22 décembre 2006
par JDCh


Favoriser la culture d'entreprendre chez les lycéens Français

Excellente initiative de mon camarade et ancien confrère Philippe Hayat et du Club Horizons.

Aller à la rencontre des lycéens pour leur parler d'entreprise et d'entrepreneurs.

Ca ne peut pas faire de mal et, à grande échelle, cela pourrait même faire beaucoup beaucoup de bien.



Je suis sûr que les élèves du Lycée Utrillo dans le 18éme ont apprécié de discuter avec Philippe Hayat et Pierre Kosciusko-Morizet (CEO de Priceminister) qui est un excellent pédagogue et qui dirige une entreprise que tous les lycéens connaissent...

Je me suis porté volontaire au cas où les élèves voudraient voir un "capital-risqueur" en chair et en os ! Peu probable...


Pour en savoir plus, cliquer sur l'image ci-dessous.

100000 Entrepreneurs




Une pluie de dollars sur Wall Street et la City

L'article de Libération ci-dessous reproduit bien le système de pensée étriqué dans laquelle les Français aiment à se confiner. Tous ces vieux et jeunes loups de la Finance basés à NYC ou à London gagnent des sommes "indécentes" et, puisqu'il s'agit de finance, cela n'est "pas forcément très propre" !

C'est cette défiance vis à vis du monde de la bourse et des fusions-acquisitions qui fait de Paris une place financière "provinciale" à l'échelle de la planête et qui a peuplé les salles de marché et équipes M&A des banques New-Yorkaises ou Londoniennes de Français expatriés qui regardent la France comme une potentielle "résidence secondaire" !

Ceci appelle quand même quelques remarques de bon sens que notre morale "catholico-marxiste" ne devrait pas masquer. Restons lucides :
  • Zidane, Johnny, Depardieu et compagnie gagnent également des sommes considérables (Zidane sur 2006 sera, en terme de revenus, au dessus du patron de la plus grande banque d'affaires mondiale !) et , pour eux, l'indécence ou la suspicion sont remisées. Pourquoi ? Il n'y a pas vraiment de raison et il est normal qu'un jeune banquier de talent puisse gagner plus ou autant qu'un obscur footballeur professionnel de Ligue 1 !
  • Si tous les banquiers d'affaires, "traders" ou gestionnaires de "hedge fund" de nationalité Française étaient basés à Paris et payaient impôts et cotisations en France, on retrouverait une jolie somme à redistribuer dans notre système collectif. Nos prélévements obligatoires abusifs et notre "moralité à la noix" font que cela n'est pas le cas.
  • On parle souvent en France, d'une priorité donnée à l'actionnaire par rapport aux salariés. Le monde de la finance démontre que cela n'est pas vrai partout (tous les bénéficiaires de ces bonus "astronomiques" sont des employés !) et que le capitalisme/libéralisme repose sur un partage entre le détenteur du capital et celui qui crée de la valeur en faisant prospérer ce capital. Dérangeant pour beaucoup, cette constatation s'applique en Angleterre et aux Etats-Unis bien au delà du monde la finance: les salariés des entreprises les plus prospères sont les mieux payés...
  • La finance (en anglais "money business") est le plus gros secteur économique et il n'est pas prêt de mourir ou d'être délocalisé aux fins fonds de la Chine ou de l'Inde... Quand nos amis Britanniques ont fait le choix de privilégier la finance au risque d'abandonner leurs industries, ils ont fait un choix "immoral" mais opportun qui bénéficie à l'ensemble des Londoniens et des Britanniques...
Money business never dies...


Chaque année, les banques en mal d'investissements rémunèrent leurs meilleurs employés en leur offrant des primes démesurées
Par Sabine LIMAT, Laurent MAURIAC
Jeudi 21 décembre 2006
Respectivement à Londres et à New York

Les niveaux sont indécents. Cette année plus encore que l'année précédente et peut-être moins que la prochaine. Mais, pour la petite poignée d'employés de la finance, ces bonus qui tombent chaque année à Noël sont l'évidence même. Quand la Bourse s'envole, quand les entreprises fusionnent à tour de bras, l'argent coule à flots dans les grandes firmes financières. Et les montants des «pourboires» deviennent stratosphériques.

Jackpot. L'explication est aussi froide que celle de cet analyste de Wall Street qui requiert l'anonymat : «Les bonus découlent des profits. Les clients des entreprises de Wall Street ont trop d'argent . Nous nageons dans le capital. Il y a trop de capital disponible et pas assez de possibilités d'investissements. Les compagnies américaines se sont restructurées ces cinq dernières années. Elles réalisent à présent des profits colossaux.» Et c'est comme ça que, cette année, à Wll Street (selon les estimations présentées mardi par le contrôleur de l'Etat de New York), les bonus ont augmenté de 17 % pour atteindre 23,9 milliards de dollars et de 30 % dans les cinq principales firmes financières américaines (Goldman Sachs, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Bear Stearns). Ces dernières devraient distribuer 36 milliards de dollars en bonus à leurs 173 000 employés de par le monde. Tous ne toucheront pas le même jackpot. Mais pour certains, c'est mieux que l'Euro Millions. Ainsi, Lloyd Blankfein, nommé en juin à la tête de Goldman Sachs, va recevoir 53,4 millions de dollars. C'est un record. Dans le lot, il y a 27,3 millions en cash, 15,7 millions en actions et des stock-options d'une valeur de 10,5 millions. A côté, son salaire ­ 600 000 dollars ­ fait bien maigrichon. Mais il est vrai qu'à ces niveaux on se demande encore à quoi sert le salaire s'il faut des bonus pour récompenser le travail. On connaissait déjà la chanson avec les rémunérations des grands patrons ainsi que l'argument qui va avec : contribution aux profits, prise de risques, etc. Comme si la même antienne ne valait pas pour tous les salariés oeuvrant aux bénéfices des groupes. Et Goldman Sachs, dont le cours de l'action a crû de 60 % en un an, annonce cette année un bénéfice record de 9,5 milliards de dollars. Morgan Stanley ne se porte pas trop mal non plus, et la semaine dernière John Mack, son PDG, a empoché 41,1 millions de dollars.
«Symbole». Avec leurs Ferrari et leurs Bentley customisées, leurs hôtels particuliers de 5 millions de livres achetés cash sans sourciller à Holland Park ou Chelsea, leurs jets privés et leurs vacances à la Barbade, les jeunes ­ et moins jeunes
­ loups de la City de Londres n'ont rien à envier à leurs collègues new-yorkais. Michael Sherwood (41 ans), à l'origine de certains des plus gros contrats signés par Goldman Sachs, devrait apparemment recevoir à lui seul une prime de 20 millions de livres (30 millions d'euros).
Il n'est pas le seul : selon un rapport publié en octobre par le Centre de recherches économiques et financières de Londres, 4 200 des 335 000 employés que compte la City recevront cette année un bonus supérieur à 1 million de livres (1,5 million d'euros).
Ainsi va la vie dans la plupart des grandes places financières dont Paris, même si les choses s'y passent plus discrètement. Reste cette question posée par l'analyste de Wall Street : «Si vous avez une bonne carrière, vous avez déjà mis 10 millions ou 30 millions de dollars de côté. A quoi servent cinq millions supplémentaires ?» Réponse du même. «Pour les gens, ça devient un symbole, une confirmation qu'ils sont excellents dans ce qu'ils font.» Les 120 employés de ménage des locaux londoniens de Goldman Sachs qui ont lancé la semaine dernière une grève pour s'étonner qu'on leur refuse une augmentation alors que se déversaient ces milliards de dollars de bonus apprécieront.



