Travailler c'est trop dur et voler c'est pas beau !
Sarko : 50 minutes l'intégrale 1
envoyé par Ptite_Mule
- "J'ai été élu pour cela"
- "Je suis dans l'action pas dans le commentaire"
- "Il y a des difficultés, c'était prévisible mais je suis très motivé"
- "Il faut travailler plus pour gagner plus"
J'avais, fin juillet, regretté l'usine à gaz pondue nos hauts fonctionnaires de Bercy concernant le volet "heures supplémentaires" de la loi TEPA. Bonne sur le principe, cette loi ne comporte aucun élément suffisamment incitatif pour pousser les entreprises à un recours important aux heures supplémentaires (et encore moins aux heures complémentaires pour les salariés à temps partiel)... Sarko a bien entendu nié le côté "usine à gaz" mais a élargi le champ du possible concernant le "travailler plus" ce qui correspond à un aveu sur le côté "usine à gaz" pour lequel on ne peut pas lui en vouloir puisque le raisonnement macro-économique est correct.
C'est, en effet, le travail qui crée la croissance (pas le contraire), c'est la part de salaire net qui constitue le pouvoir d'achat (déduction faite de tous les prélèvements obligatoires) et ce sont l'augmentation du pouvoir d'achat et surtout la création de valeur au sens large qui entretiennent la croissance.
Sarkoléon n'a pas rasé gratis, n'a pas appuyé sur la case dépenses publiques (exemple: pas d'augmentation de la Prime pour l'emploi) ou sur la case dépenses supplémentaires obligatoires pour les entreprises (exemple: augmentation du SMIC). Il a, en fait, évoqué de façon extrêmement touffue plein de pistes à explorer avec les partenaires sociaux (patronat et syndicats salariés).
La manoeuvre est d'abord "saine" puisque, comme tout Français bien constitué le sait, les finances publiques (État et systèmes sociaux) sont exsangues et beaucoup d'entreprises en proie à des enjeux de compétitivité lourds n'ont surtout pas besoin qu'on alourdisse leurs charges.
Elle est ensuite "habile" puisqu'il renvoie la responsabilité d'une amélioration du pouvoir d'achat au couple patronat-syndicat dont nous savons tous qu'il ne fonctionne pas bien dans notre pays. Une lecture cynique donne donc: Sarko sait qu'ils ne se mettront pas d'accord mais alors cela ne sera pas de sa faute. Une lecture plus optimiste serait: puisqu'il y a plein de choses à négocier, peut-être va-t-on a assister à de vraies séances de "give and take" entre chefs d'entreprise et syndicalistes et à des accords "win win" comme le champ des négociations envisagées le permet. Il suffit de voir la réaction de Jean-Claude Mailly (FO) ce matin pour rester dans le camp "cynique" mais peut-être qu'un Chérèque (CFDT) y verra une bonne carte à jouer.
Dans tous les cas, les salariés auront intérêt à suivre de près quels sont les syndicats capables de négocier et de signer des accords faisant avancer le "schmillblick" et à voter pour eux avec dicernement si la négociation syndicale remplace la "bercydiktatur" dans le futur de notre cher pays !
Le grand chantier de négociation désigné par le Président concerne un véritable détricotage des calamiteuses 35 heures soit par accord "majoritaire" qui pourrait revenir sur cette durée du travail, soit par la "monétisation" des RTT qui pourrait être rachetées par les entreprises aux salariés y renonçant.
Quand on sait que les 35 heures ont été mises oeuvres dans les entreprises sans baisse de salaire (parfois, il faut le préciser, avec des gels de salaires implicites ou explicites) alors que le temps de travail était subitement diminué de 10%, on voit que les enjeux de négociation sont intéressants:
- l'arbitrage entre allongement de la durée du travail et recours aux heures supplémentaires est un "trade-off" entre flexibilité et surcoût. Un retour aux 39 heures dans une entreprise mérite bien une augmentation collective mais de combien ? 2% ? 4% ? plus ?
- une journée de RTT acquise gracieusement via la loi Aubry à une valeur si on y renonce mais combien vaut-elle puisque l'entreprise n'est pas aujourd'hui obligée de la racheter ? 1% du salaire mensuel ? 2% ? plus ?
- une heure supplémentaire est, au titre de la loi TEPA citée plus haut, non fiscalisée pour le salarié et sans charges sociales salariales. Que devient une heure normale effectuée entre la 35éme et la 39éme heure si l'entreprise est revenue aux 39 heures ?
- de même pour une journée de RTT ?
- que se passe-t-il pour les salariés très nombreux qui sont à temps partiel ?
La conversation triangulaire Patronat - Syndicats - Etat va être intéressante... Le diable sera sans doute aussi dans les détails et si les détails conduisent à une ou de multiples "usines à gaz", seuls les grands groupes sauront s'en accomoder...
Quid alors des PMEs principales recruteuses du marché actuel qui ne pourront que s'appuyer sur des accords de branche ? Sont-elles bien représentées au niveau de ces branches ? Saura-t-on faire simple et applicable pour une fois ?
Dame Aubry peut au moins être fière d'une chose, sa calamiteuse loi sur les 35 heures ne sera pas facile à détricoter !
A suivre...