les Ukrainiens jouent les compétitions Européennes, offrent à leurs recrues une plate-forme pour impressionner les états majors des clubs Italiens, Espagnols ou Britanniques qui offriront un meilleur salaire et des conditions de vie bien plus bénignes. Aujourd'hui, on estime qu'il y a environ 1000 Africains qui gagnent leur vie en Europe, un chiffre bas comparé à la diaspora professionnelle Brésilienne dont on estime qu'elle représente environ 5000 joueurs. Et aucun des joueurs Africains alignés régulièrement dans une équipe Anglaise de Premiere League n'a été directement recruté en Afrique - tous ont été achetés auprès d'autres équipes Européennes.

Bien qu'une élite grandissante de stars international ait joué en dehors des frontières nationales depuis l'après-guerre, la globalisation du marché du travail footballistique commenca réellement durant les années 90. Aujourd'hui les champions Anglais, le club londonien d'Arsenal, sont managés par un Français et seulement deux joueurs Anglais figurent dans leur équipe type. Quand le même club gagna le championnat il y a 15 ans, un Suédois était leur seul étranger à bord.

L'impulsion cosmopolite dans le football Européen trouve son origine dans la quête de talents: différentes expressions dans la façon dont le jeu est joué, organisé et entraîné à travers les continents durant le siècle dernier ont créé une réalité où aujourd'hui la formule gagnante demande un mélange de ces traditions. Mais au niveau "business", aussi, les clubs commencent à refléter l'impact de la globalisation. Il y a un quart de siècle, les clubs les plus capitalisés, qui pouvaient acheter les contrats des meilleurs joueurs aux clubs de moindre importance et leur offrir des situations plus lucratives, étaient ceux qui pouvaient remplir les plus grands stades chaque semaine - d'où l'anomalie Espagnole ou Italienne, deux des plus faibles économies Européennes de l'après-guerre, qui étaient cependant les terres des clubs de football qui pouvaient acheter les meilleurs joueurs à leurs rivaux en Allemagne, France et Angleterre.

Aujourd'hui, les marchés globaux de capitaux commencent à jouer un rôle plus important: Manchester United est cotée sur le marché boursier de Londres et l'un de ses actionnaires les plus importants est Américain. Le club de l'ouest de Londres Chelsea est train de déboulonner la formule qui veut que "le succès ne peut s'acheter" à la suite de son acquisition par un émigré oligarchique Russe Roman Abramovich qui a ajouté près de 200 m$ au trésor de guerre de l'équipe pour acquérir autant de joueurs de classe mondiale qu'elle pouvait en trouver. Et les supporters de l'équipe de Liverpool, dont le statut d'icône locale est sans doute plus grand que celui des Beatles, font face à une réalité inconfortable par laquelle le club sera partiellement détenu par un consortium organisé par le premier ministre de Thailande.

L'arrivée de ces investisseurs révèle la réalité que les clubs de football ont bougé au delà de leurs sources traditionnelles de revenus comme la billetterie, les droits télé et le sponsoring. Aujourd'hui, les clubs comme Manchester et Arsenal sont des marques globales, dont les maillots peuvent se trouver dans les rues de Pekin ou Bangkok aussi bien qu'on peut les voir dans les camps de réfugiés de Gaza ou dans les ruelles de l'est de Bagdad. Avec des millions de fans autour du monde regardant via satellite chaque match, les possibilités de merchandising sont devenues soudainement infinie. Quand, dans le passé, Manchester United pouvait espérer vendre environ 30000 répliques de sa tenue par an à ses supporters dans la ville et en Grande Bretagne, elle peut aujourd'hui vendre des millions de maillots et autres éléments de l'attirail à une base globale de supporters, avec un marché asiatique représentant un énorme nouveau marché.