21 décembre 2006
par JDCh


Démagolène dans la lignée de Cécilio...

Armée de sa sempiternelle veste blanche et de son sourire ultra-brite, notre Démagolène nationale était en Alsace hier.

Elle a soit disant fait appel au "volontarisme économique".

Les perles de son intervention "participative" ont été reprise par la presse:

- elle interdirait les licenciements de confort, c'est à dire qu'une entreprise qui fait des bénéfices et qui reçoit directement ou indirectement des fonds publics (formation professionnelle, équipements collectifs) devra s'expliquer avec ses salariés et avec les pouvoirs publics ;

-Le CDI doit devenir le contrat de référence, remplacer le CDI par un CDD pour faire la même activité, cela ne sera plus possible";


Ces 2 propositions font sans doute plaisir à ceux qui les écoutent mais ne font qu'augmenter la défiance déjà forte entre décideurs économiques, saltimbanques politiques et une population qui compte les points en aimant à croire que les démagogues ont raison tout en se doutant que ce n'est sans doute pas le cas.

Si "volontarisme économique" veut dire défiance entre les acteurs alors Démagolène a vraiment tout faux.

En effet, la confiance des décideurs économiques dans la prévisibilité et la pertinence de nos lois, réglements et systèmes fiscaux est la condition "sine qua none" d'une économie qui rebondirait.

Démagolène comme son conjoint Cécilio s'en contre-fichent. Pour l'instant, ils pensent surtout à être élus en ramassant les voix des plus naïfs !



19 décembre 2006
par JDCh


Cécilio a pété les plombs...

Cécilio, notre possible future "premier conjoint de France" a frappé très fort récemment. Son programme fiscalo-économique (cf interview donnée au journal Le Monde) fait froid dans le dos. Aucune dose de Blairisme ou de social-démocratie dans ses propositions. Du collectivisme irresponsable et suicidaire, voilà ce que le couple Royal nous propose.

Jugez-plutôt...

  • pas de baisse des prélévements obligatoires

  • remise en cause de toutes les baisses d'impôts accordées depuis 2002

  • remise en cause du bouclier fiscal et pas d'exonération de la résidence principale de l'ISF

  • mesures dissuasives pour les stock-options

  • remise en cause des exonérations de charges sur les bas salaires

  • mesures empêchant les entreprises familiales d'être vendues à des fonds d'investissement
  • ...
Une sorte d'extrait du manuel du parfait "néo-ceauscesciste" fondée sur la défiance vis à vis des entreprises, la jalousie vis à vis des plus aisés et une méconnaissance absolue (et sans doute feinte) de l'économie moderne.

Exode supplémentaire des patrimoines encore disponibles pour l'investissement, délocalisations des "headquarters" à Londres ou Bruxelles, raréfaction des emplois marchands faiblement qualifiés, pression accrue sur les classes moyennes... telles sont les conséquences du programme du couple Royal.

Le plus effrayant dans tout cela tient au fait que Démagolène-Cécilio ont, pour l'instant, fait preuve de beaucoup d'habileté et que ces déclarations sont, sans doute, parfaitement calculées à l'aune d'une démagogie électoraliste forcenée qui semble leur réussir.

S'agirait-il du premier faux-pas important ?

J'ose l'espérer... mais je suis sans doute un peu naïf...



18 décembre 2006
par JDCh


Ca magouille pas mal à Paris-RATP...


Interview parue récemment sur l'excellent site des Contribuables Associés.

Des montants pas si énormes que cela, mais qu'est ce que ça magouille chez nos amis syndicalistes des transports parisiens ! ...

Ancien militant de SUD-RATP, William Voisin s’élève publiquement contre les dérives du syndicalisme à la française. Son « incompréhension » lui a valu d’être exclu par SUD. Témoignage

+ William Voisin, depuis combien de temps vous êtes-vous engagé dans l’action syndicale ?

Après avoir été délégué syndical Autonomes, j’ai fait reconnaître en 2001 le syndicat SUD-RATP, pour la première fois à l’échelon d’un département de la Régie, en l’espèce le département Sécurité. J’y ai défendu à la fois les intérêts du personnel et des usagers, en dénonçant les violences commises par certains agents sur des voyageurs et les conditions dangereuses dans lesquelles la RATP transporte ses clients, en contraignant les chauffeurs de bus à dépasser les limites de vitesse pour respecter les horaires.

+ Vous pouvez donc parler en connaissance de cause du comité d’entreprise de la RATP. Comment est-il financé ?

