Les mensonges n'engagent que ceux qui les écoutent
J'essaie dans la plupart des mes "post" d'être à la fois "libéral et pédagogue" en essayant d'éviter le côté "réac" qui ne me plaît guère mais qui guette naturellement tout rédacteur sur des sujets comme l'obésité de l'État Français, l'électoralisme effronté de nos hommes et femmes politiques, la nocivité de l'attitude défensive de nos syndicats, la partialité (voire l'incompétence) de nos médias ou les excès de certains grands patrons.
En fait, ce "post" pourrait être titré "Tous menteurs !", faire dans la démagogie et lancer un grand appel à l'intégrité et l'honnêteté de nos fonctionnaires, hommes politiques, syndicats, médias et patrons. Chacun serait d'accord que le monde serait ainsi meilleur et que nous pourrions enfin être "dans le meilleur des mondes".
Ce "post" pourrait aussi lancer les "Pinocchios d'or" avec Chirac, Fabius, Démagolène, Sarko, Bayrou... nominés dans la catégorie "Hommes et femmes politiques", Bernard Thibault, J-Claude Mailly, Gérard Aschieri... dans celle des "Syndicalistes", PPDA, Arlette Chabot, Stéphane Paoli... dans celle des "Journalistes" et A. Zacharias, N. Forgeard, Th. Desmarest... dans celle des "Grands patrons".
Et bien, non ! Vous n'aurez pas votre soirée des "Pinocchios d'or" présentée par Drucker, Delarue et de Caunes !
Si vous étiez un fonctionnaire, entré dans un système entre 20 et 27 ans vous offrant un emploi à vie, une retraite moins onéreuse que celle des salariés du privé et une bonne compréhension de comment "survivre voire profiter" de cette situation, vous vous déclareriez "serviteur de l'État et de vos concitoyens" tout en bloquant activement ou passivement toute forme de changement pouvant impacter votre situation "sécurisante". Vous seriez un menteur, ce serait humain.
Si vous étiez un homme politique, soumis à ré-élection tous les 5 ans, conscient des attentes de vos administrés mais conscient également que les médias ou les syndicats mobiliseront la France entière dès que vous traversez la "ligne jaune" qu'ils ont tracée, vous vous déclareriez "au service du Pays, souhaitant vraiment que les 5 prochaines années constituent une étape décisive..." tout en ne votant ou ne mettant en oeuvre que des mesurettes/réformettes dont vous connaissez très bien les limites et la très faible efficacité. Vous seriez un menteur, ce serait humain.
Si vous étiez un syndicaliste, soumis également à ré-élection et guerres politiques intestines, profitant d'un système où votre pouvoir de nuisance est important, votre médiatisation valorisante et vos objectifs totalement flous et incohérents, vous vous déclareriez "au service des travailleurs de ce pays, prêts à négocier ce qui est bon pour eux" tout en décidant que ce qui est bon pour eux, c'est l'immobilisme. Vous seriez un menteur, ce serait humain.
Si vous étiez un journaliste, élevé au biberon "caviaro-socialiste" et/ou motivé uniquement par les indices d'audience, vous vous déclareriez "quatrième pouvoir chargé d'apporter l'information avec un grand "i" à votre public" mais vos choix éditoriaux privilégieraient toujours le sensationnel à l'ennuyeux et vos angles d'approche d'un sujet chercheraient toujours plutôt la polémique que la complétude. Vous seriez un menteur, ce serait humain.
Si vous étiez un grand patron français, vous vous féliciteriez que l'entreprise que vous dirigez soit "un fleuron de l'industrie Française dont nous ne pouvons qu'être fiers" tout en omettant de mentionner que plus de 90% de vos investissements, de vos embauches nettes et de votre croissance se font en dehors de l'hexagone et que votre propension à "partager les fruits de la croissance" est contingentée par cette réalité. Vous seriez un menteur, ce serait humain.
Il se trouve que vous ne portez aucun des 5 costumes décrits précédemment, que vous êtes plus ou moins dupes de ces mensonges mais que la "soupe" que l'on vous sert semble cohérente, que la "pensée unique" vous rassure et que, finalement, une société de loisirs où l'on s'occupe de tout pour vous et pour les autres vous convient. Vous voilà engagé dans une bien mauvaise pente qui est celle dans laquelle la France est engagée depuis 25-30 ans et sur laquelle les "déclinologues" essaient assez vainement de vous alerter sans que nos "menteurs institutionnels" n'aient la moindre réaction qui pourrait déstabiliser leurs "jeu de rôles".
En fait et de plus, lorsqu'il s'agit d'économie et de chiffres associés, les mensonges sont pour la plupart des "mensonges par omission".
Prenons l'exemple de cette information officielle (cf Dépêche de la Documentation Française sur le déficit 2005 de la Sécurité Sociale plus important que prévu: 16.9 au lieu de 11.6 milliards d'euros): les fonctionnaires rédacteurs s'arrangent bien pour que cette information soit suffisamment cryptique pour être interprétable (budget l'État ou de la Sécu, Caisse d'amortissement de la dette sociale, de toute façon, c'est nous qui payons !), aucun homme politique n'a réagi, les syndicats qui, rappelons-le, sont les gestionnaires de la Sécu évidemment non plus, Libération semble être le seul média à avoir a publié un petit article pour fustiger l'honnêteté du gouvernement (et pas forcément pour analyser la réalité de la situation) et le MEDEF et ses membres sont restés muets.
16 Milliards de déficit de la Sécu c'est plus de 1000 € par salarié du secteur privé (ceux qui cotisent), c'est plus d'un demi-mois de salaire moyen... C'est une information que nous n'aimons pas entendre qui se traduira mécaniquement par une augmentation des cotisations qui pèsera soit sur les entreprises, soit sur leurs salariés et plus vraisemblablement sur les deux par l'effet vicieux d'une augmentation permanente des prélèvements obligatoires qui asphyxie à petit feu notre économie...
PPDA aurait pu ou dû titrer "Le gouvernement réfléchit à la suppression d'un demi-mois de salaire pour tous les salariés du privé", on aurait évité le mensonge manipulatoire ou par omission et peut-être que les chiffres seraient devenus intéressants !
Nous pourrions, bien sûr, multiplier les exemples de ce type concernant les déficits et les dettes publiques et la charge financière associée... Une seule solution pour tout résoudre: "porter le taux de prélèvement obligatoire au delà de 100% pendant 1 voire 2 ans"...
Parmi les "déclinologues", il y a une bonne majorité de gens qui pense que seul le chaos verra poindre le début d'une nécessaire réaction et remise en cause de notre système. Je fais partie de ceux qui pensent que l'on peut agir avant ce chaos inéluctable: tout a un coût ou un prix et un coût ou un prix s'énonce toujours en euro (ou autre monnaie sonnante et trébuchante)...
Intéressez-vous aux chiffres, demandez-les, "challengez"-les, méfiez de tous ceux qui disent "ceux ne sont que des chiffres" ou "des chiffres qui font tourner la tête" ou "la dégradation de la situation n'est que de 2,5%", faites des règles de trois, calculez des "ratios" et prenez conscience que tous ceux qui "rasent gratis" ne sont que des menteurs... Les vrais chiffres, eux, ne mentent jamais...
En voilà une bonne résolution pour la rentrée !
En attendant, bonne vacances...