Ce fait, plus qu'aucun autre, explique la décision du géant Espagnol du Real Madrid d'enrôler l'icône Anglaise de Manchester United, David Beckham. Beckham est un bon joueur, bien sûr, mais pas un très grand joueur - son attrait réel est celui d'une icône, homme parlant doucement, élégant, marié (sa femme Victoria est mieux connue comme Posh Spice) avec un look de pop star globale, notamment en Asie. Pour le dire rudement, pendant que la contribution de Beckham aux performances du Real Madrid sera toujours éclipsée par celles de Zidane, Raul, Ronaldo et Roberto Carlos, il n'a pas d'équivalent quand il s'agit de vendre des maillots aux adolescentes en Asie. Comme le patron du marketing du Real Madrid, Jose Angel Sanchez, l'a dit au journaliste Martin Jacques récemment "A la fin, on devrait n'avoir que 6 marques leaders globales. Les gens supporteront leurs équipes locales et l'une des six grandes. Nous devons nous positionner pour cela".

Jacques va plus loin que Foer en posant les questions sur les tensions générées par la globalisation sur la façon dont le sport est joué, regardé et organisé. Quand la fidélité d'une base de supporters a généralement été organisée sur une base locale, souvent sectaire ou suivant des affinités politiques, il note que cela est difficile à transformer en marque globale. En Espagne, les rencontres entre le Real Madrid et Barcelone continue de porter le tampon de l'équipe du Général Franco (Madrid) affrontant les républicains irrépressiblement rebelles Catalans (Barcelone) mais cette histoire qui enflamme la passion des foules locales ne veut rien dire aux consommateurs qui pourraient acheter un maillot dans un centre commercial de San Diego ou un magasin de sport à Bangkok. Le challenge consistant à redéfinir les termes d'une identification avec une équipe de football - phénomène par nature tribal dans le monde du football - demeure un des enjeux clé auquel le football en tant que "business" fait face dans cette ère de globalisation.

Le jeu mondial

Pendant que les clubs représentent le principal lieu dans lequel les matchs sont joués chaque semaine - et où à la fois les propriétaires et les joueurs opèrent un "business" - et parfois expriment des rivalités de longue durée, la forme première d'identification tribale dans le jeu mondial demeure, pour une grande part, avec l'équipe nationale plutôt que le club local. Les passions nationalistes entourant les compétitions internationales sont évidentes à détecter à chaque Coupe du Monde et tournois continentaux: il y a des histoires douloureuses en jeu à chaque fois que l'Allemagne affronte la Hollande ou la République Tchèque, par exemple, et la raison pour laquelle les supporters Mexicains récemment encouragèrent leur équipe de moins de 21 ans par des "Osama Osama" a tout à voir avec le fait que leurs rivaux, ce soir-là, étaient les moins de 21 ans des États-Unis. Les matchs Angleterre-Argentine rappelleront toujours la mémoire amère de leur guerre des Malouines en 1982, par exemple, et un match qualificatif durement disputé entre le Salvador et le Honduras en 1969 déclencha une brève confrontation militaire entre les deux pays.

Mais, dans l'ère de globalisation, la véritable notion de nation change. Un simple regard à l'actuelle équipe nationale Française suffit à expliquer pourquoi le leader du parti d'extrême droite raciste, Jean-Marie Le Pen, la renia il y a quelque temps par un "pas une vraie équipe de France". Chaque joueur à part deux dans l'équipe type a des origines Africaines. Pendant les 2 dernières coupes du monde, les espoirs de la France ont reposé sur les épaules du milieu de terrain délicieusement talentueux Zinedine Zidane, né en Algérie. La Hollande, aussi, aligne une équipe aujourd'hui qui contient au moins 6 joueurs qui viennent des colonies Hollandaises dans les Caraïbes ou l'Asie du Sud Est pendant que au moins sept de l'équipe Anglaise ont des racines dans les anciennes colonies Britanniques. Mais alors que l'ère coloniale explique la constitution de ces équipes nationales, les formes contemporaines de l'immigration expliquent la situation en Suède dont la force de frappe consiste en Henrik Larsson, à moitié Cap Verdien, et Zlatan Ibrahimovic, dont les origines sont Bosnio-Croate.