Aux termes de la loi, l’entreprise doit reverser au comité d’entreprise près de 3 % de sa masse salariale pour financer les activités sociales.
La RATP a mis en place un système décentralisé et répartit ces fonds entre dix comités d’établissement (dits «comités départementaux économiques et professionnels », ou CDEP). Ceux-ci en reversent eux-mêmes une partie au comité d’entreprise central (le « comité Régie entreprise » ou CRE). Le Code du travail prévoit cette possibilité, sous réserve de l’accord unanime des syndicats – qui n’a jamais été obtenu puisque, jusqu’en 2006, SUD n’a jamais été consulté… En dépit de cette irrégularité, la RATP a versé aux CDEP, en 2000-2001, environ 54 millions d’euros, qui auraient intégralement dû financer les œuvres sociales, via le CRE. Au lieu de quoi, les CDEP, qui sont gérés par les syndicats, ont conservé 6 millions d’euros sur cette somme, soi-disant pour financer le fonctionnement de ces mêmes syndicats… Il est permis de s’en étonner, puisque c’est à l’entreprise qu’il appartient légalement de procurer aux syndicats les moyens de fonctionner, ce qu’elle fait en leur fournissant effectivement des locaux, bureaux, téléphones, etc.

+ À quoi servent alors ces six millions d’euros ?

Ils sont répartis entre les dix comités d’établissement, au prorata du nombre de salariés qui en dépendent. L’établissement DSC, par exemple, qui regroupe différents départements de la RATP (sécurité, patrimoine, juridique…), recevait 600 000 euros. J’ai personnellement constaté en 2000 et 2001 – et pour autant que je sache, ces pratiques continuent –que les syndicats CGT et Autonomes, qui dirigent en cogestion le comité d’établissement de DSC, utilisent ces moyens pour « relever » leurs adhérents.

+ En quoi consistent ces relèves ?

Le Code du travail prévoit que les élus du comité d’établissement disposent d’un certain nombre d’heures de délégation (20 heures pour ceux de DSC). Ces «relèves», codées 090, sont payées par les CDEP. En théorie, il faut être élu ou membre d’une commission du CDEP pour en bénéficier. Dans les faits, ce n’est pas le cas: les syndicats relèvent à volonté leurs adhérents, élus ou pas. Ces pratiques, portent sur des dizaines de milliers d’euros, et constituent au moins un abus de confiance, car ces fonds ne sont pas utilisés à bon escient. Les syndicats courtisent ainsi leurs adhérents…

+ Il existe par ailleurs des « chèques-relève ». De quoi s’agit-il ?

C’est un autre procédé utilisé pour financer les syndicats. La RATP a instauré en 2001 un protocole d’accord sur le dialogue social et le droit syndical, qui leur alloue, au prorata des résultats obtenus aux élections professionnelles, un certain nombre de moyens pour leur permettre de fonctionner. Ces moyens ont représenté en 2005, pour le seul syndicat SUD, une valeur de 750000 euros, notamment octroyés sous forme de « chèques-relève ».
Si le syndicat n’a pas utilisé ces chèques-relève à la fin de l’année, il les restitue à la Régie, qui lui verse alors une somme correspondante en numéraire, dont il dispose à son gré. Depuis la mise en place de ce protocole, l’astuce consiste donc, pour les syndicats, à conserver les chèques-relève pour obtenir le plus d’argent possible à la fin de l’année. On détourne ainsi ces moyens de leur finalité première.

+ La RATP est-elle consciente de ces abus ?

La Régie sait parfaitement à quoi s’en tenir et achète par ce biais la paix sociale. Depuis la signature du protocole, le nombre des préavis de grève a chuté significativement. Ce n’est pas un hasard. J’ai dénoncé ces anomalies en 2001, mais ça n’a rien changé. Je m’apprêtais donc à déposer une plainte, à titre syndical, lorsque je me suis fait virer de SUD. Faut-il y chercher un rapport de cause à effet ?…

+ Qui fait les frais de ces dérives ?

On blouse à la fois le personnel, en détournant une partie de l’argent des œuvres sociales, et le contribuable, qui paye une grosse partie de la masse salariale en finançant le Syndicat des transport d’Île-de-France (STIF). De telles pratiques portent également tort à l’action syndicale. Si l’on essaie de me faire taire aujourd’hui, c’est parce que je l’ai constaté et dénoncé. Cela me vaut l’animosité, non seulement de mon employeur, mais aussi des syndicats – y compris de SUD, qui m’a exclu sans avertissement ainsi que cinq délégués du département Sécurité, qui m’ont suivi parce qu’ils me savent honnête.

Article extrait du Cri du Contribuable numéro 18



16 décembre 2006
par JDCh


Petit sondage : Le libéralisme est-il de droite ?

Réponses des 100 lecteurs de ce blog ayant voté:

Pas forcement 68% (68)
Je m'en fous 16% (16)
Assurement 13% (13)
Je n'en sais rien 3% (3)


Plutôt encourageant... mais difficile à analyser puisque les lecteurs de ce blog sont en majorité... "libéraux".

De plus, ne pas assimiler le libéralisme avec le "jacobinisme benêt tendance RPR" ou le "nationalisme protectionniste façon FN" ne garantit pas qu'on le valorise plus...

Question suivante: Sarkozy est-il un candidat "libéral" ?

Bon vote ! (cf barre de droite de ce blog)




Johnny chez les Helvêtes à cause de la taxe d'habitation ?


La déclaration du rédacteur en chef du journal Suisse Le Matin au Figaro à propos de l'immigration probable de notre Johnny national en Suisse est intéressante... Lisez plutôt...

"Pour nous, c’est en effet une sorte d’immigration de luxe. C’est aussi dans la tradition historique de la Suisse. La population se réjouit de ce genre de nouvelle. Au-delà du prestige et du fait que ces riches s’intègrent rapidement au sein de la population, ces personnalités fortunées achètent des maisons, consomment énormément une fois installées et paient des impôts. Les cantons se frottent les mains car leurs ressources augmentent et les riches se disent qu’ils paient toujours moins d’impôts que dans leur pays d’origine. Il n’y a pas de perdants. Il n’y a que des gagnants. "

Quand un riche s'installe en Suisse, il n'y a que des gagnants...

Quand un riche quitte la France, il n'y a que des perdants...

Plus de 4 millions d'euros d'impôts (72% des revenus de Johnny sont prélevés par notre chère administration fiscale: 60% au titre du bouclier fiscal auquel il faut rajouter les 12% de CSG/CRDS...) n'iront plus dans les caisses de l'Etat Français, près de 2 millions d'euros de dépenses ne seront plus effectuées par notre star nationale dans l'économie Française et... Johnny sera obligé de s'ennuyer à Gstaad 6 mois et 1 jour an pour être considéré comme résident fiscal Suisse.

