25 septembre 2006
par JDCh


L'Europe qui gagne

J'ai toujours aimé les comparaisons entre le monde économique et le sport de compétition: elles sont simples, symboliques et souvent pertinentes même si les prolonger trop loin peut tourner au simplisme.

Mon premier "post" en Février dernier s'intitulait Pas d'équipe de France du business et en était, je crois, une bonne démonstration.

J'ai eu la chance de passer la fin de la semaine dernière en Irlande au sud de Dublin pour assister à la fameuse Ryder Cup sorte de finale de la coupe Davis de golf qui oppose tous les deux ans les 12 meilleurs joueurs Américains et Européens.

Sur trois jours, ces golfeurs s'affrontent au travers de 16 matches en double (pour les connaisseurs, 8 matches en "foursome" et 8 en "fourball") et 12 matches en simple. Chaque match gagné rapporte 1 point, chaque match nul 1/2 point et, bien sûr, chaque match perdu 0 point.

L'Europe a battu ce week end les USA par le score sans appel de 18 et 1/2 à 9 et 1/2. Elle menait 10 à 6 à l'issue des doubles et a gagné 8 des douze simples (un match nul et trois défaites en complément). C'est la troisième fois d'affilée (et la cinquième fois en 6 éditions) que "notre" équipe s'impose.











Cet événement que j'ai trouvé enthousiasmant (c'était la première fois que j'assistais à une compétition de golf, sport que je pratique depuis moins de 3 ans) m'a suggéré un certain nombre de commentaires. Les voici...

  • L'Eire, petit pays d'environ 4 millions d'habitants, organisait ici seul son premier grand événement sportif de portée mondiale: d'une certaine façon leurs Jeux Olympiques. Malgré une infrastructure routière rappelant la Bretagne des années 70, l'organisation était à la fois parfaite et chaleureuse (malgré des consignes de sécurité extrêmement sérieuses). La présidente de l'Eire, Mary McAleese, a, d'ailleurs, lors de la cérémonie d'ouverture annoncé fièrement que son pays comptait 400 golfs ce qui en faisait le pays le plus "golfique" du monde (pour rappel, la France compte environ 500 terrains de golf). Elle aurait pu, mais ceci aurait été moins élégant, rappeler également que son pays compte le meilleur PIB par habitant au sein de l'UE (hors Luxembourg - 30% de plus que la France) alors qu'il se "traînait" à la 14ème place il y a 25 ans.

  • Mrs Mc Aleese a également tenu à encourager personnellement les 3 Irlandais sélectionnés dans l'équipe Européenne sans faire la moindre distinction entre les 2 Irlandais du Sud (Harrington et Mc Ginley) et l'Irlandais du Nord (Darren Clarke) pourtant citoyen de sa gracieuse majesté Elisabeth II.

  • Au delà des 3 Irlandais, l'équipe comptait un capitaine (sélectionneur) Anglais, 4 joueurs Anglais, 1 Ecossais, 2 Espagnols et 2 Suèdois. Tous issus de l'Europe de la croissance... La France et l'Allemagne pourtant représentées lors de l'édition précédente (Thomas Levet joueur et Bernhard Langer capitaine) étaient malheureusement absentes.

  • Sergio Garcia, le jeune espagnol véritable leader des 2 journées de double avec 4 victoires aux côtés de ses amis Olazabal (Esp) et Luke Donald (Ang), fût ovationné à chacune de ses arrivées sur un départ ou un "green". Mais Paul Casey ou Lee Westwood, tous deux Anglais, le furent autant par un public local et connaisseur dont, pourtant, on connaît la défiance historique féroce vis à vis des "brits". Tout un symbole...

  • Tiger Woods, numéro 1 incontesté du golf mondial, a certes gagné son simple contre Karlsson (Sue) mais présente un bilan catastrophique en double avec son partenaire Jim Furyk: ces deux-là n'ont jamais réussi à établir le bon partage des rôles et leur connivence froide n'avait rien à voir avec la véritable complicité au sein des doublettes Européennes. Michelson et Di Marco autres stars de l'USPGA présentent le même bilan catastrophique en double que Woods et ont même perdu leurs simples le dernier jour. Une somme d'individualités exceptionnelles ne crée pas une équipe...