Les règles de la FIFA, l'organisme de gouvernance internationale du football, autorise un joueur à choisir entre représenter son pays d'adoption ou son pays d'origine - bien que, une fois ce choix fait, il ne peut plus être changé. Un vieille histoire raconte que pour jouer pour l'Eire un joueur avait simplement à prouver que son grand père buvait de la Guiness. Plusieurs joueurs qui ont eu des difficultés pour être sélectionné par leur pays ont été contents de trouver des ancêtres qui leur donnent une autre opportunité de sortie sur la scène internationale et améliore leur valeur dans le marché des transferts.

Mais l'accélération des phénomènes migratoires des joueurs à travers les frontières nationales a créé quelques incongruités. Le buteur star de la Pologne, par exemple, Emmanuel Olisadebe, un Nigérian qui a joué pour un club Polonais et a tellement impressionné les autorités du football du pays que le gouvernement a facilité son accession rapide à la nationalité Polonaise afin d'améliorer leurs espoirs lors de la dernière Coupe du Monde. L'ironie est que, bien que Olisadebe soit toujours le pilier de l'attaque Polonaise, il ne vit plus en Pologne après avoir émigré vers le plus lucratif club Grec de Panathanaikos.

Jacques voit la diversité grandissante des équipes nationales comme un symbole puissant du potentiel libéral et progressiste du football mais il envisage une compétition croissante entre les clubs et les nations sur l'organisation du sport. Comme les entreprises aujourd'hui jouent avec les frontières et leurs règles douanières alors qu'elles ont une existence supra-nationale qui dépasse les frontières nationales et qu'elle sont à la poursuite des marchés, talents, coûts de gestion faibles et dégrèvements fiscaux, les équipes de football de l'élite jouent contre l'état nation (plus précisément contre leur fédération nationale de football). Pour les supporters, il reste évident que représenter son pays est l'honneur le plus haut. Mais la réalité pour les joueurs est que ce sont leurs clubs, pas leur pays, qui paient leurs salaires. Et pour les clubs, les joueurs sont des éléments de patrimoine constamment en situation de risque de perdre toute ou partie de leur valeur en raison d'une blessure lorsqu'ils jouent pour leur équipe nationale. Les clubs du top voudraient que leurs joueurs ne jouent plus du tout pour leur équipe nationale.

La tendance parmi les joueurs de nombreux pays Africains est de mettre les intérêts de leurs clubs Européens au dessus de ceux de leurs pays - il y a certains trucs pour cela: être sûr que tu es disponible pour la Coupe du Monde ou tournois similaires quand les acheteurs des équipes majeures sont à la recherche de talents mais invoquer une blessure ou prendre sa retraite de l'équipe nationale pour éviter ces matchs qualificatifs ou amicaux fastidieux entre temps. Des pays comme l'Afrique du Sud, l'Australie ou le Sénégal ont reconnu cette réalité de plus en plus, étant donné que la plupart de leurs choix naturels pour l'équipe nationale gagnent leur vie en Europe. Ils adaptent de façon permanente leurs règles nationales pour accommoder les joueurs basés à l'étranger en, par exemple, organisant des matchs amicaux en Europe et en évitant d'appeler les joueurs des grands clubs pour les matchs moins importants du calendrier international.

Mais beaucoup des équipes de l'élite ne veulent rien de moins qu'une révolution de l'ordre traditionnel qui a mis les nations au dessus des clubs pour ce qui concerne les engagements des joueurs. Un G14, représentant les 18 clubs leaders en Europe a commencé des démarches légales visant à forcer la FIFA à partager avec les clubs les revenus générés par les compétitions comme la Coupe du Monde et l'Euro, comme une façon de les compenser pour rendre disponible leur patrimoine pour ces obligations internationales. Ils ont également essayé de créer leur propre Ligue des Champions permanente, séparant l'élite du reste des clubs - une telle ligue supra-nationale existe actuellement, bien sûr, mais les équipes se qualifient sur la base de leurs performances de l'année précédente dans leurs championnats domestiques.

La fédération internationale FIFA en tant que représentant des différentes fédérations nationales du football dans le monde, a longtemps eu un pouvoir incontesté sur tout, allant des règles du jeu au calendrier des compétitions. Mais les clubs commencent maintenant à émerger en tant que géants globaux, l'équivalent des sociétés multinationales. Et, comme Jacques le suggère, le débat "club vs pays" va vraisemblablement dominer la bataille politique sur comment le sport sera organisé pendant les décennies à venir.