Johnny aurait pu choisir la Belgique (son père était Belge) qui est très attractive en terme de fiscalité sur le patrimoine (et beaucoup moins pour ce qui concerne la fiscalité sur les revenus) mais comme, bien qu'ayant 66 ans, il continue d'être très actif et de percevoir des revenus importants, il a préféré la Suisse où un "deal fiscal" est possible avec le canton d'accueil.

Je ne vais pas énumérer à nouveau les raisons pour lesquelles l'ISF est extrêmement nuisible à notre économie (je l'ai déjà fait dans Petite proposition extravagante) mais il faut rappeler que, selon les estimations (Bercy est très peu disert sur le sujet), parmi les 200.000 Français qui ont choisi de quitter notre pays depuis quelques années, entre 1500 et 3500 contribuables pesant plus d'un demi-million d'euros d'impôts annuels quittent la France chaque année. Ceci représente une perte directe fiscale allant de 750 millions d'euros à 1,75 milliard d'euros par an (à comparer au 2.7 milliards que rapporte l'ISF payé par 350.000 Français) sans compter le manque à gagner économique associé qui est colossal puisqu'on estime à 100 milliards d'euros (qui rapporteraient sûrement 3 à 5 milliards d'impôts divers), le montant des patrimoines ayant quitté "fiscalement" la France depuis la création de l'ISF et , surtout, parce que ces "émigrants" ne sont pas tous chanteurs ou sportifs de haut niveau: la majorité sont des entrepreneurs ou des "businessmen" qui sont les locomotives naturelles de notre économie.

Les wagons restent eux en France: pas sûr qu'ils aient raison...

Un article récent du Point rappelait, en effet, que seule une petite moitié des Français acquitte la taxe d'habitation alors que celle-ci a progressé de façon très significative ces dernières années. Un système de compensation par l'Etat (et donc par la fiscalité nationale) a été mis en place qui dé-responsabilise tout le monde: exemple flagrant, la région Languedoc-Roussillon a décidé d'augmenter ses taux de fiscalité locale de 79,4% quand, dans les principales villes de la région, le taux de paiement à taux plein de la taxe d'habitation devient ridicule: 19,7% des habitants de Beziers, 22,8% de ceux de Perpignan, 25,5% à Nîmes, 35,8% à Montpellier ! On estime que seulement 40% des recettes fiscales locales sont payées par les habitants de la région: le reste venant de la fiscalité nationale. On estime également que moins de 40% des habitants de la région Languedoc-Roussillon paient à la fois la taxe d'habitation et l'impôt sur le Revenu (les seuls taxes appliquées aux autres étant la TVA que tous paient, la CSG que tous ceux qui ont un revenu acquittent et la Taxe Foncière que les propriétaires se doivent de régler). Je n'ai rien contre cette région dont je suis d'ailleurs originaire mais avouez qu'un débat électoral local sur la bonne façon de dépenser ou d'investir l'argent public paraît totalement ubuesque lorsque seulement 40% est payé localement et que uniquement 40% des électeurs sont des contribuables "complets" !

Cette redistribution à la Française, créant de l'impôt négatif ou nul (cf La Prime Pour l'Emploi) pour une proportion croissante de la population et, par ricochet nécessaire, une fiscalité de plus en plus lourde pour les autres est la vraie raison du départ de Johnny et ses coreligionnaires émigrants...

C'est également la plus grande explication de la pauvreté du débat électoral auquel nous assistons. Celui qui veut être élu n'a qu'à promettre encore plus d'allocations "égalitaires" et d'exemptions d'impôts à la majorité qui n'est, en conséquence, aucunement capable d'apprécier le réel coût des choses et donc d'appeler à la moindre modération dans la gestion de nos dépenses publiques et collectives.

Nos gouvernant savent très bien tout ceci. Cela ne fait que renforcer leur pouvoir et notre dépendance et n'est donc pas fait pour leur déplaire...

Seul problème, l'équation est suicidaire et nous le paierons tous très cher. Tous, pas vraiment, car ceux qui auront les moyens de partir pourront en éviter les conséquences désastreuses... C'est vraiment inégalitaire, encore les plus aisés qui s'en sortiront mieux que les moins favorisés !

Je suis sûr que nos candidats anti-libéraux vont nous inventer la très morale "Allocation Pour Ceux Qui Sont Coincés En France" mais je ne sais pas bien qui l'on pourra taxer, le cas échéant, pour financer cette dépense nouvelle !

Rassurez il y a une solution: un peu plus de déficit et nos enfants comme dindons de la farce. Voilà une recette qui a fait ses preuves depuis de nombreuses années...

Rédacteur Agoravox



11 décembre 2006
par JDCh


Le Che se rallie à Démagolène


Moi qui pensais que le "Che" serait assez têtu pour jouer les diviseurs au premier tour des élections présidentielles au risque de voir un nouveau 21 avril 2002 avec LePen et Sarkoléon en finale, j'ai tout faux...

L'homme de Belfort a rallié la candidature de notre Démagolène nationale en échange de quelques circonscriptions pour son parti aux prochaines législatives. JP, c'est pas beau d'être aussi pragmatique et terre à terre !

Là où je suis un peu perdu c'est sur l'Europe. Je croyais que la Miss était des tenants du "oui". Il faut dire qu'elle cache bien son jeu et qu'on ne sait jamais vraiment ce qu'elle défend...

Soupçonnée par la gauche de la gauche d'être blairiste ce qui est totalement faux (cf la preuve en vidéo) et sans doute d'être "pro-européenne", cela devrait faire monter un peu le camp "anti-libéral" qui a du mal à désigner son candidat...

Ce n'est pas une bonne nouvelle non plus pour notre inénarrable Sarkoléon qui pourrait finir troisième si Bayrou fait un bon score et si LePen renouvelle sa performance de 2002 (les sondages le placent très bas mais nous savons tous combien ils anticipent bien...).

Démagolène et LePen au second tour, ça fout un peu [beaucoup] les jetons !

Signé "un alter-anti-libéral pro-européen"



06 décembre 2006
par JDCh


Les X appellent au "Sursaut"


Comme tous les mois, j'ai reçu "La Jaune et la Rouge", revue mensuelle de la société amicale des anciens élèves de l'Ecole Polytechnique.