  • J'ai appris également que jusqu'en 1979, la Ryder Cup opposait les Américains aux seuls Britanniques qui, lassés d'enchaîner les défaites, élargirent l'équipe au reste de l'Europe. On reconnaît ici le pragmatisme de nos amis d'outre-manche... Mettre ensemble des meilleurs Européens, qui ne sont pas les meilleurs mondiaux individuellement, mais qui, ensemble, construisent une victoire sans conteste sur les meilleurs joueurs du monde: une recette que l'on pourrait appliquer à certains secteurs de l'économie si nous construisions vraiment l'Union Européenne !

  • Enfin, en rentrant, j'ai eu l'occasion de lire dans l'avion un journal Irlandais dans lequel était interviewé Sir Anthony O'Reilly (voir fiche Wikipedia). Ce magnat des média Irlandais s'exprimait sur l'Europe de Bruxelles en décrivant les fonctionnaires de l'UE comme de guillerets individus ("jolly people") ayant comme uniques objectifs le fait de protéger la France et d'améliorer la situation Allemande... Très satisfait de la politique de très faible pression fiscale ayant conduit au succès économique indéniable de son pays, il pointait du doigt la compétition venant des 10 nouveaux pays d'Europe qui pourraient adopter une politique similaire et faire compétition à cette Irlande miraculeusement compétitive: "Ireland should not take its new prosperity for granted"... En fin d'interview, il encourageait également une politique de portes ouvertes en matière d'immigration notament vis à vis des "plombiers Polonais" (catholiques commes les Irlandais) envoyant ici une nouvelle pique à notre cher pays....

Bref, vous l'avez compris, un voyage enthousiasmant du point de vue sportif, pleins de symboles pour le pro-européen que je suis et fort dépaysant du point de vue économico-médiatique...

Rédacteur AgoravoxRédacteur SportVox



19 septembre 2006
par JDCh


Refondation Ecole


Ci-dessous la réplique d'un email reçu de l'un de mes confrères (et néanmoins ami !).

Le problème soulevé est grave et les pistes envisagées très certainement les bonnes.

Je n'ai pas pu faire autrement que signer...

Bonjour!

Une fois n'est pas coutume, voici un mail qui ne parle pas directement de business!

Voici une pétition
www.refondation-ecole.net que vous pouvez remplir en 30 secondes, qui contribuera à soutenir ceux qui se battent pour que l'école ne soit pas une garderie où l'on apprend à céder à la démagogie, mais un lieu où l'on grandit en savoirs.

Nous en aurons besoin pour que notre petit pays ne devienne pas la banlieue du Monde.

A bientôt

Jean SCHMITT




16 septembre 2006
par JDCh


Retraites du secteur public: inéquité, mensonge et déficit

Avant l'été, notre valeureux Minefi révélait que la dette publique de la France était de 1200 milliards d'euros et avouait qu'il fallait y ajouter la retraite des fonctionnaires pour un montant de 800 milliards ce qui nous amenait gentiment à 2000 milliards d'euros (soit plus que le PIB de notre cher pays et alors que le critère de Maastricht nous impose un maximum à 60% du PIB).

Ces fameux 800 milliards supplémentaires que j'ai trouvés, dans un premier temps, assez mystérieux et que j'ai imaginés être plus "comptables" que "réels" sont, en fait, la conséquence d'un mensonge et d'un tabou bien entretenu: nos fonctionnaires ne cotisent pas pour leur retraite !

La lecture du Point fin août m'a finalement apporté l'explication et j'ai pensé utile de la reformuler de façon simple pour que cet état de fait soit connu et compris par le plus grand nombre.

Vous noterez que le graphique vertigineux produit par la commission Pebereau ne tient pas compte de ces fameux 800 milliards ni de l'accroissement de 2004 à 2500 de plus de 100 milliards. Il n'en reste pas moins la parfaite illustration de la mauvaise pente dans laquelle nous sommes entraînés.