La pratique Américaine des franchises se déplaçant d'une ville à l'autre a, pour l'instant, été impensable dans le football Européen. Mais la dynamique de la globalisation du sport est telle que cela n'est plus totalement inconcevable, particulièrement à la lumière de l'émergence d'un véritable esprit de cartel au sein du G14. Les événements politiques de la dernière décennie suggèrent que malgré l'optimisme des supporters de la globalisation, le processus a pour l'instant à peine dissipé les passions historiques, politiques, sectaires et ethniques. Mais la dynamique de globalisation suggère qu'il va devenir de plus en plus difficile de conserver un football qui demeure un exutoire pour celles-ci.

Pour Time.com, Tony Karon, supporter à vie de Liverpool


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12 mai 2006
par JDCh


La France est innovante: mazeltov !

Les annonces récentes faites par l'Agence pour l'Innovation Industrielle (AII) m'ont donné envie, à travers ce "post" de parler d'un sujet qui occupe mon quotidien à savoir le financement des Jeunes Entreprises Innovantes (JEI) en France.

Avant de parler de la situation hexagonale, faisons un petit détour par Israël où j'ai dû me rendre quelque fois depuis que je fais ce métier car Israël est devenu une place incontournable du capital-risque mondial (numéro 3 après les US et la Grande Bretagne). Israël, qui ne compte que 6 millions d'habitants, voit converger vers ses entreprises de technologie plus de 1 milliard de dollars d'investissement en capital-risque (quand la France en observe un peu plus de 500 millions d'euros soit environ 15 fois moins "per capita").

Au delà des interrogatoires tracassiers menés par le personnel de El-Al (avant d'embarquer) ou la "police des frontières" (notamment à la sortie du pays) et de l'émotion intense ressentie lors de la visite de Jérusalem, ce qui frappe en Israël est l'extraordinaire dynamisme de leur industrie technologique.

L'entrepreneur Israélien, et cela est sans doute dû au contexte géopolitique dans lequel se trouve le pays depuis sa création, est impatient (il a envie de réussir et de faire de l'argent vite voire très vite) et n'a peur de rien (plus le problème adressé est complexe, plus la route vers le succès est de type "face nord", plus son énergie et enthousiasme est important). Ce mélange d'impatience et d'ambition donne un modèle de management d'entreprises "alla commando" qui convient bien au secteur des technologies.

En plus du secteur de la sécurité dans lequel le pays excelle grâce à une bonne fluidité (en grande partie facilité par le fait que le service militaire dure entre 21 mois pour les femmes et 36 mois pour les hommes) entre les organismes de recherche d'état ou militaires et l'Industrie, Israël a su se développer dans le secteur des télécoms, du software, des semi-conducteurs et de l'instrumentation médicale avec de fort beaux succès à la clé: une cinquantaine de société leaders mondiaux (souvent cotées au Nasdaq comme Amdocs, Mercury, Checkpoint... on compte moins de 5 équivalents Français) et des centaines de sociétés rachetées par les leaders Américains (comme Intel, Cisco, Motorola, IBM... qui ont d'ailleurs pérennisé des centres de R&D très importants dans ce pays où la main d'oeuvre est environ deux fois moins chers qu'en Californie alors qu'ils rechignent à acheter des sociétés Françaises puisque notre message politique est que nous ne le souhaitons pas et que notre droit/coût du travail ne les encouragent pas à garder des équipes de R&D en France).

La technologie et l'innovation constituent le "core business" du pays et pourtant l'intervention de l'état semble simple et concentrée. Un certain nombre de dispositifs d'allégements/exonérations fiscaux rendent le démarrage des entreprises plus compétitifs et un bureau du Ministère de l'Industrie, du Commerce et du Travail dirigée par le Chief Scientist of Israël, que j'ai eu la chance de rencontrer pendant une heure l'année dernière, joue un rôle crucial.