D'habitude, je la lis en diagonale en m'attardant un peu sur la page "carnet" (naissance, nomination...).

Cette fois, j'ai profité d'un vol Paris-Los Angeles pour la lire de A à Z ! L'édition était titrée "Le sursaut"...

Dette publique, création d'entreprises, services à la personne, délocalisations, marché du travail, efficacité des marchés, expériences Japonaises et Américaines... autant de contributions de qualité (même si parfois je les aurais aimées un peu plus provocantes ou disruptives) qui m'ont plutôt donné le moral. Nous sommes maintenant fort nombreux à faire le même diagnostic... (cf X-Sursaut)

Que ces "élites républicaines" (dont je suis issu mais qu'il m'arrive assez souvent de brocarder) appellent au "sursaut", à l'explicitation de la vérité, à la reconnaissance d'un monde qui a changé et à l'absolue nécessité de stopper la dérive de ces 25 dernières années montre combien tout ceci est "fondé".

En lisant mes "camarades" (au sens non communiste du terme), j'ai pour la première fois compris ce que "patriotisme économique" pouvait vouloir dire: endiguer le déclin, éviter la faillite, appeler au sursaut, favoriser le rebond... voilà ce que doit faire le vrai patriote !

J'ai repris ci-dessous (j'espère qu'il ne m'en voudra pas) la déclaration de Michel Camdessus, très honorable ancien gouverneur de la Banque de Banque et directeur général du FMI, qui dit, en termes fort polis, décrit comment son fameux rapport fût jeté aux oubliettes car accusé avant d'être lu de "néo-libéralisme" mais également, de façon assez lyrique, combien il a senti ses interlocuteurs "non politiques" concernés par la crise que nous traversons.

Le sursaut " et après...
par Michel CAMDESSUS
gouverneur honoraire de la Banque de France

Au seuil de l’été 2004, M. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Économie et des Finances, m’a demandé de préparer avec un groupe d’experts indépendants un rapport qui « puisse contribuer à éclairer… pour les Français et leur représentation nationale les choix économiques et budgétaires à venir ».
Sa préparation m’a fourni l’occasion d’approfondir et de débattre les problèmes et les perspectives d’avenir de notre pays avec une vingtaine de femmes et d’hommes de qualité. Ce travail fut pour moi l’occasion d’une double expérience très réconfortante.

La première fut celle-là même de ce groupe de travail ; l’autre, plus inattendue, celle des innombrables réunions auxquelles j’ai été invité à travers la France pour le commenter. Toutes deux m’ont fait toucher du doigt combien les Français étaient loin de la guerre de tranchées idéologique dans laquelle les forces politiques s’enlisent et le microcosme parisien trouve ses délices. Je sais mieux aujourd’hui combien les Français aspirent à reprendre en main leur avenir et combien ils souhaitent que le prochain débat présidentiel le leur permette.

J’avais eu la chance d’avoir carte blanche pour constituer le groupe de travail. Je l’ai fait en ignorant délibérément les options politiques de ses membres. J’ai eu pour souci de réunir des personnes dont j’avais observé le sens de la responsabilité, la sensibilité aux drames humains de notre temps, l’esprit d’initiative, l’expérience et la liberté d’esprit, dans la diversité de leurs horizons professionnels (entreprises, banques, administration, syndicats, universités, presse ou société civile). Travailler avec eux fut pour moi une expérience inoubliable. Je souhaiterais que beaucoup la partagent. Prenez vingt Français, de bonne foi et de bonne volonté, mettez à leur disposition l’information disponible. Invitez-les simplement à réfléchir ensemble à l’avenir de leur pays au cœur des bouleversements actuels du monde, veillez à ce que toute approche idéologique soit laissée au vestiaire et vous aurez la joie de découvrir, au moment de conclure, que vous parvenez à construire un consensus solide témoignant, il est vrai, aussi, du courage de chacun de ses membres.

Le jour venu, vers la fin du mois de septembre 2004, nous avons remis notre rapport. Vilipendé dès l’instant de sa publication par une partie de la classe politique inquiète de l’utilisation « politicienne » qui pourrait en être faite, il a connu une fortune inégale.

Le vaste débat de fond que nous souhaitions susciter sur les réformes nécessaires n’a pas eu lieu. Considéré par les uns – dans les quelques heures qui ont suivi sa parution, mais avait-il été lu ? – comme néolibéral et alarmiste, salué en revanche, du côté du patronat, pour sa lucidité, ce rapport avait tout, d’entrée, pour être pulvérisé au jeu de massacre de la kermesse médiatique. Par je ne sais quel miracle, cependant, quelques esprits indépendants l’ont lu et ont suggéré qu’il ne méritait « ni cet excès d’honneur, ni cette indignité ». Mieux, quelques groupes de réflexion s’en sont saisis et l’utilisent comme canevas pour des recherches plus approfondies en soutien des engagements divers de leurs membres. Le plus prestigieux, le mieux organisé et le plus actif d’entre eux est évidemment X-Sursaut. Que les polytechniciens se mobilisent ainsi est un signe clair que l’espoir, en France, reste permis. C’est ainsi, finalement, que « Le Sursaut » a fait son chemin, sans tambour ni trompette. Cela m’a fourni l’occasion d’une riche expérience : celle de ces innombrables rencontres, colloques, conférences à travers la France pour présenter ses conclusions.

L’atmosphère n’était plus celle de ce long été au cours duquel nous l’avions préparé. Nous étions en 2005-2006 ; la France allait de crise en crise. Au moins quatre en un an : le « non » au référendum européen, la « crise des banlieues », le naufrage du « contrat première embauche » (CPE), le bourbier enfin de « l’affaire Clearstream »…, un temps oubliés grâce aux performances des Bleus en Allemagne.

Et voici que l’échéance d’avril 2007 approche inexorablement. Les candidatures se laissent enfin identifier, mais les programmes restent dans le flou. Se pliant probablement aux recommandations de leurs conseillers en communication, les principaux acteurs se gardent de dévoiler leur vision d’ensemble et de mettre sous les yeux des Français les problèmes que l’on ne peut plus nier, les efforts qu’ils appellent et les espoirs que des choix cohérents, articulés en une politique digne de ce nom, pourraient faire renaître. Ils s’en tiennent encore aux petites phrases soigneusement distillées. Les médias se les disputent comme des moineaux quelques grains de millet dans les jardins publics. Quelques pages plus loin, leurs éditoriaux se contentent, pour l’instant, de se lamenter sur la médiocrité de notre vie publique.

