Que cela reste en famille...
- la politique familiale, vieille tradition Française, qui nous vaut et c'est très heureux, une démographie beaucoup moins défavorable que celle de nos voisins repose sur 2 piliers: le quotient familial qui permet à de nombreux foyers modestes de ne pas payer d'impôt sur le revenu et à de nombreux foyers aux revenus moyens de d'en réduire significativement le montant acquitté et les allocations familiales financées par des prélèvements sur les salaires et qui sont versées à des millions de foyers aux revenus modestes ou moyens. Les sommes dont on parle ici sont colossales: environ 40 milliards d'euros pour les allocations familiales et sans doute une dizaine de milliards d'euros de manque à gagner sur l'IRPP. On a envisagé, durant quelques jours, de faire 70 millions d'économies sur une politique qui coûte 50 milliards soit 0,14% d'économie et on a entendu certains hurler à la mort pour mise en péril de la dite politique ! Plus grave, devant ses hurlements, nos politiques ont décidé reculer et adopter un compromis sans aucun sens économique... Je n'ai entendu personne comparer cette mini-somme avec le budget global de la politique familiale...
- Nadine Morano, toujours fraîchement nommée, a utilisé l'objectif de "florissante" pour qualifier l'entreprise SNCF. Quelle connaissance de ses dossiers ! S'il est vrai que l'activité Grandes Lignes de la SNCF est très largement bénéficiaire après avoir taillé des croupières à l'avion avec son TGV et adopté il y 15 ans une politique tarifaire tenant compte des coûts et du taux de remplissage des trains, le reste de la SNCF ne va pas bien du tout. Le fret est une source de pertes récurrentes (quelques centaines de millions d'euros) et l'activité banlieue est subventionnée à hauteur de 1,5 milliard d'euros par le Syndicat des Transports d'Ile de France. On comprend que Guillaume Pepy, lui-même fraîchement nommé, tienne à ses 70 malheureux millions de subvention de la carte "familles nombreuses"... Je n'ai entendu personne rappeler la situation précaire ou subventionnée de notre transporteur national...
- Est-il besoin de rappeler également que le compromis trouvé à savoir une garantie par l'Etat de cette subvention en cas de déficit de la SNCF ne fait faire aucune économie au contribuable qui paie tout de même: en effet, si cette subvention était annulée, cette somme serait disponible sous forme de dividendes pour notre cher Etat actionnaire à 100% de la SNCF et viendrait en déduction de notre déficit massif ! L'argent est fongible et une dépense ne se transforme pas en économie si facilement que cela ! Je n'ai entendu aucun journaliste dire qu'une opportunité de baisser notre déficit public avait été ratée...
- Enfin, il faut reconnaître que la SNCF a commercialement développé de nombreux produits favorisant les déplacements des jeunes ou des adultes accompagnant des enfants. Elle l'a fait parce qu'elle veut remplir ses trains aux heures où les businessmen ne prennent pas le TGV et elle continuera à le faire voire amplifiera cette politique lorsqu'à partir de 2010, des opérateurs alternatifs pourront transporter en train des familles ou des jeunes sur le territoire Français et auront une politique agressive vis à vis de ces cibles commerciales. La carte "familles nombreuses" créée il y a 60 ans alors que le tarif des billets de train reposait seulement et uniquement sur une valeur kilométrique est, sans doute, maintenant et dorénavant un obstacle à une politique marketing plus agressive de la part de la SNCF vis à vis des familles et des jeunes... Je ne m'attendais pas à ce que d'aucuns glorifient une éventuelle déréglementation des transports ferroviaires: la libre concurrence n'ayant pas (euphémisme) la réputation qu'elle mérite dans notre cher pays !
Bien entendu, je n'ai rien contre la carte "familles nombreuses" dont j'étais un usager assidu lors de mon enfance et adolescence. Les 70 millions d'euros en question ne changeront rien de matériel à nos déficits abyssaux. Il me semblait simplement intéressant de noter le manque de raisonnement économique derrière cette anecdote... Après tout, "c'est nous qu'on paie tout ce que ça coûte" !