Revenons à nos retraites et à notre système, soit-disant égalitaire, de répartition et prenons le cas de la retraite des salariés du secteur privé que tout le monde a en tête. Le système est simple: les actifs cotisent un certain pourcentage de leurs salaires auprès de la CNAV et d'organismes comme l'AGIRC (cadres) et l'ARCCO (non cadres). Cet argent est utilisé immédiatement pour payer les retraites des anciens salariés du privé. Si le nombre de retraités augmente par rapport au nombre de cotisants et si l'on veut éviter un déficit chronique voire exponentiel, on a plusieurs moyens:

  • augmenter le montant des cotisations ce qui baisse le salaire net des actifs: ceci a d'ailleurs été fait depuis 20 ans de façon régulière;
  • baisser le montant des droits à la retraite ce qui baissera la retraite des actifs au moment de leur retraite: ceci a été fait en prenant comme salaire de référence les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures;
  • rallonger la durée du travail avant retraite ce qui repousse la date de départ à la retraite des actifs: ceci a été fait en augmentant le nombre de trimestres de cotisations.

Les actifs actuels que nous sommes "paient et paieront" le fait que leurs parents vivent plus vieux, que leurs parents ont fait beaucoup d'enfants (pour les "baby boomers" nés entre 1945 et 1965) ou que leurs parents n'en ont pas fait assez (ceux nés après 1970).

La réforme Fillon en 2003, qui faisait suite à la réforme Balladur, en est l'expression: beaucoup s'accordent à dire qu'elle ne sera pas suffisante pour absorber la période de retraite des "paby-boomers" (nés entre 1945-1965 et donc à la retraite entre 2005 et 2050). Seule conclusion pour les "papy boomers": se constituer d'ici là une épargne complémentaire permettant de ne pas trop souffrir financièrement le jour venu.

Mais tel n'est pas l'objet de ce "post"...

La situation des fonctionnaires et des salariés des grandes entreprises publiques (EDF, GDF, SNCF, RATP, La Poste... que j'appellerai dans ce "post" les GFI - Gouffres Financiers Institutionnalisés) est, quant à elle, bien plus confortable. Aucune corrélation n'est faite entre les cotisations récoltées (qui sont totalement fictives car de simples écritures sur la feuille de traitement des fonctionnaires) et les retraites versées puisque l'État est son propre "assureur-vieillesse" et que les cotisations des salariés des GFI sont en cours de transfert vers le régime général pour diluer le déficit des régimes spéciaux, en cacher les déficits astronomiques et "faire payer" du même coup les salariés du privé ou les contribuables (le rapport annoncé de la Cour des Comptes jugeant préoccupante la situation de la branche Vieillesse de la Sécu devrait, je l'espère, nous en apprendre plus).

Concernant les GFI...

Les négociations des GFI entreprise par entreprise avec la CNAV et l'AGIRC/ARRCO (sous l'égide d'un État qui est actionnaire des uns et "régulateur/décideur" des autres, ce qui garantit la plus grande transparence...!) sont plus ou moins avancées: le statut d'entreprise cotée en bourse d'EDF et GDF a rendu ces négociations nécessaires: si on avait demandé à ces 2 entreprises d'assumer financièrement le coût du statut de leurs salariés et retraités, leur faillite aurait été rapide et cela n'aurait pas fait très propre au moment de leur mise en bourse !

Mais, non seulement les "soldes de tout compte" versés par EDF (et sans doute GDF) à la CNAV ne correspondent pas à la réalité des coûts à venir mais, en plus, aucune réforme du statut des salariés en activité ou à recruter n'a été élaborée... Pas bien grave, les salariés du privé paieront la différence...

Concernant la SNCF, la RATP, la Poste... les mêmes discussions doivent avoir lieu et aboutir en 2007. Il est prévu que l'État (donc les contribuables) assume l'écart économique (appelé "soulte") entre ces régimes coûteux et le régime général. Encore une fois, le contribuable sera le payeur...