Il est urgent qu’il soit mis fin promptement à l’incertitude ainsi entretenue et que les vraies questions soient enfin posées. Pour l’instant, à quelques mois des élections présidentielles, le débat tourne beaucoup plus sur le pardon qu’il nous faudrait demander pour les crimes de la colonisation, le statut des unions homosexuelles ou la légalisation du cannabis, la carte scolaire – ce qui d’ailleurs n’est pas une mince affaire – que sur les questions dont dépendra très vite notre destin collectif. « Pour l’instant, observe Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, la lutte contre l’exclusion est quasiment absente des programmes et cela nous inquiète. » Il y a de quoi.

Dans un pays où, selon le dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, 3,7 millions de personnes sont considérées comme pauvres, leur sort fera-t-il partie de nos priorités ? Des remarques identiques pourraient être faites sur l’environnement, l’éducation, la recherche et l’innovation et tant d’autres problèmes urgents. Prenons-y garde : le monde change autour de nous et nous ne pouvons plus impavidement nous en abstraire. Le temps n’est plus d’une campagne une fois encore détournée de l’essentiel, étouffée par le rabâchage de vieilles rengaines, d’où n’émergerait qu’un vainqueur sans mandat clair et sans un pays rassemblé derrière lui.

Je ne puis m’y résigner. Je suis encore tout habité par ce long périple, de ville en ville, à travers la France. C’est une grande chance que j’ai eue là.

Nullement recherchée. Je n’ai pas entrepris ce voyage pour « regarder la France au fond des yeux » et m’instaurer son interprète. J’ai simplement répondu à des invitations à parler et à débattre. J’en ai profité pour écouter. Ce fut, de soir en soir, la même surprise de retrouver des centaines de personnes disposées, après leurs journées de travail, à se presser autour d’un inconnu pour échanger avec lui dans l’ouverture d’esprit et l’écoute mutuelle. Partout les mêmes mots revenaient : « Tout ceci nous dépasse, mais nous avons quelque chose à faire… Nous ne pouvons pas laisser notre pays aller au fil de l’eau… »

La France que j’ai rencontrée – et je ne me lasserai pas de poursuivre ce pèlerinage – n’est pas celle, bipolarisée ou idéologisée à l’extrême, de bien des cercles parisiens. Elle est diverse, désireuse d’échanger, ouverte au monde et plus sûre d’elle-même qu’on ne le dit.

C’est une France inquiète certes, sévère pour des jeux de pouvoir qui l’exaspèrent ou la consternent, mais elle veut garder confiance, elle sait combien le monde risque d’être dur pour les enfants qu’elle continue d’avoir. Elle est prête, selon ses mots, à « mouiller la chemise », en aucune manière à se résigner au repli, ni à s’en remettre à un État-providence dont elle pressent déjà le poids pour la génération qui vient.

Oui, vraiment, j’ai retrouvé avec bonheur, comme le dit Andreï Makine, « ce quelque chose d’indestructible » qu’est la France. Je le sais, il me faut me garder de trop lire dans cette expérience. Exaspéré fréquemment par les commentaires de la presse étrangère sur notre pays, agacé parfois par les apitoiements ou les silences entendus de tant d’interlocuteurs à travers le monde, j’en viens, peut-être, à trop savourer ce réconfort. Pourtant, je ne puis m’empêcher de l’offrir en partage et d’essayer de contribuer à ce que tant d’espoirs se réalisent.

Nul n’est besoin d’ailleurs, finalement, d’un long périple à travers la France pour en venir à des constatations analogues. Il n’est que de parler avec les gens, où que l’on soit, pour découvrir une France lassée de l’état de choses actuel, sévère à l’égard de leaders qu’elle croit perdus dans des manœuvres politiciennes et certaine qu’il y a mieux à faire. D’urgence. Que des sacrifices soient nécessaires, chacun le soupçonne. Qu’il soit absurde de prétendre s’isoler des changements du monde en se dressant sur les ergots d’un vieux nationalisme protectionniste, nul n’en doute. Que dans l’Europe d’aujourd’hui, il ne soit plus possible d’attendre des hommes politiques subventions corporatistes ou baisses d’impôts si l’on veut construire un avenir acceptable pour nos enfants, chacun en convient. Mais cette France qui dit « assez ! » est aussi toute prête à dire « oui ! ». Partout, l’attente est grande d’hommes et de femmes qui aient le courage de parler vrai, de reconnaître l’ampleur de nos problèmes et de nous proposer des choix auxquels nous pourrions adhérer, les voies par lesquelles l’effort de tous ouvrirait un renouveau.

Cette expérience a ajouté aussi – comment le cacher – à mes regrets. Deux gouvernements successifs ont été saisis de notre rapport ; ils ont fait, parfois, l’inverse de ce qu’il suggérait. Nous offrions un diagnostic d’ensemble pour la mise en place d’un nouveau modèle de croissance. Pour en illustrer les voies et la faisabilité, nous avions énuméré un grand nombre de mesures concrètes par lesquelles ce nouveau modèle pouvait être mis en œuvre. Elles étaient fournies, à titre d’exemples, mais n’avaient de sens que si la stratégie d’ensemble était expliquée, débattue, adoptée enfin. Ce fut l’inverse ; on a picoré des propositions comme dans un catalogue ; on en a mis quelques-unes en œuvre, parfois avec succès, mais on a omis l’essentiel : l’aveu de problèmes trop longtemps niés, la mise en perspective des mesures, leur explication et leur adoption selon un processus de très ample concertation qui avait fait le succès des programmes de réforme de nos voisins. On connaît la suite, et notamment la crise du CPE, véritable métaphore des dysfonctionnements de l’État.

Il est donc urgent qu’à l’approche d’une échéance décisive pour l’avenir de notre pays, les principaux acteurs du débat présidentiel se prêtent à ce débat de fond et qu’ils s’y sentent invités par tous ceux qui, en France, d’une manière ou d’une autre, travaillent à préparer l’avenir. Ces derniers – et les lecteurs de La Jaune et la Rouge en sont pour la plupart – ne peuvent se résigner à ce que notre économie s’anémie et notre cohésion sociale s’effrite.