Dr Eli Opper entouré d'une petite dizaine de collaborateurs investit sous forme de subventions dans une grosse centaine d'entreprises par an environ 100m$. Il remet en main propre, après une présentation formelle du projet, un chèque allant de 10.000$ à 10.000.000$ au chef d'entreprise et garantit une cohérence générale qui semble extrêmement efficace (par exemple, les plus gros chèques sont allés pendant un moment au secteur des biotechs dans lequel Israël se trouvait être peu actif et qu'ils avaient décidé de privilégier).

Sans parler encore de l'AII mais simplement de l'Oseo-Anvar qui joue ce rôle en France, on notera quelques différences sensibles:
-l'effectif de l'Oseo-Anvar est de plus de 500 fonctionnaires répartis sur tout le territoire;
-les sociétés bénéficiaires d'avances remboursables se comptent par milliers (effet "saupoudrage")
-il s'agit principalement d'avances remboursables sous conditions donc d'un instrument compliqué;
-les montants sont très peu différenciés (moyenne vers 100.000€ soit presque 7-8 fois par société moins que l'équipe du Dr Opper) pour un montant total de l'ordre de 250 m€;
-l'entrepreneur reçoit cet argent comme un remboursement de "sécu" (je caricature un peu) pas vraiment comme un encouragement solennel donné par une haute personnalité de l'état...

Venons-en à l'AII créée suite au rapport Beffa dont j'avais lu des extraits et qui m'avait paru fort décalé par rapport à ma perception de ce qu'est l'Innovation. On avait l'impression à sa lecture que la compréhension de ce concept n'avait pas évolué depuis la fin des 30 glorieuses et les projets type Ariane, Airbus, TGV, Centrales Nucléaires...

Pour ce qui me concerne, l'Innovation aujourd'hui "tient dans la poche" et elle ressemble à un téléphone portable. Elle doit répondre à deux questions illustrées comme suit:

-comment mettre dans un appareil plus puissant qu'un PC un téléphone, une télévision, une caméra vidéo, un lecteur MP3, un bureau mobile (et que sais-je encore ?) en maintenant le coût total en dessous de 100$ (afin que le marché soit un marché de masse incluant la population Chinoise ou Indienne) ?

-comment rendre toutes les fonctionnalités faciles à utiliser, utilisables et utilisées par Monsieur Toulemonde ? (ce second point souvent sous-estimé est absolument crucial et explique, par exemple, les succès du Blackberry ou de l'iPod) ?

Le schéma de propagation de l'Innovation n'est pas le fait de notre culturel colbertisme, il suit celui de l'Internet: les infrastructures se déploient après que les usages par le consommateur final se soient développés. J'avais donc assez peur que notre nouveau "machin" raisonne à l'envers !

Les premiers projets lancés par l'AII semblent, pour ceux que je peux juger, adresser de bons sujets. Pour n'en citer que deux, il existe encore des tas de choses à inventer en matière de recherche sur internet (et sur internet mobile d'ailleurs) et le déploiement pervasif de la télévision numérique (en situation de mobilité notamment) est un "vrai sujet".

Les annonces faites par l'AII appellent cependant les remarques et les doutes suivants:

-les sommes annoncées sous forme de subventions et surtout d'avances remboursables semblent pharaoniques. Est-ce un effet d'annonce ? y-a-il une véritable gradation dans les investissements réalisés ? quel est le ratio entre coût de gestion et réel effort de R&D de ces programmes ?...

-ces programmes impliquent des start-ups (NdR: comme Dibcom dans laquelle mon équipe a investi l'année dernière) mais sont "leadés" par des "gorilles de 800 kilos". Quelle part va véritablement aller aux innovateurs (i.e aux start-ups) ? quelle est la légitimité d'un Thomson ou d'un INA sur les problématiques de "search" ? va-t-on vraiment raisonner "innovation" vs performance scientifique et technique ? "innovation produit" vs simple "copycat" ?...

J'admets qu'il vaut mieux trop d'argent que pas (d'ailleurs le budget de l'AII sur 10 ans ne représente que 2 ans de déficit du régime d'allocation chômage des intermittents du spectacle !), que du point de vue "éducationnel" ces annonces sont pédagogiques tant vis à vis du grand public que des grandes entreprises et que je ne vais pas jouer, moi aussi, les "party poopers".