Rappelons que les principales différences des systèmes de retraites entre un salarié du privé et un salarié d'un GFI sont extrêmement lourdes. Elles sont même COLOSSALES:

  • cotisations "salariales" à 10,35% contre 7,85% pour les GFI: injustifiable différence surtout quand les droits associés sont bien supérieurs (et j'imagine qu'il y aussi une différence côté charges "patronales");
  • durée de cotisation à 40 ans contre 37,5 ans: ce qui explique en partie que les retraités des GFI ont une espérance de vie de 28 ans à la retraite contre 22,5 ans pour les salariés du privé. Les autres explications étant la date d'entrée dans la vie active plus tardive dans le privé, le fait de ne pas connaître de périodes de chômage et sans doute le "stress tout au long de la vie" !
  • salaire de référence pris comme la moyenne des 25 meilleures années contre les 6 derniers mois: c'est là que se trouve l'inéquité majeure et on imagine toutes les coutûmes/magouilles consistant à augmenter fortement le salarié du GFI en fin d'activité;
  • évolution des retraites suivant l'indice du coût de la vie contre évolution générale des salaires de chaque entreprise du GFI: ici on explique la solidarité entre salariés actifs et retraités de ces "grandes maisons";
  • décote de 10% par année de cotisation manquante contre aucune décote (sans oublier que le cumul emploi-retraite est libre pour les GFI et "cappé" pour nous autres...).

S'éclairer à la bougie et marcher à pied pendant quelques mois de grèves est sans doute le seul scénario envisageable: j'y suis prêt...

Monsieur Fillon a cette semaine indiqué qu'il souhaitait une réforme rapide de ces régimes spéciaux. Le voilà marchant dans les pas de Juppé qui s'y était attaqué en 1995. C'est en tout cas courageux d'annoncer cela en pleine campagne présidentielle. Souhaitons que les Français comprennent que ce "parler vrai" est dans leur intérêt...

Concernant les fonctionnaires...

Le statut des fonctionnaires retraités ressemble beaucoup à celui des salariés/retraités des GFI si ce n'est qu'un modeste alignement avec les salariés du privé a été opéré en 2004:

  • durée de cotisation portée à 40 ans en 2008;
  • évolution du montant de la retraite suivant le même indice du coût de la vie depuis 2004;
  • alignement de la décote en cas d'année de cotisation manquante alignée à partir de 2015.

La principale et COLOSSALE différence qui demeure est celle du salaire de référence (6 derniers mois contre moyenne des 25 meilleures années) que l'on peut estimer à près de 50% d'écart sur le montant de la retraite perçue en ayant eu une trajectoire salariale similaire !

On ajoutera, élément marginal mais emblématique, que de véritables et avantageux systèmes de retraite par capitalisation sont accessibles aux fonctionnaires (CREF, CGOS et la fameuse PREFON): une rente viagère très attractive à laquelle tous mes conscrits anciens fonctionnaires sont ravis de cotiser... (ceci dit, il semble qu'il n'y ait que 600.000 actuels ou anciens fonctionnaires, mutualistes et salariés du secteur public sur un potentiel de 10.000.000 qui l'utilisent: ignorance, idéologie, absolue confiance dans le lendemain ?...).

En réalité, la notion de durée de cotisation est non seulement à l'initiative du fonctionnaire à qui on ne peut imposer de prendre sa retraite mais surtout assez neutre pour le budget (et déficit associé) de l'État: c'est là que se situe le grand mensonge...

Comme évoqué plus haut, les cotisations inscrites sur les feuilles de traitement de nos chers fonctionnaires sont fictives: une simple écriture de l'État qui devrait se verser à lui-même cette somme avant de la verser aux retraités fonctionnaires.

Cette "simple écriture" rend les discours politiques sur la réduction des dépenses publiques totalement mensongers et manipulateurs: quand un Coppé annonce fièrement qu'il ne va remplacer que 2 fonctionnaires sur 3, il énonce un ratio qui n'a aucun impact économique favorable à court terme mais il aime bien nous le faire croire...