Ils pensent qu’il y a mieux à faire que de laisser notre vie politique dans le discrédit ; le tout aboutissant, comme le craignait le général de Gaulle, à laisser la France devenir dans le monde « une grande lumière qui s’éteint ». À chacun de nous donc de contribuer à ce qu’un vrai débat s’engage et à ce que ceux qui prétendent gouverner la France apportent des réponses, sans pirouette ni dérobade, à ces quelques questions auxquelles ils ne peuvent plus se soustraire :
• comment allez-vous remettre la France au travail ?
• comment allez-vous rendre la France plus juste ?
• que ferez-vous de l’argent public ?
• quelle sera votre politique étrangère ?
• que ferez-vous dès le lendemain de votre élection, pour relancer l’Europe ?
• quel partenariat développerez-vous avec l’Afrique ?

Ce sont là, bien évidemment, des « méga-questions » qu’il faudra distiller en questionnements beaucoup plus précis. Chacun devrait s’y essayer. Pour ma part, encouragé par tellement de messages reçus et par les efforts déployés notamment par « X-Sursaut », je me propose de le faire dans une Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle. Mon souhait serait que beaucoup d’autres s’y essayent, ne serait-ce que pour dire notre confiance dans notre pays et sa disponibilité à l’effort et au sacrifice si on le convainc qu’il y va d’une économie préparant hardiment son entrée dans le monde de la connaissance, d’une société plus juste, de finances mieux gérées et d’une « politique » réhabilitée, dans une Europe et un monde où la France garde un rôle à jouer.



01 décembre 2006
par JDCh


L'emploi crée la croissance. Le contraire n'existe pas...

Nos hommes politiques relayés par les médias assènent tous comme une vérité établie que "sans croissance, il n'y a pas de création d'emploi" et tout le monde semble considérer le phénomène comme une sorte d'effet météorologique: pas de soleil, pas bon vin !

La contraposée de cette assertion est partiellement juste: si la planète connaît une croissance économique forte (ce qui est le cas depuis de nombreuses années), la demande sur le marché mondial est forte et nos entreprises exportatrices (EADS, LVMH, LOREAL...) bénéficient de cette demande pour augmenter leur chiffre d'affaires, créer des emplois dont certains (pas forcément beaucoup) seront localisés en France.

Mais l'affirmation est majoritairement fausse puisque la France connaît une croissance faible (nulle au troisième trimestre 2006 !) dans un contexte mondial très porteur. Notre économie intérieure est donc "récessive" et détruit tous les effets positifs d'une croissance mondiale qui ne se dément pas. Il faut simplement dire que nos hommes politiques, soit par mensonge, soit par ignorance, font devant nous, depuis de nombreuses années, un raisonnement par contraposée qui est faux.

La croissance qui crée des emplois, ça n'existe pas ou peu.
Le travail qui génère de la croissance, oui cela existe !


Le Produit Intérieur Brut (PIB en Français, GDP en Anglais) correspond à la simple multiplication suivante:
nombre de travailleurs x valeur ajoutée économique moyenne/travailleur

Pour générer de la croissance, il faut donc agir sur le nombre de travailleurs ou la valeur ajoutée de chaque travailleur et préférentiellement sur les deux.

Deux exemples simples illustrent le phénomène:

  • si un boulanger embauche un salarié supplémentaire qui lui permet d'ouvrir le lundi (alors que, la boulangerie étant auparavant fermée, certains habitants du quartier avaient pris l'habitude de ne pas manger de pain le lundi) et que les ventes du lundi financent ce nouveau salarié, on a augmenté le nombre de travailleurs: même si ce dernier a une valeur ajoutée modeste, le PIB a augmenté.
  • si un fabricant d'aspirateur invente l'aspirateur sans sac (je sais que ça existe déjà mais ceci est un exemple) qui ne coûte pas plus cher à fabriquer mais qui peut se vendre plus cher car la ménagère y trouve un vrai bénéfice: on a augmenté la valeur ajoutée des employés de ce fabriquant, le PIB a augmenté.

Sans revenir sur l'aberration des 35 heures (cf 35 heures...), qui a eu comme effet mécanique de baisser la valeur ajoutée par travailleur et, par effet mécanique inverse heureux, de nous conférer l'une des plus grandes productivités "horaires" mondiales (heureusement que le PIB n'a pas baissé de 10% -!!!- et que beaucoup de gens ont compensé la baisse de leur temps de travail "officiel" par une plus grande productivité individuelle...), un pays qui ne compte que 17 millions de salariés dans le secteur privé pour 60 millions d'habitants a beaucoup de mal à générer de la croissance quand bien même ces 17 millions se "décarcasseraient" pour chacun augmenter leur valeur ajoutée individuelle...

En fait pour reconstituer le PIB, il faut ajouter à la valeur ajoutée collective de ces 17 millions de salariés du secteur privé (qui sont 24 millions en Grande Bretagne, cf pétition que je vous recommande de lire si ce n'est de signer: L'enjeu 2007), la contribution d'un sous-ensemble difficile à quantifier de nos services publics (énergie, transports... voire santé et éducation), que nous avons voulu collectifs et subventionnés, et qui, bien évidemment, participent à la génération de valeur ajoutée. La grande question les concernant est plutôt comment faire augmenter la valeur ajoutée per capita en les privatisant ou en les mettant en concurrence (sachant que l'on ne peut pas - hors phénomène des départs à la retraite - véritablement réduire les effectifs, ni geler les coûts, ni augmenter leur temps de travail sans que leurs syndicats ne bloquent le pays) ?

Hormis donc les salariés du privé et les quelques millions d'employés du secteur public participant à la génération de valeur ajoutée (les Actifs à Valeur Ajoutée ou AVA), c'est sur le PIB que viennent se déduire sous forme de prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations) les dépenses liées à:

  • notre fonctionnement républicano-démocratico-administratif qui est "out of control" depuis 30 ans (un policier, un militaire, un inspecteur des impôts, un magistrat, un maire, un député, un conseiller de ministre... constituent des postes de coûts souvent nécessaires mais non créateurs de valeur ajoutée économique alors qu'un coiffeur (*) participe au PIB !) ;
  • nos retraités qui sont de plus en plus nombreux et qui, pour l'instant, bénéficient d'un système plutôt généreux;
  • nos chômeurs et nos exclus qui vivent d'allocations diverses et qui, sans doute pour une très grande part, aimeraient travailler et délivrer de la valeur ajoutée;
  • indirectement, nos enfants qui bénéficient de notre système éducatif (le terme "bénéficier" est peut-être ici de plus en plus impropre !), de notre système de santé... bien que nourris et logés par leurs parents.