A ce propos, pour reparler de Dibcom, start-up Française leader mondial dans les "chips" permettant de recevoir la télévision numérique en situation de mobilité, primo, il faut se féliciter d'avoir un tel leader sur notre sol et, secundo, il est amusant de rapporter un coup de fil que j'ai eu récemment d'un acteur Français majeur du secteur "télécom & média" qui se demandait si cela n'était pas risqué de travailler avec une petite société comme Dibcom (qui a pourtant levé 24m€ l'année dernière et a signé des accords stratégiques avec de prestigieux acteurs globaux qui ont choisi Dibcom parce que simplement c'était le meilleur partenaire au niveau mondial) et s'il n'avait pas intérêt à faire des choix techniques plus conservateurs en travaillant avec un acteur établi et Américain: comme quoi la pédagogie est nécessaire !

Nos hommes politiques savent qu'une vraie économie de l'Innovation pourrait "booster" notre croissance d'un facteur 50% (ou plus) et, il faut être honnête, les DSK ou les Dutreil n'ont pas chômé sur ces sujets. Les acronymes FCPI (Fond Commun de Placement pour l'Innovation), JEI, CIR (Crédit Impôt Recherche)... correspondent tous à des mesures qui vont dans le bon sens: elles sont, à l'image de l'AII, souvent imparfaites et surtout compliquées et/ou coûteuses alors qu'elles pourraient être bien plus simples et flexibles. Je ferai probablement l'inventaire des améliorations possibles de tous ces dispositifs dans un prochain "post"...

Un seul sigle semble toujours tabou: ISF... mais là j'ai déjà fait mes propositions ! (cf Petite proposition extravagante). Nous en sommes toujours à la phase "éducationnelle" d'apprentissage de ce qu'est l'économie de l'Innovation et cette phase sera d'autant plus longue que ceux qui savent "vraiment" continueront de quitter notre pays...

Rédacteur Agoravox



10 mai 2006
par JDCh


Cegetix le Gaulois

J'ai retrouvé ce petit texte illustré qui date de 2003 mais a peu vieilli...

En 2012 après J.C. ( Jésus Christ pas Jacques Chirac ) toute la France est réformée. Toute la France ? Non...

Une petite poignée de fonctionnaires résiste encore et toujours à l'envahisseur, prédateur réformateur. Retranchés dans leur petit village privilégié, ils sont encerclés par les camps fortifiés de Refurm, Referendum, Droidelum et Serviceminimum.

Nos héros privilégiés:


- Cegetix "le Syndiqué" : petit grèviste malin, il a toujours une bonne idée pour échapper au travail et trouve toujours un prétexte pour déclencher une grève générale.




- Fonctionpublix : le meilleur ami de Cegetix, Fonctionpublix refuse d'admettre qu'il mange trop, et est prêt à taper sur tous ceux qui lui font remarquer qu'il est "un peu enveloppé". Il accompagne Cegetix dans toutes ses aventures, tant qu'on peut rigoler et échapper au boulot.



- Prenpadrix : c'est lui qui appelle à la grève générale...









- Bloklepayx "le druide" : c'est lui qui prépare la potion de grève, la recette magique qui permet à nos héros de résister encore et toujours aux réformes.

- Demagogix "le Chef" : époux de Poildanslamimine, il se fait réélire depuis plus de 30 ans en promettant tout et n'importe quoi à ses militants. Il n'a qu'une seule crainte : que du travail lui tombe sur la tête. On le voit ici soutenu par Taxonléprofix et Echapofix les délégués syndicaux. L'heure de gloire d'Echapofix a été le jour où il a réussi à faire passer sa somptueuse résidence aux frais du CE de sa société.

Avec leurs amis Eratepix, Assedix, Eraimix, Airfrancix, Essainecefix, Edehefix, Educationix.... ils luttent courageusement bec et ongles pour la défense de leurs privilèges. Régulièrement leurs nouvelles aventures sont publiées dans la rue, les gares, les aéroports, bénéficiant d'une grande publicité et contraignant les habitants des autres villages, dans l'impossibilité d'aller travailler, à suivre leur lutte et à les plaindre.