En effet, le ratio sordide qui signifierait quelque chose serait le taux de remplacement des fonctionnaires décédés multiplié par le taux de conversion (aujourd'hui entre 75% et 80%) des retraites de cette population, corrigé de l'effet positif de l'arrivée de jeunes fonctionnaires aux salaires plus faibles: bref, vous avez compris, le budget de l'État dépend de l'espérance de vie à la retraite des retraités fonctionnaires et de leurs conjoints qui, il se trouve, est supérieure à celles des salariés du privé.

Avez-vous déjà entendu un homme ou femme politique citer le "taux de mortalité" des anciens fonctionnaires et de leurs conjoints ? Evidemment non... Avez-vous déjà entendu un homme ou femme politique constater en toute objectivité que le phénomène du "papy-boom" ne commençant à s'estomper qu'entre 2040 et 2050 "grâce" au décès d'une génération, il faudrait pour réduire le budget de l'État (avant que mon fils, qui en a 17, ait 57 ans ou moi 83 ans !) faire une vraie réforme du régime de retraite des fonctionnaires ? Pas encore...

Le calcul est compliqué mais les seuls "remèdes de cheval" qui permetteraient d'éviter cette lente agonie semblent être:

  • aligner immédiatement le régime de retraite des fonctionnaires encore actifs sur celui des salariés du privé: notamment le salaire de référence calculé sur les 25 meilleures années au lieu des 6 derniers mois;
  • geler la pension des anciens fonctionnaires déjà à la retraite: un peu raide si l'inflation redémarre;
  • geler toute embauche dans la fonction publique jusqu'en 2030 voire 2040: bien évidemment, un peu théorique !

Pas très réaliste bien sûr mais les autres scénarios sont peu enthousiasmants: nous avons le choix entre "soleil vert" (très bon film de SciFi qui m'avait beaucoup marqué à sa sortie dans les années 70, cf Soleil Vert) et la faillite !

Conclusion

Oui, il faut très rapidement aligner les régimes spéciaux sur le régime général des salariés du privé. Il semble que 59% des Français en soient convaincus (voir sondage paru cette semaine). Espérons, une fois encore, que cette vérité ne nuira pas à ceux qui la disent.

Non, la réforme Fillon de 2003 du régime de retraite des fonctionnaires n'a rien résolu. Ce régime va peser pendant encore 40 ans sur le budget de l'État. Le réformer en l'alignant sur le régime des salariés du privé est également absolument nécessaire pour en amoindrir le coût astronomique pour l'instant "hors bilan" dans nos comptes publiques. Espérons que certains sauront également dire cette vérité...

En effet, quitte à voir le pays bloqué pendant quelques semaines à la rentrée 2007 par nos chers syndicats (CGT, FO, SUD...), chantres de la défense des avantages inéquitables, autant traiter les deux systèmes d'un coup !

Dernière minute

J'entendais hier soir Henri Emmanuelli indiquer que ces régimes spéciaux sont contractuels et qu'on ne peut changer un contrat: voilà un homme politique plein de courage et de capacité à réformer ! Il me semble, par ailleurs, que les salariés du privé avaient également un contrat et que l'on a décidé déjà par deux fois de le leur changer...

Monsieur Emmanuelli indiquait également, comme "argument massue", que les salariés des GFI (et il aurait dit la même chose des fonctionnaires) ne sont pas des privilégiés comparés, par exemple, à des grands patrons: il a raison mais il compare 5 millions de favorisés à quelques dizaines de privilégiés et pourquoi ces 5 millions de salariés seraient-ils favorisés de façon si extrême par rapport aux 15 millions de salariés du privé ?

Il est vrai que les fonctionnaires et salariés des GFI sont les principaux (et seuls) clients de Fabulius (que Monsieur Emmanuelli soutient dans sa candidature à la présidentielle...). Est-ce une raison suffisante pour tenir une telle argumentation et faire preuve d'aussi peu de courage ?

En fait et en réalité, il ne s'agit pas d'opposer les salariés du privé et leurs homologues du secteur public mais de traiter un problème intergénérationnel lourd: quel système sommes-nous en train de livrer à nos enfants ?