Le nombre de chômeurs, quand on regarde ces différentes populations, est finalement presque anecdotique: si nous avions 1 million de fonctionnaires et 1 million de retraités en moins, l'immédiat gain de valeur ajoutée par AVA approcherait 10% d'économie sur les coûts et permettrait à de nombreuses entreprises d'embaucher (alors qu'elles sont simplement à l'équilibre économique voire juste en dessous) et/ou à de nombreux particuliers de consommer des services à la personne -fortement consommateurs de main d'oeuvre- pour lesquels ils n'ont pas les moyens financier aujourd'hui. Un niveau "frictionnel" de chômage (2-3% environ de personnes entre deux jobs et 1-2% de chômeurs de longue durée) serait théoriquement très vite atteint. Malheureusement, il sera long de se départir d'1 million de fonctionnaires et on va voir le nombre de retraités augmenter par tranche d'un demi-million (ou plus) par an dans les 15-20 prochaines années...

















De même, si un fonctionnaire part à la retraite, un salarié est mis en pré-retraite ou un chômeur est transformé en exclu, l'équation reste la même, on n'augmente ni le nombre d'AVA, ni la valeur ajoutée ! Pas de croissance voire une récession, des prélèvements qui augmentent, des déficits publics, une baisse du niveau de vie.... bref le cercle infernal dans lequel nous sommes entraînés en spirale.

Enfin, la politique de "traitement social" du chômage, si elle peut présenter, dans certains cas, l'avantage de ré-adapter (ou d'adapter) à la vie professionnelle des chômeurs de longue durée (ou des jeunes non qualifiés) présente l'immense inconvénient de faire baisser le "PIB net de prélèvements obligatoires" puisque les aides et subventions de ces emplois correspondent soit à des impôts et cotisations, soit à du déficit public (qu'il faudra rembourser avec la valeur ajoutée future). Il ne peut ici s'agir que de plans provisoires et temporaires mais chez nous, ça dure depuis 25 ans !

Voici donc dame France "cornerisée" et qui se demande ce qu'elle pourrait bien faire...

Si la réponse était évidente, elle aurait sans doute déjà été apportée, voici modestement quelques éléments de solution:

  1. Ne pas s'acharner à résister aux dé-localisations qui s'imposent économiquement. Si le travail est à faible valeur ajoutée et s'il est réalisable "offshore", résister c'est simplement perdre l'opportunité de rebondir, de se relancer et de construire l'entreprise de demain (cf le bon exemple -je le souhaite pour eux- de SEB qui ne maintient en France que la fabrication d'objets innovants et qui se retrouve, de fait, mobilisée sur l'innovation ce qui ne pourra pas lui faire de mal à court et moyen terme). Tous les pays occidentaux font face aux mêmes enjeux, certains tirent très bien leur épingle du jeu, pourquoi pas nous ?

  2. Donner aux chômeurs l'envie de travailler: suggérée par Croissance Plus, une association de patrons d'entreprises de croissance, la transformation de l'assurance-chômage en assurance-salaire qui consisterait, d'une part, à raccourcir le délai d'indemnisation (par exemple, à 1 an) et, d'autre part, à compenser pendant une durée (par exemple, 2 ans) l'éventuelle différence de salaire entre le salaire avant chômage et le salaire correspondant au nouveau travail dans les secteurs fortement demandeurs (que sont le BTP, l'hôtellerie-restauration-tourisme, les services aux entreprises ou aux personnes...). Ceci n'a jamais été essayé. Il me semble que cela vaudrait vraiment le coup surtout pour la population de chômeurs pour laquelle un virage professionnel est absolument nécessaire et toujours possible (par exemple, les moins de 45 ans ? 50 ans ?).

  3. Enlever aux employeurs la trouille d'embaucher: sujet que je connais assez bien et qui repose dorénavant en France sur une sorte de "blocage psychologique" qui fait que les employeurs se restreignent d'embaucher car ils savent que la situation économique de leur entreprise peut se dégrader et qu'ils ne peuvent absolument pas anticiper le coût des licenciements qu'ils auraient alors à décider. L'inconnue est de taille car les transactions (accord entre les parties en général beaucoup plus favorable pour le licencié que les indemnités légales) ou recours aux Prudhommes (aggravé de façon endémique par le problème des 35 heures et du non-respect scrupuleux de la législation sur le temps de travail) sont devenus des sports nationaux. Les récentes décisions prudhommales sur des CNEs terminés "abusivement" sont, à ce titre, et ce, que la décision de justice soit justifiée ou non, une véritable catastrophe en la matière... La solution serait assez simple: s'en tenir aux indemnités légales qui ont été négociées par convention collective dont le montant est raisonnable et prévisible et débouter aux Prudhommes (ou plutôt à l'instance qui les remplacerait car cet attelage patronat-syndicat semble avoir fait son temps) tout salarié qui n'aurait pas une "vraie bonne" raison (ex: discrimination raciale, sexuelle...) de considérer son licenciement comme abusif. Nos grands et surtout petits patrons seraient ainsi assurés que le coût éventuel d'un licenciement est prévisible, encadré et raisonnable: leur fameuse "trouille d'embaucher" devrait disparaître petit à petit...

  4. Allonger la durée de la vie professionnelle: le phénomène démographique est inéluctable et doit être partagé par tous... La retraite à 60 ans ne pourra être maintenue...

Il me semble que ces 4 points sont démontrables, praticables voire inévitables. Je ne les ai pas entendu dans la bouche de nos "favoris des sondages". Ni "ordre juste", ni "rupture paisible" ? Dommage.

Vous l'avez compris, moi je vote PIB. Vive le PIB !

(*) Je n'ai rien contre les coiffeurs mais il est amusant de dire qu'ils génèrent de la valeur ajoutée en coupant des cheveux...

Rédacteur Agoravox