08 mai 2006
par JDCh


Star'Ac: pour Douste, votez 1

Petite traduction d'un article, sur lequel mon attention a été attirée pendant mes vacances, paru dans l'International Herald Tribune et qui démontre une nouvelle fois la crédibilité de nos gouvernants... NB: le dialogue entre Douste et le conservateur de Yad Vashem: "hal-lu-ci-nant" !

Un vrai miracle ce Douste... (faut dire qu'il est de Lourdes !)


La tête de la diplomatie Française sous une lumière cruelle

Il a confondu Taiwan avec la Thailande, la Croatie avec le Kosovo et il ne parle aucune langue étrangère - pas même l'anglais. En fait, le Ministre des Affaires Étrangères Français Philippe Douste-Blazy est si gaffeur, que le Président Jacques Chirac demande habituellement à ce qu'un fonctionnaire soit à ses côtés avec un magnétophone afin de garder la trace de toute potentielle bourde. Ceci a été rapporté hargneusement par le journal Le Monde.

L'article, publié lorsque Douste-Blazy rencontrait ses homologues de l'OTAN à Sofia, liste anecdote après anecdote embarrassante les faux pas qui ont sappé sa crédibilité à la fois à l'étranger et au sein de sa propre diplomatie. Un exemple, il est écrit qu'il fût si vague après une importante réunion ministérielle à l'ONU que les diplomates Français durent demander au Ministre des Affaires Étrangères Britannique un "debriefing".

Un autre, au Mémorial Yad Vashem de la Shoah à Jérusalem en Septembre dernier, Le Monde rapporte que Douste-Blazy s'est arrêté devant une carte décrivant les communautés Juives dans les pays d'Europe avant et après la seconde guerre mondiale.

"N'y-a-t-il pas eu de juifs tués en Grande Bretagne?" demanda-t-il. "Mais Monsieur le Ministre, la Grande Bretagne n'a jamais été occupée par les Nazis", répondit le conservateur. Ce à quoi Douste-Blazy rétorqua "Mais n'y-a-t-il pas eu des juifs expulsés de Grande Bretagne ?". Interrogé vendredi à propos de l'article Du Monde, un porte-parole du Ministre qui était à Sofia avec Douste-Blazy refusa de commenter.

Au delà du timing de cet article, ce portrait embarrassant du diplomate en chef Français comme un personnage aux multiples surnoms mais à la très faible influence est une métaphore pour un gouvernement submergé par les boulettes politiques. Depuis le "non" au référendum sur la Constitution Européenne en Mai dernier, en passant par les trois semaines d'émeutes dans les quartiers d'immigrés à l'automne jusqu'au mouvement récent de protestation contre l'impopulaire plan pour l'emploi des jeunes, les gouvernants Français sont en crise depuis un an.

"L'article ne contribue certainement pas à l'image de la France à l'étranger" indiqua Pierre Giacometti, directeur des études politiques de l'institut de sondage Ipsos. "Mais il est également symptomatique de la fragilité politique du gouvernement".

Jean-Philippe Roy, un professeur de sciences politiques à l'université de Tours ajouta: "Le gouvernement est dépouillé de toute légitimité. Il ne gouverne plus; il règle simplement les affaires courantes du pays".

Avec encore un an avant l'élection présidentielle, cette situation devrait perdurer. A la fois Chirac et le Premier Ministre Dominique de Villepin - qui ont nommé Douste-Blazy, 53 ans, comme Ministre des Affaires Étrangères en Juin - ont vu leur taux de popularité plonger vers leur plus bas.

Raphaëlle Bacqué, auteur du papier dans Le Monde, a déclaré au téléphone qu'elle avait entrepris il y a trois semaines d'écrire un article plus large sur la morosité actuelle au sein du corps des diplomates Français généralement très fiers mais avait découvert que Douste-Blazy à lui seul constituait un élément majeur de la frustration.

C'est ainsi qu'il devînt le sujet principal de cet article. Bacqué de conclure: "Il est très représentatif de la crise actuelle que traverse la France".


See original version on International Herald Tribune website.