J'avais, d'ailleurs, imaginé, il y a 6 mois, un aboutissement positif et encourageant (cf "post" I had a dream...) à cet enjeu: la vision se transformerait-t-elle en réalité ?

Rédacteur Agoravox



08 septembre 2006
par JDCh


La prime pour l'emploi destructrice d'emplois ?

En cette rentrée politique, notre premier ministre a décidé quelques mesures "apéricube" (selon l'expression plutôt méprisante mais assez amusante de Monsieur Royal !) dont l'augmentation de la prime pour l'emploi (PPE) portée à 980€ par an.

Cette PPE, créée en 2001 par Fabulius (*), a depuis été augmentée par nos différents gouvernements et est, en fait, un impôt négatif très représentatif de la pensée unique "de redistribution égalitaire" dont nous aimons nous enorgueillir...

Politiquement, le dispositif est astucieux puisque:
  • cette prime est versée à des personnes qui travaillent mais ont un revenu modeste (pour faire simple, 1,4 fois le SMIC plus 1/3 de SMIC par 1/2 part fiscale supplémentaire): on leur fait donc passer le message vertueux qu'ils méritent plus que ceux qui ne vivent que d'allocations;
  • c'est l'"Etat providence" qui décide du montant de cette prime et l'homme politique y voit un levier simple de gestion de sa popularité auprès des millions de bénéficiaires et de leurs proches.

Sur le fond, le premier argument est incontestable: quelqu'un qui travaille mérite plus que celui qui vit d'allocations (en tout cas et surtout, il coûte beaucoup moins à la collectivité). Pour ce qui concerne le second, je ne peux m'empêcher de ne pas aimer cette attitude de l'Etat qui, tel un "dealer", s'assure d'une bonne dépendance à l'assistanat de ces "contribuables négatifs" qui sont aussi des électeurs. Autrement dit, le premier argument est malheureusement abîmé par le second...

Je me dois aussi de:

  • reconnaître que les bénéficiaires doivent apprécier cette somme correspondant grosso-modo à un treizième mois,
  • plaindre ceux, qui ayant perdu leur travail entretemps, sont susceptibles de devoir rembourser ladite prime (je pense que cela se finira bien pour eux même si le cas pose un problème d'équité entre ceux qui sont mensualisés et susceptibles de rembourser et ceux qui ne le sont pas et qui n'ont rien touché !)
  • féliciter ceux qui, ayant vu augmenter leur niveau de revenus, n'y ont plus droit.

Si on regarde maintenant les chiffres, un peu moins de 9 millions de foyers fiscaux devraient se partager plus de 4 milliards d'euros en 2007. Il s'agit de gros chiffres ! 4 milliards, c'est plus que ce que rapporte l'ISF (dont je suis un fan, cf Petite proposition...), c'est environ 7% de ce que rapporte l'IRPP, c'est plus de 10% du budget total des ASSEDICs, c'est presque 8 fois le déficit du régime des intermittents du spectacle (cf Permanence du déficit...), c'est 7 fois plus que les 600 millions d'euros d'augmentation du capital d'ADP qui ont justifié sa mise en bourse (là, l'Etat n'avait pas les moyens de "sortir" cette somme bien modeste - cf Les privatisations...) et surtout, c'est récurrent et malheureusement probablement endémique...

Les conséquences de ces 4 milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires sont, en fait, bien plus lourdes pour notre économie et notre taux de chômage. Petite démonstration provocante, simpliste mais didactique...

Faisons l'hypothèse que ces 4 milliards sont financés en "taxant" les 2 millions de Français les plus aisés de 2000 € chacun et que ces 2 millions de contribuables auraient chacun acheté avec cette somme un article LouisVuitton à 2000 € (Monsieur Arnault doit aimer mon scénario !) si cet argent ne leur avait pas été réclamé par le fisc.

Ces 2 millions annuels d'articles LV auraient nécessité l'emploi d'environ 40.000 personnes pour les fabriquer, les transporter, les conditionner, les commercialiser, les marketer... 40.000 chômeurs de moins, c'est un chiffre qui correspond à peu plus de 4 mois de notre rythme actuel national de créations d'emploi et c'est environ 800 millions d'économie pour l'UNEDIC et 50 millions d'impôts sur le revenu pour l'Etat !

Ces 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires pour LVMH, c'est aussi 600 millions d'euros de TVA, 1 milliards de charges sociales, 300-400 millions d'impôt sur les sociétés et taxes diverses.

Conclusion: quand l'Etat "taxe" 2 millions de Français de 2000 € chacun, il se coupe l'opportunité de récolter en impôts, charges sociales et économies près de 3 milliards.

Si maintenant, toujours de façon simpliste, on fait l'hypothèse que les attributaires de la PPE dépensent les sommes correspondantes en achetant des produits à bas prix fabriqués en Asie (vêtements, chaussures, équipements électroniques...) et achetés chez des distributeurs "discount/low cost", l'impact en terme de création d'emploi est probablement deux fois moindre en nombre d'emplois créés, du quart en terme d'économie pour l'UNEDIC et négatif en terme d'impôt sur le revenu (les salariés de cette distribution "discount" étant vraissemblablement des récipiendaires de la PPE, d'où le caractère endémique cité plus haut !).

De même, en terme de TVA, de collecte de charges sociales et d'impôt sur les sociétés, on peut diviser les chiffres de mon scénario Vuitton par 4. L'écart entre les 2 scénarios est donc de 20.000 chômeurs en plus et 2 milliards d'euros de recettes sociales et fiscales en moins ! Le coût réel de la PPE, toujours suivant ces hypothèses, est en fait de 6 milliards d'euros et deux mois de création d'emplois en moins avec un phénomène inéluctable d'accélération de ce coût (et je ne parle pas ici du coût de gestion de la PPE difficilement chiffrable vu le caractère "inertiel" du coût de fonctionnement de nos administrations...).

Bien que politiquement incorrecte, cette scénarisation ne se veut pas polémique mais pédagogique et, même si elle relève d'une forme de caricature, le phénomène micro-économique qui la sous-tend est parfaitement juste et mécanique: on pourrait, de la même façon, estimer la différence d'impacts économiques d'1 euro dépensé dans des hôtels de luxe ou dans un camping, dans un bon restaurant ou dans un McDo, dans l'investissement immobilier locatif ou le paiement d'un loyer HLM ou encore comparer l'achat spéculatif d'une action "small cap" et le placement sur un livret A de ce même euro... On arriverait à des évaluations similaires...

Comme j'ai déjà tenté de le démontrer (cf Une éternelle nostalgie...), l'adage "Prenons aux riches et tout le monde sera moins pauvre" est totalement faux économiquement. Celui qui est vrai est "Pour qu'il y ait moins de pauvres, il faut qu'il y ait plus de riches" !

Nos hommes politiques, dans leur immense majorité, savent qu'une grande partie de leur pouvoir repose sur ce "misunderstanding": pour eux, il est vrai, maintenir des millions de personnes en assistance économique a beaucoup d'intérêt quand il s'agit d'essayer de se faire élire: d'où la pléthore de mesures "sociales et égalitaires" (et non financées ) prônées par nos candidats à la fonction suprême !

En résumé, cette pensée unique de la "redistribution égalitaire" fait subir à notre économie un véritable supplice chinois par lequel le gâteau à se partager est de plus en plus petit et la part "administrée" du gâteau de plus en plus importante. Avant que l'asphyxie ne soit complète, il est peut-être temps de penser à comment agrandir l'assiette. Un plus gros gâteau conduirait naturellement à un partage plus équitable...

Rédacteur Agoravox



04 septembre 2006
par JDCh


Grève et revendications de rentrée



Graphique trouvé sur le site de l'IFRAP (cf Lettre à Christian Jacob que j'ai bien volontiers signée) qui montre que nos chers agents de la fonction publique ne sont pas si mal traités que cela en comparaison des salariés du privé quant il s'agit de l'évolution de leur pouvoir d'achat.

La routine...